La piste de Rama n’en finit pas de se ramifier. Tout ce que je ramasse me ramène à Rama. Ram, Ram, pas besoin de ramer, ton épopée s’inscrit en cinérama sur le toit de ma ramada, dramatique panorama ou ramage d’un ramier amoureux, quand de général Rama tu deviens Rama le prince charmant.
Cette nouvelle piste vient s’ajouter aux précédentes, sans effort de ma part, plutôt par une sorte de contagion. La recherche qui suit n’est pas la mienne, elle a été effectuée par une amie qui a chopé le virus à mon contact. Je lui laisse la parole.
L’immram du Héros
« Le monachisme occidental n’eut pas que les déserts orientaux comme source d’inspiration. Il faut regarder à l’autre bout de l’Europe, vers les terres celtes, pour le comprendre.
Evangélisées entre le IIe et le Ve siècle, la Gaule du Nord et les Iles Britanniques – l’Irlande en particulier – se couvrent de monastères au VIe siècle. C’est un modèle collectif de fuite du monde qui se développe, mais pas forcément de pleine vie commune – parfois chaque moine a sa propre cabane. Les abbés sont les ciments de ces communautés qui ont aussi pour vocation de parachever l’évangélisation. Les Irlandais saint Colomban ou Saint Brendan sont des moines itinérants, qui allient héritage celte et vocation chrétienne. De la tradition celte, ils reprennent presque tout.
Y compris l’immram, le récit de voyage d’un héros mythologique, qu’ils christianisent à travers le motif de la peregrinatio proter Deum (pèlerinage pour Dieu). » (source)Texte extrait du magazine « L’Histoire les Collections – L’ÂGE D’OR DES ABBAYES » avril-juin 2015
Dans l’immram, il est facile de reconnaître la racine RAM, qui renvoie à Rama. L’Immram premier ayant été le voyage incroyable du héros mythologique que fut Rama, premier roi des hommes.
« Un Immram (pluriel Immrama) est un genre de contes de la mythologie celtique irlandaise qui narre le séjour d’un héros (ou personnage important) dans l’Autre Monde des Celtes, parfois appelés Tír na nÓg (la « Terre des Jeunes ») et Mag Mell (la « Plaine du Plaisir »). Rédigés dans le contexte du monachisme irlandais, ils présentent une version christianisée de ces mythes, tout en conservant un substrat celtique. La traduction usuelle de ce mot gaélique est voyage ou navigation. » (source)
Voyage, comme l’incroyable odyssée de Rama. Navigation, aussi bien sur mers que dans les airs.
L’immram pour Dieu
Mais depuis cet immram mythique, originel, la nouvelle religion a fait place nette de ces sornettes. Pourtant ça et là, des pratiques subsistent. Pour y parvenir, elles doivent évoluer, se dissimuler. L’ancien immram était le voyage d’un dieu, le nouvel immram est un pèlerinage pour Dieu.
« Cet exil ascétique se fait voyage missionnaire : le moines itinérants entendent diffuser le christianisme, et fondent des monastères pour cela. Autrement dit, s’ils ne se fixent pas eux-mêmes, ils contribuent à fixer des moines dans les contrées qu’ils parcourent et, surtout, ils écrivent des règles pour ces moines.
Saint Brandan voyage ainsi près de trente ans de l’Islande à la Bretagne (française), voire jusqu’aux Açores ou à Madère. » (source)Texte extrait du magazine « L’Histoire les Collections – L’ÂGE D’OR DES ABBAYES » avril-juin 2015 La tradition nous enseigne qu’il est allé jusqu’aux Amériques en compagnie de Saint Malo.
« On lui doit la prestigieuse cathédrale de Clonfert en Irlande, fondée au milieu du VIe siècle et qui, selon certains auteurs médiévaux, aurait accueilli des milliers de moines. Brandan écrivit pour eux une règle, qui lui aurait été dictée par un ange selon la Vita prima sancti Brendani. »
Saint Colomban est certainement celui qui a fondé le plus de monastères lors de ses voyages. Ses disciples ont diffusé sa règle. Dure, celle-ci se fonde sur l’autorité de l’abbé, la prière, la mortification (les flagellations et sanctions corporelles sont nombreuses) et le travail manuel et intellectuel.
Au VIIe siècle, des maisons se réclament de sa règle des îles Britanniques à la vallée du Rhin et à l’Italie (Bobbio) en passant par le Bassin parisien et la Normandie (Coutances). » (source)Texte extrait du magazine « L’Histoire les Collections – L’ÂGE D’OR DES ABBAYES » avril-juin 2015
Le dynamisme irlandais contribue à enraciner le christianisme dans le monde franc et à évangéliser des régions peu christianisées comme l’Alémanie (Suisse et Sud-Ouest allemand).
Il fut à l’origine de renouveaux culturels importants, en recourant au savoir-faire des artistes païens. Ainsi, leur travail d’ornementation des boucliers trouve son prolongements sur les pages des manuscrits liturgiques. L’enluminure était née. » (source)Texte extrait du magazine « L’Histoire les Collections – L’ÂGE D’OR DES ABBAYES » avril-juin 2015
Moines ou druides ?
« On connaît trois grands Immrama et ce qui nous intéresse, c’est – comme panorama – celui qu’on tait à l’origine de ces épopées qui devinrent en son hommage un nom commun dans le monde celte. Cela fait lien aussi avec Homère et son Odyssée. Le fil sacré de Rama repris par ces moines évangélisateurs d’une autre religion, et malgré eux perpétuateurs de l’antique tradition qu’ils combattent. » (source)LZ, Notes de recherche Mais la combattent-ils vraiment ?
Ces hommes sages et aventureux avaient trouvé un bon moyen de préserver leur culture sacrée dans les siècles troublés qui marquaient le déclin de Rome et l’avenir du Saint Empire Romain Germanique. Des siècles troublés par les événements ou par l’Histoire elle-même.
Car il se pourrait que certains de ces siècles n’aient jamais existé. Il se pourrait qu’on nous ait raconté des histoires, il se pourrait que le Christ soit un empereur romain, et que Jésus n’ait jamais existé, lui non plus.
Il se pourrait que les moines irlandais se soient donné pour mission de propager la connaissance de l’ancienne religion et semer les traces sacrées dans toute l’Europe jusqu’au Caucase. Et plus tard en « terre sainte », grâce à l’effort des Templiers, qui sont les héritiers de Brendan, de Colomban et de Malo, moines -ou druides – du Moyen Age.
Ursicinus et Urs
« Les moines défricheurs étaient prétendus analphabètes… je les pense plutôt de langue étrangère, venant d’Irlande comme Urs (Ursicinus) qui fonda une communauté dans le Jura, avant de se retirer dans une grotte où il apprivoisait les animaux sauvages. Or Ursicinus est aussi le nom d’un général romain.
« Ursicinus était un officier militaire de haut rang, avec le grade de «maître de cavalerie» (magister equitum) à la fin du Empire romain c. 349-359. En l’an 351 ou 352, il a été chargé de la répression de la révolte juive contre César Constance Gallus. Tibériade et Diospolis, deux des villes conquises par les rebelles, ont été presque entièrement détruites, tandis que Diocaesarea a été rasée. Ursicinus a également été contraint à tuer plusieurs milliers de rebelles, même les plus jeunes. » (source)Wikipedia Personne n’a jamais établi le moindre parallèle. » (source)LZ, Notes de recherche
Bravo pour cette belle découverte ! J’ajoute que Urs renvoie au Clan de l’Ours, un Ursidé. C’est aussi dans le nom du prince Arthur ou Arthus, prince Celte élevé à Rome. Rome, Rama, les druides, la traversée vers l’Inde, les moines Irlandais… On s’attend à voir déboucher Corto Maltese au coin de la page…