Neandertal revient

 

Un généticien américain veut cloner un homme préhistorique. Les conséquences morales, sociales et philosophiques sont énormes. En tout cas la boucle est bouclée. Les dieux d’avant n’ont pas fait autre chose, c’est notre histoire qui se répète.

 

Les hommes de Neandertal ont disparu il y a un paquet de millénaires. Pourtant George Church, un généticien de Harvard, prétend les faire revivre : « Pour trente millions de dollars on fait revenir Neandertal » clame-t-il à qui veut l’entendre. Ces 30 millions représentent, selon lui, le coût des travaux en vue du clonage de cet hominidé dont nous portons un peu d’ADN.

Church n’est pas un nouveau venu dans le domaine du clonage, et ses allégations doivent être prises au sérieux. Un chercheur japonais, le biologiste Akira Iritani, a pour projet de faire revivre les mammouth. En 2018, peut-être même plus tôt, on pourrait voir naître un bébé mammouth d’une éléphante porteuse. Le clonage humain n’est pas encore possible.

Mais d’ici 10 ou 20 ans, estime George Church, un Neandertalien pourrait revenir à notre époque. La « recréation » d’un néandertalien est strictement scientifique.  Church se propose d’étudier sa résistance biologique et ses capacités immunitaires. Il serait aussi question d’observer, au travers de son adaptation et du développement de son intelligence, quelle sera la part du biologique et de l’apprentissage, de l’inné et de l’acquis, chez ce spécimen et peut-être dans toute l’espèce humaine.

 

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George Church a une autre idée derrière la tête : en augmentant la diversité biologique, cette nouvelle lignée humaine serait de nature à enrichir le génome humain… à terme, bien sûr ! Ce qui posera aux biologistes du futur quelques fameux problèmes de conscience, s’ils en ont encore une. C’est exactement ce que les dieux d’avant ont fait, il y a quelques éons.  Ils avaient besoin de main d’oeuvre pour peupler une planète sauvage, la nôtre… Aussi nos grands ancêtres reptiliens ont manipulé des gènes à tout va.

 Uniquement pour mettre au point une variété de sous-hommes… qui sont les Neandertaliens, précisément. Et laissez-moi vous dire que les dieux d’avant l’ont fait sans état d’âme… à part peut-être la bénéfique intervention de Ninhursag, aussi nommée Isis ou Athéna, qui a tenu à nous donner une âme. Les dieux d’avant n’avaient aucune motivation scientifique pour agir ainsi.

Quand les « dieux » ont créé cette espèce d’Homo Sapiens, les Neandertaliens, ils étaient engagés dans une vaste entreprise de terraformation de notre planète ravagée par un cataclysme de grande ampleur. Ils ont d’abord créé un hominidé résistant au froid et à l’effort physique, pour l’atteler à la rude tâche de cultiver la terre et d’élever le bétail des dieux. Ainsi parut Néandertal. Mais ça n’a rien donné, les néandertaliens étant totalement rétifs aux principes de l’agriculture, juste bon à leur activité élective de chasseur-cueilleur.

 Alors les dieux décidèrent de créer un hominidé plus dégourdi, ce fut notre premier ancêtre. Voilà le récit que l’on peut trouver dans les précieux textes cunéiformes de la bibliothèque d’argile assyrienne. On y comprend que le néandertalien est moins intelligent que nous, contrairement à ce qu’on avait cru : la capacité crânienne des néandertaliens n’est pas plus grande que la nôtre, comme un brillant anthropologue l’a démontré.

Or aucun généticien ne se donne la peine de lire ces vieilles tablettes assyriennes, ce qui est dommage. Ils y apprendraient bien des choses qui leur permettraient de mieux comprendre notre passé et d’envisager l’avenir avec plus de sérénité.

 

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Notre planète est trop petite pour les neuf milliards que nous serons dans vingt ans. Une vaste entreprise de terraformation de la planète Mars vient d’être lancée par les USA. D’autres nations y participeront. On dit que Mars pourrait être vivable d’ici vingt ans, justement. Or le généticien George Church annonce qu’un néandertalien pourrait être « recréé » dans les vingt ans, encore une fois. On ne peut s’empêcher de réunir tous ces faits : nous sommes en train de terraformer une planète, comme les dieux d’avant l’ont fait pour la nôtre.

Comme les dieux, nous allons essayer d’utiliser une autre espèce d’hominidés, les néandertaliens, mieux adaptés au froid, plus résistants, plus costauds que nous. Comme les dieux, nos généticiens découvriront que les néandertaliens ne sont pas le meilleur personnel pour la tâche. Alors, comme les dieux d’avant l’ont fait avec nous, tenterons-nous de modifier la génétique néandertalienne pour obtenir une nouvelle varitété d’hominidés ? Personne n’en parle encore, mais ça va venir, soyez-en sûrs.

La communauté scientifique n’a pas fini de s’émouvoir face à tous les dangers et dérapages possibles. C’est un très gros enjeu moral et scientifique. Il faut déjà trouver une femme qui accepte de porter l’embryon puis le foetus. Quelles pourraient être les interactions entre son corps et cet être dont l’ADN sera en partie différent ? Y a-t-il un danger pour la mère ? Ou le risque de créer une sorte d’alien ? A-t-on le droit moral de créer ainsi des espèces nouvelles, ou tout au moins, revues et corrigées ?

Si toutes ces questions sont tranchées, une population non-humaine pourrait commencer la colonisation extraterrestre. Dans dix mille ans d’ici, plus tôt peut-être, les néandertaliens martiens nous adoreront comme des dieux, et une nouvelle religion unifiera une autre planète du système solaire. Aurons-nous la sagesse de les détromper ? Ou accepterons-nous leur adoration parce qu’elle nous arrangera diablement ? Voilà que nous sommes sur le point de marcher dans les traces de nos créateurs. Serons-nous plus avisés qu’ils l’ont été avec nous ? Saurons-nous éviter à Mars les guerres de religion et la terreur des intégrismes ? Réponse dans dix mille ans… Je prends date.

 

 

Toutes les religions ont raison dans ce qu’elles affirment, et tort dans ce qu’elles nient.
Lao Surlam