A travers bien des tempêtes monstrueuses, de phénoménales éruptions volcaniques, des séismes et des tsunamis d’une rare violence, des hivers nucléaires interminables, des destructions massives et répétées, d’innombrables attaques de prédateurs géants ou microscopiques, miraculeusement, le genre humain a survécu.
La guerre permanente est-elle le moteur du genre humain ? La paix éternelle est-elle la clé de notre survie ? Est-ce la paix qui a permis à notre espèce de résister si bien ? Est-ce la guerre qui lui a permis de progresser et de prospérer ? Le débat est ouvert depuis longtemps, et n’est pas prêt de se refermer. C’est la guerre qui a mis fin au monde développé préantique,néologisme curieux j’en conviens, trouvez mieux et faites passer par CONTACT un monde unifié qui a duré tellement longtemps que je préfère me taire.
Ce monde était beau et harmonieux. Pendant des dizaines de millénaires, les gouvernants et les pratiques sacrées ont privilégié le développement personnel. Il faut entendre « personnel » au sens total, celui de nos trois personnes, qui sont complémentaires et indispensables. Le but ultime de cette civilisation semble avoir été l’éveil, comme je l’ai montré. Les plus antiques traditions, dont on peut penser qu’elles viennent de ce monde très civilisé, donnent de nombreux exemples des technologies d’éveil employées jadis.
N’empêche. Ces grands anciens assoiffés d’éveil ont hélas commis l’irréparable : un conflit atomique généralisé. S’ensuivit un hiver nucléaire qui dura cent mille ans. Les géologues l’appellent l’âge du glace. En Europe, on précise Würm. Aux Amériques, on précise Wisconsin.
Leur brillante civilisation n’y a pas résisté. Les survivants se sont terrés dans des galeries en attendant que ça se passe. Après ça, ils sont redevenus chasseurs-cueilleurs par vocation profonde, ils ont édictés des lois qui interdisent tout usage des machines, et les inventeurs de tout mécanisme étaient pendus sans procès. La paix durable qui s’installa peut faire croire que l’homme primitif était pacifique. Pacifique, il l’était, ça oui. Mais primitif pas du tout. Il était plutôt victime de l’effet Mad Max. Les villages néolithiques d’Europe occidentale n’étaient pas fortifiés. Pendant cent cinquante mille ans, l’homme a vécu en paix.
Largement le temps de dévopper une civilisation dix fois plus brillante que la nôtre. Véritable âge d ‘or pour les temps obscurs qui ont suivi, cette période marque un aboutissement, un épanouissement du génotype Homo sapiens qui n’a pas été égalé depuis. « L’homme qui sait qu’il sait » pourrait s’appeler« homme qui sait, qui veut et qui peut« .
Comme le triskell tourne sur ses trois branches, le quasi-dieu d’avant marchait sur trois pieds : il vivait non pas sous la Loi de l’Un, mais sous celle de l’éternelle trinité. L’art olmèque nous montre l’entente et le respect qui existait alors entre les races. En Atlantide, plusieurs races cohabitaient en bonne intelligence, dont des blancs de type européen et des noirs de type africains. Après la disparition de leur île volante, des représentants de ces deux races ont colonisé l’Amérique. Le Popol Vuh parle de « dieux civilisateurs et pacificateurs, qui s’opposaient aux sacrifices humains et aux guerres tribales, et qui nous ont tout enseigné. »
Les Égyptiens disaient aussi que des hommes volants leur ont tout enseigné jadis, quand ils vivaient loin vers l’ouest, dans ce Pays des Morts qu’ils appellent l’Amenta, l’autre nom de l’Atlantide. Ils ont appris le secret de la paix, qu’ils ont tenté de préserver le plus longtemps possible, malgré les incessantes invasions que le Nil prospère a toujours attiré.
Cette paix universelle, prospère et cordiale s’est poursuivie sans heurts jusqu’à l’âge de glace, première période de troubles majeurs qui s’est soldée par le grand cataclysme de -9500 ou -10500. Dans la débâcle du Würm finissant, avec un monde à reconstruire et peu de compétences disponibles, une gigantesque bagarre se déclencha parmi les survivants. Du pur Mad Max. Les conflits locaux s’étendirent, des chefs de guerre rassemblaient des clans de plus en plus puissants, et les dieux d’avant s’en sont émus.
Menacés par cette montée de barbarie qui devenait incontrôlable, les dieux géants ont dû se résoudre à utiliser des armes technologiques pour calmer le jeu. Et ce fut la guerre de tous contre tous. L’Armaggedon. L’apocalypse. Et vint enfin la dernière des races, la race de fer, qui est la nôtre.
Nains que nous sommes, sur les épaules des géants d’or. Amateurs que nous sommes, face aux prodigieuses réalisations des Atlantes. Bêtes féroces que nous sommes, face à une paix mondiale qui dura 150.000 ans. Larves que nous sommes, face aux dieux qu’ils étaient. La balle est dans notre camp. Certes, le réveil sera difficile pour certains, se découvrir tout péteux alors qu’on se croyait les meilleurs des meilleurs.
Mais ça change vite : à voir la beauté intérieure des êtres qui s’incarnent en ce moment, l’utopie n’est pas hors de notre portée. « Soyons réalistes : demandons l’impossible » lisait-on sur les murs de mai 68. Aujourd’hui ça devient : « Ne demandez pas l’impossible. Faites-le. »
A quoi bon prendre la vie au sérieux, puisque de toute façon, nous n’en sortirons pas vivants ?