Pégase et Bouraq

 

Enfant, j’étais friand de contes et de légendes.je suis toujours les deux ! J’adorais tout particulièrement les créatures fantastiques qui hantaient mes rêves. D’abord celles de la mythologie persane et de l’Arabie heureuse : le djinn tout-puissant qui sort de la lampe à huile, le terrible oiseau roc des Mille et une nuits, les tapis volants qui m’emportent à travers les airs, le phénix qui renaît de ses cendres, et Bouraq le cheval volant.

J’avais beaucoup de peine pour ce pauvre Bouraq. C’est vrai qu’il fait pitié ! Il ne ressemble à rien avec sa tête de femme et sa queue de paon. Mais si on se donne la peine de le scruter avec l’œil technologique, il n’est plus si ridicule. Quand on le déshabille, quand on élimine les scories que des ignorants ont ajouté à son portrait, il passe de l’imaginaire enfantin à celui de la science-fiction.  Le secret de Bouraq est incroyable ! Les enfants s’en doutent, c’est pourquoi ils s’y attachent si fort.

 

< Le Bouraq d’après une miniature moghole du 12e siècle.
Le Bouraq ou Burak (en arabe, البراق, al-burāq) est, selon la tradition islamique, un coursier fantastique venu du paradis, dont la fonction est d’être la monture des prophètes. Selon l’histoire la plus connue, au 7e siècle, le Bouraq fut amené par l’archange Gabriel pour porter le prophète de l’islam, Mahomet, de La Mecque à Jérusalem, puis de Jérusalem au ciel avant de lui faire effectuer le voyage de retour au cours de l’épisode dit Isrā’et ‘Mi‘rāj  (« voyage nocturne » et « échelle, ascension », qui est le titre d’un des chapitres du Coran). Le Bouraq a aussi porté Ibrahim (Abraham) lorsqu’il rendit visite à son fils Ismaïl (Ismaël), à la Mecque. Il est un sujet d’iconographie fréquent dans l’art musulman, où il est généralement représenté avec une tête de femme, un corps de cheval, des ailes, et une queue de paon. (source)

 

 

L’ascension du prophète

Les miracles d’Al-Isrâ’ et Al-Mi’râj : beaucoup de musulmans les citeraient spontanément si l’on venait à leur demander un exemple de miracles du Prophète Mohammad – que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. C’est d’autant plus vrai qu’il y a une sourate du Coran qui y est dédiée. Il s’agit de la sourate intutilée Al-Isrâ’ et dont les quelques premiers versets font référence à cet événement miraculeux. Le mot isrâ’ signifie « voyage nocturne » et mi’râj signifie « ascension ».  (source)  Voyage nocturne ? Ascension ? Mais dites-moi, ne s’agirait-il pas de ce que les ufologues appellent une abduction  ?

Le voyage nocturne en question, c’est le voyage que le Prophète Mahomet a fait entre La Mecque et Jérusalem en une nuit ! Et, l’ascension désigne son ascension de Jérusalem au ciel. Tout le long de ce voyage, le Prophète était accompagné par l’Archange Gabriel qui lui servait de guide et lui montrait de nombreux spectacles de l’Enfer et du Paradis. Gabriel avait mis à la disposition du Prophète une monture appelée al-bourâq (son nom est de la même racine que l’éclair) qui faisait des bonds gigantesques : elle posait ses pattes aussi loin que la vue portait ! Arrivé au plus haut des Cieux, le Prophète – que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui – put s’entretenir avec Dieu et c’est à cette occasion même que Dieu prescrivit les prières quotidiennes que font les musulmans. D’abord cinquante, puis sur les conseils répétés de Moïse – que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui – le Prophète obtint une réduction à cinq prières quotidiennes. (source)

Eh bien oui, mes amis, le prophète Mahomet a été abduitet non pas abducté, bande d’ignares ! Il a été enlevé dans l’espace par des extra-terrestres en combinaisons brillantes, et dans leur chef il a cru reconnaître l’archange Gabriel. A ses côtés, il a visité le système d’Alcor dans la Grande Ourse, comme Hénoch, Héraklès, Rama et Jésus l’avaient fait avant lui. Il semble que tous les prophètes soient des maîtres ascensionnés. Vous êtes vous déjà demandé ce que signifie ce titre curieux de maître ascensionné ? Oh, c’est tout simple ! Il s’agit d’un élu – un petit veinard – qui reçoit la grâce de se faire enlever par des aliens. L’ascension de Jésus, c’est une abduction. L’assomption de la vierge Marie, une abduction aussi. Les exploits d’Hénoch, encore des abductions. Chaque fois qu’un maître disparaît dans la stratosphère à une vitesse supersonique, ce n’est pas de la lévitation, non, c’est une abduction. 

Le voyage merveilleux de Mahomet qui est allé voir d’autres planètes avant de parcourir une grande distance sur terre en l’espace d’une seule nuit, c’est juste du tourisme spatial que les Terriens milliardaires vont bientôt pouvoir s’offrir. Hé oui, c’est ainsi. À présent Bouraq n’est plus la monture des prophètes. Aujourd’hui les ascensionnés ne sont plus des maîtres, mais des spationautes militaires ou des touristes milliardaires. Triste époque ! 

 

 

Pégase et le gaz part

Quant à sa monture magique, elle rappelle celle d’Odin le Terrifiant, celle d’Adapa l’Intrépide, celle de Rama qu’on appelle la Toison d’Or, celle du roi Salomon, toutes celles dont les légendes de partout nous rebattent les oreilles. J’y note aussi l’influence d’un épisode de la mythologie grecque, les cygnes d’Apollon, légende très connue dans tout le bassin méditerranéen du temps de Mahomet. Alcée mentionne les cygnes sacrés qui transportèrent Apollon, après sa naissance, de Délos jusqu’au pays des Hyperboréens, et de là, au bout d’un an, son arrivée à Delphes. (source) Nous sommes bien d’accord. Mahomet a fait un tour chez les Hyperboréens. Les dieux d’avant, mes amis, sont toujours les dieux d’aujourd’hui. Ce ne sont pas des cygnes qui ont abduitet non pas abducté, tas de distraits ! Apollon jusqu’en Hyperborée, mais une navette spatiale. 

Du coup, la monture de Mahomet n’était pas un cheval, il n’avait pas une tête de femme ni une queue de paon. Son réacteur devait s’orner d’un joli panache coloré, que l’on a comparé à une queue de paon. La musique de son moteur sonique devait être si douce et agréable qu’on l’a prise pour la voix d’une belle chanteuse, d’où la tête de femme. Et comme il s’agit d’une riche monture, on ne pouvait parler d’une bourrique ou un bourricot, d’où le cheval Bouraq. 

Pourtant il existe dans les anciens contes un autre cheval volant : Pégase. Vous savez bien, le cheval rouge du logo Mobil. Il est fier et triomphant, mais ce cheval a des ailes et on ne voit qu’elles. Parfois aussi, on lui ajoute une corne de licorne. Tous les mythes communiquent et se mélangent mais l’ange veille et nous réveille à temps. Oui, Pégase, qui es-tu ? Dis-le nous.

« Pégase (en grec ancien Πήγασος / Pếgasos, en latin Pegasus) est un cheval ailé divin, l’une des créatures fantastiques les plus célèbres de la mythologie grecque. D’après les poètes gréco-latins, il monte au ciel après sa naissance et se met au service de Zeus, qui le charge d’apporter les éclairs et le tonnerre sur l’Olympe. Capturé par Bellérophon, Pégase permet à ce héros grec de le monter afin de vaincre la Chimère, et réalise avec son cavalier beaucoup d’autres exploits. Bellérophon tombe victime de son orgueil et chute en tentant d’atteindre le mont Olympe sur le dos du cheval ailé. Pégase retrouve Zeus, qui finit par le transformer en constellation et le placer dans le ciel. » (source)

Nul besoin d’être un grand clerc pour comprendre la véritable nature de cette créature fantastique. Encore un engin volant, encore une navette spatiale. Encore un vimana !

Pégase, pourtant, ne me faisait pas pitié comme Bouraq : il me faisait plutôt honte, à cause de son nom pas très convenable… Il m’évoquait toujours la comptine « A dada sur mon bidet / il fait des pets, il fait des pets », ce pauvre cheval volant qui a des gaz. Notez que les gaz sont aussi ceux qu’on met pour aller plus vite. 

 

Fiez-vous aux rêves car en eux est cachée la porte de l’éternité.
Khalil Gibran