Dans les trésors du nagualisme, il y a plus d’une perle rare. Carlos Castaneda a décrit des mécanismes subtils totalement ignorés avant lui, ou totalement travestis. Parmi ces mécanismes, le vouloir qui vient du ventre mérite d’être découvert. On s’en sert tous sans le savoir, il fonctionne même à notre insu et beaucoup d’entre nous en souffrent.
Castaneda l’appelle tantôt la volonté, tantôt l’intention. Pour ma part, je choisis le terme de Vouloir. Contrairement à la volonté consciente, Vouloir ne s’origine pas dans le cerveau, mais dans notre corps subtil, à la hauteur du nombril. Il s’agit d’une fibre subtile, d’un tentacule invisible qui s’enracine entre le pubis et l’ombilic. Cet organe est préhensile, tactile, télépathe. Comme le cordon d’argent et comme la totalité de nos fibres et tentacules subtils, le tentacule du vouloir est extensible à l’infini.
Ses pouvoirs d’action ne sont limités ni par le temps, ni par l’espace. Mais la quasi-totalité d’entre nous ignore jusqu’à son existence. Dans ce monde qui se virtualise chaque jour davantage, paradoxalement, le champ du réel se réduit au matériel. Nous savons que le virtuel n’est pas vrai. Nous savons aussi que nos rêves n’ont pas de réalité.
Erreur. Nous n’attachons d’importance qu’aux choses visibles et palpables. Erreur encore. Le grossier a pris le pas sur le subtil, et la quantité l’emporte sur la qualité.
Notre civilisation souffre du manque d’âme. Elle est vaine, exsangue aux yeux du clairvoyant. Le pouvoir qu’elle courtise et valorise n’est que matériel. Beaucoup tombent dans le piège des machines magiques, tandis que nos vrais pouvoirs sont ridiculisés par les superhéros.
« On n’a que le pouvoir de fermer sa gueule et de crever de faim », répondent les résignés. Non. Refusez les refus. Encouragez le courage. Voulez le vouloir. Soyez le Soi qui dort en vous, ô guerriers de lumière. Vivez debouts.
Attention ! Après nous avoir volé notre âme, ce monde matériel vole nos pouvoirs. Avant de voler nos rêves. La virtualité existait bien avant le virtuel. Le web n’a pas le monopole du rêve. La virtualité absolue, la seule, la vraie, c’est l’astral, ce monde ahurissant de nos rêves. Il est bel et bien réel, lui, soyez-en sûrs. Bien plus réel que le monde dit réel qui ne l’est pas.
Sans parler de ce machin virtuel développé par des machines et qui nous transforme en machines. Il faut résister, l’ennemi matériel se rapproche.
Quand tu auras désappris d’espérer, je t’apprendrai à vouloir.
« Au fait, cette histoire de vouloir, ce tentacule invisible qui nous sort du ventre, c’est tiré de quelle BD ? » Non ce n’est ni de la BD, ni un remake d’Avatar. Les biologistes savent qu’il y a autant de neurones dans notre intestin que dans notre cerveau. Et sans doute davantage.
Mais pourquoi donc ? Tant de neurones affectés au tri nutritionnel, c’est mille fois trop. A quoi servent donc la plupart de ces neurones ? A diriger cet organe subtil que j’appelle le vouloir. Pourquoi pas ? Un peu de patience, l’avenir nous le dira très vite.
La médiamanie nous a rendu sourds, muets et aveugles. Eveille-toi, sors de terre. Tu n’es pas qu’un corps de matière. Tu es un être de lumière en trois personnes.
Ton Vouloir, cette fibre invisible et puissante, ne demande qu’à se mettre à ton service, au lieu de travailler à ton insu – et le plus souvent contre ton intérêt. Pour harnacher ton Vouloir, tu peux le visualiser en méditation, sous la forme d’une grande fontaine de lumière qui sort du ventre, un peu au-dessous du nombril.
Laisse-la jaillir, lumineuse et puissante. Alors, par un saut périlleux de l’esprit, entre dans cette lumière. Entre dans ta gloire.
Visualise-toi, tout petit enfant, gracieuse silhouette qui danse et tourne dans le faisceau de lumière. Si tu tournes ainsi dans ta volonté, elle deviendra souple et docile. Tu l’auras domptée et harnachée.
A partir de cet instant, tu vas apprendre à te servir de cet organe si puissant. Il va t’ouvrir la porte du voir et du rêve. Il va te rendre, un à un, tes pouvoirs perdus.
A présent, le Vouloir est ton allié.
Il y aurait plus de neurones dans l’intestin que dans le cerveau. Mais ces neurones du côlon ne sont pas connectés par des synapses. Alors forcément, la science médicale considèrent qu’ils ne servent à rien. Moi je ne pars d’aucun principe. Je constate qu’il y a des neurones dans nos tripes, beaucoup de neurones, et je me pose des questions.
Partons du principe que ce deuxième cerveau – ou plutôt premier – est là pour se rendre utile. A quoi peut-il bien servir ? Partons du principe que la question s’est déjà posée, supposons donc que la réponse a été connue, avant d’être oubliée. Dans ce cas, il convient de solliciter le conservatoire de la science perdue, que sont les trésors inestimables du savoir populaire.
Un très grand nombre d’expressions tourne autour du ventre. Les viscères font la peur viscérale. Le ventre est un centre, et c’est fâcheux quand il est mou. Le coeur aussi est un centre, et quand on a du coeur au ventre, on est un dynamique travailleur très productif. Au centre du centre.
Le cœur c’est le courage, mais avoir du courage n’est pas avoir du coeur, c’est plutôt avoir des couilles. Ou avoir des tripes. Mais avoir les foies, c’est quand on mouille de trouille. La peur au ventre, le foie jaune s’enfuit ventre à terre, ou se terre en rampant sur le ventre.
Ventre Saint Gris, on n’en sort pas ! Pourtant un jour, on en est tous sortis. Avoir de l’estomac, c’est savoir digérer les coups durs. Mais si l’estomac descend dans les talons, il est temps de casser la graine. Faire preuve de culot, c’est le faire à l’estomac. Si ça surprend vraiment, on est estomaqué.
L’anatomie en prend un sacré coup. Quoi d’autre ? Le ventre n’est pas lié à l’intelligence. Il est lié au courage, à la peur, il est un centre, un soleil qui rayonne. La fonction digestive ne nécessite pas une telle intelligence. Certes le tri alimentaire est une tâche ardue, mais justifie-t-il une telle débauche neuronale ? Je ne crois pas.
On l’a compris en tout cas, le ventre ne sert pas seulement de garde-manger. C’est même sous représenté dans ces expressions usuelles, car la sagesse populaire évite les évidences. Dans la langue populaire française, le ventre cumule des fonctions qui vont du courage à la peur la plus bestiale. C’est dans le ventre que grandit le foetus, et cette fonction-là requiert de prodigieuses quantités d’intelligence. Ou pas. La fleur a-t-elle besoin d’intelligence pour s’épanouir ?
Une lectrice réagit : « ça me rassure je comprenais pas pk j’avais pris du ventre c’est l’intelligence faut que j’arrête lol » Hélas non, ça ne marche pas comme ça. La vanne est bonne, mais le raisonnement déconne. L’intelligence du ventre, si intelligence il y a, est inconsciente. Il n’y a donc pas lieu de s’en attribuer le mérite. « Et l’intelligence de la moëlle épinière, ça compte ? » Dans tes rêves !
Le ventre est inconnu, ignoré, sauf quand il nous fait mal. Apprendre à écouter son ventre quand il va bien. Il exprime tout ce qui touche au vital, au viscéral, au tripal. Il fait office de boussole pour le corps, il est le corps à lui tout seul, le corps face à la tête.
Il ne ravit pas la vedette à la tête, siège de la pensée consciente, mais sans lui la tête ne peut rien : on ne philosophe pas le ventre creux, comme on dit.
Puisque le savoir populaire associe volontiers le ventre au courage – ou à la lâcheté – on peut se demander si les neurones des intestins ne jouent pas un rôle dans le courage, précisément.
La tête guette, jamais muette – le ventre trône, aphone. Il est affirmation de soi, siège de la force, de l’autorité et du courage. La tête est surtout le siège de l’ego.
Ce que je sais, ce que j’ai vécu depuis l’enfance, le ventre est le siège de la volonté. Quiconque veut faire preuve de volonté implacable s’adresse en vain à sa tête pour ce défi.
Qu’il écoute son ventre, deux centimètres au-dessous du nombril, qu’il stimule cette zone chaque soir avant de s’endormir, et bientôt le vigoureux tentacule de la volonté se déploiera pour l’accueillir dans sa lumière.
Parodiant le renard du Petit Prince,L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le coeur. (Antoine de Saint Exupéry) on peut écrire : « L’essentiel est inaccessible pour l’esprit. On ne veut bien qu’avec le ventre. »
Un poème de Jean de La Fontaine met cette évidence en musique, et de la plus belle façon : Les membres et l’estomac. Notons que dans cette fable, La Fontaine surnomme l’estomac Messer Gaster.
Je devais par la Royauté
Avoir commencé mon Ouvrage.
A la voir d’un certain côté,
Messer Gaster en est l’image.
S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent.
De travailler pour lui les membres se lassant,
Chacun d’eux résolut de vivre en Gentilhomme,
Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster.
Il faudrait, disaient-ils, sans nous qu’il vécût d’air.
Nous suons, nous peinons, comme bêtes de somme.
Et pour qui ? Pour lui seul ; nous n’en profitons pas :
Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas.
Chômons, c’est un métier qu’il veut nous faire apprendre.
Ainsi dit, ainsi fait. Les mains cessent de prendre,
Les bras d’agir, les jambes de marcher.
Tous dirent à Gaster qu’il en allât chercher.
Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent.
Bientôt les pauvres gens tombèrent en langueur ;
Il ne se forma plus de nouveau sang au coeur :
Chaque membre en souffrit, les forces se perdirent.
Par ce moyen, les mutins virent
Que celui qu’ils croyaient oisif et paresseux,
A l’intérêt commun contribuait plus qu’eux.
Ceci peut s’appliquer à la grandeur Royale.
Elle reçoit et donne, et la chose est égale.
Tout travaille pour elle, et réciproquement
Tout tire d’elle l’aliment.
Elle fait subsister l’artisan de ses peines,
Enrichit le Marchand, gage le Magistrat,
Maintient le Laboureur, donne paie au soldat,
Distribue en cent lieux ses grâces souveraines,
Entretient seule tout l’Etat.
Ménénius le sut bien dire.
La Commune s’allait séparer du Sénat.
Les mécontents disaient qu’il avait tout l’Empire,
Le pouvoir, les trésors, l’honneur, la dignité ;
Au lieu que tout le mal était de leur côté,
Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.
Le peuple hors des murs était déjà posté,
La plupart s’en allaient chercher une autre terre,
Quand Ménénius leur fit voir
Qu’ils étaient aux membres semblables,
Et par cet apologue, insigne entre les Fables,
Les ramena dans leur devoir.
Je me demande si l’instinct n’est pas une forme accomplie d’intelligence.
Ventre à terre il médite
Terre à terre il digère
Tête vide il déroule
Tout sourire dehors
Si les bouddhas asiatiques sont le plus souvent larges d’épaule et de buste élancé, la Chine fait exception. Le bouddha chinois est courtaud et replet. Le bouddha chinois est un ventre avec quelques protubérances : tête bouffie, bras et jambes atrophiées.
La vérité, c’est que le bouddhisme chinois, tout comme le nagualisme du Mexique, met l’accent grave sur l’importance du ventre. Mon vécu m’a donné mille preuves de son excellence. Et toi, tu le connais ce bide tout puissant ? C’est un autre nom pour l’inconscient. Il se manifeste quand on a le trac, ou quand on est excité par une poussée d’intensité dans le ronron quotidien. Comme ce qui se passe aujourd’hui.
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