Shiva-t’y, shiva-t’y pas ? C’est toute la question. Quand on commence, on a du mal à s’arrêter. Le shivaïsme est une drogue dure dans laquelle je suis tombé il y a un demi siècle. Il ne m’a plus lâché depuis.
La mythologie hindouiste est des plus compliquées. Elle résulte du mélange de deux religions très différentes, avec l’inclusion d’une foule de traditions vernaculaires ou étrangères. A l’image du sous-continent qui s’est constitué par la collision du Gondwana contre la plaque eurasienne, l’hindouisme est né du choc protohistorique entre le shivaïsme et la religion védique. Je connais l’Inde au cœur à cœur. J’y ai passé plusieurs vies antérieures. J’y ai vécu dans cette vie-ci auprès d’un sadhu qui m’a pris en affection et m’a transmis l’essence du shivaïsme. A mon tour j’ai craqué sur l’indianiste Alain Daniélou qui m’a ouvert les portes de ce foisonnement insondable. Aujourd’hui encore ses précieux livres prolongent la parole de ce mentor.
J’évoquais la théorie géologique qui veut que l’Inde soit née du choc de deux plaques tectoniques. En fait, ça serait plus compliqué que ça : « Depuis les années soixante dix, les spécialistes attribuent l’origine de la chaîne Himalayenne à la collision entre l’Inde et l’Eurasie, toutefois, les modalités précises de la formation de l’Himalaya sont encore sujettes à débat. S’agit-il d’un empilement d’écailles continentales ou de l’expulsion de roches partiellement fondues? » (source)Insu, CNRS A celui qui scrute l’hindouisme et son corpus vertigineux, fourmillant, protéiforme, vient la même impression d’empilement d’écailles ou de bribes originelles partiellement fondues. J’arrête de filer la métaphore : comparaison n’est pas raison.
Le texte cité plus loin en italique évoque les trois paradis de l’hindouisme. Il n’est donc pas d’inspiration shivaïte où il n’y a qu’un seul paradis, celui de Shiva Baba. Ce texte se situe dans une perspective moderne où le tout-puissant Shiva n’est plus l’un des trois dieux de la trinité hindouiste (trimourti), lui qui avait régné sans partage sur le cœur, le corps et l’esprit de ses fidèles dévots.
Le Kailâsa, Kailâsha ou Kailash, est le second des paradis hindous; il est situé au-dessus du ciel (Swarga). C’est la demeure de Shiva, troisième personne de la trinité indienne (trimourti). Il est identifié au mont Kailash Parbatc’est le Ghang Rimpoche des Tibétains du Tibet (6715 m). Les Hindous supposent que Shiva et le dieu des richesses Kouvéra, ont fixé leur séjour dans la chaîne de l’Himalaya. Ils ont chacun leur ville et leur palais. Alaka est la cité de Kouvéra, celle de Shiva s’appelle Shivapoura. Pour être admis dans ce double paradis, il faut avoir passé sa vie entière dans l’adoration de Shiva et de son lingam.
Ça va pour Shivapour
Les phallus magnifiques
Observer la planète mondialisée est un passe-temps digne des dieux. Celui qui s’y adonne ne peut manquer de faire des découvertes intéressantes. Je vois venir un monde où la sensualité va revenir en force. C’est utile et c’est salvateur, après ce désert sensuel qui sévit en Occident comme en Asie ou en Amérique. Partout les violeurs, les pervers et les pédophiles illustrent l’impossibilité récurrente de s’unir dans l’amour, le don de soi et le désir de l’autre. Cet amour-là est sans calcul, sans concession, sans limite. Quand on se rencontre corps à corps, quand le lingam s’unit au yoni, le lotus aux mille pétales fleurit de bonheur, de bonne heure, et rit d’un long rire de fleur ouverte.
Je reconnais qu’il n’est pas à la portée de tout un chacun. Mais il vient invariablement sur le chemin du guerrier. Par ses actions, il ne pourra rien provoquer. Par son acceptation, il fera des miracles. Reviennent les orgies dionysiaques, ça nous changerait des pauvres partouzes provinciales et des mœurs échangistes qui font pitié pour ce qu’elles révèlent de super-blocages. Ouvrir le robinet divin, boire à la source des dieux, nager dans un océan d’amour pur, et qui dure, très dur. Souvenez-vous, les enfants. L’amour n’est pas la gymnastique, ni la performance, ni le nombre, ni la durée des rapports. Mon plaisir est le plaisir de l’autre, que j’aime plus que moi-même. Rien d’autre ne compte que l’oubli de soi. L’arrêt du mental seul peut stopper le monde. L’amour seul stoppe le mental et le monde. C’est lui, c’est le mental, c’est l’ego qui tue le sentiment, qui pollue l’émotion. J’aime, donc je ne pense pas. T’entends ça René ?
L’amour, le bel amour des rêves
Se soucie peu du trop-pensant
Qui mollit avant la relève
Venu avec, il repart sans.
« Ah mais pas du tout ! La première zone érogène est le cerveau ! » Dans les soirées quand j’y allais, il y avait toujours un âne diplômé pour proférer cette absurdité. Elle en dit long sur la pauvreté sensuelle, la détresse du corps vide, peau contre peau qui fait long feu, qui foire, l’émotion tristement absente… Et pendant ce temps-là, le cerveau machine à fantasmes tourne comme le compteur d’un taxi napolitain. Il mouline des fesses en masse, des seins malsains, des bites trop cuites et des culs trop crus. Paye ta gerbe ! Tristes topiques des peine-à-jouir. Merci le porno qui s’exhibe à longueur de ouèbe et qui devient le modèle sexuel dominant dans la tête des minots. Dès 7 ans, ils voient huit à dix images pornographiques par jour. Merci les tablettes, smartphones et autres consoles. Une console ? Ça console les cons seuls.
Appel aux parents
Résistez ! Soyez fiers de ce que vous êtes, de ce que vous faites. Vos gamins vous regardent et comprennent ce qui se passe. On éduque, non par ce qu’on dit, mais par l’exemple de ce qu’on fait. Les parents sont les derniers aventuriers des temps modernes, m’a confié Françoise Dolto. Un bon parent est un guerrier impeccable. C’est un travail à plein temps. Si les deux parents sont guerriers, les inévitables soubresauts du couple épargneront leur progéniture. Mais si l’un ou les deux se lâchent, l’absence de contrôle et les excès qui s’ensuivent seront très préjudiciables aux plus fragiles.