Guihalon Grand-Pierre

 

Le puissant mégalithe de Guihalon ou GuihallonMenhir de Guihalon près de Trégomar à Lamballe (Côtes-d’Armor – France) s’appelait jadis Grand-Pierre, en le voyant on sait pourquoi. Grande Pierre que les Bretonnants se sont empressés de traduire Men Koz,Pierre Grande  oubliant que par ici personne n’a jamais parlé breton. J’habite en pays Gallo et j’en suis fier. Mais je suis encore plus fier de ce prince des menhirs.

 

Le nom de Guihalon ne s’explique guère. Un vieux m’a dit jadis que ça signifie L’Ogre Assis. Il n’a pas précisé en quelle langue, pour autant qu’il l’ait jamais su. L’Ogre Assis ! Ça m’a plu. J’ai pensé à Taureau Assis, le farouche Sitting Bull chef des Sioux Lakota, tout le contraire d’un tendre. Ainsi Guihalon porterait le surnom d’un malcommode ? Ce qui ne m’a qu’à moitié surpris…

Malcommode, il ne l’est guère, ce géant pacifique. Excepté sa taille, il n’a rien d’un ogre, au contraire. L’ogre dévore, Guihalon te nourrit de ses bonnes ondes. On peut les percevoir jusque dans mon jardin, assis sur le dolmen enfoui.

Bonnes ondes, d’ailleurs, il faut voir. Mon ami Devic m’a fait la sale blague de partir avant moi. Sur Guihalon, il était moins bisounours. Le charme du lieu ne le trompait pas. Il sentait derrière cette bonhommie apparente du décor et du monument quelque chose de plus puissant, une noirceur glaçante.

À plusieurs reprises en effet nous avons senti l’énergie paisible de ce joli sous-bois se muer en terreur pure. Nous avons décampé sans demander notre reste. Devic m’incitait à positionner la voiture sur le parking de façon à pouvoir partir direct, sans manœuvrer. La rapidité est un atout dans ce genre de circonstance.

J’ai respecté ce rituel de façon scrupuleuse jusqu’en février dernier, pour les Huitièmes Rencontres. Et la lumière m’a illuminé. Ces soudains changements d’ambiance, la mue rapide du mégalithe qui passe de la bienveillance à la colère noire, c’est arrivé seulement quand Devic m’accompagnait. Grand-Pierre n’y était pour rien.

L’affaire est claire. Mon ami insistait chaque fois sur la position de la voiture. Dès le parking, il commençait à faire monter la pression. Et j’ai marché. Sacré lui !

 

 

Toute Puissance

La Grand-Pierre est mon amie. Pour ce que j’ai pu sentir, elle fonctionne comme un amplificateur d’énergie. Les ondes scalaires, par exemple, sont amplifiées par Guihalon dans une proportion notable et sur vaste périmètre : la vibration subtile de la Grand-Pierre est perceptible dans mon jardin d’Erquy, à 15 km. Elle couvre un périmètre de 30 km.

Son activité est tout à fait impressionnante, tant en quantité qu’en qualité. Je m’en suis servi d’amplificateur scalaire pour envoyer des ondes de guérison. Un malade en phase terminale. Son ressenti a été immédiat. Une sensation de légèreté qu’il n’avait pas connue depuis le début de sa longue souffrance. Dès lors il se savait guéri, il riait en pleurant, il n’en revenait pas. Comme il était croyant, je lui ai dit de remercier le Tout-Puissant qui fait des merveilles.

Aujourd’hui je ne guéris plus. Les gens peuvent se guérir tout seuls. Ceux qui le souhaitent peuvent venir me voir pour un bref séjour dans mon jardin magique. Un séjour très court suffit pour tout changer. Pour s’éveiller au premier matin du monde, paré à démarrer une nouvelle vie, qui sait ? Ça s’est vu. Mais ne me demande pas de te guérir. Le Vivant le fera. Je ne sais pas faire une chose pareille. Mon lieu le fera pour moi. La Grand-Pierre te guérira.

Dans son bosquet sacré, tout est prévu pour ça. Non loin de Guihalon, il y a cet arbre gardien sur la branche duquel bien des pèlerins se sont assis. Il y a cette pierre de guérison dont la forme pyramidale ne doit rien au hasard – qui comme chacun sait n’existe pas.

Le hasard n’existe pas. Tout ce qui arrive est voulu.

Bouddha

 

 

 

La nuit des sorciers

Je brûlais d’envie de présenter ce gentil monstre à mes amis les plus chers. J’ai imaginé une réunion de sorciers. Ils sont venus des quatre horizons. Ils sortaient de toutes mes vies. Fées et enchanteurs, druides et druidesses, yogi, pythies, voyantes et thaumaturges, tout le monde est venu. Ambiance chaleureuse et bon enfant, certains se retrouvaient, d’autres étaient heureux de se rencontrer enfin. Une vraie famille, mes amis. Ces fêtes du nouvel an 2011 ont fait date. La nuit de la Saint Sylvestre, tout le monde voulait de l’action. Nous sommes allés rendre visite à Guihalon Grand-Pierre.

En arrivant à l’orée de son bosquet sacré, il faisait nuit noire. Nous étions douze. Nous avons marché en silence, la nuit était sans lune, et tout éclairage artificiel est prohibé. Vieil interdit qui date des scouts. Si l’on veut vraiment sentir les énergies ahurissantes de la nuit, toute lumière électrique devient une malédiction. D’autant que ça peut attirer des indésirables…

Le sentier est praticable de jour comme de nuit, un peu bourbeux en hiver, mais baste ! On ne fait pas d’Hamlet sans casser Dieu, comme dit le proverbe.Ah ? Il dit ça, vraiment ? Nous marchons espacés d’une vingtaine de mètres. Marche de pouvoir. Pas un bruit, ni chuchotement intempestif, ni même une brindille qui craque. J’en arrive à me demander si je ne suis pas tout seul dans ce sous-bois obscur.

L’ami Devic est là, bien sûr. Vu qu’il pourrait changer l’ambiance en un clin d’œil, méfiageméfiement et méfiation ! Je n’ai aucune envie de le voir souffler un vent de panique chez mes invités. Il est vrai que des sorciers comme eux ne s’effraient pas si vite. Mais quand Devic fait son teigneux, la nature se met à hurler et tous tes poils se dressent.

Comme par hasard,voir plus haut ! on s’était tous habillés de couleurs claires. Visibles de loin. Rien n’a été préparé, pourtant on jurerait le contraire. Sans un mot, on s’est placé autour de Grand-Pierre en se calant sur un point qui nous semble à chacun le meilleur pour ce qu’on a à faire. Et on doit faire quoi ? J’en sais rien. Les autres non plus. Pourtant tout le monde se positionne avec le plus grand soin. Une fois à la bonne place, chacun se tient coi. On dirait qu’un rituel commence.

Un long moment s’étire. La lune presque pleine se dévoile. Les douze silhouettes immobiles sous la lune émettent une lueur surnaturelle. Nos positions semblent étudiées – elles ne le sont pas ! Les tenues ont l’air choisies – hé non ! Un silence ahurissant pèse de tout son poids sur les êtres et le lieu. La tension monte. Surprise ! Des éclats de voix !!

Des gens s’approchent ! En pleine nuit ? Plusieurs personnes viennent par ici. Sans nous concerter, nous agissons comme un seul homme. Notre immobilité et notre silence se font plus lourds encore. Mon petit doigt me chuchote qu’on va vivre un sketch rigolo. 

Tension extrême. J’entends le silence. L’énergie devient visible. Des pointillés lumineux nous relient. Leur course est très rapide. Rêve ou réalité ? Silence toujours. Les intrus sont tout près. Ils s’arrêtent.

Soudain un grand cri. Terreur des intrus qui se carapatent vers le parking. Ils ont cru tomber en plein sabbat de fantômes ou dans un concile de cinglés. Les malheureux ! On en a rigolé pendant des heures. Chaque fois que j’y repense, j’en ris encore.

 

La chance !

Guihalon mon ami, fais-nous toujours tes numéros gagnants. Fais-nous rire de bon cœur. J’adore ton humour ravageur. Ta puissance ravissante. Ta présence délicate et ta masse qui l’est moins. Ton énergie qui semble inépuisable et sans doute l’est elle. Tu m’as fait vivre bien d’autres aventures, que je conterai sans doute un jour. À chaque instant tu me régales de tes ondes bienfaisantes, relayées par le dolmen qui couronne mon jardin.

Tous les jours je vois ma chance de vivre ici, face à la mer, en plein soleil au flanc du cap, perdu dans les fleurs et dans mes souvenirs. La désirable Erquy de mon enfance est devenu l’Erquy éternelle, l’ère qui précède celle-ci, je vis chez elle, ma reine grecque, mon port d’Astérix, et je contemple ta pointe belle, citadelle, passerelle, chaque instant me rappelle le petit garçon à qui je reste fidèle… sauf pour l’apparence.

 

Nous sommes faits de la même matière que les rêves et nos courtes vies sont bordées de sommeil.
William Shakespeare