
Le-chemin-qui-a-du-cœur? La formule vient du Nagual Juan Matus, le benefactor de Castaneda. Sa philosophie m’a inspiré, je la pratique encore. Philosophie ou sagesse, le nagualisme n’a rien d’une secte. Il n’est ni moral, il n’est ni altruiste, ni charitable au sens chrétien. Quoique… Jésus a dit : « Ne fais pas la charité, tu ferais du mal à ton âme.
Je cite de mémoire l’apocryphe de Thomas. Comme quoi le nagualisme aurait plu à Jésus, s’il avait vraiment existé. Les gens ont quasiment tout oublié, la mémoire n’est plus à la mode, comme si on pouvait s’en passer ! Le proche passé est ringardisé, quant au passé lointain, on croit qu’il ne sert à rien. Erreur : on en vient. Et si tout se passe bien, on y retourne. Si tout se passe mal, on pourra faire une croix sur cette planète avec l’inscription: Ci-gît l’humanité qui l’a bien mérité.
Ne jeûne pas, tu feras du mal à ton corps. Ne fais pas la charité, tu feras du mal à ton âme.
T’es pas jouasse? Laisse ta place!
Condition nécessaire
Marcher sur le-chemin-qui-a-du-cœur est une condition nécessaire dans la vie du guerrier de lumière. J’allais écrire : « Dans sa survie. » Chaque guerrier connaîtra ce moment sur son parcours où il n’a plus le choix. Le-chemin-qui-a-du-cœur s’offrira alors à lui comme la seule voie possible. Soit il le suit, soit il meurt.
« Il y a des années je t’ai dit que dans sa vie de chaque jour un guerrier choisit de suivre le chemin-qui-a-du-cœur. C’est choisir ce chemin qui fait qu’un guerrier diffère d’un homme ordinaire. Il sait qu’un chemin a du cœur lorsqu’il ne fait qu’un avec ce chemin, lorsqu’il éprouve une paix et un plaisir incommensurable à le parcourir dans toute sa longueur.
-Mais si je ne suis pas un guerrier, comment pourrais-je choisir un chemin-qui-a-du-cœur ?
« Tu es à un tournant. Auparavant tu n’avais vraiment pas besoin de vivre comme un guerrier. Maintenant c’est différent. Tu dois t’entourer des éléments d’un chemin-qui-a-du-cœur et refuser tout le reste. Sinon tu périras à la prochaine rencontre. »

Rencontre avec l’allié
Le nagual Matus veut parler d’une rencontre avec l’allié. C’est une créature issue d’un autre plan de réalité, un monde où l’élément dominant est l’électricité. Dans notre monde, l’élément dominant est l’eau. Notre corps est composé à 90% d’eau. Et tout le vivant de ce plan suit cette règle dominante.
L’allié vient d’un monde sous nos pieds. De même que nous aspirons à nous élever, l’allié a le même désir. Aussi choisit-il de prendre refuge dans le corps physique d’une personne humaine qui lui donnera accès à ce monde au-dessus du sien. S’il a l’intelligence de choisir un guerrier impeccable, il fait une bonne affaire, car grâce à celui-ci il pourra monter encore plus haut, dans un plan de réalité plus élevé, l’astral.
J’abrite au moins deux alliés. Mon benefactor Flornoy en avait trois : l’Homme Porte, l’Homme Dragon et l’Homme Gris. Il n’est pas nécessaire d’avoir un ou plusieurs alliés, mais le guerrier n’a pas le choix. Un beau jour, j’ai constaté la présence d’un allié en moi. J’ai senti un être vivant qui est sorti de ma tête par la fontanelle. Les témoins m’ont raconté la suite. Une fumée a pris forme monstrueuse, elle était dans une colère rouge, puis noire. J’ai surtout perçu la frayeur de mon entourage, ne pouvant pas voir l’allié moi-même. Il aurait fallu un miroir, ou que quelqu’un prenne une photo.
Quand Flornoy faisait apparaître l’un ou l’autre de ses alliés, on pouvait aussi bien faire dans notre slip. Ça m’est arrivé, littéralement. Je n’étais plus un môme, j’avais 42 ans. Après coup, j’ai dû prendre une douche et brûler le calbard.
Flornoy riait de notre frayeur à tous, parce que lui-même ne pouvait pas assister au vrai spectacle.
L’homme de connaissance
À chaque tournant, le guerrier doit réviser ses positions morales ou idéologiques. Elles ne sont souvent que des réflexes conditionnels. Des comportements familiaux ou tribaux acquis par mimétisme, sans l’accord de l’être profond. L’obéissance aveugle explique bien des guerres.
Le guerrier impeccable ne se pose pas de question, il a stoppé le monde, il a stoppé son dialogue intérieur. Ainsi devient-il un homme de connaissance. Il est libre. Libre de suivre le chemin-qui-a-du-cœur, car c’est son bon plaisir.
« Un homme de connaissance choisit un-chemin-qui-a-du-cœur et le suit. Alors il regarde, se réjouit et rit. Puis il voit et sait. Il sait que sa vie se terminera bien trop tôt. Il sait qu’il ne va nulle part, comme tous les autres. Il sait, parce qu’il voit, que rien n’est plus important qu’autre chose. Autrement dit, l’homme de connaissance n’a ni honneur, ni dignité, ni famille, ni nom, ni patrie, mais seulement une vie à vivre, et dans de telles circonstances son seul lien avec ses semblables est sa folie contrôlée. »
Mais Castaneda n’y comprend rien, il pleurniche et se plaint que tout ça est bien compliqué et qu’il n’arrive pas à comprendre.
« L’homme de connaissance ne pense pas, il agit. Pour devenir un homme de connaissance on doit être un guerrier et non un gamin pleurnicheur. On doit s’efforcer, sans abandonner, sans se plaindre, sans fléchir, jusqu’à réussir à voir et se rendre compte alors que rien n’est important. »
La connaissance de l’homme ne saurait s’étendre au-delà de sa propre expérience.
John Locke (1632 – 1704) philosophe anglais
Merci le Vivant
En relisant cette citation de Don Juan Matus, je suis resté interdit. Je venais de piger un détail important qui m’avait échappé jusqu’alors. « Un homme de connaissance choisit un-chemin-qui-a-du-cœur et le suit. Alors il regarde, se réjouit et rit. Puis il voit et sait. »
Suis-je enfin devenu un homme de connaissance ? J’ai du savoir, mais dans le langage chamanique du castanédisme, savoir et connaissance n’ont rien à voir.
Ai-je du cœur ou pas ? Ça dépend. Comment être sûr d’une chose pareille ? En vérité ce n’est pas ça qui compte. Ce n’est pas moi qui ai du cœur, c’est le chemin. Je n’avais rien pigé du tout et maintenant c’est clair, éblouissant. Je choisis le chemin-qui-a-du-cœur et le cœur qu’il a, il me le donne. Tant que je le suivrai, je profiterai de son cœur. Mais dès que je m’en éloigne, le cœur s’en va.
Ce n’est pas le guerrier qui importe, ni l’homme de connaissance. Ce qui compte, c’est le chemin.
Cette façon de voir les choses est purement chamanique. Elle correspond à mon vécu actuel, ce qui explique bien des choses. J’avais actualisé cet article il y a deux ans. Depuis, j’ai changé. Je me suis trouvé face à un tournant, il m’a fallu choisir. Je tourne ou je continue tout droit ? Apparemment j’ai fait le bon choix. J’ai suivi le chemin-qui–a-du-cœur. Si souvent j’avais répété cette expression sans la comprendre ! Merci le Vivant.
Pas de morale
En matière d’altruisme et de charité, il y a des modes. Les générosités d’hier sont insultes aux yeux d’aujourd’hui. Les générosités de demain nous sembleraient inconcevables. En bien ou en mal ? Ces modes-là ne suivent pas la courbe idéale du progrès. De nos jours elles régressent. Ça ne vous a pas échappé.
D’autre part, ce qui est charitable pour toi est intrusion pour une autre. C’est l’histoire de Castaneda et de son escargot.
Mal à l’aise à cause de son éducation chrétienne, Castaneda pose l’inévitable question de l’altruisme à son benefactor. La réponse de Matus ne se fait pas attendre :
-Il n’y a pas de morale dans la Règle.
C’est évident. Un Nagual ne fait pas l’aumône, la voie du guerrier n’est pas une église, l’impeccabilité n’a rien à voir avec la sainteté.
L’homme moyen cherche la certitude dans les yeux d’un spectateur et nomme cela confiance en soi. Le guerrier cherche à être impeccable à ses propres yeux et appelle cela humilité.

Il y a une lumière au bout de chaque tunnel… reste à prier que ce ne soit pas celle d’un train.
Une mode dégradante
Dans le nagualisme comme dans le bouddhisme, l’adepte assure son salut individuel sans se soucier du sort des autres. Une fois de plus, Castaneda se rebiffe. Don Juan précise sa pensée : « Sur la voie du guerrier, le choix t’appartient. J’ai connu un nagual implacable qui ne faisait jamais de cadeau à quiconque. C’était sa façon d’être impeccable. Et j’ai aussi connu le nagual Elias, très différent. Il suivait le-chemin-qui-a-du-cœur. C’est le chemin que j’ai toujours suivi. »
Rien dans la philosophie du nagual ne pousse à se soucier des autres, ni à écouter son cœur. Le nagualisme n’a pas de cœur. À notre époque de sensiblerie triomphante, une telle infâmie ne pardonne pas. Partout, sur tous les écrans, l’étalage obscène de la gentillesse commerciale fait ruisseler les yeux et cascader la monnaie.
Le charity business rapporte un max. Ça paye, le cœur de beurre qui fond sur le radiateur. Ce terrible usage de l’argent montre en quel gouffre a plongé notre époque. Le seul dieu qu’elle adore, c’est l’archonte Mammon, dieu de l’argent. Un homme de connaissance ne peut suivre cette mode dégradante.
Il faut avoir pour agir et non agir pour avoir.
Impeccable, implacable
À proprement parler, il n’y a pas de dieu ni de morale pour les sorciers, mais un pouvoir aveugle, inépuisable, universel, qui est l’Énergie, et un principe impersonnel réactif, l’Intention. Avec son intention propre, le guerrier attire l’Intention impersonnelle, qui fait pleuvoir sur lui des flots d’Énergie.
L’intention attire l’énergie comme un paratonnerre attire la foudre. Quand il reçoit l’énergie cosmique, le guerrier est relié : il est uni avec le Tout. Alors il accumule coups de pot et synchronicités. Chacun de nous peut apprendre à attirer la chance. Le seul moyen, c’est l’impeccabilité. Pas la sainteté.
Implacabilité, impeccabilité se ressemblent. Le guerrier impeccable ne prend pas de gants avec lui-même. Il ne supplie pas une entité quelconque de lui accorder ceci ou cela, il l’exige. Aucune entité ne lui accorde ce qu’il demande. Son inconscient se plie à son exigence et lui laisse le passage.
Rien ne sert de s’ouvrir, il faut grandir à point.
La tête sous l’eau
Descendre au fond de soi-même est la première tâche à accomplir. Pour franchir cette étape décisive, l’énergie semble manquer aux guerriers. Je reçois en stage initiatique de nombreuses personnes des deux sexes autour de la quarantaine. Ils sont déjà éveillés, mais n’assument pas leur statut. Ils s’attardent dans l’adolescence. Ils ont encore un pied dans l’insouciance et cultivent leur irresponsabilité.
J’ai passé vingt ans à faire le passant. Tenir la porte ouverte sur le chemin montant. Passant du Devoir je suis, je reste. Mais je n’oublie pas la parabole de l’escargot. Mon rôle se borne à envoyer l’Énergie et l’Intention quand on m’en fait la demande. Ces deux forces vont les ouvrir en deux. Quand cette ouverture a lieu, le double astral qui les a guidé chaque nuit s’incarne en eux. Sa voix est là, toujours présente, tant qu’ils suivront le chemin-qui–a-du-cœur.
Le guerrier et son double
Dans le Tarot initiatique, l’éveil se joue à l’arcane XVI La Maison-Dieu. L’image montre une tour couleur chair, c’est notre corps. Des bandes de couleurs horizontales ou d’autres marques indiquent les chakras.
La montée d’énergie a commencé à l’arcane précédente, XV Le Diable. Les six premiers chakras se sont ouverts, pas la fontanelle.
Sur l’image on voit que la barre du cadre écrase la fontanelle du Diable, empêchant l’énergie de jaillir jusqu’à l’éveil. Dans La Maison Dieu, le jaillissement est bien visible au sommet de la tour, et il s’unit à une flamme qui descend d’une sorte de soleil en haut à droite.
Ce que je veux souligner ici, c’est le personnage qui descend du ciel devant la tour. Il est éveillé. Derrière la tour, en partie masqué, il y a son double. Il est descendu lui aussi grâce à l’éveil, à la connexion lumineuse entre l’être et le ciel.
Désormais, le double est en toi, il te guide, il te donne la force et l’énergie de toujours suivre le chemin-qui–a-du-cœur. Et ce double ne te raconte rien, ne t’explique rien, il te pousse à agir, toujours, sans réfléchir des heures, sans te torturer la cervelle. Agir est la règle, agir est suivre le chemin-qui–a-du-cœur.
Toujours agir
Le bouddhisme a la même priorité : toute action doit être efficace, et tendue vers un seul but, l’éveil. Les philosophes disent que le bouddhisme est une religion sans dieu. Cette blague! Dans le bouddhisme, le dieu c’est toi. Suis ta voie, pratique tes exercices spirituels, tu éveilleras le dieu en toi.
Bouddha l’a fait. Il est parti en disant un grand adieu à ce monde, à ses disciples, à tous les humains. Je suis libre, totalement libéré des lourdes chaînes qui me retenaient sur cette planète, sur ce plan pas net. Je vais ailleurs. Où ? Je n’en sais rien, mais je suis sûr que j’y vais. Je m’efface à vos yeux. Ne m’adorez pas, travaillez à votre propre libération. C’est la seule chose qui importe : obtenir l’état de Bouddha, se libérer.
Comme le nagualisme, le bouddhisme est une discipline auto-centrée. On agit. Pas par la méditation, pas par la contemplation, par l’action. En agissant sans cesse, on travaille sur soi. On se change. Les autres importent peu. La charité n’est pas au programme, ni l’amour du prochain. En témoigne ce farouche adage bouddhiste : « Si tu croises Bouddha sur ta route, tue-le. »
Dégage, tête de gnou! Tu pues des genoux!
Tuer le mental
Après 60 ans d’efforts, je me suis coupé la tête. Enfin ! L’absence de pensée ouvre les portes de la perception et les fenêtres sur l’ailleurs. Merci le Vivant.
Il est des choses connues et des choses inconnues, entre les deux s’ouvrent les portes de la perception.
Avoir la tête vide permet de rester côté gauche, c’est à dire se maintenir dans la conscience claire et totale, sur la voie du milieu. C’est ma loi. Aussi loin de la raison castratrice que de la folie schizophrène, j’ai suivi le chemin-qui–a-du-cœur. Voilà ma vérité, j’avance démasqué. Le roi est nu. N’y pensons plus…
À l’âge que j’ai, je pourrais être mon père.
Si les portes de la perception étaient nettoyées, tout apparaîtrait à l’homme tel qu’il est, infini. Car l’homme s’est enfermé, jusqu’à ce qu’il voie toutes choses par les fentes étroites de sa caverne.
Volonté, Intention
Ne pensons plus à rien. Au delà de la réflexion, choisir l’action. Au delà du mental, choisir le nagual. C’est une règle, une force, une essence hors du monde, une intention permanente, une réalisation. N’est pas nagual qui veut. Ça dépend ce qu’on entend par vouloir.
S’agit-il de vouloir avec sa volonté ou de suivre la voie de l’Intention ? La volonté vient du mental. Elle est faible, voire timorée. L’intention vient du corps. Du ventre. Rien ne peut lui résister. Encore faut-il la mettre en place.
Quand on est éveillé, cette mise en place s’effectue tout naturellement. L’éveil est un mot galvaudé. Pour le guerrier de lumière, il signifie les retrouvailles avec sa nature profonde. Avec son statut originel. Avec l’état de puissance et de certitude qui est le nôtre en tant qu’humains.
C’est ainsi que les créateurs de notre corps physique nous ont fait. Ensuite la créatrice de notre supra-conscience nous a donné les moyens d’y parvenir et de s’y maintenir.
Carlos Castaneda
- Carlos Castaneda
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- L’usage du point d’assemblage
- Déplacer son point d’assemblage
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L’aventure de l’après-mort dépend du don de l’Aigle.
Nous vivrons, Oncle Vania. Et dans notre vieillesse, nous travaillerons pour les autres. Et quand notre heure viendra, nous mourrons soumis.


