Es-tu de ceux que la vue des atrocités fait frémir de jouissance ? Offrir un spectacle répugnant à l’extrême, c’est aussi une fonction de l’art. Balayage des monstres enfouis, telle est l’alibi des films d’horreur. Le réalisateur se persuade que ses images provoquent une catharsis, un nettoyage où il évacue ses hantises. Et le spectateur fait de même. Murgenom commun féminin. (Populaire) Accès d’ivresse, cuite. ou purge ? Ruse ou excuse ? Le lecteur est seul juge.
L’auteur dit ça comme ça. Il y croit sans y croire. Derrière la caméra, il aime l’horreur jusqu’au vertige. Il prend un malin plaisir à se sortir les tripes. Regarde comme il jubile quand il te les jette à la face. Tu apprécie, toi aussi. Plaisir coupable. Tu vois ? Ces films rapportent du pognon, beaucoup. Et les nombreux addicts se foutent bien de la catharsis comme de la preuve par six, par neuf ou par trente-douze. Ils veulent voir souffrir. Du sang et des tripes jusqu’en haut de l’écran.
Jouissance !! L’attirance viscérale pour le sang chaud qui coule d’un ventre ouvert, la nappe rouge sombre qui s’étend autour d’un cadavre qui gargouille encore. Ce plaisir condamnable est tellement délectable. Plus la victime est innocente, plus on se régale. Quand l’horreur atteint son comble, on décroche. On en rit à gorge déployée. Dans les bottes de sept lieues du second degré, on se rassure à grandes enjambées : – Allons, c’est pour rire, c’est que de la bd !
Crois-le et marre-toi. Fais gaffe à ta propre gorge, qu’elle ne soit pas déployée sur le pavé sanglant.
Je ne juge pas, je condamne encore moins, qui suis-je pour le faire ? La justice est un sale métier que je laisse aux amateurs de saleté. Je ne fais pas non plus la morale. De quelle autorité tirerais-je le pouvoir de blâmer ? N’ayant pas cette liberté, je ne fais donc pas d’éloge flatteur. Qui sonde les âmes et les cœurs ne peut ni juger ni condamner quiconque. Qui connaît les épreuves, les coups et blessures que le corps et l’âme ont reçus, forcément compatit. On souffre avec ceux qu’on voit dans leur vérité.
Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur.
Imagine un peuple de voyants. Se connaissant par cœur, ils vivraient en parfaite harmonie. L’harmonie régnant, comment un trouble pourrait-il naître ? Voilà que je fais mon Candide, quand je devrais incarner Frère Jean des Entommures.
« En l’abbaye estoit pour lors un moine claustrier nommé frère Jean des Entommeures, jeune, guallant, frisque, de hayt, bien à dextre, hardy, adventureux, deliberé, hault, maigre, bien fendu de gueule, bien advantagé en nez, beau despecheur d’heures, beau desbrideur de messes, beau descroteur de vigiles, pour tout dire sommairement, vray moyne si oncques en feut depuys que le monde moynant moyna de moynerie. Au reste, clerc jusques es dents en matiere de breviaire »
« Il y avait dans l’abbaye un moine claustriercloîtré nommé Frère Jean des Entamures, jeune, vaillant, gaillard, joyeux, bien habile, hardi, aventureux, résolu, haut, maigre, la gueule bien fendue, le nez avantageux, beau bâcleur de prières, beau débrideur de messes, beau décrotteur de vigiles, pour tout dire sommairement, vrai moine, si jamais il en fut depuis que le monde moinant moina de moinerie. Au reste savant jusqu’aux dents en matière de bréviaire. » (François Rabelais, Gargantua, 1542)
Ce moine claustrier ne resta pas cloîtré longtemps, puisqu’il suivit Gargantua dans ses gargantuesques aventures dont je ne saurais trop prescrire la lecture.
Ce conte philosophique de Voltaire a pour héros un jeune homme, Candide, vivant chez son oncle. Il y est éduqué par un précepteur philosophe, Pangloss, qui suit la théorie de Leibnitz : « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles« . Candide est d’accord. Mais quand son oncle le chasse parce qu’il embrassait sa cousine Cunégonde, Candide change d’opinion. Il part vers l’inconnu et traversera une série d’épreuves avant de retrouver Pangloss et Cunégonde. À la fin du conte, tous trois se contentent de « cultiver leur jardin » sans se mêler des affaires du monde.
Ses racines plongent très loin dans le passé. Même oublié, ce terrible passé dicte nos pulsions. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’admette ou pas, ce passé glacé crée la matrice qui nous meut. La motrice qui nous mate. Son énoncé tient en quatre mots : nous descendons des reptiliens.
Le reptile est en nous. Il niche au cœur de notre cerveau, il est le cerveau de notre cœur. Ses impulsions nous sont perceptibles. Même si nous n’en sommes pas conscients, elles remontent des profondeurs de l’inconscient. Ce sont elles qui nous poussent vers l’horreur, le sang, le meurtre, l’envie de tuer ou de mourir. Le dragon est violent, il a le goût du sang.
Tous les reptiliens lui ressemblent. Le tyrannosaure qui démembre et décapite un tigre aux dents de sabre, le serpent primordial à la mâchoire assez extensible pour gober un monde, le venin et la bave infecte qui réunit toutes les souillures, toutes les abominationspar Denfert, les turpitudes, les infamies, les immondices, tout ce qui dégoûte, écœure, repousse, choque, terrifie, révulse, répugne, ce qui fait gerber ou caguer, ce qui fait horreur ou scandale, ce qui fait semblant.
Pour expulser cette paternité dégueu, on s’abreuve de nos dégoûts. Les films d’horreur dédramatisent l’horrible ascendance. Catharsis ou exutoire, la purge permet aux violents de ne pas passer à l’acte, contre les autres ou contre eux-mêmes. Violents sans violence, loups sous la peau de l’agneau, fauves endormis, volcans inoffensifs qui peuvent se réveiller d’un coup, nous sommes tous soumis à des pressions, pulsions, passions extrêmes. Impossible de les gérer en douceur. Les contes à l’eau de rose, les historiettes, les films d’amour fleuri ne peuvent nous débarrasser de la haine. Viscérale, elle nous anime, logo de notre époque enténébrée.
Pour guérir, pour éviter l’acte, nous avons besoin d’électrochocs : les films d’horreur. Loin de nous inspirer le dégoût, ils nous innocentent. Ils nous absolvent des péchés que nous n’avons pas commis. Les crimes sanglants nous sont remis. Pardonnés les excès de nos lointains géniteurs, les antiques serpents des étoiles. Voilà pourquoi nous aimons ça. Nous en avons un terrible besoin.
Est-ce à dire que ceux qui, comme moi, ont horreur de l’horreur, sont des criminels potentiels ? Ils ont aussi un cerveau reptilien. Donc l’horreur est en eux comme dans tous les autres. Refusant les films d’horreur, privés de catharsis, passeront-ils à l’acte ? Ont-ils plus de risques de le faire que les addicts aux scary movies ? Je ne sais pas. Aucune étude, aucune statistique sur cette question, qui n’est qu’une hypothèse. La science médicale n’en a pas connaissance. Vous en avez la primeur. Faites-en bon usage.
Je parle pour dans vingt siècles et je prends date, chantait Léo Ferré. Plus modeste ou moins doué que lui, je me contente de parler pour le siècle prochain. Je prépare le 22e siècle. S’il a lieu. Ceux qui m’apprécient déjà sont très en avance sur l’époque qui n’encense que les piètres ou les pitres.
Mes écrits sont un fil d’Ariane auquel s’accrochent ma thèse et vous. Thésée vous. Parfois, n’est-ce pas, j’ai du mal à tenir le fil. Il s’envole tout seul et je reste en plan. L’histoire se poursuit sans moi et l’auteur comme un con devra bien s’en passer. Et ceux-là sans savoir la regardent passer.Louis Aragon
Le fil est envolé que j’ai laissé filer. Attendre qu’un autre arrive, que le premier fil revienne ou que mon cœur éclate. Rien ne sert de courir, il vaudrait mieux en rire. Souvenirs, maintenant ! J’ai dix-sept ans, une feuille et des crayons. Pour tuer le temps, je fais comme Aragon. Du moins j’essaie, avec ou sans succès.
Aragon lançait souvent
Son refrain au vent
Je veux chanter comme il fit
Quand il écrivit
Au café de Saint Germain
Les mots m’ont pris par la main
Dort l’immaculée copie
De géométrie
N’ai pu sur alpha sur pi
Me fixer l’esprit
Et sans attendre à demain
Les mots m’ont pris par la main
Commence un cœur près d’aimer
Parmi la fumée
Le brouillard des nuits glacées
Des corps enlacés
À découvrir le chemin
Les mots m’ont pris par la main
Dans le foyer du passé
Hier finissait
De noircir se consumer
Et toi tu dormais
Pour vêtir le parchemin
Les mots m’ont pris par la main
Le sablier tournera
Autour de nos bras
Faisant sous un ciel de mai
L’amour à jamais
Devant ce printemps romain
Les mots m’ont pris par la main
(source)XS, Paris, mai 1967
En ces temps de discorde, de vengeance, de rapines, de destructions, en ces temps dégoûtants, déconcertants, débilitants, je crie comme un con d’impuissant. Je hurle aux quatre vents sans le moindre espoir d’être entendu, car l’espoir ne vaut rien. Quand on n’a plus d’espoir, reste le vouloir. Je braille avec la ferme intention d’être entendu, d’être ouï. Mais oui.
Quand tu auras désappris d’espérer, je t’apprendrai à vouloir.
Face à l’haine, nous avons l’antidote. Il s’appelle amour inconditionnel. Quand un sage se tait, un con dit cionnel. Si on l’est, qu’on dise ionnel. J’ai l’air d’un con ? Vrai. Suis-je un con ? Possible. Mon but, le seul but digne d’un héros con-pléonasme -vaincu de son bon droit, c’est l’ardent rire. L’art d’en rire qui tue pour rire et qui fait tant de bien.
La soluce ? Elle est là. Aime. M. Emme. Il suffit de remonter d’une seule lettre dans l’alphabet pour que haine devienne aime. M, n, o, p, q, r, s, t ? Aime haine au pq est resté. ? Eau et nem. On aime.
Le moyen ? Tu le connais, tu t’en sers déjà. Les ondes scalaires, je l’ai dit. Sauf qu’au lieu d’émettre à 21h tous les jours, on va tâcher d’émettre tout le temps. Plus longtemps. Tu émets, t’attends. T’as temps. Tout le temps t’as tout ton temps. Si tu veux que l’onde soit plus efficace, allonge-toi. Émets dans un demi sommeil. Demie veille de l’abeille dont l’amour miel est sans pareil. L’amour est la seule énergie dispensée d’économies. L’essence n’a qu’un sens, quand l’amour court toujours. Remue-toi dans ses bras. Sois vraiment toi.
Merde, il s’agit de sauver le monde. Ça vaut le coup de se sortir les doigts. Crois : il te faut croitre et croire à la fois. Tu dois. Oui toi.
D’ici vers partout, j’envoie la demande aux guerriers de se mettre à émettre, maintenant et toujours, le doux refrain d’amour. Il va casser le mur qui bloque et d’un coup se disloque. Refrain sans frein.
L’urgence : réparer, restaurer, reconstruire ce qui a brûlé. Rebâtir la confiance, la sérénité, l’affection sincère, la solidarité vraie. Cet amour-là passe par les ondes scalaires. Nous mettre tous ensemble pour émettre, envoyer, diffuser sans répit un chant d’amour inconditionnel pour panser les blessures et calmer les peurs.
Je suis un doux qui choque. Avec moi, fou cinoque à moitié dingue engagé ravagé, très foutu, très âgé, entonne ce refrain d’amour sans queue ni fin. Qui fait vraiment du bien. Comme il revient de loin pour s’épanouir demain et pour toujours, enfin ! On peut rêver ? Non. On doit rêver. À moi les clairvoyants ! À moi les sensitifs ! Nous pouvons le faire, alors faisons-le. Pas de question, pas d’hésitation. À moi l’amour d’Our ! Que ton règne vienne !
En ces temps de haine, l’amour pleut sur les plaies ses chapelets de douceur. Couplet qui plaît. Le kif complet. Aime tes frères, tes sœurs. Aime les sans-père, aime les sans-cœur. Ils l’ont perdu dans la bataille. Aime la canaille. Plus que tout, elle a besoin de toi, de tes ondes qui ne coûtent rien mais qui donnent beaucoup. Aime en grand, ça vaut le coup.
Pas seulement le soir, aime aussi le matin, le midi, le bonheur à toute heure. Comptons-nous : le nombre des aimants va compter. La Terre aimantée par l’amour scalaire est la sœur de tes frères. Vers le haut, la terre prendra l’air au lieu de prendre l’eau. Le beau salaire de l’air. Ça ne tient qu’à toi.
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)
En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
Le symbole suggère, l'image montre. Que montre le caducée, arme d'Hermès ?
Ils viennent de la littérature, de la bd, de la pop, de ce qui court,…
Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.