Un sorcier accompli peut se déplacer librement sur la ligne de temps, visiter à son gré les annales akashiques, débrouiller le vrai du faux en un clin d’oeil, aller sur la lune toutes les nuits si ça lui chante, mais jamais, au grand jamais il ne pourra en ramener la moindre pierre.
On touche les limites entre les mondes. La matière est si pesante qu’elle crève les murs du temps et de l’espace, qui, grâce à elle, grâce à la gravité qu’elle crée, se mettent à exister, encore et encore, à qui mieux-mieux. Le temps, l’espace. Les quatre horizons qui crucifient le monde : hauteur, longueur, largeur, temps.
Les enfants de l’Oie préfèrent le trois. Car il correspond à la nature humaine, qui est triple. Notre univers est le seul où existent l’espace et son copain le temps. Ces deux-là sont inséparables.
En astral, rien qui leur ressemble de près ou de loin. La chose peut sembler difficile à concevoir. Pour les voyageurs de l’astral, ce qui paraît inconcevable, c’est l’espace et le temps.
En astral, il n’y a pas de temps, donc pas d’espace. En astral, quand on s’approche de ce plan-ci, on perçoit quelque chose qui évoque une arrête de poisson géante.
C’est la ligne de temps. A force d’y aller, le voyant se balade sur la ligne de temps comme un Parigot sur sa ligne de métro : il connaît toutes les correspondances. Mais si jamais on lui demande de quand ça date, il n’en sait rien. Le voyant doit comparer avec d’autres auteurs, se frotter au monde rationnel, et là son voir ne lui est plus d’aucun secours. Il se heurte aux obstacles habituels, il risque la bévue, comme tous ceux qui s’y sont frottés.
Combien sont-ils, les cassandres diseurs de fin du monde, à nous avoir fourgué leur boniment jusqu’à la date prévue ? Quand elle arrive, il ne se passe rien. On est tellement soulagé qu’on ne leur en veut pas de s’être trompés, sinon on serait tous morts et on ne pourrait donc pas leur en vouloir non plus. L’astuce est imparable.
Dans ce domaine, aucun voyant ne peut faire mieux, car la date et la vision sont incompatibles. Quand on se balade sur la ligne de temps, il est rare de trouver un calendrier. On ne tombe pas toujours sur le journal du matin avec la date en haut.
De plus, le calendrier actuel n’avait pas cours, bien entendu, dans l’antiquité. Ni même au Moyen Age et durant l’Ancien Régime, où l’on datait depuis le sacre du roi régnant. Chaque pays, chaque province pouvait avoir son propre calendrier, datant du dernier prince, évêque, ou autre seigneur local.
Toutes ces difficultés pourraient être surmontées avec un peu d’astuce. Mais il y a une autre raison, fondamentale, qui met le clairvoyant dans l’impossibilité de dater ce qu’il voit. Le fait de voir implique une concentration de l’activité cérébrale dans l’hémisphère droit du cerveau, qui explore l’irrationnel et la créativité, entre autres. La magie et la vision relèvent bien sûr de cet hémisphère. A l’inverse, le processus de datation relève de l’autre hémisphère, le gauche, celui de la logique, des mathématiques et du rationnel.
Pour dater une vision, il faudrait donc qu’un clairvoyant soit aussi affûté dans l’exercice du cerveau droit que dans celui du cerveau gauche : totale gageure. Peu de scientifiques sont visionnaires, sauf en Russie.
Peu de voyants se soumettent à la méthode scientifique, qui les gave grave. On les comprend. Une seule solution : le métissage.
Avoir un pied sur chaque ski, chausser les deux hémisphères, c’est s’accorder de beaux voyages sur la voie du milieu, la plus sûre. A condition de rester dans la trace. La datation devrait être plus facile pour les scientifiques : ils n’ont pas besoin de changer d’hémisphère, ils travaillent du chapeau gauchela logique seule comme d’hab ! Ce qui doit leur donner un avantage certain.
N’en croyez rien. Les datations scientifiques sont souvent erronées, parfois fantaisistes, voire mensongères. Et cette fois-ci, les raisons en sont bien différentes. Les chercheurs qui se consacrent à l’exploration du passé disposent de plusieurs méthodes scientifiques de datation : carbone 14, étude des pollens, etc. Je vous épargne le détail de ces procédures.
Ceux que la chose passionne trouvent aisément ailleurs l’examen descriptif et critique de ces différentes méthodes de datation sous la plume d’auteurs plus qualifiés. Ou plus crédules…
Toujours est-il que toutes ces méthodes sont contestables, donc contestées. Exemple célèbre, le suaire de Turin n’a toujours pas fini de défrayer la chronique : la date de l’image du christ et du linge qui la supporte recèle plus d’un mystère. Comme l’a dit Jésus en son temps : « Je n’ai pas toutes les réponses, alors demande à Google. » A moins que je me trompe ?? Le seul point qu’il importe ici de souligner est la totale malhonnêteté qui préside le plus souvent à l’usage de ces procédés.
Les sciences humaines oxydantalesla faute est volontaire ne sont plus des sciences exactes, fondées sur la logique et la méthode scientifique. Elles sont devenues autant de chapelles où pontifient les caciques, maîtres de recherches ou titulaires de chaires universitaires.
Ces mandarins tout-puissants imposent leurs hypothèses souvent invérifiables – donc invérifiées – aux générations d’étudiants qu’ils enseignent. La parole du Maître devient le credo d’une religion qui ne tolère pas la moindre déviance. Aussi, le plus souvent, quand un anthropologue doit dater un crâne humanoïde, il se contente du bouquin de son prof.
Ce que le prof a retenu comme date pour ce type de crâne devient aussi sec la date que l’élève docile devra coucher dans son rapport ou dans sa thèse. Amen. Ainsi soit-il.
Ainsi se reproduisent à l’infini les erreurs et les a priori des patrons tyranniques. Ainsi les sciences de l’Homme sont-elles devenues des religions, ou pour mieux dire, un ensemble de sectes hétéroclites et hostiles.
Dans ces circonstances, ne soyez pas trop exigeants quant à la précision des dates qui sont données dans ce site. Sur ce terrain miné, nul ne peut avancer avec certitude. En tant que voyant, je me suis heurté aux difficultés que j’ai décrites. En tant que philosophe des sciences,épistémologue est le terme exact et fort prétentieux : je vous l’épargne j’ai rencontré les obstacles que je viens d’énoncer.
Pourtant il m’a bien fallu dater, ne serait-ce que pour fixer une échelle de temps. Les dates ne servent qu’à ça. La précision, on s’en passera. Ou on repassera…
A ceux qui attendent dans mes exposés la rigueur mathématique de datations irréprochables, je dois ajouter encore une couche à la déception qui les envahit : le temps n’a pas toujours eu la valeur qu’il a aujourd’hui. Il fut un temps où l’année ne comptait que 360 jours. Il fut un temps plus ancien encore où l’année en faisait plus de 400. Comment compter des années de longueur variable ?
Le temps c’est de l’argent. L’argent se dévalue, lui aussi. Comme le temps, l’argent n’a pas toujours existé. Et le jour viendra où on se passera de l’un comme de l’autre.
Tout est énergie, tout est subtil, le grossier n’est que dans celui qui regarde.
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