Le nouveau paradigme, l’expression est arrivée comme une fleur il y a quelques décennies. On te disait l’ère du Verseau, tu répondais le nouveau paradigme. En quelques mois, ce nouveau machin était sur toutes les lèvres. Personne ne savait ce que c’était au juste.
Bon alors, qu’est-ce qu’un paradigme ? C’est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent issu d’un consensus, nous dit l’épistémologie, qui est la philosophie des sciences. « Les paradigmes peuvent être des découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à un groupe de chercheurs des problèmes types et des solutions » (source)Thomas Samuel Kuhn
J’adore la prudence ou le réalisme de Kuhn qui croit utile de préciser : pour un temps. Eh oui, les sacro-saintes vérités scientifiques sont temporaires. Elles suivent la mode de leur discipline et de leurs émules. Aujourd’hui la plupart des scientifiques l’admettent sans réticence. Il était temps.
La « vérité scientifique » à un instant donné ne peut représenter qu’un consensus temporaire au sein de cette communauté, les paradigmes étant fluctuants, en particulier dans les sciences humaines et sociales. (source)
Consensus temporaire… Paradigmes fluctuants… Comme un parti politique qui se crée sur un consensus. Très vite apparaissent des clans, des tendances et des contre-tendances. La science est politique. Les egos dominants s’exacerbent, chacun y va de sa théorie, la Nobelmania fait des ravages de cerveaux…
La démarche scientifique clairement définie et rigoureusement conduite, est-elle un idéal impossible pour les pauvres bambins que nous sommes devenus ? Surprotégés, choyés, mignotés, chouchoutés, nous sommes aux antipodes du guerrier impeccable. Car seul un guerrier impeccable pourrait observer les commandements de la démarche scientifique. Mais y en a-t-il encore dans les sciences ?
Les révolutions scientifiques entraînent des changements de paradigme qui exigent du temps pour pénétrer la communauté scientifique, car le nouveau modèle proposé doit vaincre les obstacles épistémologiques et être assez robuste pour remettre en cause le précédent. (source)
Comme c’est gentiment dit ! En clair, il faut une sacrée paire de couilles pour imposer une nouvelle vérité aux caciques chevrotants qui se cramponnent à l’ancienne. La querelle des anciens et des modernes n’épargne décidément personne.
Les changements de paradigmes au pluriel sont des épiphénomènes qui ne concernent qu’un petit cénacle de scientifiques. Ils n’ont pas d’incidence directe sur notre vie de tous les jours. Si paradigme est au singulier, alors ce changement-là risque de vous affecter. On sort du territoire des microscopes et des blouses blanches pour entrer de plain-pied dans la vie quotidienne. Le changement de paradigme signifie tout simplement, dans le langage courant, l’irruption d’un autre monde. Histoire de nous remettre du naufrage du précédent.
Selon Touraine, l’avènement du paradigme culturel succède au paradigme politique, puis social qui pendant longtemps fut la clef de compréhension du monde. Mais ce paradigme culturel n’est pas univoque. Il faudrait dire les paradigmes. Du coup, retour à la case départ. Au pluriel, c’est sans importance.
Ce qui se passe en ce moment m’a tout l’air d’un sacré changement d’ambiance. Le paradigme vacille, un coup dans l’aile, un coup dans l’eau. Au singulier, fondamental. Le sol tremble sous nos pas incertains. Les factions s’affrontent pour le plaisir de l’affrontement. Certains volent, d’autres tuent. Certains veulent, d’autres non.
On entend dire ça et là qu’il y a deux camps. Le camp du Bien, propre et gai, jamais dans l’erreur, toujours sur la bonne voie, et puis les autres là, ceux du camp du Mal, les mal foutus, mal sapés, mal barrés, mal aimés depuis toujours, mais qu’ils retournent chez eux bordel ! disent les gros salauds franchouillards et porcins.
Désolé, ça n’existe pas. Le système binaire, le courant qui passe ou qui passe pas, ta gueule qui me revient ou pas, tu sens bon ou tu pues, y en a ras le cul. Je plaide pour la nuance. Les camps, ça n’existe pas. S’ils existent, dis-toi que c’est en toi. D’où les deux loups. La fable aurait plu à Nietzsche. Nourrir les deux loups, c’est être au-delà du bien et du mal.
Fin de la bêtise, fin de la haine, fin des fanatismes, fin des sacrés connards, fin des petits cons, fin des grosses connes, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Ça ne marchera jamais chez nous. Trop étasunien pour plaire ailleurs. Politiquement correct, pensée positive, tolérance, bienpensance, gourance et décadence. Voilà qui ferait rire les Romains, les Sumériens, les Hyperboréens, les géants de jadis. Rire ou grincer des dents. Honte à nous qui pouvons faire beaucoup mais qui nous contentons de si peu.
S’il te plaît, pas de dichotomie, pas de binaire, pas de camp du bien contre celui du mal. On peut voir des tendances. Il y a plusieurs franges autour de cette société de consommation, de production et de spéculation. La frange naturelle, qui prône le retour à la nature, les valeurs bio et écolo, la fin du productivisme, les exploitations familiales, l’alimentation locale, la permaculture, etc. La frange mystique, qui propose une solution individuelle : l’éveil, en dehors de toute religion, obédience ou secte. L’éveil pour pouvoir choisir en conscience et en connaissance.
J’ai reçu un jeune gars, moins de 30 ans, ça m’a fait plaisir. Il est cash. Pour lui, pas de compromission avec le vieux monde, avec son travail obligatoire, sa famille castratrice et sa patrie chérie.
C’est une sorte de mission qu’il poursuit, sans trop se faire d’illusion sur la portée réelle de ses actions. Pas désabusé, non, juste réaliste, et sans ambition. Small is beautiful. Gagner de l’argent n’est pas la priorité. Sans un rond, il est capable de prendre un travail bénévole si ça lui paraît juste.
Au-delà de l’illusion. J’ai le même regard sur mes écrits. Nous savons tous les deux que le guerrier ne doit pas attendre de résultat de ses actions. Ceux qui me lisent sont déjà convertis. J’ai agi toute ma vie, je n’ai jamais cessé d’agir, jamais je n’ai vu le mode s’embellir sans qu’ailleurs progresse la laideur.
Mille fois j’ai fait le vœu que tout s’arrange. Connerie. Quand tout s’arrange pour l’un, tout se dérange pour l’autre. On ne peut plaire à tout le monde et à son père, dit le proverbe. S’efforcer de plaire est juste bon pour les êtres vains, hommes politiques ou autre people. Je préfère m’efforcer d’être, toujours plus, toujours mieux, plus grand, plus haut, car j’ai appris que c’est seulement ainsi que je peux me supporter.
Si on essayait de faire de notre mieux, tout le temps, pour tout ce qu’on fait, je crois sincèrement que ça se verrait. Il y a des peuples qui vivent ainsi, toujours au plus haut, au plus noble, au plus beau. Quand la vie m’a chassé de leur inestimable compagnie, j’ai perdu plus que la vie. Un ticket pour le paradis.
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)
En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
Le symbole suggère, l'image montre. Que montre le caducée, arme d'Hermès ?
Ils viennent de la littérature, de la bd, de la pop, de ce qui court,…
Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.