Les dieux d’avant, terraformeurs de notre planète, ne sont pas des dieux immortels, contrairement à ce qu’ils nous ont laissé croire. Ils vivaient longtemps, assez pour que les humains puissent les croire immortels. Mais les dieux d’avant sont mortels, comme tous les êtres vivants. Alors comment se fait-il qu’on ne s’en soit pas rendu compte ?
Loin de moi l’idée de crier au complot : le complotisme est la pire exécration du temps, qui dispense les imbéciles de toute analyse et de la moindre réflexion. Le complotisme est une secte de plus, hélas. Je repose la question : comment a-t-on fait pour ne pas comprendre que les dieux sont mortels comme tous les êtres vivants ?
Les mythologies sont assez discrètes à ce sujet, et quand elles sont explicites, les historiens font semblant de ne pas remarquer. Ainsi, dans la mythologie yorouba en Afrique de l’Ouest, on apprend qu’un dieu s’est pendu. Dans la mythologie sumérienne, pour créer le premier Adam, Enki fait tuer deux dieux pour récolter leur sang. Il est vrai que dans la mythologie grecque, la plus connue, on ne parle pas de la mort des dieux, qui sont explicitement déclarés immortels.
Pourtant des détails clochent. Comment Zeus appelle-t-il les humains ? les éphémères. S’il était immortel lui-même, il nous aurait appelé des mortels. Les dieux jouissent d’une très grand longévité, et pas nous, qu’ils appellent éphémères. Et il y a le partage de Mékoné. Gros malaise entre les hommes et Zeus, quand Prométhée, notre protecteur, joue à son oncle Zeus un fameux tour de cochon.
Il s’agit de viande, justement. D’un partage de viande entre les hommes et les dieux. Si les dieux mangent, ce sont des êtres biologiques, donc mortels. Les tablettes assyriennes nous ont appris que les dieux ont créé les Adams parce que leur anges étaient infoutusoups ! de cultiver des légumes. Les dieux mangent, mes amis. D’où les sacrifices humains. Les géants mangent aussi, voyez les ogres. On dit qu’ils reviennent. Je vais me mettre au régime.
Les dieux sont mortels. Zeus a pris la place de son père Cronos comme Cronos avait pris celle de son père Ouranos. Ce qu’on sait moins, c’est que Zeus lui-même a laissé sa place à Apollon. Sous le règne de Zeus, un premier Christ apporta son aide aux humains : Prométhée, Titan comme Zeus, créateur et protecteur de notre humanité. Sous le règne du second dieu des dieux, Apollon fils de Zeus, s’élevèrent deux nouveaux Christs : Dionysos la démesure et Orphée la lyre, qui descendirent aux enfers de leur vivant. Comme Jésus…
La légende d’Orphée, une des plus singulières de la mythologie grecque, est liée à la religion des mystères ainsi qu’à une littérature sacrée. La mythologie nous le présente non comme un dieu, mais comme un demi-dieu, ou pour employer le vocabulaire de l’époque, un héros. Aède mythique de Thrace, en Grèce, il savait par sa lyre charmer les animaux sauvages et parvenait à émouvoir les êtres inanimés. Il fut comblé de dons multiples par Apollon, et passe pour être l’inventeur de la cithare.
Héros voyageur, il participe à l’expédition des Argonautes. Il y fait office de chef de nage : son chant donnera la cadence aux coups de rame. Ses mélopées magiques permettront aussi de résister au chant des sirènes. Orphée est un magicien, ensorceleur et maître de transe. C’est aussi un grand initié, qui s’est rendu en Egypte pour connaître l’éveil par le temple d’Isis.
Orphée aime Eurydice, une dryade. A leur mariage, la morsure d’un serpent tue la jeune épousée qui descend au royaume des Enfers. Fou amoureux d’elle, Orphée parvint à approcher le dieu des Enfers, Hadès. D’abord, il dut endormir de sa musique enchanteresse Cerbère, le monstrueux chien à trois têtes qui en gardait l’entrée, puis il dut affronter les terribles Euménides.
Il parvint, grâce à sa musique, à faire fléchir Hadès, et celui-ci le laissa repartir avec sa bien-aimée à la condition qu’elle le suive et qu’il ne se retourne ni ne lui parle tant qu’ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants. Alors qu’Orphée s’apprêtait à sortir des Enfers, n’entendant plus les pas de sa bien aimée, impatient de la voir et ayant peur que son amour lui échappe, il se retourna, perdant à jamais Eurydice.
Une autre version veut que lors de la remontée des Enfers, Orphée se rassure de la présence d’Eurydice derrière lui en écoutant le bruit de ses pas. Parvenus dans un endroit où règne un silence de mort, Orphée s’inquiète de ne plus rien entendre et craint qu’il ne soit arrivé un grand malheur à Eurydice. Sans plus attendre il décide de se retourner et la voit disparaître aussitôt.
« Orphée […] la reçoit sous cette condition, qu’il ne tournera pas ses regards en arrière jusqu’à ce qu’il soit sorti des vallées de l’Averne ; sinon, cette faveur sera rendue vaine. […] Ils n’étaient plus éloignés, la limite franchie, de fouler la surface de la terre ; Orphée, tremblant qu’Eurydice ne disparût et avide de la contempler, tourna, entraîné par l’amour, les yeux vers elle ; aussitôt elle recula, et la malheureuse, tendant les bras, s’efforçant d’être retenue, de le retenir, ne saisit que l’air inconsistant. » (source)Ovide, Métamorphoses, trad. GF-Flammarion, 2001
Notons que la visite aux enfers était en vogue parmi les successeurs de Zeus : Dionysos fit lui aussi ce voyage dans les profondeurs. Mais son voyage se termina mieux que celui d’Orphée. Ce dernier se montra par la suite inconsolable. C’est autour de ce mythe que se fonda l’orphisme, courant philosophique et religieux fondé sur l’initiation dont la descente d’Orphée aux enfers est le modèle. Orphée passait parfois pour le fondateur des mystères d’Éleusis avec Dionysos. Comme son prédécesseur, Orphée est considéré dès l’antiquité comme un mage ou un sorcier.
De nombreuses traditions circulent sur sa mort. Selon l’une d’entre elles, il aurait été foudroyé par Zeus pour le punir d’avoir révélé des mystères divins aux hommes qu’il initiait. La foudre de Zeus peut tuer, elle peut aussi éveiller. Notons que Dionysos a reçu lui aussi la foudre divine, mais cet éclair, loin de le tuer, lui a donné sa deuxième naissance, selon l’esprit : la double naissance est le signe des grands éveillés.
Pour Strabon, il aurait trouvé la mort dans un soulèvement populaire. « Il circulait en Thessalie une légende au sujet de la tombe d’Orphée. Un oracle de Dionysos avait prédit que si les cendres d’Orphée étaient exposées au jour, un porc ravagerait la cité. Les habitants se moquèrent de cette prédiction. Pourtant la chose arriva : au cours d’une émeute, le sarcophage du poète fut éventré. Alors un violent orage éclata et la rivière inonda la ville. La rivière en crue s’appelait Sys, ce qui signifie porc ». (source)
Mais c’est méconnaître la véritable identité de ce poète. Il fut un christ, un sauveur ayant reçu l’onction. Cela se passait sous le règne d’Apollon, le deuxième dieu des dieux, qui régna sur l’Olympe des dieux et sur le monde des hommes.
« Orphée était un sauveur de troisième génération, identifié à son père divin Dionysos comme Dionysos a été identifié à Zeus son père divin. Assis sur le trône du Père Céleste, brandissant son foudre sceptre, Dionysos a été salué comme Roi des rois et Dieu des Dieux. il a également été l’Oint de Dieu engendré, né d’une vierge (Christos) dont la mère semble avoir été les trois formes de la Triple Déesse: Gaïa la terre mère, Perséphone la reine des enfers, Sémélé la lune jeune fille. Le mythe d’Orphée contient les indices d’une cérémonie de suspension ou d’une crucifixion, comme l’indique son titre Dendrite, le « jeune homme de l’arbre. » a dit Eusèbe de Césarée (source) Orphée est aussi un Dieu Cornu, sous des formes telles que le taureau, le bélier et le cerf.
Il est originaire de Thrace, mais selon moi n’est pas le fils d’un humain, fut-il roi. La Thrace est intimement liée à l’histoire du dieu Ram, qu’on appelle aussi Ra, Ramos, Ré ou Rama. Je suis intimement convaincu qu’Orphée est son fils, tout comme Abram qu’on appelle Abraham.
Si cette version de la mythologie grecque vous surprend, laissez-moi vous dire ceci. Les poètes grecs de l’Antiquité ne sont pas les auteurs des récits mythologiques. Ils n’en sont que les témoins, et leur témoignage indirect n’est pas tout à fait crédible : dix millénaires –au moins!!– se sont écoulés depuis les événements que ces poètes évoquent. Largement le temps d’oublier les détails…
Alors les poètes grecs racontent le monde des dieux d’avant avec la réalité de leur monde, c’est à dire sans électricité, sans électronique, sans engins volants, sans Hyperborée, sans aucune des merveilles technologiques apportées jadis par les dieux astronautes qui ont terraformé cette planète.
Replaçons-y ces éléments et notre compréhension du passé, soudain, prend d’autres couleurs…
Ainsi donc
Chacun ses croyances, et les vaches sacrées seront bien gardées. Nous ancêtres ont tout gobé. Ils ont avalé des couleuvres avec l’aisance d’un charmeur de serpents. C’était compter sans le web, sans la diffusion planétaire de tous les textes jadis enfermés dans des bibliothèques strictement protégées par le Saint Siège. N’oublions pas que jusqu’à l’invention de la typographie vers 1440, tous les écrits étaient recopiés par des copistes. Des moines, le plus souvent. Ils recopiaient dans leur couvent ce que le supérieur leur disait de recopier, omettant et ajoutant ce qu’il leur indiquait. Le contrôle de l’église catholique a été quasi total pendant tout ce temps.
Une foule d’anecdotes bidons, pleines d’erreurs et d’anachronismes, a été ajouté par les copistes. Que ceci n’empêchent pas les croyants de croire, ni les incrédules de ne pas croire. Je suis mythologue, je porte sur toutes les mythologies un regard critique : est-ce vrai ? Est-ce déformé ? Est-ce exagéré ? Pour quelles raisons ? Mon travail n’a d’autre but que de regarder en face la vérité — si une telle chose existe ! — avec un œil critique et l’esprit débarrassé de tout a-priori. C’est pour cette raison que vous êtes nombreux à me lire. Vous savez que vos convictions vous appartiennent. Elles vous aident à vivre, loin de moi l’idée de les dynamiter, du grec ancien dunamos, qui veut dire ange.
Toutes les croyances sont infiniment respectables, bien que je préfère m’aligner sur l’éternel principe d’incertitude, il est bon de croire sans y croire.