Vivre en guerrier suppose des contraintes. Je n’ai pas le pouvoir de les supprimer, mais je peux montrer des raccourcis. Ces sont des outils, des passe-partout qui ouvrent toutes les portes, si on les manie avec dextérité. Ils m’ont été inspirés par toute une vie dédiée à la pratique de Castaneda : la voie du Nagual, ou chemin du guerrier.
Efforce-toi sans cesse de te maintenir au sommet de toi-même. Ton seul atout dans cet univers prédateur est l’amour. Aimer passionnément ne dispense pas de la vigilance. Si l’amour est ta longueur d’onde, la vigilance est ton bouclier. Tu as a perdu ta carapace d’indifférence. Un chagrin d’amour, la perte d’un être cher, ou un autre accident de la vie t’a rendu capable d’aimer. Sans carapace, tu es plus sensible, plus en contact, mais ça te rend en même temps plus vulnérable. Sois vigilant. Be aware.
Tout ce que tu fais, fais-le bien. Puis refais-le mieux. Tâche de rester en permanence au plus haut niveau. Le guerrier ne bâcle pas. Il agit avec maîtrise, cœur, efficacité. Sans action, pas de résultat. Mais agir ne suffit pas pour réussir. Le guerrier agit avec le maximum de conscience et d’engagement, tout en sachant que le résultat final, bon ou mauvais, ne dépend pas de lui. Il n’attend aucun résultat de son action. Et pourtant il agit, encore et toujours, avec détachement. Il n’y met pas d’ego. S’il entre en compétition, c’est d’abord avec lui-même.
C’est le sens véritable du Jihad. Faire la guerre sacrée non pas aux adversaires extérieurs, mais à ceux qui sont à l’intérieur de toi. Tu es toujours ton pire ennemi. Tes défauts récurrents sont pires que des adversaires, ce sont des obstacles qu’il t’appartient d’éliminer. Le Jihad est le combat ordinaire du guerrier de lumière, le duel quotidien qu’il se livre à lui-même. Voilà la seule définition acceptable du Jihad, souhaitable, qui rend hommage et honneur à la religion musulmane. Rétablie dans la droite ligne du soufisme, elle redevient ainsi une grande religion de l’éveil, au lieu d’être une secte de la haine. « Islam hait derrière l’oreille » dit la sagesse populaire qui ment comme elle respire.
Pour t’aider dans la tâche ardue qui consiste à te remettre en question à chaque instant, la Règle a prévu les petits tyrans. Nous avons tous connu de près ces fameux tyrans du quotidien. C’est un conducteur de travaux qui n’écoute personne, un contremaître qui ne sait que gueuler, un supérieur qui t’a dans le pif et qui te mène la vie dure. C’est aussi, bien souvent, les parents pour l’ado, la compagne ou le compagnon pour l’adulte. On les maudit, on les conspue, on n’en peux plus, et pourtant, pourtant ! Les petits tyrans sont une aide précieuse. Indispensable. On ne s’améliore pas sans eux.
Il semble que le rapport amoureux entraîne des comportements stéréotypés, des boucles émotionnelles qui se traduisent par des larmes et des hurlements, quand ce ne sont pas la vaisselle brisée ou les coups portés. Ces boucles vicieuses font retomber le couple toujours dans les mêmes disputes, en ressassant les mêmes griefs cent fois reprochés, en se déchirant cent fois sur les mêmes mots durs, les insinuations mauvaises et les accusations sans appel. Les partenaires manquent totalement du contrôle élémentaire qui permet la distanciation.
Tout se passe comme si le couple se forgeait des engrammes de couple, qu’il se joue à l’infini sur un mode tragi-comique, sans jamais s’offrir le doux plaisir d’en rire. Jusqu’au jour où l’un des deux parvient à briser le cercle vicieux. En pleine crise, il arrête le monde. Et plus rien ne sera jamais pareil dans la vie amoureuse de ces deux-là. Et dans leur vie tout court ! Vont-ils se rapprocher ? Se séparer ? L’issue n’a pas d’importance, ce qui compte c’est que les deux en sortent grandis. Et que la vraie vie les prennent dans ses bras. La vie, c’est ce qui t’arrive quand tu es occupé à autre chose…
Voilà une interaction de couple qui montre comment le petit tyran est une aide précieuse dans la quête de toi-même. S’il n’y a pas de petit tyran dans ta vie, trouve-t’en un. Certains guerriers puissants arrivent à confronter plusieurs petits tyrans domestiques : les hommes qui ont plusieurs femmes, plusieurs maîtresses ou plusieurs filles… ou les femmes qui ont plusieurs amants, plusieurs parents, plusieurs enfants…
Tu protestes ? Tu m’objectes que ta vie de couple est épanouissante, un vrai lit de roses, un cortège de bonheurs variés sur lequel brille toujours un grand soleil d’amour ? Heureux es-tu, jeune padawan. Ce bonheur-là, ineffable et béni, ne nous est pas donné dans notre jeune âge. Si tu l’as reçu, garde-le bien. Défends-le bien. Sois vigilant. Trouve des petits tyrans dans un autre domaine : au travail, au sport, où tu voudras. Et si tu n’en trouves pas, rassure-toi, ils te trouveront.
Juan Matus explique à Carlos Castaneda le sens de l’expression « petit tyran ». Pour les guerriers du Nagual, le seul tyran digne de ce nom, c’est l’Aigle. C’est notre mort que nous prenons pour conseillère. En face de cette ultime réalité qui nous attend tous au tournant, les autres tyrans paraissent petits, même les pires. Les sorciers yaquis ne sont pas très portés sur les classifications. Quand d’aventure ils en font, c’est plus par humour et conscience du ridicule. Ainsi distinguent-ils les tout petits tyrans, les tyrans minuscules, les tyrans microscopiques, les tyrans insignifiants, les nano-tyrans… Chacune de ces catégories pouvant se combiner avec toutes les autres pour former des sous-catégories : les petits tyrans minuscules, les petits tyrans microscopiques, les tout-petits tyrans insignifiants, les minuscules nano-tyrans, etc.
Un guerrier ne travaille pas, il agit. Un guerrier n’hésite pas, il agit. Un guerrier ne discute pas, il agit. Il n’est pas aux ordres, il ne suit pas d’autres plans que le sien. Il n’est pas disponible. Il efface son histoire personnelle comme tout bon guerrier efface ses traces derrière lui. Il ne se répand pas sur les réseaux sociaux. Il préfère la nature au virtuel.
Il ne se cherche pas d’excuse, il n’invoque pas des circonstances extérieures, il ne met pas les torts sur autrui. Il assume ses actes, s’attribue les échecs comme les réussites avec la même indifférence. Il évite de s’enflammer, de s’enthousiasmer au-delà de toute mesure, de grimper au septième ciel car il retombera au septième enfer. Plus haut est l’envol, plus dure sera la chute.
Il cultive la modération et la simplicité. Il mange peu, toujours frais, toujours local, toujours sain, en privilégiant les fruits et légumes de saison. Il s’habille sans affectation. S’il a de l’argent, il n’en fait pas étalage. S’il fait un héritage, il ne hausse pas sa clôture, il prend une table plus longue. Il ne néglige pas le soutien de l’humour, il pratique assidûment l’auto-dérision. Mais il ne se dévalue pas. Il sait reconnaître ses points forts et entretient l’estime de lui-même.
Un guerrier traite les autres comme il aime qu’on le traite : avec droiture, gentillesse et vérité. Mais il sait à qui il a affaire, son instinct le prévient chaque fois, et il écoute toujours sa voix intérieure. Personne ne le trompe, personne ne le vole, personne ne lui ment.
Les lecteurs qui apprécient les articles du Journal du guerrier auront avantage à consulter tous ceux que j’ai regroupé sous le titre Castaneda.
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"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)
En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
Le symbole suggère, l'image montre. Que montre le caducée, arme d'Hermès ?
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Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.