Dans la mythologie grecque, j’ai conté l’histoire du dieu Orphée qui va rechercher sa bien-aimée dans le monde des morts. L’enfer et le monde sont reliés, nous dit cette légende et quelques autres du même acabit. Les deux mondes communiquent.

Le fait très présent dans le monde antique. On voit que le passage entre les deux mondes peut se faire facilement dans les deux sens. Je crois que ce monde des morts est un monde comme le nôtre. Comment Eurydice pourrait-elle être morte, puisqu’elle est de nature divine ? En effet, Eurydice est une dryade.Ne pas confondre avec une grillade. Aucun rapport. « Les dryades sont, dans la mythologie grecque, les nymphes (des divinités mineures) liées aux arbres en général et plus particulièrement aux chênes. » (source)

N’étant pas dieu moi-même, j’ose être amoureux des dryades. Avec Idéfix et Ronsard, je pleure quand un bel arbre est abattu.

Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras.
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas.
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force,
Des nymphes qui vivaient dessous la rude écorce ? (source)Pierre de Ronsard Elégies, XXIV, Contre les bûcherons de la forêt de Gastine

 

 

Ces nymphes, déesses des arbres, ce sont les dryades. Eurydice était l’une d’elle. De deux choses l’une : soit Eurydice n’est pas morte et dans ce cas les Enfers sont un monde comme le nôtre où elle est retenue prisonnière, soit les dieux sont mortels, ce qui selon moi est plus que possible. Mais ce n’est pas le sujet.

Je suis quant à moi persuadé que l’enfer, ou plutôt les Enfers gréco-romains ne désignaient pas le pays des morts. Il évoquait ce monde sous nos pieds, l’Agartha des légendes, le Sidhe des Tuatha dé Danaan, l’Amenta des anciens Egyptiens, l’Abzu des Sumériens, Macuxi des Amérindiens.

On pourrait même y ajouter l’Atlantide de Platon, puisque le philosophe croit que cette île s’est engloutie dans l’océan atlantique. Ce qui ne prouve rien, car le vieux Platon a accumulé les incompris : le mythe de la caverne, le ciel des intelligibles, le logos, on dirait que l’élève qu’il fut n’a pas compris l’enseignement des Druides.

L’enfer gréco-latin n’est pas un lieu de mort, mais de vie. Il s’agit d’un des trois mondes où peuvent vivre les humains. Sur chacun de ces trois mondes règne un dieu tout puissant. Notre monde est gouverné par Zeus Dieu. Le monde de la mer est sous les ordres de Poséïdon. Et le monde du dessous administré par Hadès, que les Egyptiens appelaient Teuth Hadès, et les Gaulois Toutatis.

On a vu que Poséïdon a eu un successeur : Atlas a dirigé l’Atlantide après la mort de son père. Devenir roi de père en fils est donc une institution divine, que les humains ont pieusement imitée, comme ils l’ont fait pour toutes les autres.

La base même de notre civilisation humaine est tissée de fil d’or, la règle divine et universelle que nous ont enseigné les anciens astronautes, visiteurs surhumains venus de l’étoile Alcor, dans la constellation de la Grande Ourse.

Si ces trois mondes sont bel et bien habités par des vivants comme nous, pourquoi donc les Grecs et les Romains en ont-ils fait le séjour des morts ? La réponse est fort simple. Le monde souterrain cache des secrets qui ne peuvent être révélés aux simples mortels. Tous les vivants qui s’y aventurent ne peuvent en ressortir. Ne les voyant pas revenir, les Anciens les tenaient pour morts.

 

 

Il y a au moins deux autres occurrences mythologiques de cette interdiction de se retourner en quittant un lieu sacré. Ou dangereux. On se souvient de l’épisode biblique de Sodome, quand la femme de Loth se retourne malgré l’interdiction formelle donnée par Yahveh. Elle voit Sodome en flammes et les radiations de l’explosion divine la transforme en bloc de sel.

Très loin de là, dans la culture populaire du Japon, il y a aussi l’épisode de Narayama. Palme d’Or à Cannes en 1983, La ballade de Narayama de Shohei Imamura fait état de cette terrible coutume japonaise qui consistait à abandonner les anciens dans la montagne dès qu’ils étaient trop vieux pour aider aux tâches domestiques.

Devenus un poids pour leur famille et la communauté, les vieux devaient se rendre jusqu’au sommet portés sur le dos de leur fils aîné. Arrivé en haut, le fils faisait descendre son parent et l’abandonnait sur place, avec l’interdiction de se retourner. Le film détaille chaque aspect de cette coutume et nourrit une réflexion sur le laisser-partir qui fait comprendre bien des choses.

Le parallèle avec le mythe d’Orphée aux enfers est saisissant. Dans les deux cas, il s’agit du vrai monde des vivants opposé au monde religieux des morts, ou à son antichambre dans le cas de Narayama. Sauf que les vieux qui meurent sur la Montagne de l’Ouest ne reviennent jamais parmi nous. Alors qu’on sort comme on veut des enfers gréco-latins…

Je crois que l’enfer des anciens est un monde comme le nôtre. Je crois que des êtres supérieurs vivent sous nos pieds, dans les gigantesques profondeurs de notre planète. Je crois que le monde de Teuth Hadès ou Toutatis est peuplé depuis l’aube des temps. Notre humanité n’existait pas encore que ce monde souterrain était déjà habité.

Mieux que ça : je crois que toutes les planètes sont creuses, comme leurs satellites, et qu’elles offrent un environnement et un biotope beaucoup plus agréable que leur surface. Et beaucoup plus sûre, plus discrète, mieux protégée.

Voulez-vous que je vous dise ? Les humains cherchent une planète habitable près d’une autre étoile, donc forcément très loin de nous, quasiment inaccessible, alors qu’un vaste monde dort juste sous nos pieds.

Un monde tout à fait aménagé, avec un vaste océan d’eau douce, un cristal central qui diffuse une douce lueur, suffisante pour faire pousser des fruits, des arbres, des moissons, des récoltes, des pâturages où paissent de gigantesques dinosaures herbivores que nos scientifiques tiennent pour disparus depuis 60 millions d’années et des patates.

Un monde parfaitement habitable, malheureusement déjà habité.

 

 

Plutôt que de traverser l’espace pendant des mois pour terraformer en paradis (!) un caillou stérile dédié au dieu de la guerre et au mois des giboulées, mes frères humains feraient mieux de regarder sous leurs pieds, dans le ventre de Gé, notre mère la terre. Ouais, ils feraient mieux. Ça grouille de vie là-dedans. Et il y a de la place à tous les étages!

La question c’est : voudront-ils de nous ? Ont-ils envie de supporter une invasion de sauterelles humaines ? C’est qu’on est si nombreux à la surface. Squatters sur le toit…

 

Xavier Séguin

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Xavier Séguin

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