On entend dire régulièrement que la fin des âges est proche. Les Mayas l’avaient gravé dans un calendrier qu’ils ne savent plus lire eux-mêmes. Résultat, une fois de plus la fin du monde a été remise à plus tard…
Il est plus facile de vendre la peur que de donner l’espoir, et tous les charlantans le savent, hélas ! Sans fin des sans-scrupules viennent renforcer nos faiblesses. On aime tous se faire peur : plus on y joue, plus ils s’en servent. Quand ces crétins malfaisants arrêteront-ils de nous faire peur ? Dès qu’on arrêtera d’y croire. On confond tout, les ères zodiacales avec les quatre âges, la fin des âges avec la fin du monde. Un changement d’âge n’est pas la fin du monde. La fin des temps, oui, peut-être. Mais c’est très différent.
Si le temps s’arrête, la vie ne s’arrêtera pas pour autant. En astral, il n’y a pas de temps. Dans nos rêves, non plus. Le temps n’est qu’une prison facultative. L’éternité instantanée. Mmmmh !
Les changements d’âges sont marqués par des cataclysmes, mais le changement de cycle impliquerait, dit-on, la quasi-destruction de l’humanité. Quasi mais pas totale. A travers toutes les catastrophes que notre espèce a essuyé, elle a résisté. Comment se fait-il que tant d’espèces aient disparu tandis que la nôtre, soumise aux mêmes aléas, tient toujours la route ? S’appuyant sur des sources oubliées, mais accessibles, la tradition affirme que l’humanité ne peut se réduire sous un seuil incompressible de 8%.
Sans lien apparent, les épidémiologistes savent que les pires pandémies sont sans effet sur un certain nombre de personnes : 8% aussi. Tout se passe comme si nous étions protégés. Tout se passe comme si des êtres bienveillants avaient tout prévu et ne nous quittaient pas des yeux. Une fois la terre s’ouvre, une autre fois la mer engloutit des nations, puis c’est la glace, puis le feu, et l’Homme, malgré les millions de morts, va toujours son chemin. Le scénario des catastrophes planétaires est bien rôdé. Il paraît immuable.
Les survivants, après un retour à la barbarie, jouissent d’une embellie qui les hisse sur le podium d’un nouvel âge d’or. Et puis le long déclin recommence, argent, bronze et fer à nouveau. On retrouve ici, très nette, la symbolique de la frise grecque. Et la séquence individuelle se retrouve au plan collectif. La nouvelle humanité qui émerge n’a que peu de souvenirs de celle d’avant. D’âge en âge, il faut tout recommencer. Qui nous dit que l’affaire s’arrêtera un jour ?
« Peut-être y a-t-il eu plusieurs big bangs à l’origine de divers univers. Ainsi l’histoire ne débuterait-elle plus par l’habituel « Au commencement » mais par le plus modeste « A un commencement », traduction tout aussi exacte du mot « Bereshit » sur lequel s’ouvre la Bible. Ou bien pourrions-nous simplement dire « A notre commencement ». » (source)Nancy Abrams, Destin Cosmique Nous ne sommes qu’une des multiples humanités qui se sont succédées depuis l’aube du monde. Chacune a eu sa chance, sa grandeur et sa fin.
La fin des âges, mais encore ? De quels âges s’agit-il ? Sur ce point, différentes traditions s’affrontent, chacune avec sa vision. Toutes les prévisions se valent, mais la plupart des dates s’avèrent fausses. Le meilleur voyant ne peut être sûr d’aucune date, c’est la glorieuse incertitude du voir. Ne nous laissons pas prendre aux noirs filets des prêcheurs d’apocalypse. A ces oiseaux de mauvais augure qui annoncent la fin des temps, nous répondrons que c’est juste la fin d’une mi-temps.
La vie des humanités ressemble à chacune de nos vies, de l’âge d’or de l’enfance à l’âge de fer de la vieillesse… Comme la vie des civilisations, notre vie personnelle n’est pas l’histoire d’un progrès, mais d’un déclin. Je peux chercher le paradis perdu de l’enfance, ce qui m’attend, en fait de retour à l’innocence, c’est le gâtisme du vieillard. Et chacun vit les mêmes cycles que sa société. Jusqu’à l’accélération du temps, commune aux vieilles civilisations et aux vieux individus.
Comment avons-nous pu gober le mythe du progrès ? Un jour après l’autre, nous vieillissons. Dès le biberon, la tombe est prête ; ce ne sont pas des idées noires, mais la plus banale réalité : nul ne sait ni le jour ni l’heure. Mais la mort gêne. On (se) la cache par tous les moyens. Les vieillards sont enfermés loin des centres-villes. En ville, les catafalques ont disparu des portes cochères. Le noir devient une couleur chic. Mourir se planque sous des pseudos : partir, nous quitter, n’être plus là, défunt, feu, regretté, décédé, disparu.
En Bretagne, il n’y a guère, les veuves noires pleuraient leurs maris perdus en mer, dont le corps n’avait pas été retrouvé. Elles ne vont plus sur le chemin des douaniers. Les corbillards noirs de mon enfance sont devenus violets, en attendant les couleurs vives. La mort fait-elle peur ? De quoi ? Peur de la souffrance éventuelle, oui, ça peut se comprendre. Mais peur de la mort ?! S’il n’y a plus rien, bon débarras. Et si l’aventure continue, c’est tout bénef, oui ou non ? La camarde peut venir tantôt, vis ta vie sans attendre. Fais ton choix.
Va tout droit et surtout ne te retourne pas.
Quand on quitte ce plan, quand la mort nous prend, où qu’on aille, on y va tout droit. Comme Mitterrand, tu peux croire à la survie de l’esprit. Comme les anciens, tu peux être certain de revenir. Ce n’est qu’un au revoir, mes frères », telle est la promesse de Merlin. On s’est déjà connus si souvent ! Défilent nos vies à la volée comme les étoiles vues d’un vaisseau ultralum. L’univers est si petit, l’infini tient dans ta main, l’éternité s’ouvre à chaque instant.
Dépêchez-vous, mangez sur l’herbe, un de ces jours, l’herbe mangera sur vous.