Apparue au sein de la théosophie et de la contreculture des années 1960, la pensée de Krishnamurti exerça une influence notable sur des auteurs et des personnalités de différentes disciplines. 

Philosophe d’origine indienne, Jiddu Krishnamurti est né à Madanapalle en Inde le 11 mai 1895. Il est décédé à Ojai en Californie le 17 février 1986.

 

Krishnamurti a réussi la prouesse d’exercer une profonde influence sur l’histoire des idées sans jamais céder à la tentation du gouroutage, refuge frileux des égotiques et des imbéciles. Il a d’autant plus de mérite que tout jeune, il a été repéré par Héléna Blavastsky, grande prêtresse d’une secte appelée Société Théosophique. La fine mouche a tout de suite vu en lui un messie en puissance. Il dût résister aux tentations vaines du sectarisme sous l’égide de la Blavatsky.  Cela va le marquer à jamais. Rompant avec ces billevesées, Krishnamurti s’inscrit à l’opposé en prônant le refus des sectes, religions, prêtres et gourous.

 

« Je ne sais pas si vous avez conscience de cette image que chacun construit autour de soi et en lui-même. Cela se fait à chaque instant, et comment peut-il y avoir des relations avec autrui quand existent cet élan personnel, cette envie, cet esprit de compétition, cette avidité, et toutes ces forces qui sont entretenues et exagérées dans notre société moderne ? Comment pourrait-il y avoir des relations avec un autre si chacun de nous est lancé à la poursuite de sa propre réussite personnelle, de son propre succès ?

Je ne sais pas si nous avons conscience de tout ceci. Nous sommes ainsi conditionnés que nous l’acceptons comme étant chose normale, le modèle de la vie, chacun de nous devant poursuivre ses propres particularités, ses propres tendances, et néanmoins s’efforcer d’établir des relations avec autrui. N’est-ce pas là ce que nous faisons tous ? Vous êtes peut-être marié, et vous allez au bureau ou à l’usine ; quoique que vous fassiez pendant la durée de la journée, c’est cela que vous poursuivez.

Et votre femme est chez elle avec ses propres ennuis, ses propres vanités, avec tout ce qui se passe autour d’elle. Quelles sont donc les relations entre ces deux êtres ? Au lit, dans leur vie sexuelle ? Des relations si superficielles et limitées ne sont-elles pas en elles-mêmes l’essence de la corruption ? On me demande : comment vivre si vous n’allez pas au bureau, si vous ne poursuivez pas votre propre ambition, vos propres désirs d’atteindre ou d’aboutir ?

Si l’on ne fait rien de tout cela, que peut-on faire ? Il me semble que ceci est une question absolument fausse. N’êtes-vous pas du même avis ? Ne cherchons-nous pas un changement radical dans la structure même de notre esprit ? 

 

 

La crise n’est pas dans le monde extérieur, elle est dans notre conscience elle-même. Tant que nous n’aurons pas compris cette crise profondément et non selon les idées de quelques philosophes, il n’y aura pas de changement.

Tant que nous ne comprendrons pas vraiment par nous-mêmes, en regardant en nous-mêmes, nous serons incapables de provoquer un tel changement. 

C’est la révolution psychologique qui nous préoccupe, et cette révolution ne peut se produire que s’il y a des relations justes entres les êtres humains. Vous dites : ‘Si nous doutons de tout, il ne nous restera plus rien.’

Tant mieux ! Quelle est l’importance des choses auxquelles vous vous accrochez si le doute peut les détruire ? De quelle valeur sont vos traditions et tout ce que vous avez accumulé, si la tempête du doute peut les balayer ? Tout cela sera semblable à une construction faite sur le sable : lorsqu’arrivent les vagues puissantes, elle est complètement détruite.

En évitant la vie, en la craignant, vous vous abritez dans les choses agonisantes, et la souffrance se trouve dans cet abri. Mais en appelant le doute et la souffrance dans la plénitude de votre coeur, vous créerez ce qui sera éternel et portera l’estampille du bonheur… C’est pourquoi je voudrais pousser chaque être qui cherche la vérité à attirer à lui les tempêtes du monde et à détruire ainsi la faiblesse de son esprit et de son coeur… L’homme qui n’appelle jamais le doute ne pénétrera pas dans les espaces libres où se trouve la certitude de la connaissance et la liberté…

Il nous faut tout mettre en doute afin que du paroxysme du doute naisse la certitude. Ce n’est pas lorsque vous vous sentez fatigués ou malheureux qu’il faut douter : n’importe qui peut faire cela. C’est dans les moments d’extase que vous devez douter, car vous découvrez alors si ce qui demeure est vrai ou faux. »

Jiddu Krishnamurti

Xavier Séguin

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