Pippala, le figuier de Bouddha

 

Cette page est née d’un choc personnel. Une de ces synchronicités plaisantes quand elles nous arrangent, mais terrifiantes par ce qu’elles impliquent. Celle-ci est juste stupéfiante, elle permet une fois de plus de sentir l’étau de la matrice, et de toucher du doigt les parois du bocal.

 

La tradition bouddhique affirme que Çakya Muni, le Bouddha historique, a connu l’éveil sous un figuier des pagodes. Bien sûr, il faut traiter les légendes religieuses avec plus de méfiance que les autres, qui ne sont pas touchées par le dogme, et qui ont donc moins de raison d’avoir été trafiquées. Avant d’en venir au choc que j’ai reçu, je voudrais examiner de plus près cet arbre, ce qu’il représente et ce qu’il implique.

Les noms de l’arbre sacré

Peepul tree en anglais, pipal ou pippala en hindi, ce ficus religiosa (latin) est aussi appelé Bodhi tree, l’arbre de la Bodhi, l’arbre de l’éveil. En français on le désigne comme le figuier des pagodes, à cause de son caractère sacré en extrême-orient. Dans les textes védiques, il est appelé ashvattha.

C’est un arbre sacré pour les bouddhistes. « L’arbre de la Bodhi » le plus célèbre se trouve à Bodh-Gaya, à environ 100 km de Patna, dans l’État indien du Bihar, car c’est sous son feuillage que Bouddha, le fondateur du bouddhisme, a atteint la Bodhi, l’Éveil ou connaissance suprême (lit. l’éclaircissement). (source)

« Bouddha, le fondateur du bouddhisme » Comme souvent dans les pages de l’encyclopédie en ligne, cette affirmation est doublement fausse.  D’abord, contrairement à une mauvaise habitude trop répandue, il ne faudrait dire Bouddha, mais le Bouddha, avec ou sans majuscule, mais toujours précédé d’un article.

En effet, le Bouddha n’est pas unique. Et ce n’est pas son nom, mais son titre. Imaginez qu’un chrétien dise Saint sans préciser lequel. Impossible de comprendre. Maintenant s’il dit le saint, c’est plus clair.  Le Bouddha historique s’appelle Çakya Muni Gautama.

Il n’est qu’un bouddha parmi la litanie des bouddhas qui l’ont précédé, et dont l’histoire n’a pas retenu les noms. J’ai montré toutefois que le vrai fondateur de cette philosophie religieuse est un demi-dieu d’Hyperborée, que l’Occident connaît sous le nom de Ramos ou Ram, l’Egypte sous le nom de Ra ou Ré, l’Inde sous le nom de Rama ou Ram, le Tibet sous le nom de Lama ou Lam, etc.

 

 

Mais revenons à notre figuier sacré. « Cet arbre est un de quatre lieux saints du bouddhisme ; c’est donc une destination très fréquentée par les pèlerins. Il jouxte le temple de la Mahabodhi à Bodh-Gaya. Tandis qu’il méditait sous cet arbre, Siddhartha Gautama a atteint le Nirvâna. Par conséquent, l’arbre Bo ou arbre de la sagesse est considéré comme sacré et symbolique par les bouddhistes.

Sa feuille est un motif décoratif classique.

 

Les Hindous aussi

Pour l’hindouisme aussi, cet arbre a une dimension religieuse. Ses feuilles et ses branches servaient autrefois dans des sacrifices védiques. Selon la mythologie indienne, le dieu Vishnou serait né sous l’un de ces arbres, et le sage Nârada vit le Seigneur apparaître dans son cœur, alors qu’il méditait sous un tel arbre. Enfin, le bruit du vent dans ses feuilles est comparé à celui de la vînâ. Il est également possible qu’une cérémonie ait lieu sous cet arbre lors de mariage. » (source)

On voit comment la légende s’est écrite. Comme l’histoire sainte de Jésus, l’histoire sainte de Bouddha a été fabriquée de toutes pièces longtemps après son passage supposé parmi nous. Et aussi loin de la vérité historique dans les deux cas. Les auteurs de ces beaux romans ont fait du story telling pour les bisounours affamés de merveilleux qui de toutes leurs forces désiraient y croire. Résignons-nous. La vie de Jésus est un conte de fée. Celle du Bouddha, pareil. On lui a donné des qualités et attribué des épisodes antérieurs, arrivés à d’autres avant lui. Ainsi l’arbre de la Bodhi était sacré bien avant Gautama. Pourquoi ? L’histoire ne le dit pas. L’histoire officielle, en tout cas.

Tout ce qu’on sait du figuier sacré, c’est que les Hindouistes l’honorent et le révèrent encore, non à cause du Bouddha qu’ils ignorent, mais parce que « ses feuilles et ses branches servaient autrefois dans des sacrifices védiques. » Les Védas et les rites védiques sont très antérieurs à ce Bouddha-là. Le figuier sacré est très antérieur au figuier de la Bodhi. Et l’enseignement du Bouddha est très antérieur à Çakya Muni.

Voilà sapée l’autorité des lamas et autres moines d’un bouddha qui n’exista pas. Voilà tombées en miettes les fondations d’une des principales religions actuelles. Encore une de chute. Toujours la même histoire. Fausse. Sceptique.

 

Sacré Pippala !

Mais moi, ce qui me touche dans ce figuier, ce qui le rend vraiment unique à mon cœur, c’est son nom hindi. Pippala. Quand j’ai lu ça, j’ai dit: gloubs ! Incroyable. Aussitôt j’ai fait un saut dans mon passé lointain. J’avais deux ans, trois peut-être. En tout cas, j’étais haut comme trois schtroumpfs. Je me revois en train de jouer assis par terre dans la salle à manger, qui servait de pièce à vivre pour la famille de cinq personnes, et bientôt six.

Assis en face de moi, ne perdant pas une miette de mes gestes, trône mon doudou favori, un rat en peluche baptisé Bismuth. Drôle de nom, c’est vrai, mais je l’avais appelé comme ça, impossible de me souvenir pourquoi. Le bruit de la clé dans la serrure de l’appartement ne me tire pas de mon jeu très absorbant. Papa arrive, il m’attrape sous les bras et me lève jusqu’au plafond. Je rigole, émerveillé. « Comment vas-tu, mon Pippala ? » me demande-t-il.

Pippala ! C’est le petit surnom affectueux qu’il me donnait à cet âge-là. Pippala. J’avais complètement oublié ce détail. Incroyable coïncidence. Comment Papa, bon catholique, peu curieux des autres religions, aurait-il su le nom hindi du figuier de Bouddha ? Aucune chance. Il ne lisait presque pas, il passait tous ses loisirs à se dévouer aux nécessiteux et aux malades, où et quand aurait-il pu l’apprendre ? Ne cherchons pas. Même s’il l’avait su, pourquoi m’aurait-il affublé du nom d’un arbre exotique, et sacré qui plus est ? C’est risible. Je fonds un fusible.

Je ne me prendrai jamais pour un prophète, encore moins pour un bouddha. J’ai une sainte horreur des gourous comme de tous ceux qui vivent de la naïveté et de la fragilité de leurs semblables. Qu’on se rassure, dans ce surnom que Papa me donnait, je ne vois nul signe d’avènement. Même si ce cher vieux Bom Shankar m’appelait Xsauveur, je ne suis pas Maitreya, ni le retour d’aucun Christ, que ce soit Jésus, Hénoch, Mithra, Merlin ou Nanabozo le Grand Lapin. Désolé pour ceux qui cherchent un guide. Voyez plutôt le Michelin…

 

 

La vérité est ailleurs. Et c’est là que le vertige me saisit. Tout se passe comme si la chose était prévue de longue date. Tout se passe comme si mon père avait inventé ce vocable amusant pour que j’aie le choc de ma vie plus de soixante ans plus tard, alors même qu’il aurait quitté ce monde depuis dix ans. Vains dieux ! La matrice est globale, elle est aussi individuelle. Les synchronicités du cher Jung en sont le signe, la marque et l’indice. 

Ce monde est infiniment plus complexe que tout ce que nous avons pu imaginer depuis des siècles. L’éveil des consciences précède de peu la conscience de l’éveil. Le phénomène est planétaire. Bientôt les éveillés seront aussi nombreux que les endormis. Ces derniers se réveillent tandis que de nombreux enfants s’incarnent déjà éveillés. Bientôt l’humain cessera de courir vers le progrès matériel pour se consacrer aux progrès de sa conscience. Bientôt

 

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.
François Rabelais