Il existe un testament des dieux très précieux, qui nous serait parvenu par l’intermédiaire des Templiers, et que les descendants des compagnons imagiers du moyen-âge ont dissimulé sous l’apparence d’un jeu de bistrot, le fameux Tarot de Marseille.
La Maison-Dieu y figure l’ouverture du dernier chakra, la couronne, ou fontanelle. La fontanelle ouverte, l’initié est relié à l’Esprit. On dit qu’il est éveillé. Pourquoi ce nom de Maison-Dieu ?
Les 22 arcanes majeurs du Tarot présentent, dans l’ordre, les vingt-deux phases de toute vie humaine. Nous avons détaillé les quinze premières étapes, voici maintenant la seizième, la Maison-Dieu. Ce surprenant arcane a déjà fait couler beaucoup d’encre, et pourtant il a rarement été compris dans son essence. Avant tout, rappelons le principe qui doit nous guider dans le décryptage de ces images : elles nous racontent, à chacun, notre propre histoire.
Ainsi dans chaque arcane, le personnage central, c’est nous. Dans cette image, nous sommes la tour, nous sommes la Maison-Dieu elle-même.
Dans le dessin original de Nicolas Conver, on notera que la tour est représentée de couleur chair, ce qui désigne notre corps.
Sur la tour-corps, les bandes rouges et vertes figurent les chakras, comme nous l’avons vu dans l’arcane le Diable. En effet, l’arcane XV le Diable préside à l’ouverture des six premiers chakras. On y notera même la présence de chakras secondaires, comme celui des genoux, figuré par deux yeux sur les genoux du Diable.
En toute logique, la Maison-Dieu figure l’ouverture du dernier chakra, la couronne, ou fontanelle.
C’est tout à fait ce qui se passe sur l’image de l’arcane XVI. La cime crénelée de la tour est décapitée : la couronne de l’ego tombe, une fois pour toute, et c’est l’éveil. D’un coup, l’être se trouve relié au grand tout. Il est enthousiaste, ce qui signifie « ravi en Dieu ». C’est pourquoi l’arcane XVI porte un tel nom. La Maison-Dieu, c’est le corps humain transfiguré par l’éveil, qui retrouve ses pouvoirs perdus ; l’homme libre, le nouvel Adam est enfin semblable aux dieux qui l’ont fait.
La Maison-Dieu est le tournant majeur dans une vie humaine. Dans tous les arcanes suivants, l’être libéré de l’ego ne porte plus de couronne. Il est dédoublé, c’est à dire qu’il a rencontré son double, avec qui les échanges sont constants et fructueux. Dès qu’il est passé dans la lumière blanche de l’éveil, l’être est conscient de son double.
C’est pourquoi l’image nous montre deux personnages qui retombent sur terre après l’effusion de l’éveil. Les arcanes suivants vont développer cette dualité jusqu’à la fusion finale à l’arcane le Monde, quand l’être réunit son animus et son anima dans un seul corps de gloire, réalisant sur terre l’androgyne céleste.
De nombreux auteurs persistent à penser que cet arcane est le pire, « la Maison-Dieu est la maison punie par Dieu » peut-on lire souvent. Quelle ânerie ! Emportés par cette conviction, des ésotéristes naïfs ou charlatans vont même jusqu’à rebaptiser cet arcane la Tour de destruction, ou la Tour foudroyée.
Vous ne trouverez pas une diseuse de bonne aventure, pas une seule Madame Irma tireuse de tarots qui vous dise : « La Maison-Dieu, quelle chance, c’est l’éveil ! » Et pourtant !
Si la « tour » que nous sommes est bel et bien foudroyée, il ne s’agit pas d’un châtiment, mais d’une récompense. Celui qui trinque ici, ce n’est pas l’être : c’est l’ego, c’est le petit roi. Celui qui jusqu’alors s’était cru le maître chez nous, et qui doit céder la place au véritable Maître qui se présente.
Et c’est maintenant. La transcendance est atteinte, l’illumination de l’éveil inonde l’être, c’est le passage dans la lumière blanche que les Celtes appelaient Gwenwed.
On consacre la première moitié de sa vie à se forger un ego solide, et la seconde moitié à s’en débarrasser.
Pourquoi redouter l’éclat de la lumière qui dort en nous ? La logique du tarot, c’est ce chemin dont chaque étape est numérotée, comme les stations du chemin de croix, qui date de la même époque. Les premiers chemins de croix ont fait leur apparition pour orner les églises romanes. Les images du Tarot se retrouvent d’ailleurs dans la statuaire sacrée.
La puissance du tarot, c’est l’orientation qu’il donne. En éprouvant la résonance intime des images, on peut revivre sa propre aventure, et se situer sur tel ou tel degré de l’échelle intérieure.
Ainsi, tout en jouant à ce jeu d’argent, les images puissantes imposent leur vérité. Même si le sens profond du tarot n’est clair qu’aux initiés, à force d’avoir ces images sous les yeux, les joueurs se calent dans leur chemin d’éveil.
Le Tarot, c’est l’éveil pour les nuls : tout y est expliqué dans les moindres détails, à ceux qui ont des yeux pour voir, des coeurs pour sentir et des têtes pour réfléchir. Cette revue de détail que nous effectuons ici vous donne une idée de celle que vous pouvez faire vous-même, en tête à tête avec n’importe quel arcane. Voici le scénario du « passage dans la lumière blanche » tel que nous le raconte l’image. Les Celtes utilisaient cette expression, Gwenwed, la lumière blanche, pour caractériser l’éveil.
Après les montées d’énergie successives qui ont forcé l’ouverture maximale de chacun des verrous que sont les six premiers chakras, décrite dans l’arcane XV le Diable, le candidat à l’éveil s’apprête à l’ultime libération.
Le dernier barrage va tomber, celui de la fontanelle, le chakra Sahasrara, ou la couronne. Est-ce la foudre tombée du ciel d’orage, est-ce un rayon venu du soleil, est-ce une nuée qui s’élève vers le ciel ? Il est difficile de décrire avec précision ce qu’on voit dans le ciel de l’arcane XVI – La Maison Dieu.
Pour ma part, je perçois une intention cachée, celle de montrer que la foudre qui peut détruire ou tuer, est aussi un instrument d’éveil. Et le fait que le pseudo-éclair tombe d’un soleil ne peut que me conforter dans cette interprétation.
J’y reconnais le culte de Sol Invictus, qui libère l’esprit par les petits soleils que sont les boules de foudre. Et l’éveillé devient Fils du Soleil.
En tout cas, un phénomène lumineux et/ou énergétique relie la tour décoiffée avec la transcendance. Quel vécu correspond donc à cette étape majeure ? Chacun le ressent à sa manière. On ne peut qu’en donner la trame générale.
Sans crier gare, l’être est aspiré dans un rayon lumineux, et au terme d’une ascension comme celle de Jésus, il pénètre dans la lumière blanche. Sensation ineffable, béatitude au-delà du bonheur ou du malheur, insondable sérénité, présence toute-puissante en toute humilité.
Pour la première fois, le voyageur se dit : « Pose tes valises, on est arrivé. » Même si ce refuge est illusoire, comme tout refuge. Car l’éveil, lui aussi, est illusion, est Maya – la déesse hindoue de l’illusion, pas l’abeille.
A peine l’éveillé a-t-il goûté à cette ineffable béatitude, par-delà le bien et le mal, dans la lumière blanche du paradis celtique, qu’il est recraché comme Jonas par la baleine, et qu’il retombe en pirouette dans le manteau de chair qui est son véhicule terrestre.
L’éveillé découvre son côté droit et son côté gauche, l’animus et l’anima des Romains, la voie de la tête et la voie du ventre. Il sait faire la différence, même s’il ne s’en sert pas toujours à bon escient. L’apprentissage commence.
Une bonne partie des pouvoirs magiques de l’homme complet ont repris leur place en lui, sans pression ni inflation d’aucune sorte.
La route n’est pas finie pour autant, loin de là. L’être éveillé ou réalisé est un bouddha, mais « on commence toujours par être un bouddha idiot. » (source)Jean-Claude Flornoy, inédits
L’éveil ressemble au permis de conduire, il donne le droit d’apprendre à se conduire avec les pleins pouvoirs. Qui peuvent disparaître. Rien n’est jamais acquis à l’homme… Sans s’attacher, d’étapes en étapes, l’être va son chemin qui, rappelons-le, peut être interrompu à tout moment par le Mat.
Cet ultime arcane, dépourvu de nombre, représente le Bateleur du cycle suivant, l’au-delà de cette vie. Le Mat exprime la liberté totale, le but sur cette terre de tous les guerriers célestes.
Voici l’arcane XVI la Maison-Dieu. Reportons-nous une fois encore à cette image, comme si nous ne l’avions jamais vue. Que nous dit-elle ? Que l’éveil s’obtient par la foudre. Que c’est en recevant l’éclair, le coup de foudre, que le candidat à l’éveil obtient la Maison-Dieu.
Ce qui est aussi la leçon qu’on peut tirer des réalisations architecturales et des aspirations spirituelles des hommes d’avant. Toutes les civilisations qui nous ont précédés n’ont eu qu’un seul but : parvenir à l’éveil pour devenir des dieux.
Ainsi, les curieuses boules colorées qui constellent tout le ciel de l’arcane XVI pourraient bien être des boules de foudre. On objectera que dans le dessin de Conver, l’étrange nuée qui pénètre la tour ne ressemble pas franchement à un éclair. Deux réponses : primo, dans les centrales à foudre, l’éveil n’était pas obtenu de l’éclair mortel, mais de sa forme atténuée, l’éclair en boule ; secundo, d’autres représentations du même arcane, comme la version anglaise, montrent clairement un éclair.
Les hexagrammes du Yi-King recoupent parfois les arcanes majeures du Tarot. En tout cas, l’arcane Maison-Dieu y a sa stricte équivalence, Tchen, l’éveilleur, le tonnerre. En parcourant les lignes que j’y ai consacré, vous serez frappé par la convergence. Elle montre l’unité d’une culture humaine primitive, d’où toutes les autres sont sorties. Culture humaine ? Ou divine ?? Sans doute celle transmise par le grand Rama, homme et dieu…
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