Mon Graal

Non ce n’est pas une hallucination, j’ai fait deux sorties de corps en toute conscience à l’adolescence. J’ai pu constater que pour vivre le corps n’est pas nécessaire. On peut vivre sans. Le corps est plutôt gênant. Première certitude sur quoi s’est déployée ma vie. Comprendre la mort. Le sens de la vie. Ma quête du Graal.

On a tous une quête à faire, c’est le sens qu’on peut donner à la vie. Ou pas. Beaucoup s’en foutent. Mais en dehors de sa quête sacrée, l’être humain n’est qu’un fétu de paille dans l’œil du soleil. Aussitôt il brûle et ne se souvient pas. Très peu pour moi. Graal en main, je fais la quête.

La foi et le doute

Mon Graal habite l’être intime. Certitude fendillée par le doute mais certitude encore. La vie après la vie. J’ai retrouvé de nombreux souvenirs de vies d’avant. Vies antérieures ou vies intérieures, j’en ai connu des tas. Si j’en ai eu tant avant, il peut y en avoir après. Pas vrai ? Mourir comme on change de chaîne. Zap un autre programme mais la musique continue.

Bien sûr je me dis ça pour me rassurer. La foi est là pour ça, nous rassurer. Croire en Dieu, en Allah, en Bouddha, en Shiva, en Rama, en Wakan Tanka, en Lady Gaga ou croire en soi, c’est toujours croire. Ce qui nous meut.

Si tu crois, assure-toi dans la foulée de n’y pas croire. Loi d’équilibre. La pensée libre. Le cœur qui vibre. Qui ne croit en rien n’est rien. Qui croit en tout est fou. Qui doute de rien est nain. Qui doute de tout est fou.

Le point le plus difficile pour le guerrier consiste à trouver l’équilibre entre deux pôles inconciliables qu’il lui faut pourtant concilier. À cheval sur le Bosphore, un pied en Asie, l’autre en Europe, un œil presbyte et l’autre hypermétrope. La foi et le doute. Croire sans y croire. Savoir sans mémoire né du seul maintenant.

Impermanence

Comme l’ordinateur recrée sans cesse son environnement, notre monde d’illusion se refonde à chaque instant, plusieurs milliards de fois par nanoseconde. Du coup ça fait beaucoup. Comme l’imprimerie qui ne sait reproduire que des points, lignes de points, mer de points, arc-en-ciel de points; comme l’informatique qui fait de même avec une multitude de pixels, notre monde se défait et se refait sans cesse et sans fin.

Trop vite pour que mon mental puisse percevoir chaque image, trop lentement pour mon esprit vif qui vole et en isole quelques-unes. Arrêtant le temps, je peux aisément distinguer chaque image et comprendre. Nos vies, comme des films, sont une longue succession de sensations. La continuité est une illusion. La durée n’est qu’une collection d’instants formant séquence.

L’instant pixel

Certains instants de la séquence temporelle peuvent être très différents de leurs voisins. Pourtant la lenteur et la paresse de notre mental ne nous permet de discerner qu’un flot continu relativement uniforme. Le cerveau remplit les trous avec de l’à-peu-près qu’il fabrique à mesure.

C’est ce genre de séquence mentalisée que nous appelons un instant, ou un moment. Il faut être plus précis. Le véritable instant est un pixel du temps. L’instant pixel est si minuscule que nous n’en avons pas conscience en temps normal. Totalement imperceptible pour l’homme moyen, il échappe donc aux scientifiques. Ils sont incapables d’arrêter le temps. Seuls les sensitifs ont accès à la trame de la réalité.

Les paradoxes de Zénon

Zénon d’Élée, philosophe grec présocratique, était doué d’une pensée discursive hors normes. Il savait comprendre au plus juste les ouvrages de sagesse qui tombaient dans ses mains. Il a eu cette intuition, ou l’a-t-il lue, toujours est-il qu’il a développé l’idée dans ses fameux paradoxes.

Paradoxe d’Achille et de la tortue. Si Achille situé en O poursuit une tortue qui se trouve en A. Le temps qu’il arrive en A, la tortue sera en B. Achille devra donc ensuite aller en B. Mais alors la tortue sera en C, et ainsi de suite. Achille pourra se rapprocher sans cesse de la tortue, mais il ne pourra jamais la rattraper.

Paradoxe de la flèche. Une flèche qui vole est en fait immobile. En effet, à chaque instant, elle est dans un espace égal à elle-même. Elle est donc à chaque instant au repos. Si on décompose le mouvement en une suite d’instants, elle ne peut donc pas se mouvoir, puisqu’elle est constamment au repos. (source)

Il y en a d’autres que vous trouverez ici.

Cruel Zénon

Ça se passait il y a 25 siècles et des patates, chapeau bas pour l’Éléate. Comme quoi certains Grecs relèvent le niveau. Et comme quoi, plus on remonte dans le temps, plus on s’approche de la source de toutes nos connaissances. Nos maîtres. Les dieux d’avant. Les terraformeurs de cette planète. Ils ont tout appris à nos ancêtres, en direct, et non en astral par la voie du sommeil comme ils le font actuellement.

Zénon a lu un des ouvrages inspirés qui circulaient encore à son époque, avant les grands incendies qui ont ravagé les plus riches bibliothèques, comme celle d’Alexandrie. Comme d’autres philosophes de son temps, il a eu accès à ces sources que nous n’avons plus. Mais lui, au moins, a eu le mérite de l’exposer sans la déformer. Tous les penseurs lui en savent gré.

En hommage, Paul Valéry, grand poète de l’intelligence, a composé cette strophe incontournable :

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
M’as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas !

Le son m’enfante et la flèche me tue !
Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue
Pour l’âme, Achille immobile à grands pas ! (source)

Conclusion 1

Qu’est-ce que ça change ? Tout, de fond en comble. Notre univers est lacunaire. Il y a des trous dans le gruyère.Amis Suisses, pardon pour cette erreur très française! La soupe s’étire dans la soupière.

Par ces trous, ces fentes, ces vides, une infinité d’univers parallèles s’immiscent et se glissent. Il en passe partout, entre nous, en nous, on en a jusqu’au cou. C’est tout. Alors qu’on ne s’interroge plus sur la possibilité d’une vie extraterrestre. La vie est partout. Les exo-planètes sont peuplées d’exogènes qui s’éparpillent et d’exo-gens qui partent en voyage au long cours à la conquête d’espace vital.

La vie est ainsi faite qu’elle parvient à peupler les environnements les plus hostiles. Chaleur extrême, sécheresse aride, froid terrible, noir absolu, pression, absence d’oxygène, gaz toxique, rien ne la rebute, elle fleurit sur un caillou gelé propulsé à toute vibure dans l’infini intergalactique. Et toc !Du tac au tac ! Ça envoie du teck !

La vie semble chez elle partout dans la matière. D’ailleurs elle n’en a pas besoin, la vie astrale s’en passe très bien, comme tous les invisibles, égrégores, spectres etc qui sont parfois visibles. Les chiens, les loups, les chats, les chevaux les perçoivent très bien.

La vie a une telle faculté d’adaptation qu’on n’imagine pas un seul endroit d’où elle soit bannie. Si l’antimatière existe, la vie y est aussi. Aucun espace, aucun temps n’existe sans la vie. La vie, et la vie seule, donne son sens à tout le bazar. À l’origine de la vie, il y a l’amour. Et la lumière.

Si l’on cherche une finalité à l’univers, la vie est une bonne candidate. Donc l’amour. Et si l’on cherche une finalité à la vie, la connaissance est favorite. Donc la lumière. On avance, on avance !

Conclusion 2

Pire encore, notre existence est menacée. Pas demain, hier. Tout le temps. Depuis toujours. Pourquoi ? Parce que notre univers est virtuel. Il ressemble en tout point -en tout pixel- à un environnement informatique. Il n’a pas plus de consistance, du coup nous non plus. Nous sommes des avatars. Qui nous pilote ? Les dieux, ai-je écrit. Qui sont les dieux ? Nous-mêmes ? Pourquoi pas ?

Moi dieu d’après, dans la perfection diamantine de l’astral, je pilote à distance un drone de chair et d’os qui se prend pour moi. Il croit que c’est lui qui ressent, non, c’est moi, là-haut.

Il croit qu’il vit sur terre, il ne fait que transmettre à son maître. Il croit qu’il aime, qu’il agit, qu’il mange, pas du tout ! C’est moi qui fait tout ce qu’il croit faire. Il n’est rien, d’ailleurs il le sait. Et quand il mourra, je ne mourrais pas. Na ! Tant pis pour lui. Ça lui apprendra à se prendre pour moi et à me prendre pour lui.

L’éternité c’est long. Surtout vers la fin. (Woody Allen)


Les dieux s’ennuient à mourir, ce qu’ils ne peuvent pas faire. Condamnés à vivre dans un environnement parfait, ils s’inventent ainsi des vies d’aventures par l’intermédiaire de différents avatars qu’ils pilotent à différentes époques, dans différents pays, sur différentes planètes, voir dans d’autres univers. Ils nous habitent, vivent en nous, et nous devons leur être reconnaissants. Nous en sommes conscients… du moins après l’éveil. Avant l’éveil, ils captent tout ce que nous faisons, vivons, etc mais nous ne captons rien d’eux. Si leur aide paraît diffuse, désordonnée, ce n’est que le reflet de nos troubles.

Voilà. Je pourrais imaginer une autre conclusion, beaucoup sont possibles. Peut-être l’écrirai-je un jour. En attendant ne vous gênez pas pour en tirer d’autres, des conclusions bien à vous, vos visions nées des miennes. Si ça se trouve, je vous ajouterai ici-même.

Le monde ne crèvera pas du manque de merveilles mais du manque d’émerveillement.
G.K. Chesterton