Les efforts inutiles

 

On nous a inculqué le culte de l’effort. Il est utile encore. Mais pas dans tous les cas. Pourquoi ramer si fort ? Pourquoi s’acharner quand tout se ligue contre tes progrès ? On te dit : Prends sur toi, serre les dents, tiens bon contre vents et marées. Sens-tu que cet effort te tue ? À petit feu ? Sans coup férir ? Tu insistes ? Me fais pas rire. Aucun progrès notable ne vient récompenser ton sacrifice.

Tu sais que tu t’épuises à fond, tu puises au fond de l’ultime réserve. Te battras-tu jusqu’au bout de tes forces ? Jusqu’à la fin, jusqu’au divorce ? Comme un tronc qu’on écorce ? Comme un obus qu’on désamorce ?

Cette page est pour ceux qui rament à contre courant depuis trop longtemps. Le courant d’une vie est énergie. Il est vain et périlleux de prétendre l’ignorer. Pourquoi ramer ? Tu navigues vent debout. Tu as le vent dans le pif. Tu n’avances pas et ça dure et ça dure. Et c’est dur….

Avec ton aviron, que peux-tu espérer ? Tu godilles depuis des mois sans effet. Depuis des années, qui sait ? Il serait temps de changer. User d’une autre stratégie. Des forces qui te dépassent s’opposent à ton progrès. Au mieux tu tournes en rond. Pose-toi les bonnes questions.

Errare humanum est, sed perseverare diabolicum.L’erreur est humaine, l’entêtement est diabolique Oui, diabolique est la persévérance dans l’erreur. Il faut savoir se remettre en question quand rien ne va plus. Avant si possible. L’effort vain est mortel.

En ta compagnie

Les épreuves qu’on rencontre sont des tests d’endurance, te dis-tu. Pas toutes ! Tu te trompes. Certains blocages sont des sens interdits. Tu dois les repérer. Renoncer à braver les signaux du vivant. Ne vois-tu pas l’errance ? Tu fais fausse route depuis trop longtemps. Change de cap. Quelque chose ne va pas, c’est clair. Ne confonds pas l’épreuve et l’interdit. L’inconnu et l’inconnaissable. L’épreuve et le barrage. Aucune épreuve ne peut excéder tes forces. Quand la réussite te régénère, c’était une épreuve. Quand l’absence de résultat perdure, c’est un barrage. Il faut virer de bord.

Quand il s’agit de grandir, de t’élever, de t’approcher de ta perfection, tu ne trouveras sur ta route que des obstacles surmontables. Tu t’épuises, tu t’étioles, en déprime chronique, moral ruiné, sur ce chemin miné pourtant tu continues. Veux-tu en finir avec la vie ? Si le vent souffle fort, n’affale pas la toile. Vire au vent et laisse porter. Changer n’est pas se renier. Refuser de changer est un principe dangereux. Ne sois pas l’imbécile qui refuse de changer d’avis. La vie n’est que perpétuel changement. Le bonheur vient comme il s’enfuit. Ne t’y attache donc pas. Apprends à tisser la toile qui te protège. Elle abritera du même coup ceux et celles que tu aimes.

En guerrier, sans impatience, stoppe l’hémorragie. Agis. Oui, agis sans attendre de résultat. Quand l’action devient contre-productive, danger ! Ton comportement doit changer. Ton objectif d’hier est périmé. Il n’est plus adapté à ton moi d’aujourd’hui. Dis-moi oui si tu m’ouïs.

Aime-toi davantage : ris et fais-toi crédit. Ne déplore pas ta solitude. Apprécie ces moments que tu passes en ta compagnie. Resserre tes boulons. Rassemble tes morceaux épars. Rameute la troupe de tes moi désunis. Sois un, tu es unique. Ta multiplicité est un atout si tous tes moi marchent en toi d’un même pas, ce qui n’est pas le cas si tu traînes tes chaînes, si tu souffres et tu t’essouffles, si tu rames comme un galérien qui n’obtient rien de rien. Uni vers l’uni… (écouter)

 

 

Psychotrope et hallus

Le guerrier impeccable ne cherche ni l’exceptionnel, ni l’inouï, ni le miracle, ni l’ultime. Tu dois y renoncer d’urgence. Le guerrier fait de son quotidien le plus banal une véritable mine de diamants. Une source inépuisable de découvertes belles. La vérité qui se cache derrière le décor de nos vies quotidiennes fait l’effet d’un puissant psychotrope. La banalité est une illusion qui vient de notre cécité ordinaire. Le cerveau, ce traître conformiste, habille l’indescriptible avec des hardes ordinaires. Désape-le s’il te plaît. Fous-le vite à oilpé. Tu seras éveillé, aimé, émerveillé.

Je ne m’étonne de rien pour pouvoir m’émerveiller de tout, a dit une mystique chrétienne dont le nom m’échappe.et que Google ne connaît pas… Hildegarde Von Bingen ?? Ne pas s’étonner, oui, sage ligne de conduite quand on veut côtoyer les abîmes et tutoyer les cimes. J’hallucine !

Tel était le cri de guerre de mon regretté benefactor. J’hallucine ! Il l’avait en bouche dix fois par jour. Et les motifs de ses hallus continuelles n’étaient pas toujours claires aux yeux du béotien que j’étais. À quarante ans, malgré tout mon savoir universitaire, mes expériences autour du monde et mon vécu professionnel, j’étais très ignorant. La vraie connaissance m’échappait encore. Celle qu’on vit avec le corps.

Voilà qui peut rassurer celles et ceux qui peinent à ce cap-là. Et leur faire aimer leur précieux instant présent… Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que j’ai toujours été celui que je suis aujourd’hui ? Erreur grave. Pour vous en convaincre, lisez donc mon journal de l’époque, Benefactor, au moins les premiers chapitres qui sont en ligne. Vous aurez du mal à m’y reconnaître.

J’hallucine ! En relisant ces mots écrits il y a trente ans, j’hallucine à chaque ligne. Quel exercice ! Mon passé que j’ai souvent revisité m’apparaît dans sa splendide nudité, sa vérité sans cécité. Mon passé visité en astral doit être un peu réinventé, réinterprété par le gaillard que je suis aujourd’hui. À cette autre forme d’habillage des perceptions, j’ai dû souvent succomber tout me croyant de bonne foi dans le vrai

Je me suis réveillé pour voir que tous les autres dormaient encore. Alors je me suis rendormi.

Léonard de Vinci

 

Lâcher prise ou laisser-aller

Cesse de ramer. Remets ta barque dans le sens du courant. Sers-toi du vent au lieu de lutter contre. Sais-tu faire la différence entre l’obstination et l’opiniâtreté ? Audace ou témérité ? Volontaire ou têtu ? Silence. Tu t’es tu. Où t’es-tu tu ? Profite de ce blanc pour faire page blanche. Mort aux remords. Lâche prise.Le Pendu Fais-toi confiance. Aie foi en toi. Tu es unique.Arcane XIII Ta présence apporte à ce monde.Tempérance  Va boire à la Source vive.Le Diable Entre chez toi.Maison-Dieu  Donne ton meilleur.L’Étoile  Cultive ta grandeur.La Lune Vois l’amour qui rayonne.Le Soleil Vois ta beauté intérieureLe Jugement qui ne demande qu’à prendre l’air.Le Monde

Lâche prise. Fais confiance au courant. Suis le mouvement. Mais fuis le laisser-aller. C’est négligence. Ta barque est emportée par le courant, encore faut-il tenir la barre pour éviter les berges et les récifs.

Qui rame se fourvoie. Qui démissionne n’est pas guerrier. L’opiniâtreté vient de l’ego. Elle peut être utile dans le monde ordinaire, mais pas dans celui du guerrier. Oui, l’ego est partout, il se multiplie comme la vermine. Quand tu progresses dans la lumière, il te suit dans l’ombre, il te tient si tu relâches un tant soit peu ta vigilance. Tu ne peux pas t’en passer pourtant. Il est le contrepoint de la vie. S’il est absent, pas de vie possible. S’il est pressant, pas d’éveil possible. Choisis ton camp. Un pied dans chaque est indigne et sans effet.

 

 

Accepte le verdict du vivant. Et réjouis-toi quel qu’il soit. Quel autre choix pour toi ? Accepter son erreur est un pas décisif vers la réussite. Et quel beau projet ! TOI.

Toi

Pourquoi ramer dans le vide ? Pourquoi t’épuiser en vain ? Peux-tu t’opposer au destin ? Pas vraiment, je le crains. Tu n’as pas le savoir supérieur qui te permette de dire « ceci n’est pas ce qu’il me faut. » Si tu t’es incarné, c’est pour réaliser quelque chose. Sois géant si tu l’oses. T’évertuer à contre-courant interdit toute réalisation utile et durable. Évertuer ? Le verbe est mal choisi. Quelle vertu y a-t-il à s’opposer ? Ténacité imbécile du gamin qui dit non. Comme la poupée de Polnareff, incassable, inlassable, inclassable, qui tout nie, tout refuse, tout évite. Et se meurt seule à la fin.

Ne sois pas insatiable. Tu n’es pas incassable. Si tu t’opposes, guerrier, tu ne bloqueras que toi. Bien triste chose en vérité. Fin d’une époque…

 

Les mots sont un prétexte. C’est l’élan intérieur qui nous pousse l’un vers l’autre, pas les mots.
Rumi