Hybrides et humanoïdes

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D’après les mythologies, notre espèce ne s’origine pas dans une évolution de type darwinien, mais dans une création. Et nos pères créateurs, les dieux égyptiens, sumériens ou hindous étaient des hommes-animaux. Est-ce un clin d’oeil aux singes de Darwin ?

Un peu partout dans le monde, des fresques ou des graffitis néolithiques mettent en scène des êtres étranges, hybrides de différents animaux, qui font un écho troublant aux vieilles légendes égyptiennes de dieux aux têtes d’animaux. Faut-il vraiment prendre la chose au pied de la lettre ? Des animaux seraient-ils nos pères ? Ou bien faut-il rester au stade du symbole, qui tout émascule ? Après tout, ou plutôt avant tout, l’amitié entre l’animal et l’homme est une vieille histoire… Tentons de débrouiller cet écheveau à notre façon, en décryptant les vieux grimoires pour faire rendre gorge aux contes qu’ils relatent.

Nos créateurs devaient être du même sang que nous, puisqu’ils se seraient reproduits avec nos femmes. C’est du moins ce que raconte le Livre d’Enoch.

 

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S’il en est ainsi, la génétique est formelle, nos créateurs sont des Homo sapiens, ils sont des hommes, avec une nuance : se pourrait-il qu’ils ne soient pas issus de la même espèce animale que nous ? Imaginons que tous les animaux puissent devenir des hommes, c’est à dire des êtres raisonnables. C’est une thèse évoquée, notamment, par la Cabbale juive.

Essayons d’approfondir la question. Au terme d’une évolution spirituelle, qui n’a aucun rapport avec la vision darwinienne de l’évolution, n’importe quel animal peut développer son potentiel divin pour éclore sous la forme d’un bipède intelligent. Le bipédisme universel peut ainsi donner des Canis sapiens, des Caballus sapiens ou des Porcus sapiens, à égalité avec les Homo sapiens. Voilà qui expliquerait toutes les histoires d’hommes-serpents et d’hommes-poissons dans les mythologies des cinq continents !

Ainsi, les Yoroubas comme les Incas, les Perses comme les Hindous, les Inuits comme les Hopis nous croient créés par un homme-poisson. Il est vrai que dans le liquide amniotique, le foetus est aquatique. Mais la vérité est ailleurs. Dans le froid des pôles ?

Le livre d’Enoch raconte que les Veilleurs qui nous ont créés appartenaient au Peuple-Serpent, et pourtant ils se sont reproduits avec des humaines, engendrant une race de géants, les Néphilim. Les tablettes assyriennes nous disent que notre créateur, Enki, appartenait au Peuple Serpent.  

Les fresques de Sumer nous montrent nos créateurs sous les traits de Serpents-Vautours. Mais tous étaient des « animaux raisonnables« , tout comme nous.

Est-ce ce statut particulier qui leur aurait permis de se reproduire avec des humaines, pourtant issues d’une autre lignée animale ? Car l’Homo sapiens est issu d’une espèce animale. Laquelle ? Celle du singe, ou plus précisément du lémurien, répondent les darwiniens. Nous avons plus de 95 % de gènes en commun avec le bonobo, disent les généticiens. Intéressant. Mais il y a pire : d’autres auteurs nous voient issus du porc. Nous aurions été créés par un homme-serpent. Un reptilien aurait mélangé son ADN avec de l’ADN terrestre. Celui d’un porc. 

 

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Nous serions des hommes-porcs créés par un homme-serpent. Ou des hommes-singes créés par un homme-poisson. 

Charmant programme ! Bien sûr, il ne s’agit que d’un délire. Mais à lire entre les lignes,c’est ce que signifie dé-lire on finit toujours par les faire bouger. Et un beau jour, notre point de vue sur nous-mêmes et notre origine n’est plus tout à fait le même. 

Continuons donc ce rêve éveillé, métaphore de notre double origine, l’ange et la bête, la lumière et l’animal, le ciel et la terre. Ainsi donc, d’après cette thèse, tous les animaux peuvent devenir des hommes, c’est à dire des humanoïdes doués de raison.

Outre les sirènes, il y a des hommes-poissons, comme le très antique Oannès de Mésopotamie, comme Viracocha, le dieu civilisateur  pré-Inca, sorti du lac Titicaca,  ou Nommo, le dieu civilisateur des Dogons, en Afrique de l’ouest. Et ce n’est pas tout. La mythologie grecque cite les sirènes, les chimères et les centaures.  Dans l’Odyssée d’Homère, la déesse Circé drogue les compagnons d’Ulysse pour les changer en porcs. Les panthéonsDu grec ancien pan+theos = « tous les dieux » égyptiens et hindous abondent en animaux doués de raison. 

 

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La plupart ont des pouvoirs divins : Horus le faucon, Anubis le chacal, Hanuman le singe, Ganesha l’éléphant, et combien d’autres reptiles, oiseaux, crocodiles, hippopotames ou vaches à qui des millions d’Hindous rendent un culte. Comme les dieux animaux de l’ancienne Egypte, tous les dieux animaux de l’Hindouïsme sont représentés avec une tête d’animal sur un corps d’homme. Les Aztèques adoraient Quetzalcoatl, le Serpent à Plumes, un homme à la peau blanche. Un homme qu’ils ont décrit comme un mélange de serpent et d’oiseau.

Est-ce un besoin récurrent chez l’homme de se comparer aux autres êtres vivants qui partagent avec lui cette planète ? Est-ce le souvenir archaïque d’un paradis perdu, beaucoup plus ancien que l’Eden biblique, où nous rampions sur le ventre grâce à notre peau couverte d’écailles ? L’homme a-t-il la mémoire secrète de son passé de dinosaure A voir la passion que ces gros lézards suscitent chez les enfants, on pourrait le croire.

Les enfants amis des dauphins se souviendraient-ils que ces charmants cétacés ont été nos alliés ? Il y a 80 ans, Walt Disney a créé un fabuleux bestiaire qui n’a pas fini de nous enchanter. Ses animaux tendrement humains évoquent-ils nos origines oubliées ? Est-ce vraiment un pur hasard si la magie de Disney éveille dans l’inconscient collectif les échos d’une très lointaine et très douce nostalgie ? 

Possible… Mais pas certain !

 

J’habite la demeure du possible. Elle a plus de portes et de fenêtres que la demeure de la raison.

Emily Dickinson

 

C’est une force que les forts qui ne l’ont pas appellent faiblesse, une sagesse que les sages qui ne l’ont pas appellent folie, une lumière que les aveugles qui ne l’ont pas appellent obscurité.
Lanza del Vasto