De tout temps et partout dans le monde, on constate que les élites sont corrompues. Y a-t-il une raison autre que l’égoïsme et la cupidité pour motiver cette constance ? Mais oui. Il y a l’exemple et l’hérédité.

 

Les hommes politiques, les rois, les princes, les députés, les chefs d’entreprises, les généraux, les juges, les notaires, les people, le show biz, les évêques, la noblesse, les milliardaires, les millionnaires, les jeunes requins, les vieux cachalots, les huiles, la haute, le beau linge, les mondains, les snobards, les friqués, les blindés, les cousus, les cousins, les frères, citez-moi une seule catégorie où la corruption est absente. Quoi ?! La mafia ?! Vous rigolez ?

C’est quand même bizarre. Est-il écrit que l’homme doit devenir mauvais dès que son statut social progresse ? Non, je ne pense pas. Pourtant c’est ce qui se passe. L’homme est-il donc si mauvais ? Je me demande si nous n’avons pas subi la mauvaise influence de nos premiers maîtres.

 

L’exemple

Les dieux d’avant furent nos premières élites. Nos modèles. Puis les dieux sont partis. Les élites suivantes furent humaines. Les monarques et tous les petits chefs ont repris les excès de leurs illustres modèles.

Les dieux d’avant ne sont pas très bien élevés. Ils se massacrent entre eux pour un oui pour un non. Longtemps les dieux des dieux ont eu coutume de manger leur enfants, ou de les éliminer d’une autre façon. Les dieux voulaient tous être le boss, ils n’avaient ni honneur, ni parole.

Ma grand-mère avait un bouquin catho intitulé L’imitation de Notre Seigneur Jésus Christ. Imiter les dieux, n’est-ce pas le conseil que nous donnent toutes les religions ? Un bon chrétien a le christ pour modèle. Un bon bouddhiste veut devenir bouddha. Un bon musulman imite le Prophète. Un bon Indien est un Indien mort.

 

 

Ah non, je déraille, cette citation du général Custer est tout à fait hors contexte. Je ne sais même pas pourquoi je la laisse, surtout dans un paragraphe intitulé L’exemple. Ça la fout mal.

Le hasard n’existe pas. Tout ce qui arrive est voulu.

Bouddha

 

Pourtant, quand on y pense, quel foutu salopard ce général Custer ! En parlant d’exemple, le sien n’est pas fameux fameux. Little Big Horn. Un yankee sanguinaire grand massacreur d’Indiens, ça craint du boudin. Matez-moi sa tronche de cruel vicieux. Ce gus n’a pas l’air normal. Et lisez Général Tête Jaune, l’album de Blueberry dessiné par Maître Jean Giraud dit Mœbius.

 

L’imitation

Tout ceci pour vous dire, s’il y a un exemple qui mérite d’être suivi, c’est bien celui des dieux. Mais quand on voit comment ils se sont comportés, on a la face empourprée par la honte. Les mauvais drôles ! Le machisme, c’est eux. L’égoïsme, c’est eux. La cupidité, eux encore. La convoitise, toujours eux. La débauche, eux, eux, eux, bons dieux !!

La cruauté, l’indifférence, l’injustice, l’abus de pouvoir, le mépris, l’orgueil, la mégalo, la parano, le stress, le speed, la tyrannie, la démesure, le vice, la gourmandise, la fourberie, la rouerie, la veulerie, l’incurie, le dévergondage, la concussion, le harcèlement, le viol, l’humiliation, le sadisme, la supériorité, la domination, la jalousie, le meurtre, le crime, l’abus, la manip, la tromperie, le mensonge, le vol, la lâcheté, voilà quelques-uns des exemples que les dieux nous ont donné.

J’oubliais le narcissisme, l’égocentrisme, la colère, la vindicte, la fureur, la folie, l’orgie, l’échangisme, la pédophilie, la vilenie, la vantardise, l’hypocrisie, la sournoiserie, la dissimulation, l’impudeur, l’exhibition, l’indifférence, l’inconstance, l’insuffisance, l’irrespect, l’ordure, la fange, l’horreur, le dégoût, et autres vertus qu’on leur a emprunté.

Malgré ce déplorable exemple et la non moins lamentable envie de l’imiter, nous valons bien mieux qu’eux sur le plan des mœurs et coutumes. L’homme moyen est cent fois plus juste, mille fois plus moral et cent mille fois plus loyal que les pseudo-dieux ses pères. Mais l’homme supérieur ou prétendu tel est aussi pireoui je sais, mais c’est drôle non ? que ces cons-là.

 

L’hérédité

Les dieux nous ont donné le mauvais exemple, mais pas seulement. Leur héritage ne s’arrête pas là. J’ai envie de dire hélas. Alors je le dis. Hélas. Les dieux prennent une part physiologique dans nos personnes. La tradition sumérienne indique que du sang divin a été ajouté à la recette qui nous a donné le jour. Du sang, ou plutôt des gènes. Pas gênés, les dieux. Ils nous ont transmis quelques-uns de leurs gènes. Donc il y a du divin en nous. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure part.

La recherche génétique ne s’oppose pas à l’hypothèse. Bien sûr, cela sort du cadre de la science. Plusieurs généticiens ne sont pas à l’aise, à cause du cas troublant des gènes aliens dans le génome humain. La chère gênée tique. Elle ne dit rien mais n’en pense pas moins.

Je citais la mémoire sumérienne, mais il y en a d’autres. Plusieurs traditions sacrées indiquent clairement que les dieux (ou la Déesse selon les traditions) ont mis dans notre génome un peu du leur. Le genèse biblique nous dit Dieu a fait l’homme à son image.  Ces gènes divins seraient-ils les fameux gènes aliens qui figurent dans notre génome?

 

 

L’homme est-il bon ?

Je me pose une question. Une seulement ? Bilan modeste. Le lecteurs doit s’en poser des dizaines. Moi aussi en fait. Mais je série. Je trie. Je classe. Je catégorise. J’établis des priorités. Voilà ma question. Sommes-nous programmés pour être bons ? Si c’est le cas, pourquoi y a-t-il tant de méchanceté dans le monde ? Il se pourrait que le libre arbitre y joue un rôle. Il se pourrait qu’être bon demande un effort. La nature humaine nous incite au moindre effort ; on serait méchant par flemme d’être bon.

Il se pourrait aussi que la notion de bonté ne soit pas aussi simple qu’on peut le croire. Qu’est-ce qui est bien ? Qu’est-ce qui est mal ? Souvent difficile de trancher. On connaît l’histoire du vieux chinois qui n’a qu’un cheval.

Un vieux chinois et son fils vivent dans une masure à l’orée du village, sur le chemin de la montagne. Ce vieux est fort pauvre, tout son bien se borne à un cheval. Une nuit, le cheval s’échappe et s’enfuit dans la montagne. Au matin, comme tous les jours, le vieux descend au village. On le plaint sincèrement :
– Pauvre monsieur, vous n’aviez que ce cheval, et voilà qu’il s’est enfui ! Quelle malchance !
Malchance ? Chance ? Je n’en sais rien du tout, répond le vieillard.

Effectivement, le lendemain, le cheval revient dans son enclos. Mais il n’est pas seul. Trois chevaux sauvages sont dans l’enclos avec lui. Son fils renforce l’enclos et commence le dressage. Le lendemain, au village :
– Cher Monsieur, avec ces quatre chevaux, vous voilà le plus riche du village ! Quelle chance !
– Chance ? Malchance ? Je n’en sais rien du tout, répond le vieillard.

Effectivement, en dressant les chevaux sauvages, le fils fait une mauvaise chute et se casse la jambe. Au village :
– Pauvre monsieur, votre fils s’est blessé, il ne peut plus vous aider  ! Quelle malchance !
Malchance ? Chance ? Je n’en sais rien du tout, répond le vieillard.

Effectivement, le lendemain, un seigneur de guerre envahit le village. Tous les jeunes hommes sont enrôlés de force dans son armée. Mais le vieillard garde son fils, grâce à la jambe cassée.

 

 

Qui peut dire si une tuile ne deviendra pas une aubaine ? Si une grande joie n’apportera pas un grand chagrin ? Qui peut dire si c’est bien d’agir de telle ou telle façon ? On se souvient du paradoxe de l’escargot. Faut-il intervenir dans le cours d’une autre existence ? Nos principes moraux tiennent-ils compte de tous les paramètres ? Peut-on faire entrer la complexité du vivant dans une grille d’analyse ? Il y aura toujours plusieurs inconnues dans nos pauvres équations.

L’homme est-il bon, oui ou non ? Cette question restera sans réponse. Elle en amène une autre : si nos créateurs nous ont voulus bons, n’est-ce pas parce qu’ils étaient bons eux-mêmes ? Pourtant bien des cas ont montré que non

Nietzsche contre Rousseau

Nietzsche, que je vénère, déteste forcément Jean-Jacques Rousseau, trop gnangnan et trop bisounours à son goût – et au mien. « L’homme n’est malheureusement plus assez méchant ; les adversaires de Rousseau qui disent  » l’homme est une bête de proie  » n’ont malheureusement pas raison. Ce n’est pas la corruption qui est la malédiction de l’homme, mais l’amollissement et le moralisme. Dans la sphère que Rousseau combattait avec le plus de violence on trouvait encore la volonté de puissance, la volonté de jouissance, la volonté de commander. (…) Rousseau est un symptôme du mépris de soi et de la vanité échauffée : il moralise et cherche la cause de son état misérable d’homme rancunier dans les classes dominantes. » (source)Friedrich Nietzsche, La volonté de puissance

La critique est cinglante, mais fondée. La volonté de puissance, c’est s’en remettre à l’Intention. C’est agir en guerrier. Avec les torrents de larmes qu’il verse pour un oui pour un non, Jean-Jacques me fait chier. Il n’a vraiment rien d’un guerrier. L’ami Friedrich en repasse une couche. La volonté de jouissance, voilà encore une belle image, une jolie trouvaille linguistique. Qui claque au vent comme un slogan sur les murs de mai 68. Nietzsche dit merde à la morale bourgeoise de son temps. Comment s’étonner que je sois nietzschéen ?

Xavier Séguin

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