Pour les Aborigènes d’Australie, aux premiers temps du monde il y eut le Temps du Rêve. Ce monde très ancien reste très présent dans leur culture et dans leur vie quotidienne. Chacun peut quand il veut rejoindre dans ses rêves ce Temps du Rêve originel où tout a été créé. Voici la trame de ce beau mythe austral.
D’abord, le Rêve a créé les Hommes Eclairs ou Frères de la Foudre, qui sont représentés avec des éclairs au bout des doigts. Issus comme la foudre du titanesque « serpent arc-en-ciel », ils sont descendus pour ensemencer la terre en y créant les plantes et les animaux. Ce serpent rappelle assez la queue de la comète, qui apparaissaient aux hommes comme un serpent de feu. L’arc-en-ciel se trouve associé à de nombreuses traditions sur le déluge : sans doute est-il apparu quand l’axe de la terre s’est incliné sur le plan écliptique.
Ces hommes-éclairs sont un souvenir des dieux d’avant, les maîtres de la foudre. Ils sont descendus sur terre, comme les Elohim, dont le nom signifie « ceux/celles qui sont venus du ciel ». Quant au gigantesque « serpent arc-en-ciel », on peut y voir la mémoire de la comète, dont la queue ondulante partageait le ciel en deux tandis qu’elle frôlait la terre. (source)Mondes en collision par Immanuel Velikowsky Les Quetzalcoatl, équivalent aztèque des Frères de la Foudre, sont arrivés eux aussi après le Grand Déluge, quand la comète faillit percuter la terre.
La tradition aborigène prétend que ces Hommes Eclairs ou Frères de la Foudre sont en sommeil dans les profondeurs de la terre, sous les blocs de grès des sites sacrés, tel celui d’Uluru au centre du continent australien. Ils dormiront jusqu’à ce que le monde de la surface soit de nouveau propice à leur règne, et d’ici là, ils se servent de la télépathie pour diriger les pensées et les actes de leurs créatures. (source)Message des hommes vrais au monde mutant : Une initiation chez les aborigènes de Marlo Morgan
Des géants, frères de la foudre, anciens maîtres du monde et qui dorment sous terre, c’est mot pour mot le mythe grec des cyclopes.
On retrouve aussi les thèmes familiers des dieux partis mais qui reviendront, comme Quetzalcoatl ou Viracocha, comme Merlin ou Jésus. On y retrouve le monde souterrain, séjour des dieux, comme dans le mythe de l’Abzu, des enfers, de l’Agartha ou celui de l’Atlantide sous-marine. Il y un trait plus original, l’idée d’un téléguidage des hommes par leurs créateurs. Dans la tradition judéo-chrétienne, le divin a laissé le libre-arbitre aux hommes. Les aborigènes sont moins naïfs. Ou mieux informés. On pourrait prendre ça pour de la parano. C’en est.
Le plus important réside dans la nature particulière du Rêve, décrit comme un temps et comme un lieu, puisque les aborigènes ont le loisir d’y aller pour leur accomplissement intérieur. Voilà une belle description du « côté gauche » ou nagual dont parle Castaneda.
Dans le nagual, il y a cette façon de rêver, c’est à dire d’exercer le contrôle de ses rêves par la conscience éveillée. Le guerrier doit apprendre à se réveiller dans son rêve. Stopper de monde, c’est permettre au Rêve d’assembler un autre monde, qui devient aussi réel que le premier.
Avec la traque de soi-même, le rêve contrôlé est le principal outil du guerrier, selon Castaneda. Cette similitude de traditions entre des pays aussi éloignés ne peut s’expliquer par le hasard qui, comme chacun sait, n’existe pas. Il faut y voir une source commune.
Une source bien antérieure, celle d’une civilisation développée, raffinée, qui aurait étendu ses ramifications sur toute la planète. La civilisation des dieux d’avant, la civilisation des Pyramides, quand les hommes étaient au service de surhommes ingénieux et puissants qu’ils adoraient comme des dieux.
Ce n’était pas le paradis pour tout le monde, mais c’était quand même le bon temps. Le temps du Rêve, ou le temps des anciens voyants, des dieux d’avant, c’est l’Eden, le paradis terrestre, le Neverland de Peter Pan, avec princesses indiennes, garçons perdus et pirates crétins.
Mauvaise nouvelle : les adultes ont perdu la clé. Bonne nouvelle : pas besoin de clé, c’est toujours ouvert. Si vous avez oublié le chemin, demandez donc à Alice. Demandez aux enfants qui le connaissent bien, cet autre monde. Ils y passent leur vie.
Il existe un autre monde au dedans de celui-ci. La frontière est intérieure et la peur s’arrête ici.
Le temps du Rêve, l’eden, le paradis terrestre ont existé. Ils existent encore, disent les peuples magiques. Ils ont toujours existé, ils existeront toujours, indemnes en cas de catastrophes sur ce plan de réalité, puisque ce sont des lieux de conscience. Libre à chacun de s’y rendre pour s’en assurer. A bientôt ?
Nous sommes faits de la même matière que les rêves et notre courte vie est bordée de sommeil.