On a cru que le moteur de l’être humain était la recherche du bonheur. Le bonheur à tout prix, qu’il dure par tous les moyens, mon obsession quand j’étais jeune. Défi impossible. Le bonheur n’est pas quantifiable. On ne peut ni le retenir ni le définir. Mes bonheurs d’enfance étaient intenses, fourmillants, riches sans cesse de nouvelles découvertes.
L’adolescence m’a apporté d’autres terrains d’explorations. Et puis le voyage, la route, le tour du monde pendant une décennie. Je n’ai pas posé le pied par terre les trente premières années de ma vie. Mes trente glorieuses ! L’intensité sans cesse, bonne ou mauvaise, faut jamais que ça baisse. Ce n’était pas du bonheur. Le bonheur arrive sans qu’on l’attende, nous submerge sans qu’on s’y attende et quand il s’en va, seulement quand il s’en va, on comprend qu’on a été heureux un temps. Un trop court instant.
Commence alors le règne du malheur. Sans malheur, pas de bonheur. Les deux font la paire. Le bonheur ne se conçoit que par rapport à son contraire, le malheur. Ce qui montre que le bonheur ne peut durer. Bouddha s’est cogné très fort contre cette évidence. L’illumination lui a montré que la quête du bonheur est illusoire, que le malheur est inévitable et qu’il vaut mieux adopter un autre idéal.
Pour un bouddhiste, le but de la vie ne saurait être la quête du bonheur. Le but de la vie est l’éveil, et au-delà, l’illumination : devenir Bouddha à son tour. Quête individuelle. Déconnecté de la collectivité humaine, le bouddhisme manque de générosité. Il a donc été jugé égoïste.
Le bouddha historique a tiré son épingle du jeu. Il a transcendé la nature humaine, il a atteint le stade divin, il n’a plus à subir la loi du karma et le cycle des réincarnations, hop ! Le voilà parti je ne sais où, sans laisser d’adresse, sans espoir de retour.
Ceux qui prient Bouddha n’ont rien compris à son message. Ce Bouddha-là n’est plus dans notre plan de réalité, il ne peut entendre nos prières. Le Bouddhisme n’est pas une religion. C’est une sagesse, une philosophie de l’action. Comme le soufisme et le nagualisme.
Au contact du christianisme, le Bouddhisme s’est réformé. Il a eu honte de son égoïsme.
Ont vu le jour deux véhicules de la sagesse bouddhique, Mahayana, Hinayana — le grand et le petit. Un de ces véhicules a inventé le concept de Boddhisattva — le bouddha chrétien qui pratique l’amour inconditionnel. Le Boddhisattva est un Bouddha qui refuse d’abandonner ses frères humains à leur triste sort, et qui se réincarnera jusqu’à l’éveil du dernier humain. L’autre véhicule est resté conforme à l’enseignement de Bouddha. C’est à dire celui du premier Bouddha, Rama dit Lama.
Personne ne peut entendre vos prières. Plus exactement, personne d’autre que vous. Et votre double. Votre dieu intérieur. La part divine en vous qui vous guide à travers vos rêves, et qui vous guidera en direct dès que vous serez éveillés. Dépêchez-vous, ça urge.
Quand vous priez, c’est vous que vous priez. Votre graine divine. Vous exaucez vos prières, ou pas. Si vous vous aimez, la vie va. Si vous vous aimez trop, la mort vous guette. Si vous ne vous aimez pas assez, le malheur vous entoure et vous suit partout.
Une autre doctrine de l’Inde, le Jaïnisme, enseigne que l’indifférence est préférable au duel bonheur-malheur. Un moine jaïn vit entièrement nu, sa nourriture frugale est toujours la même, rien ne tranche dans sa vie contemplative toute dédiée à l’adoration de son Créateur. Aucun être humain ne déclenche chez lui la moindre émotion, pas même ses parents, ni aucun de ses proches. Il n’en souffre pas, car son cœur est plein de son Dieu. Voilà l’indifférence. Ni bonheur, ni malheur, peinard.
Mais l’indifférence me glace. Elle ne me fait pas envie. Je cherche un sens à l’existence, et la question qui m’anime est celle-ci : quel est mon moteur ? Mon carburant ? Qui m’anime ? Qui me fait avancer ? L’indifférence n’est pas un moteur pour moi. Plutôt un frein. Elle s’oppose à la curiosité. À l’envie d’apprendre. L’indifférence est un frein à l’expansion de la conscience. Du moins le crois-je aujourd’hui, même si demain je soutiendrai le contraire.
Car à se moquer de la connaissance limitée qui est la nôtre, l’indifférence marque un point.
En Inde toujours, une autre voie sacrée est explorée par le tantrisme. La voie royale vers le dépassement de soi est le corps physique et ses plaisirs. L’exaltation de la sexualité. Le tantrisme explore l’orgasme sacré, dans lequel le chakra sexuel inaugure la montée d’énergie au lieu de l’accomplir, la finir et l’ensevelir. Il n’y a pas d’éjaculation, l’adepte fait remonter son plaisir vers les chakras supérieurs. L’initiée l’invite et l’accompagne. Par des pratiques érotiques raffinées, bouleversantes, irrésistibles, l’initiée explore les confins de l’orgasme en s’assurant que l’éjaculation ne survienne pas.
La maîtrise de la sexualité passe par le contrôle millimétrique de la trique, de la chatte et du pied. Celuile pied qu’on prend, saisissant, interminable, où le corps tout entier devient zone érogène, où l’orgasme n’est plus circonscrit mais englobant, unificateur et créditeur. Et celuiencore le pied qu’on possède en double, véritable organe sexuel méconnu du grand nombre.
Pardonnez ce ton gaulois qui peut choquer. L’aridité glaciale du contrôle millimétrique m’y contraint. L’Inde des paradoxes, des contrastes et des extrêmes a développé tant de techniques spirituelles plus ou moins dévoyées par des siècles de poussière et de déclin. Elle reste un guide et une aide inestimable, surtout loin de ses villes horribles, toutes, Delhi, Mumbaï,Bombay y compris Varanasi.Bénarès. Horreur banale, naïveté sacrée.
Il se peut que le tantrisme soit une voie d’éveil, mais ce que je recherche est universel. Le jeune enfant doit l’avoir aussi, comme le vieillard. L’exaltation du chakra sexuel ne saurait être le moteur universel en question.
S’adonner à la démesure de tel ou tel chakra est une voie. Elle n’est pas la solution. Quelque soit le chakra qu’on exalte, on obtient une récompense, un état plus vivant, plus intense, qui semble correspondre à la définition du moteur universel. Un moteur valable pour tous et pour chacune, quelque soit l’âge, le milieu, le sexe ou la religion. Tout le monde le recherche car personne ne peut s’en passer.
Ce moteur omniprésent, essentiel, indispensable, sans lequel nos vies seraient une tartine de merde ? Mais oui, c’est l’intensité.
Nous sommes tous en recherche permanente de l’intensité maximale. Faites le point. Scrutez-vous. L’excitation, l’émotion forte, le délire des drogues, tous les excès nous apportent notre dose d’adrénaline. Le sport, la compétition, la triche, la bagarre, la fuite, tout ce qui tranche du train-train te fait du bien. C’est certain. L’intensité matin, midi et soir. L’intensité des nuits, des fêtes, des embrouilles, des querelles d’amoureux, des réconciliations sur l’oreiller.
Cette recherche de l’intensité maximale rencontre des obstacles. On ne peut pas toujours obtenir l’intensité positive. Tant pis, on se rabat sur l’intensité négative. Premier obstacle. La négativité est un piège à double détente. D’abord on tombe dedans. Ensuite on y prend goût. Puis on ne peut plus en sortir.
Les joies lumineuses de l’intensité positive nous paraissent fades et puériles. La vraie vie passe par le risque. La révolte. L’excès. La délinquance. Le crime. L’enfant devient un affranchi. Fini pour lui.
On ne peut rien pour aider celui qui ne s’aide pas lui-même. Qui ne veut pas faire un effort pour changer de direction. Désintox, manque, vives douleurs, hurlements — encore l’intensité, bien bien bien négative et pourrie. Mais toujours intense à souhaits.
Voici une liste des pièges que nous tend la face obscure de l’intensité. Guerrier de lumière, ta place n’est pas ici. Si la tentation te saisit d’y gouter, cette liste peut t’aider à résister. Si tu te reconnais dans l’un ou l’autre piège, tu pourras t’arrêter au bon moment. Tu cherches vainement le bon moment ? Quand tu en as marre d’en avoir marre. Juste avant de plonger en enfer.
Ces pièges sont des signaux sans danger d’abord, mais si tu t’y adonnes, tu es foutu. Un brin n’est rien, mais l’abus tue.
Tristesse sans cause
Larmes
Bouffées d’angoisse
Stress
Négativité
Hostilité cachée
Malaise localisé (scolaire, familial, etc.)
Malaise permanent
Angoisse latente
Hostilité ouverte
Perte de contrôle
Angoisse permanente
Colères violentes
Défaitisme
Esprit de sacrifice
Immoralité
Bassesse
Mesquinerie
Amour de l’argent
L’argent dictateur
Domination, sadisme
Esclave, soumission
Tatouage, piercing…
Penchant morbide
Goût du sang
Envie de meurtre
Déprime
Idées noires
Désir de suicide
L’arcane du tarot qui peut t’aider ici est Tempérance. Vois la fleur rouge sur sa tête. Elle évoque le rougeoiement du chakra couronne, la fontanelle qui bientôt s’ouvrira. Vois les ailes de l’ange qui ne demande qu’à prendre son envol. Vois comme l’eau circule entre ses deux cruches — l’énergie circule entre les deux côtés du corps subtil. Le rouge de l’énergie rencontre le bleu de l’inconscient.
Le Diable arrive, il ne te veut aucun mal, bien au contraire. Il ouvre en grand tous tes chakras, sauf le dernier, la couronne, keter, la fontanelle de l’éveil. Vois comme le crâne du Diable est fermé — barré par le cartouche qui porte le XV. Ce dernier chakra s’ouvrira à la prochaine arcane Maison Dieu. Tu es ce Diable-là, tu sens cette puissante montée d’énergie qui illumine l’un après l’autre tous tes chakras. Et tu attends, actif et immobile, électrique et serein, tu attends que la kundalini fasse son œuvre en toi. L’éveil va poindre. Il est là. Tout dépendra de toi. Comment tu le vivras. Ce que tu verras. Là où tu iras.
C’est toi. C’est ta maison. C’est ton corps de magie qui s’éveille à la vie. Va et n’oublie pas : qui vivra verra.
Cette grosse pierre sculptée pose une foule de questions auxquelles je vais tenter de répondre.
Voie royale de l'éveil, ce stage est une initiation qui ouvre la porte de l'être…
"L’Égypte pharaonique est une civilisation africaine, élaborée en Afrique par des Africains"
Vous connaissez les sept chakras qui palpitent sur le corps d'énergie. Et les autres ?
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)