Les mondes branaires

Les branes, les mondes branaires, voici la toute dernière théorie des astrophysiciens. Brane est une abréviation de membrane. Notre univers serait situé sur une brane, mais il y en a d’autres. Beaucoup d’autres, selon la théorie.

La cosmologie branaire complète la théorie des cordes. L’idée principale est que notre univers serait emprisonné dans une structure appelée brane, laquelle serait incluse dans un super-univers doté de dimensions supplémentaires et qui pourrait abriter d’autres branes – donc d’autres univers. (source)

Je n’ai rien d’un astrophysicien, même si ce domaine d’études me passionne. Ce modèle particulier m’a séduit d’emblée, mais ce n’est pas pour la beauté de ses équations. Je hais les maths. Et l’astrophysique, la cosmologie, c’est rien que des maths. Ça devrait me faire fuir dans la direction opposée. Mais non, ça me plaît. J’écoute ce que les pros ont à dire, je ne sollicite pas mon cerveau, je comprends autrement. Une sorte de vibrato s’anime dans mon bide, ma tête chante, mon cœur bat plus profond, alors là je me dis oui, ça sent bon cette affaire. Piste à suivre.

Voilà. C’est du pur feeling. Ou bien c’est ce pouvoir décrit par Flornoy, la connaissance immédiate qu’on appelait autrefois la science infuse. C’est un lieu de conscience auquel nous pouvons avoir accès – à condition d’en trouver le chemin. Il s’agit d’accumuler assez d’énergie pour déplacer son propre point d’assemblage, et l’intention fait le reste.

Voici ce que j’en ai compris, avec toutes mes excusesExcuses ? Mon cul ! En fait j’en suis fier si la poésie prend parfois le pas sur la science.

Bang de branes

Les branes s’éloignent les unes des autres dans un très lent mouvement, puis se rapprochent. Quand elles entrent en collision, c’est le big bang. Badaboum ! Et on remet ça. Deux nouvelles branes s’éloignent l’une de l’autre, et dans un temps extrêmement long, elles se rapprocheront jusqu’au big bang. C’est reparti pour un tour. 

Dans cette théorie, on l’a compris, il n’y a pas qu’un seul big bang. Les bangs s’enchaînent à l’infini. C’est ce qui m’a plu tout de suite. La singularité du Big Bang m’a toujours gêné. Un phénomène unique, qui plus est situé à l’origine de tout le cosmos, de tout le big bazar, tintin, ça craint du boudin. En filigrane, l’ombre du grand démiurge plane sur le Big Bang, et ça m’emmerde.

Un genre de Créateur Tout-Puissant déguisé. Le plus marrant, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il y avait avant. Et puis on décide que la notion d’avant n’a aucun sens à cette échelle. Attendez voir ? Si l’Unique Tout-Puissant est éternel, qu’est-ce qu’il foutait avant le Big Bang ? Question cruciale. Qui prouve qu’un Big Bang unique est aussi impossible qu’un Dieu unique.

Sans la source, il n’y aurait rien. Mais sans rien, il y aurait la Source.

Lao Surlam

Je ne suis pas le seul. Si tous les astrophysiciens trouvaient la théorie du big bang super cool, on n’assisterait pas depuis des décennies à l’émergence de tant modèles cosmologiques alternatifs, tous plus farfelus les uns que les autres. Le big bang défrise les puristes, d’où la quête fébrile d’autre chose. Et j’approuve.

La théorie des branes fait partie du modèle cosmologique de la théorie des cordes. Géniale trouvaille, les cordes. Mais une trouvaille que pas le moindre fait n’a pu confirmer à l’heure qu’il est. Dommage de chez dommage. Ça rend toute l’histoire un peu fragile.

Qu’importe ? Je m’y tiens, jusqu’à ce qu’une nouvelle vague astrophysicienne ne vienne niveler mon château de sable. La théorie des branes me ravit, m’électrise et me bouleverse.

« L’espace bleu entre les nuages« voir l’image tel est le brin de rien qui sépare deux branes. C’est bel et bien du rien, du vent, du néant. Ça n’appartient pas au monde physique en tout cas.

La mort entre deux branes

Comme la mort. Elle n’appartient pas au monde physique, qui est celui de la vie. Quand on veut réconforter quelqu’un qui vient de perdre un proche, on lui dit maladroitement « c’est la vie ». Erreur. La mort n’est pas compatible avec la vie. Leur deux domaines d’application ne se touchent pas.

J’ai eu l’idée que ce non-espace non-physique pourrait bien être la mort. Ceux qui traversent cet espace pour atteindre la brane voisine touchent à la vie éternelle : le cycle de passage de brane en brane correspondant au cycle des réincarnations. Par contre, ceux qui séjournent dans le monde des morts, cet espace bleu entre les branes, y demeurent pour l’éternité.

Ce sont les âmes errantes dont parlent les trois religions du Livre et d’autres mythologies plus exotiques. Elles sont clouées dans l’inter-brane jusqu’à l’éternité, ou jusqu’au prochain big bang, ou encore tant qu’ils n’ont pas trouvé le moyen de passer dans la brane voisine.

Notez que la notion de voisinage n’a aucun sens en l’occurrence. La mort est-elle voisine de la vie ? Le néant est-il proche du monde physique ? Sans notion de distance, inutile de parler de voisinage ni de proximité. L’espace qui sépare deux branes est léthal : c’est le fleuve du Léthé qui coule dans les Enfers de la Rome antique. Ce non-lieu non-existant n’a aucune dimension. C’est un point invisible, une cloison énergétique, un no man’s land.

Passer dans la brane voisine n’est pas exclu. Les astrophysiciens ont émis l’hypothèse de trous de vers, sortes de raccourcis spatio-temporels permettant le passage à travers des années-lumières d’univers. Y aurait-il des trous de vers pour passer d’une brane à l’autre ?

Sur le plan astral, oui, ils existent. Certains sorciers qui sont passés à travers la mort pour atteindre un autre monde seraient revenus de leur voyage définitif pour nous le conter. Faut-il y croire ? Sans doute, puisqu’ils y croient eux-mêmes. Habitants du multivers, nous sommes partout chez nous. Sautant de brane en brane, nous pouvons donc connaître des vies successives.

Mais, hormis l’exploit de quelques sorciers, tout passage est sans retour. Voilà pourquoi les morts ne reviennent pas. Les revenants ne sont revenus de nulle part. Ils ne sont pas partis. On devrait plutôt les appeler des restants.

Rendez-vous au-delà

La physique nous dit que si nous pouvions entrer dans la 4e dimension, nous disparaîtrions du monde en 3D où nous sommes. Notre image commencera par vaciller, s’effacer graduellement pour finir par s’évanouir purement et simplement. Aussitôt je fais une analogie avec ce qui arrive à mon corps physique tandis que je visite la 4D que je nomme l’astral.

J’ai cru jusqu’ici que pendant le voyage astral, mon corps physique entrait dans une sorte de coma de plus en plus profond. Mais quand je voyage en astral, je ne suis plus là pour le constater. ceux qui ont été témoins de mes sorties de corps attestent que mon corps physique restait là, bien visible, mais privé de ma personnalité habituelle. Il se comportait en zombi.

J’en ai conclu que lors d’une sortie de corps, le cortex et le cerveau supérieur sont inactifs. Seul le cerveau reptilien pilote le corps physique. Réflexion faite, je me dis que la mort pourrait bien être le passage dans cette quatrième dimension. Ou à travers elle, lors de notre voyage définitif vers un improbable au-delà. Sauf que le cadavre reste présent. Il ne s’efface pas comme une image vidéo, il se décompose en éléments simples. D’une façon ou d’une autre, il disparait.

Dans les cordes

Plus un objet est petit, plus il faut d’énergie pour le voir, enseigne la physique des particules. Ce qui explique pourquoi les physiciens n’ont pas encore pu voir les cordes fondamentales et leurs multiples dimensions enroulées malgré le CERN et son anneau de 27 kilomètres de circonférence formé d’aimants supraconducteurs et de structures accélératrices qui augmentent l’énergie des particules qui y circulent. Un must. Qui n’a pas encore détecté l’ombre d’une corde. On patientera, donc.

Faute de preuve, il est difficile de soutenir la théorie des cordes face à la meute de ses détracteurs. Mais il se pourrait que les dimensions inconnues, la 4e et les suivantes, ne soient pas minuscules. Il se pourrait qu’elles ne soient pas repliées au sein de cordes introuvables, comme tente de le représenter l’image plus haut. Il se pourrait que ces dimensions soient si vastes qu’elles dépassent le format de l’univers.

Tellement grandes qu’on ne les perçoit pas comme telles. Elles font tout simplement partie du décor. Un décor en trompe-l’œil, puisque notre cadre de vie n’a que trois dimensions. La cosmologie branaire nous apprend que le multivers pourrait en contenir 19. Le multivers, peut-être. Mais pas notre brane.

Ça plane trop loin. J’ai besoin de me poser cinq minutes. Tchô.

C’est peut-être le coeur qui s’ouvre, baby groove.
Michel Jonasz