« Aidez-moi »

 

Commence par t’aider toi-même, le ciel t’aidera. Agis sans attendre de résultat de ton action. Bats-toi avec l’énergie du désespoir: le désespoir tombera, l’énergie restera. Tu es le commencement, le milieu et la fin. Ni dieu ni maître, telle est la devise des anarchistes comme celle des guerriers de lumière. Mais ces derniers reconnaissent l’existence de leur dieu intérieur. Avec lui, ils sont invincibles.

La douceur envers soi aide à être doux avec autrui. (Brene Brown)

 

Avoir besoin d’aide, c’est se disposer à dépendre d’autrui. C’est prendre le risque du gourou, qui dévore ses adeptes comme Chronos dévore ses enfants. C’est se rendre, c’est s’invalider, c’est douter de sa toute-puissance. C’est succomber à la croyance seule, alors que la loi du guerrier est de croire, oui, mais sans y croire. Cette distance fait toute la différence entre l’agneau bêlant et le guerrier. Entre l’esclave d’une foi et le maître de soi. N’oublie jamais que tu es ton propre maître, et que nul autre, humain ou divin, ne peut t’ôter ce pouvoir. N’écoute pas ceux qui te disent que tu as été créé pour servir d’esclave, ce sont eux les esclaves du passé. Souviens-toi que tu es lumière, né de la lumière, et par toi tout a été fait. 

 

Tat Twam Asi, Tu Es Cela

1- Mon fils, si tu désires la libération, fuis comme poison les objets des sens et recherche comme une eau vivifiante la charité, la droiture, la compassion, le contentement et la vérité.

2- Tu n’es ni eau, ni terre, ni air, ni éther. Afin de te libérer, saches que tu es âtman et ta nature est Intelligence.

3- Si tu peux demeurer dans cette intelligence, ayant rompu ton association mentale avec le corps, tu deviendras instantanément heureux, jouissant de la paix et libre de liens.

4- Tu n’appartiens à aucune caste ou catégorie sociale, tu n’es pas un objet de perception par les sens. Éternellement libre, celui qui voit toutes choses, c’est cela que tu es. Sois heureux! (Astavakra Gita)

 

Au fond de toi-même

Il faut autant d’efforts pour être maussade et dépressif que pour être positif et léger. Pourquoi choisir la déprime ? Dans ce monde prédateur, le dépressif ressemble à un lapin sans pattes en face d’une salve de chevrotines. Prisonnier de la dépression, fauché en plein vol et tombé au fond de toi-même, tu aspires à remonter, tu convoites les cimes inaccessibles. Elles sont trop lointaines, irréelles, inconsistantes. Elles sont de la même matière que tes rêves, qui tournent au cauchemar. Les guerres de la vie m’ont appris un raccourci, que voici : quand tu es au plus bas, ne cherche pas à remonter, c’est l’échec assuré, car le problème non résolu reviendra te hanter. Quand tu te trouves au plus bas, tout près de la mort, souviens-toi qu’il existe un double fond. Descends. Oui, j’ai bien dit descends

La zone de l’énergie se trouve sous la zone émotionnelle. Si tu veux retrouver ton goût de vivre et ton énergie totale, tu devras traverser le mur des chagrins et des blessures de l’âme. Et ce n’est qu’en plongeant au plus profond de ton être que tu as des chances d’y parvenir. Sinon, tu peux te bercer des illusions empoisonnées de l’espérance.

Tu peux t’abandonner corps et âme à un quelconque gourou, ou autre prédateur. Mais n’espère pas t’en tirer indemne. Tu peux attendre qu’un dieu improbable fasse le boulot pour toi. Tu risques bien de rebondir d’échecs en ratages des mois et des années durant. Tu peux prier pour que les alouettes te tombent toutes rôties dans le bec. Mais tu serais mieux inspiré d’apprendre à chasser. Tu peux invoquer ton ange gardien pour que les flammes ne te dévorent pas. Mais tu aurais meilleur temps d’éteindre l’incendie toi-même, d’appeler les pompiers ou de prendre la fuite. Prier ne suffit pas, le guerrier doit agir.

Quand tu auras désappris d’espérer, je t’apprendrai à vouloir. (Sénèque)

 

 

Espérer vs vouloir

« Quand tu auras désappris d’espérer, je t’apprendrai à vouloir. » Curieuse phrase que celle du sage Sénèque! À première vue, elle va à contre courant du bon sens. À première vue seulement. Il s’agit de la méditer pour mieux s’en nourrir. 

L’espoir fait vivre, se dit-on. Comme on se trompe! L’espoir est un piège doré, une promesse à jamais déçue, un cadeau empoisonné qui nous pousse à subir, subir encore, au lieu d’agir pour améliorer les choses. L’église et la morale bourgeoise nous ont inculqué ce précepte débile pour faire de nous des esclaves soumis à une volonté plus puissante que la nôtre. Celle de Dieu? Il a bon dos, celui-là. C’est tout ce qu’il a de bon, d’ailleurs.

Mais dans cette affaire il ne joue qu’un rôle d’inspirateur. Donneur d’idée. Les puissants sans scrupule qui nous exploitent sang et or ne font qu’imiter les dieux d’avant. Leur but est le même: terraformation. Faut que le boulot soit fait, mais pas par eux. Ils le font faire. La différence, en ce moment, c’est qu’on fait plutôt de la terradéformation.

Non, l’espoir ne nous aide pas. Il nous soumet à la volonté des puissants, des accapareurs, des exploiteurs, des cyniques, des chiens. Soyons chats. Plus malins que les chiens brutaux, plus habiles, plus rapides, plus gracieux. Sachons rentrer nos griffes pour qu’elles soient mieux affûtées en cas de besoin. Faisons sans cesse exercice de notre volonté. Ou mieux encore, servons-nous de l’intention, serviteur fidèle, qui capte l’énergie subtile et nous aligne avec la transcendance.

 

Longue route

L’éveil vient saluer un travail sur toi-même. Tant que ce travail n’est pas fait, tu n’es pas prêt, l’éveil se refuse à toi, et tu n’en peux plus de languir dans les ténèbres. Tu te plains que la route est longue. Oui, elle est dure. Et elle monte de plus en plus. Est-ce ma faute ? Peut-on y changer quelque chose ?

Le guerrier évite de geindre. Il ne se prend pas pour un renard sans pattes. Il vit sa vie, il bouge avec les nuages. Fais comme lui. Commence par te trouver. Pose tes fesses dans l’herbe sans craindre les tiques. Elles sont moins dangereuses que les vapeurs urbaines. La nature a ce pouvoir de rendre au guerrier son innocence. Cherche un lieu de pouvoir, fais confiance à ton corps. Ton lieu de pouvoir va te choisir, puis il va te tirer par ta volonté, tu sentiras la traction au niveau du nombril, tu n’auras qu’à suivre ce fil d’Ariane. Tous les signes se manifestent à celui qui cherche. Toutes les clés sont données quand le temps est venu. Dans ce lieu de pouvoir tu auras une carapace protectrice, tu pourras te ressourcer, refaire le plein d’énergie vitale. 

Va t’asseoir sur la berge d’une rivière sauvage, d’un ruisseau, d’un torrent. L’eau qui court sur le granit a le pouvoir de régénérer l’énergie du voyageur des mondes, et de fixer son point d’assemblage quand il est trop volatil.

Ne m’écris pas pour demander de l’aide. Écris-moi pour me donner des nouvelles de ta joie de vivre. Ou pour me raconter ton dernier voyage astral. Ainsi fait le guerrier des mondes. Le voyageur sans bagage. Le témoin sans mémoire. L’éternel absent à lui-même. L’enfant mal grandi. Le bourgeon qui doute de la fleur. Renais. Retrouve ta gaîté intérieure. Face à ton malheur, apprends l’art d’en rire.

L’humour nous aide à survivre et à demeurer sain d’esprit. (Charlie Chaplin)

 

La seule aide que tu puisses espérer dans ce monde difficile comme dans tous les autres, improbables, qui constituent nos terres de chasse, viendra des souvenirs enfouis dans l’aube de ta connaissance. Pour tenter de les réveiller, j’ai œuvré des années durant, j’ai écrit des milliers de lignes, j’ai composé des centaines d’images. Ces connaissances sont à ta disposition, fais-en ton miel. Elles sont toute l’aide que tu souhaites. Tu les trouveras plaisantes ou curieuses, distrayantes ou dignes d’intérêt, mais tu n’en comprendras la portée qu’en face du danger, quand mes mots résonneront en toi, quand se réveillera le souvenir de ta puissance sans limite.

Et tu accompliras l’impossible.

Ou bien tu les trouveras ineptes, désordonnées, sans justification ni raison. En ce cas, change de trottoir, change d’allure ou change de site, Eden Saga continuera sans toi. Pas de souci. Le monde passe son temps à continuer sans nous.

 


Paul Valéry

 

Si et seulement si

Si tu es prêt à lutter contre ton indolence, ta paresse, tes routines, tes menus plaisirs, tes délires qui te mènent dans le mur de la honte; si tu te sens d’attaque, d’aplomb, d’alignement, d’avide et Goliath; si tu veux traverser les écrans de fumée qui bornent ton horizon depuis trop de vies, alors je peux faire quelque chose pour que tu saisisses à point nommé ton centimètre cube de chance.

Si tu as cette énergie, cette volonté, cette ardeur, si tu te sens prêt au vrai djihad, prêt au combat contre cette noirceur et cette absence d’envie qui te minent, alors oui, je peux t’aider à t’aider. Oui, dans ce cas et seulement dans ce cas, je peux faire quelque chose pour toi.

Si tu n’as plus la force de lutter, meurs. Tu renaîtras de tes cendres pour un autre tour meilleur. Ou pas. Au dessus de la porte qui mène à ta prochaine vie, un grand poète a fait graver ceci : « Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor. Que je parle ou me taise, ceci ne tient qu’à toi. Ami n’entre pas sans désir ». (source)Paul Valéry, au fronton du Musée de l’Homme du Trocadéro à Paris

 

Tu seras un homme

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les rois, les dieux, la chance et la victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire
Tu seras un homme, mon fils.

 

If, poème de Rudyard Kipling, adapté par André Maurois sous le titre : Tu seras un homme, mon fils

 

Garde-toi tant que tu vivras de juger les gens sur la mine.
Jean de La Fontaine