À 700 années-lumière de la Terre, cet œil énorme qui nous regarde s’appelle Hélix. Que voit-on dans ce regard béant ? Le passé ou le destin ? L’éveil ou la fin ? L’accueil ou le jugement ? S’agit-il d’une pouponnière d’étoiles ou d’un cadavre astral ?Cadavre plutôt. C’est une nébuleuse planétaire, tout ce qui reste d’une étoile type Soleil.
Oui, les astres meurent. On se sent petit. Mais l’insignifiance n’empêche pas l’orgueil de l’insecte. Le minuscule virus que nous sommes se croit maître du monde quand il n’est pas maître de lui. Notre toute petite humanité, cinquième du nom, ne brille ni par la taille, ni par le cœur. Brille-t-elle par ses exploits ? Je ne saurais le dire. Qu’en pensez-vous ?
Toute petite
Toute petite, la cinquième humanité l’est sans aucun doute si on la compare à la première. Tandis que la race de fer dépasse à peine les 2 mètres, le Reptilien de la race d’or mesure plus de 50 mètres. Les Grecs l’appellent Cyclope. Il possède un troisième œil au milieu du front avec lequel il darde un rayon laser qui peut brûler, détruire, transporter ou guérir. Il l’utilise parfois pour éveiller ou illuminer.
Les redoutables surhommes volants de la race d’argent mesurent dans les 30 mètres. Des reptiliens ailés, que les archives sumériennes appellent des Serpents Vautours. La Bible les nomment Archanges ou Kérubim, en français Chérubins. Ce sont des guerriers invincibles. Ils tuent pour tuer. Ils brûlent et détruisent toute matière à leur gré. Les nettoyeurs de planètes sont choisis dans cette race.
La race de bronze est la troisième humanité. Ses représentants mesurent entre 12 et 15 mètres, ce sont les anges de la Bible ou les Géants des autres mythologies.
Les terraformeurs de cette planète, ceux que j’appelle les dieux d’avant et que les Grecs ont nommé les Titans, mesurent 4 mètres. Ils appartiennent à la quatrième humanité, celle qui nous a précédés. C’est aussi celle qui nous a créés, éduqués, protégés, baisés, exterminés, élevés, rabaissés, enfin bref, nos maîtres. On les prie encore dans tous les lieux de culte. Pourquoi, grands dieux ? Il serait temps qu’on prenne nos distances sociales avec ces prédateurs.
(Sur la taille et la description des Cinq Humanités, lire Les géants de Palestine et La race de fer)
Des roses !
Oh que oui ! De jour comme de nuit, par temps de brouillard, au grand soleil et sous la pluie. Tout le temps que dieu fait et tout celui qu’il ne fait pas. Distances sociales avec ces prédateurs. Les mosquées, les synagogues, les temples et les églises exigent le respect de ces distances protectrices et incompressibles – quitte à ne plus y aller du tout. Le port du masque est évidemment impératif si l’on se résout quand même à s’y rendre.
Je propose alors de les rebaptiser. Masquées, gogues, taons, aiguises. Ou autre chose. Chacun sa prose. Effet sans cause. Le grand art est de croire sans y croire. Essaie voir si tu l’oses. Mets-toi sur pause. Passe à autre chose. Va voir Ispahan sous les roses. Écris des poèmes en prose. Chacun sa dose. Pas d’osmose. Des roses !
Parole de sorcier yaqui
Dans les années 70, les livres de Castaneda se sont vendus partout dans le monde à des centaines de millions d’exemplaires. Le nagual Juan Matus fut l’initiateur, imaginaire ou non, de l’ethnologue Carlos Casteneda. À l’école de son benefactor, l’universitaire Castaneda a développé ses dispositions naturelles de nagual. Non sans appréhension, l’étudiant étasunien a endurci son corps, il est devenu guerrier, puis sorcier. Le nagual a pris son envol.
Dans une douzaine de bouquins, il nous conte par le menu l’aventure intérieure qui a dirigé sa vie d’adulte. Une somme très précieuse pour tout guerrier. Comme une carte détaillée, un GPS indispensable pour qui s’aventure dans les mondes intérieurs.
Avec l’aide de Juan Matus et des sorciers de son clan, Castaneda s’est lancé à corpset tête ! perdu dans une aventure intérieure qui l’a changé à son insu.
Castaneda nous enseigne autant par ses échecs que par ses réussites. Dépassé par les événements, le jeune ethnologue a tendance à s’apitoyer sur lui-même. Il accorde une confiance totale à de parfaits inconnus qui ne la méritent pas. Il refuse ses talents subtils, se privant ainsi des ressources infinies qu’ils donnent à ceux qui les acceptent, qui les assument et qui s’en servent.
Juan Matus l’a secoué. « Tu te laisses aller comme un fils de pute. Tu t’imagines que tu as l’éternité devant toi. Tu provoques les sorciers par ton inconséquence et tu crois que tu ne risques rien. Les hommes de pouvoir sont dangereux. Vivre est dangereux. Il faut une sacrée dose de circonspection quand on prétend s’aventurer dans cette immensité là-dehors. Cet univers est prédateur, tâche de t’en souvenir. » (source)Phrases de Juan Matus glanées dans tous les bouquins de Castaneda
Il n’existe qu’une seule chose de mauvaise en toi, tu crois que tu as l’éternité devant toi.
Tuer pour vivre
Oui, ce monde est prédateur. Le cycle biologique se construit sur la mort qui pourrit le corps et nourrit la vie. Qu’on soit virus ou requin blanc, il faut tuer pour vivre. La chaîne des prédateurs-proies ne se limite pas à notre planète. Ce serait orgueil ou stupidité de le croire. Il y a de la vie partout.
Depuis l’infiniment petit jusqu’à l’infiniment grand, depuis l’orée du zéro absolu jusqu’aux millions de degrés des étoiles géantes, depuis les fontaines blanches jusqu’aux trous noirs, la vie est partout chez elle dans l’univers, puisqu’il est fait pour elle. Le multivers abrite des myriades de milliards de mondes. Pas un seul d’où la vie soit absente.
Les mondes multiples, la matière sous toutes ses formes, l’énergie inépuisable, les lois de la physique, de l’astronomie, de la chimie n’ont qu’un but : rendre la vie possible. Et la protéger jusqu’à ce qu’elle se multiplie. De possible, la vie devient probable et de probable, elle a tôt fait d’être certaine. Henri Bergson appelle ça l’élan vital.
Pour que la pérennité s’installe parmi les éphémères, les organes sexuels produisent beaucoup plus de sperme qu’il n’en faut. L’espèce seule importe, les individus sont interchangeables. Inversement, pour que la mort soit inévitable et rapide, la vipère Black Mambamerci Quentin Tarantino inocule à chaque morsure une dose cent fois trop puissante.
Les poissons, les reptiliens pondent une tapée de rejetons pour que quelques-uns puissent parvenir à l’âge adulte et se reproduire à leur tour. Et bien sûr, à chaque éclosion, les oiseaux de mer se font une ventrée de bébés tortues dont bien peu atteindront les vagues salvatrices. Voilà ce qui s’appelle croquer le marmot.
Non je déconne. L’expression existe, mais ça n’a rien à voir. Au 19e siècle, le marmot en question était un heurtoir de porte souvent orné de figures grotesques. Croquer le marmot signifiait alors : attendre longtemps en s’ennuyant.
Ta belle amie, au bras d’un autre, file
Et te laisse en un coin, seul, croquer le marmot (source)Barbier, Satires, 1865, p.101
Prendre et donner
Rassure-toi, Souchon. Le ciel n’est pas vide. Il est infiniment peuplé. La totalité de ces êtres supérieurs sont invisibles pour les humains. Seuls les petits enfants, certains animaux et les voyants ont une chance de les voir.
J’ai pu les observer à loisir pendant une dizaine d’années. En ce temps-là, je voyais aussi les Fées, les Elfes et les Lutins. On les appelle ici Korrigans. Les Fées sont Morgane ou Margot. Dans l’ensemble, le Petit Peuple vit sa vie et ne s’occupe pas trop de nous. Les Korrigans sont farceurs et leurs farces sont parfois cruelles. Certains esprits chagrins ou ténébreux peuvent te faire mourir de peur.
Et puis ce joli don m’a quitté comme il était venu. Je ne les vois plus mais je les sens toujours. Je sais qu’ils sont là. Et je n’ai nulle envie de les fréquenter. Ce ne sont pas mes amis. N’invoquez personne. Restez tranquilles. Inutile d’attirer l’attention d’êtres bien plus puissants, plus malins, plus cruels.
Ne crois pas que les anges ou d’autres créatures de l’autre monde te protègent et veulent t’aider. Ne t’imagine pas qu’elles brûlent de s’occuper de toi. Le fais-tu pour les êtres inférieurs ? Alors pourquoi le feraient-elles pour toi ? Pourquoi les invisibles seraient-ils meilleurs que ceux qu’on peut voir ? En vertu de quelle loi ?
Personne ne te veut du bien, saches le. Même pas toi. C’est un univers prédateur. Pourquoi la prédation s’arrêterait à notre niveau ? Pourquoi les créatures supérieures nous traiteraient mieux que nous traitons nos inférieurs ? En vertu de quelle loi naturelle, observable et constante ?
Nous pillons les ressources, nous massacrons les animaux les plus nobles, nous exterminons sans compter… Comment le reprocher aux dieux d’avant ? Nos maîtres nous ont certes donné le mauvais exemple. Mais pourquoi être assez naïfs pour les imiter ? La loi morale brille au fond de nos cœurs comme les étoiles au fond du ciel, a dit Meister Kant. J’affirme que l’honnête homme est plus juste que le puissant, plus équitable que les dieux d’avant.
Les dieux vauriens
Au récit de leurs exploits dans les différentes mythologies, on voit le vrai visage de ces dieux-là. On comprend à quels vauriens retors nos ancêtres ont eu affaire. Affronter ces grands tyrans les a rendus plus forts… ou les a tués. Les anciens astronautes ne sont ni des dieux, ni des saints, ni des anges.
Qui sont-ils ? Des professionnels de l’aménagement planétaire. Des colons descendus sur terre pour récolter la moisson semée des millénaires plus tôt. Des corsaires qui ont raflé tout l’or qu’ils ont pu et pillé les ressources de cette planète qu’ils considèrent comme la leur. Nous sommes à eux, nous aussi.
Des spécialistes qui ont repris leurs machines magiques, leurs avions, leurs armes effrayantes et qui ont tout remballé dans les soutes d’un gigantesque vaisseau-mère. Si vaste que les Sumériens y voient une planète vagabonde qu’ils appellent Nibiru et que les Grecs appellent Hyperborée.
Chanson
Les dieux ne comptent pas pour des prunes. Ils ont laissé des veilleurs sur la Lune, sous la Terre et ailleurs. Nous sommes ici chez eux. La raison du logeur est toujours la meilleure. Tout leur appartient, nous aussi. Et la règle qu’ils suivent n’a qu’un nom : prédation. Que je t’attrape, que je te suce, que je te bouffe, que je te jette. Clairs et nets, nos gentils maîtres.
Tout est prédation. Je me sers sur ton dos, telle est la loi première. Sers-toi donc sur moi, telle est la loi seconde. C’est elle qui compte. L’échange. Le troc. L’entraide. L’amour. Le don partagé. N’aie pas peur de la destruction, elle n’est que l’autre visage de la renaissance. Il faut mourir pour renaître. Impossible de grandir sans traverser une litanie de morts – des centaines, des milliers, des millions d’agonies pour renaître et jouir de la joie d’être.