Abracadabra

 

Shazam !! L’éclair tombe à grand fracas sur un arbre qui prend feu. Effarés, les animaux reculent, l’échine frissonnante. Les villageois y voient un signe. À qui appartient l’arbre ? Pour peu que l’éclair frappe la hutte du sorcier, le sorcier est maudit. Son pouvoir est parti. Ils ont raison car tout est signe. Pourtant ils ont tort car rien n’est écrit.

 

L’aube de l’éveil

Tout a du sens, à l’infini. Et en même temps le sens échappe toujours à l’existence puisque rien ne peut se résumer à autre chose que lui-même.

La physique quantique nous apprend à changer nos routines. Dans son nouveau cantique, l’effet ne suit pas nécessairement la cause, et bien des causes n’ont pas d’effet – mais les militants le savent déjà. Rome n’est plus dans Rome. Le monde n’est plus ce qu’on voit, ni ce qu’on croit – ça fait de l’effet. Si l’éclair te frappe la tête mon ami tu es mort. Si tu n’es pas mort mon ami tu es grand et tes mains feront fleurir les miracles.

Le guerrier qui reçoit la foudre devient sorcier, le sorcier qui reçoit la foudre devient mort. Le mort qui reçoit la foudre retrouve la vie. Hollande qui reçoit la foudre sur son avion s’éveille mais le cache, car il veut rester un bouddha normal.

Qu’est-ce que l’éveil ? On en voit les signes tout autour de nous, sans les chercher. L’éveil est dans l’air du temps. Le temps n’a plus le temps, l’espace devient poreux : mille mondes s’y mêlent au nôtre et nous sommes nombreux à les explorer. La vie elle-même a changé de goût. Aussi est-il opportun d’explorer quelques vieilles lunes qui, elles aussi, ont pris un fameux coup de jeune.  

Le caillou tombe chaque fois que j’ouvre la main : mais demain, que fera-t-il ? Le présent est absolument inédit, seul l’habillage nous le rend familier.

Il est de bon ton de refuser les superstitions : elles sont pourtant efficaces dans la plupart des cas. Le superstitieux croit que s’il passe sous une échelle, il lui arrivera malheur. S’il sait qu’il est passé sous une échelle, il se prépare déjà au malheur …qui ne va pas manquer d’arriver. Mais s’il ne sait pas qu’il est passé sous une échelle, le malheur l’épargnera-t-il ?

 

Philosophe déchu

La foudre bruyante, inexplicable, éblouissante, a dû terrifier bien des sauvages tapis au fond de leur grotte. Combien de millénaires a-t-il fallu pour que l’on comprenne le pourquoi et le comment du phénomène physique ? Maintenant l’a-t-on vraiment compris ? Les sortilèges, les imprécations, les formules magiques et kabbalistiques constituent un vivier de croyances vivaces, entretenues par des générations de sorcières. La pensée magique fait un retour en force, se désole l’essayiste Michel Onfray, jadis philosophe.

Pensée magique ? La magie n’est pas une pensée. Les ignorants qui s’adonnent à la superstitieux n’ont rien de magique.  C’est l’action qui est magique, pour autant qu’elle vienne du corps, du ventre, de l’inconscient. Il est vrai qu’Onfray ne croit pas à l’existence de l’inconscient, ce qui explique son inconsistance. On f’rait mieux de se taire, mais faut vendre ses bouquins…

Dès que la dictature de la pensée s’arrête, l’action prend le pouvoir. Seule l’action est magique. Si elle ne l’est pas, elle reste bloquée dans la sphère du mental. C’est à dire dans le carcan de l’ego — domaine exclusif d’un gars comme Onfray, justement. Philosophe déchu parce que penseur déçu. Lui qui a dépassé la moitié de sa vie, je l’engage à (re)lire Jung…

On consacre la première moitié de sa vie à se forger un ego solide, et la seconde moitié à s’en débarrasser.

Carl Gustav Jung

 

Intention, intensité

Nombre de formules magiques sont archi-connues et pourtant encore efficaces… pour peu que l’intention y soit. Le fait qu’elles aient été banalisées n’a rien ôté de leur puissance, au contraire. Par contre, sans la terrible intention du sorcier, formule ou pas, rien ne se passe. En terme de magie, rien n’est banal. Rien n’est anodin. Et pourtant le guerrier traversera les mondes magiques sans manifester le plus mince étonnement.

Tout se passe comme s’il avait l’habitude de l’inconnu. C’est sa manière de traquer l’intention, la seule parade à l’effacement pur et simple. L’intention, comment dire l’intention ? ça ressemble à l’électricité – la fréquence et l’intensité du courant,  la nature corpusculaire ou ondulatoire de l’électricité. Pareil pour l’intention : deux paramètres sont nécessaires pour sa mise en place. La fréquence et l’intensité.

Dans l’exercice de l’intention, comme dans un match de boxe, l’important c’est la garde haute, ça tire sur les épaules, mais c’est la santé. Protège ta face. Puis visualise quelque chose dans ta tête et tu l’auras. Attention, ça ne marche que si tu as fait le ménage dans ton corps, dans ton coeur et dans ta vie.Il y a un temps pour tout et ça s’appelle l’intention. La garde haute. Tout rôti dans le bec ne tombe pas le gigot à l’ai!. Abracadabra ! le sort claque et cloue d’effroi – et croyez-moi, il y a quelque raison à ça. Que veut dire ce mot rigolo ? En hébreu, pas grand chose, et encore, bien tiré par les cheveux.

Des linguistes éminents s’y sont cassé les dents. Ce qui leur est coutumier à dire vrai. Mais avec abracadabra, les malheureux n’avaient aucune chance dès le départ. Forcément, car ce mot n’appartient pas aux langues connues, à aucune d’entre elles – et à toutes. Il s’agit de bas-latin médiéval, aussi nommé latin de cuisine, cette langue vernaculaire transmise à nos ancêtres gaulois par les légionnaires romains, qui parlaient argot et déformaient la syntaxe latine.

Pour comprendre abracadabra, la linguistique n’est plus de mise. Il faut user de la langue des oisons.

 

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« abra » : la foudre 

Ab, en latin, exprime la provenance : qui vient de. Quant à Ra, c’est le Soleil des Egyptiens. C’est aussi le dieu Ra ou Ram, ce héros des Tuatha Dé Danaan, qui a conquis la moitié de la planète. Abra voudrait donc dire : qui vient du soleil. Or, on l’a vu, pour les Anciens ce qui vient du Soleil, c’est la foudre. Car le Soleil, c’est Ré, c’est Hyperborée. La planète vagabonde, Nibiru pour les Sumériens. Le vaisseau-mère des Anunna bourré d’électronique et d’armes hi-tech.

Abra est donc la foudre, don de Ra ou don d’Isis. On retrouve la même racine Abra dans le nom du patriarche fondateur des trois religions du livre, Abram ou Abraham. Qui vient de Rama. Abram était son fils. Sachant qu’Abram était lui-même un des maîtres de la foudre, initié par elle et grand éveilleur de ses semblables par l’usage de cette même foudre, le mot Abra ne peut plus avoir de secret.

 

« cadabra » : le cadavre 

Quant au mot « cadabra » on l’a tout de suite reconnu, c’est le cadavre, c’est à dire le corps mort. Foudre cadavre… cette formule signifierait donc : « que la foudre te tue » La plupart des formules magiques renvoient explicitement à la puissance initiale du langage. La genèse biblique est explicite : « au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu ». La création divine est l’œuvre du Verbe. Des mots. Paroles, paroles, chantait Dalida sans savoir que certaines paroles ont le pouvoir de vie et de mort. Les mots ne sont pas que du sens, comme la linguistique veut nous le faire croire. Leur puissance est dans le son et dans l’intention. 

Placer sa voix, poser ses pieds à plat, respirer par le périnée, faire le vide mental et proférer le mot. Le son. L’onde sonore particulière. La vérité est musique et non pensée.

Certains souriront : « abracadabra !? bin mon cochon tu parles d’un scoop » se diront-ils. La déception n’est pas de mise. Le guerrier fait de l’or avec le plomb, et cette formule magique est tout sauf du plomb : de l’or en poudre. Les antiques grimoires disent qu’il faut éviter de la prononcer – même en se jouant – car sa puissance destructrice est grande. Si nous n’en voyons pas toujours les effets dévastateurs, gardons-nous d’en conclure que ces effets n’existent pas … donc je ne la répéterai pas —  même en me jouant. Pas si bête.

 

Dans le livre infini des secrets de la nature, bien peu je puis lire.
William Shakespeare