L’Or du silence

 

Tu m’as dit : tais-toi. Tes mots font un écran qui cache le monde. Ce que tu révèles est un autre voile. La lumière n’est pas l’amie des mots. Plus les mots sont beaux, plus leur lumière artificielle nous détourne du Soleil Invaincu !

Foutu lutin baratin

Tu as raison. Je parle trop, je suis un moulin à paroles. Chaque matin, mon lutin lance le moulin, mon lutin lance le mien comme le lama lance les six cent soixante-six moulins rituels, lama fâché tout craché, que la prière écrite se dilue dans le vent, que la prière mécanique diffuse ses harmonies mortes au sein de la musique des sphères. Oh l’orgueil du petit peuple que nous sommes ! Et les lamas se rient dans les lamasseries.

Oui, c’est une faute. Lamaserie ne prend qu’un s. Mais Hergé a imposé cette vieille orthographe dans Tintin au Tibet, et depuis lors, on l’écrit avec deux s, n’en déplaisent aux vieux cons qui n’ont pas lu Tintin. Le franco-belge est une langue bien vivante, belle et bien vivante quand on la tire pour faire la nique aux schnocks.

La vie spirituelle vise l’éveil de notre nature essentielle. Elle nous donne des qualités d’être qui manquent cruellement à l’homme actuel : le silence, la simplicité, la sérénité, la confiance. (Karlfield Graf Durkheim)

 

Je parle trop. Le lutin du matin est au four et au moulin. Il pâtisse des gâteaux qui s’affaissent. La parole aide argent mais le silence aide or. L’éveil ne vient pas par la pensée. Il vient par l’acte. Il laisse les mots s’envoler pour derrière eux saisir la chose. Le verbe est un rideau splendide, chatoyant, multiple et fascinant. Mais ce rideau nous voile la vérité si je mens.

Et si je ne mens pas, il voile tout autant. Davantage peut-être. Car je t’égare en rase campagne. Tu dois marcher des heures sur un chemin désert avant de trouver âme à qui parler. Encore des mots ? Pourquoi ? Pia, pia, pia, pia. Babiller. Bavasser. Jacasser. Papoter. Ragoter. Radoter… Le blabla est barbant mais le silence endort ! C’est pour ça qu’on chante à l’église. Ça réveille les fidèles.

Notre époque adore faire du bruit avec sa bouche. Aligner des banalités, scander des slogans, mouliner des punch lines. Il faut juste savoir un truc. Tant que le guerrier aura cette attitude, il n’avancera pas dans la connaissance de soi. L’acte ou le blabla, la parole ou l’éveil, il faut choisir.

 Ceux qui savent ne parlent pas  et ceux qui parlent ne savent pas. Le sage enseigne par ses actes  et non par ses paroles. (Lao Tseu)

 

Chut !

Alors pourquoi je parle ? Je travaille à l’éveil de tous, et l’éveil ne passe pas par les mots, je l’ai dit et c’est vrai. Bon. Il serait plus juste de dire que l’éveil ne passe pas par le mental. Les mots organisés en phrases cohérentes ne servent pas l’éveil. Ils flattent l’intelligence, mais l’éveil n’a rien à voir là-dedans. Alors pourquoi je parle ?

Il se peut qu’au hasard des phrases, quelque chose fasse mouche. Un rien, tel ou tel mot, tel son, telle rime, telle assonance ou la stupidité violente d’un jeu de mot laid pour gens bêtes.jeu de mollets pour jambettes ? Qu’importe ? Mon but est de stopper le monde. Pas pour moi. Pour vous. Le mien est stoppé depuis longtemps, ça augmente la vitesse intérieure. Ce qui m’aide à pourvoir. Dans l’espoir vain que ça vous aide à pouvoir.

L’expérience est la connaissance la plus précieuse au monde. Hélas elle ne se transmet pas. Pourtant je sais des gens qui ont absorbé plus d’énergie pendant deux heures en ma compagnie que pendant dix ans à me lire. Venez me voir. C’est ça l’histoire.

Par contre, en me lisant, si vous restez de marbre, si vous ne humez pas le son derrière le sens, le rythme qui s’installe, les cymbales qui s’emballent, cassure dans l’allure, le phrasé, l’harmonie, les cinq sens dans le bon sens, les sons qui sont l’essence… dans ce cas ne venez pas, ne me lisez plus. Si mes mots vous fascinent, miroirs aux alouettes, j’aurai perdu mon temps. Si vous restez bloqué dans l’émotion, vous aurez perdu le vôtre. La cible est l’énergie. Retournez à la vie. Récupérez l’envie.

 

 

Alors pourquoi je parle ? Pourquoi j’aligne au kilomètre une avalanche de mots qui s’organisent en monts, les phrases sont des fleuves, les verbes sont chemins, la musique est soleil. La poésie, l’air de rien, vous attache à la patte un fil d’or. Et la porte y répond. Les mots sont ce qu’ils sont, s’ils n’ont pas de raison, ils n’ont pour horizon qu’une seule saison, trois tours et puis s’en vont.

Resteront les images. Les images sont irremplaçables. Elles comptent autant que les mots. Leur vérité s’écoute avec les yeux. Regardez-les vibrer aux accents de mon flow. On dirait qu’elles vont rire… Ces images ont leur mot à dire.

 Nous sommes tous uniques, mais la plupart sont assez nombreux quand même. (Stef Kervor)

 

Vous venez de voir des monnaies du Pape et ma gueule, deux photos de mon amie Noémie, assemblées par un autre lutin malin, Stef Kervor, longue vie à lui ! Vibrantes photo de Noémie et fabuleuses images de Stef l’infographiste d’Eden Saga. Stef Kervor qui hélas nous a quitté l’an passé. En ouverture de cet article, figure une autre photo, non retouchée celle-là. Merci Noémie. J’éprouve à chaque instant l’avantage de telles images. Quoi qu’il advienne, ces merveilles seront à jamais indissociables de la Saga. Qui sans elles ne serait pas moitié si belle.

L’aura

Le silence est d’AUR. Ainsi s’écrit OR en latin, aureum. Au est le symbole chimique de l’or. AUR se prononce A OUR. L’or est à Ur. L’or doit aller à Ur. Maintenant voici le mot AURA. Il peut s’écrire A UR A. Qui signifie « appartient à UR. » Le silence est d’aur peut s’écrire : le silence est d’Ur. Très très dur.

Notre aura vient d’Ur, elle appartient aux dieux d’avant, qui sont toujours nos maîtres. Leur testament est partout où tu regardes. Encore faudrait-il regarder. Et regardant, faudrait-il voir. Il y en a des choses visibles, de l’autre côté du silence. Où rien ne passe, où nul ne pense, où le guerrier poursuit sa danse.

Sur la place chauffée au soleil
Une fille s’est mise à danser
Elle tourne toujours pareille
Aux danseuses d’antiquité
Sur la ville il fait trop chaud
Hommes et femmes sont assoupis
Et regardent par le carreau
Cette fille qui danse à midi
(source)Jacques Brel, Sur la place

 

Au delà

Au delà du mur du silence, là où tout devient visible. Encore faut-il ôter ce bandeau sur tes yeux. Ôter ce doute qui clôt ton troisième œil.

Cette page dédiée au silence va servir de préface à ma prochaine publication, Soleil Invaincu. En latin Sol Invictus. C’est une religion dérivée du mithraïsme oriental ET occidental. Elle fut la religion d’état à Rome dans les premiers siècles de notre ère, avant la préférence donnée au christianisme par l’empereur Constantin.

Même après la réforme religieuse de Constantin, le christianisme romain primitif avait beaucoup de points communs avec Sol Invictus. Toutes deux religions d’éveil, elles visaient à l’élévation spirituelle et à l’illumination de tous leurs fidèles. Sauf qu’avec le christianisme de Constantin, on avait oublié l’essentiel : l’origine du christianisme n’est pas Jésus. Ni Constantin, d’ailleurs… Et avec le christianisme actuel, on a tout oublié, y compris la recherche de l’éveil.

Voici un avant-goût. Que signifie Soleil Invaincu ? C’est la demeure volante des Fils du Soleil

 

Sol Invictus

Le soleil nouveau sur ta tête
N’a jamais connu la défaite
Le plus puissant parmi les astres
Le mieux connu pour ses désastres
Abritant dans ses flancs brillants
Les dieux d’avant et les géants
Il est resté pendant des ères
Étincelant seul dans les airs
Et toujours déversant son or
À flots constants sur le grand nord

 

Je me tais. Place à l’or.

Dès que l’individu ressent, la communauté est sur un sol glissant.  
Aldous Huxley