Infortuné qui brûle de t’engager sur le chemin de toi-même, réfléchis à deux fois. Avant d’entrer en toi, hésite. N’y va pas. Tourne ta langue sept fois. Le oui c’est pour la vie. Qui le dit, ne peut changer d’avis. Avant de t’engager dans la vie intérieure, regarde le monde visible, ses gadgets et ses plaisirs. S’il t’attire encore, renonce à cette vie de guerrier qui n’est pas faite pour toi.
Sous le signe du oui
Le oui est un puissant mantra. Ainsi le guerrier intrépide qui descend dans l’inframonde ne court aucun danger tant qu’il évite de dire oui aux créatures d’en bas. Sitôt dit, c’est fini pour lui. Il a signé de son sang le pacte avec les diables. Il s’est engagé pour la vie à séjourner dans les plans inférieurs, jouissant d’aisance matérielle, fortune, luxe, volupté… Mais à jamais privé de soi, de la possibilité de grandir, de s’élever au sommet de lui-même, il ne peut développer la graine divine qui germait en lui avant le oui fatidique. Le dieu en puissance n’est plus qu’un beau diable.
Oui.
Quand mon benefactor m’a fait passer mon arcane XIII dans les années 90, il m’a mis ce marché en main. Soit tu me payes pour mon temps, soit tu t’engages à faire passer l’arcane XIII à d’autres, le moment venu. En ce cas, tu ne me devras rien.
Il avait reçu cette initiation quelques années plus tôt d’un gitan de Lyon qui lui avait dit la même chose. Ainsi tourne la roue des compagnons passants du Loup. Il en faut, il en faudra. De cette manière, il y en aura toujours.
Oui.
Je savais déjà que je voulais faire ça. C’était ma voie. Mon choix. Je me suis engagé à agir à mon tour, plus tard, quand je serai prêt. Mon benefactor n’en demandait pas plus, je l’ai payé quand même. J’étais riche à l’époque.
Pas lui.
Pendant plus de 15 ans, j’ai fait tourner la roue du temps. J’ai reçu, choyé, délivré des dizaines de compagnons soucieux d’atteindre la maîtrise. Des inconnus venus par la grâce du bouche à oreille. Au début j’ai pratiqué le rituel que mon benefactor m’avait enseigné. Je ne le propose pas à n’importe qui. Quand on me fait la demande, il faut être prêt pour le saut dans le vide. C’en est un.
Oui.
On doit en avoir marre, disait Flornoy. Et ce n’est pas assez. Il faut qu’on soit au bout du rouleau. Le moment où tu en as marre d’en avoir marre. Prêt à tout pour changer de peau. Changer de tête. Changer de famille. Changer de maison. Changer de vie. Changer de sexe. Changer de pays. Tu rayeras les mentions inutiles.
Le don de l’Aigle
J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne mon destin. Et je ne m’accroche à rien, pour n’avoir rien à défendre. Je n’ai pas de pensées, pour être capable de voir. Je ne crains rien, afin de me souvenir de moi-même. L’Aigle me laissera passer, serein et détaché, jusqu’à la liberté.
Le feu du dedans
Un guerrier brûle. Sa vie est feu. Vivant et mort, il est feu. Il est tantôt l’incendie dévorant qui lance ses escarbilles aux étoiles, tantôt le feu de camp qui danse avec les braves, tantôt le feu dompté qui cuit les aliments. Ce qui brûle aujourd’hui n’est plus le combustible d’hier. Il n’y a qu’un seul arcane majeur qui demande assistance. Tous les autres se franchissent seul, disait mon benefactor.
Il parlait de l’arcane XIII. C’était vrai il y a 30 ans, ça n’est plus valable. Le vivant évolue sans cesse, tout se périme, tout doit se renouveler. L’arcane XIII se traverse maintenant sans douleur, voire sans conscience. L’énergie bloquée par les engrammes se trouve libérée sans que le guerrier ait connaissance du contenu engrammique. C’est un vrai cadeau. Jadis on était obligé de bouffer ses engrammes à la petite cuillère, vrai supplice de Tantale. Dix fois s’il le fallait, le maître passant te faisait repasser par les chemins tortueux de ton passé, d’abord pour effacer la douleur, ensuite pour pardonner. Pardonner aux bourreaux et surtout te pardonner à toi-même. La victime est d’abord un bourreau qui s’ignore.
Je ne donne plus cette initiation, les petits mystères se dénouent d’eux-mêmes. Les engrammes sont nettoyés, l’inconscient fait le ménage et le moi continue son chemin sans catharsis spectaculaire comme c’était le cas hier. Mais on récupère la même quantité d’énergie, c’est l’important. La physique nous enseigne qu’il n’y a pas de d’énergie sans information. Je suppose que la mémoire reviendra doucement, sans heurt, au fil du temps. Je constate qu’elle revient chez ceux que je côtoie. Je ne suis que le spectateur d’une initiation qui se vit seul, sans témoin, sans vacarme. Et c’est mieux ainsi.
Aujourd’hui c’est l’arcane XVI Maison Dieu qui demande un coup de pouce extérieur. Je me demande bien pourquoi il faut maintenant des semaines, voire des mois pour entrer dans sa lumière intérieure, s’enflammer comme une torche et brûler d’amour, d’énergie, de pouvoir, de savoir, de magie et d’enthousiasme. Nous étions plus expéditif. La Maison Dieu pour moi n’a durée qu’une journée.
Vous êtes plus méthodiques et moins pressés. Moins résolus aussi. Vous aimez observer, questionner, vous tâter, hésiter, aller, venir, y revenir et tout à coup partir. Il semble que ce cap en retienne plus d’un. Il est pourtant si facile à franchir pour qui sait par où passer ! J’ai mis au point plusieurs formules de stages initiatiques dont voici les grandes lignes :
L’usage du point d’assemblage.
Portrait robot d’un demandeur
Infortuné qui t’engages sur le chemin de toi-même, as-tu idée des obstacles qui s’amassent sur ta route ? Oublie. Renonce à cette folie, cette entreprise vouée à l’échec, délire irréaliste, absurde, impossible. La quête de soi-même ? Des conneries ! Des mots, du vent !!
Crois-tu vraiment ?
Tu as entre 32 et 42 ans, tu sens un poids en toi qui t’oppresse, trop de questions sans réponse, peu d’écoute autour de toi, d’ailleurs à qui pourrais-tu parler ? Qui pourrait te comprendre ? Tu t’es toujours senti(e) si différent(e) de tes amis et connaissances. Même dans ta famille tu ne dis rien de tes vraies préoccupations, parce que personne ne se parle, et de toute façon qui comprendrait de quoi tu parles ? Ça se retournerait vite contre toi.
Tu as peur d’aimer, de montrer ton amour à ceux que tu aimes, de prononcer ces simples mots « je t’aime« . Tu as peur de vivre au chant du soleil. À la lumière du cœur. Je peux te montrer des chemins faciles, des sentiers ardus, des falaises difficiles. Tu les grimperas ou pas, chacun choisit sa vie à chaque instant — le guerrier en premier.
Veux-tu vivre en guerrier ? Chercher la lumière au milieu des démons ? Peux-tu vaincre la peur ? Maîtriser la clarté ? Juguler les pouvoirs ? Repousser la vieillesse ?
Veux-tu que ta vie soit un feu dévorant ? Veux-tu lancer ta vie au vent ? Te sens-tu de taille à subir les assauts répétés du doute ? De supporter la faim que rien ne rassasie, le dur désir de voir, de savoir, de comprendre, de dépasser la peur d’aimer.
Refuse, accepte, c’est ton choix. Pas de blâme. Pas de jugement. Pas de regard critique, pas de remarque acerbe, aucune remontrance, tout est pardonné. Tu viens, tu es mon frère, ma sœur. Tu ne viens pas, qui le saura ? Pas moi.
Il existe un dernier espace où l’aventure frissonne encore. Où les risques multiples sont toujours inattendus. Là-bas, pas de route, pas de carte, pas de GPS, pas de jalons, pas de trace. Là-bas, tu tiens ta vie entre tes mains. Tu regardes ta mort dans les yeux. Quel est ce lieu ? Cherche en toi.
Ceux qui s’en vont — Plaidoyer pour les dieux d’avant — Le chemin vers toi —