Terra-formateurs

 

Ils ont détourné des fleuves, asséché des marais, déplacé des montagnes, sculpté des falaises et modelé des vallées. Sur la bonne terre de Terra, ils ont semé des graines de chez eux. Ils ont créé des espèces animales, conçu des êtres intelligents pour gérer Terra après leur départ. Les Terraformeurs sont toujours présents : ils nous enseignent encore toutes les nuits.

 

Témoignage 1

La première nuit où j’ai vécu cela remonte à l’enfance. Chaque soir j’avais hâte de les retrouver, ces êtres adorables, tout sourire dehors, qui prenaient l’apparence de jouets téléguidés pour mieux séduire les gamins d’après guerre. Comment font-ils aujourd’hui ? Sûrement pareil, avec des nuances… Je les ai perdus de vue à l’adolescence, captivé par des réalités plus charnelles. Vingt ans après, ils se sont manifestés à nouveau. D’abord discréto, puis avec insistance. Ils venaient toutes les nuits. Je ne me souvenais pas de tous mes rêves, peu le peuvent. Mais je savais de science certaine qu’ils m’enseignaient sans relâche.

Je suis persuadé qu’ils n’ont pas cessé à mon adolescence. C’est moi qui ne les captais plus. Autres centres d’intérêt. Je suis sûr qu’ils nous enseignent tous, toutes les nuits. Je suis sûr qu’au creux des rêves oubliés gisent tous le secrets qu’ils nous ont confiés. Explorer le sommeil est la grande tâche qui attend les futurs explorateurs.

Timidement, sans y croire vraiment, j’ai commencé cette exploration. En 2017, j’ai lancé un programme quotidien d’émission-réception d’ondes scalaires. Il a regroupé jusqu’à 500 participants répartis dans 18 pays. Il se poursuit encore, mais je n’ai guère d’échos des participants. Et je le déplore. Souhaitons que cet appel parvienne à leurs oreilles. Que dis-je à leurs oreilles ? Sous leurs yeux ! Cet appel est écrit !

Oui, c’est vrai. Mais je vais te dire un secret. Je n’écris pas. Je parle. Et c’est ma voix qui parvient à tes oreilles à mesure que tu lis mes mots. Fais le test. Choisis une mienne image qui t’a touché. Contemple-la. Encore. Médite sur cette image. Au bout d’un temps, ma voix sera dans ta tête. Tu l’entendras. Et tu croiras ce qu’elle te dira.

Les naguals et certains chamanes font ça. Des sensitifs, des sorciers, des hypnotiseurs le font aussi. Ils parlent dans ta tête quand tu touches un objet qui leur appartient. Comme tes yeux touchent mon site, ta tête entend ma voix. C’est aussi simple que ça.

 

 

Notre histoire vécue

Chaque nuit, sous l’écran de nos rêves, ils nous font revivre l’histoire du monde. De Terra. Mais aussi d’Ur leur planète d’origine, d’Alcor leur soleil, de la Grande Ourse, leur constellation. Le patriarche Hénoch parle de visiteurs venus du ciel et « du ciel qui est après le ciel« . Il nous a conté ses incroyables aventures en leur compagnie : « J’ai vécu 365 années sur Terra, nous dit-il. Puis j’ai vécu autant d’années sur Ur d’Alcor, chez nos maîtres. Et je suis revenu ici-bas où je compte bien vivre autant.« 

Chaque matin, nous avons tout oublié. Au réveil, le cerveau maquille nos rêves en y mêlant des scènes et des personnes de notre vie quotidienne, c’est l’habillage des perceptions. Mais notre inconscient, lui, ne déforme rien, enregistre tout et peut nous restituer le moindre détail de notre passé… et du passé de notre lignée, voire de notre espèce !

C’est enfoui en toi, à demi endormi dans les limbes qui précèdent la claire conscience. Un conteur t’en parle, un film l’évoque, un roman s’y aventure et crac ! Tu vois surgir un écho, une impression de déjà-vu te fait adhérer au récit, aussi incroyable soit-il. Tu le sais depuis toujours, tu l’avais juste oublié. Les dieux d’avant te l’ont raconté nuit après nuit, mais leur enseignement ne nous est pas accessible à l’état de veille. Seuls les naguals savent passer d’un monde à l’autre bien éveillés. C’est leur talent, qui leur permet aussi d’y emmener des gens.

Nul ne peut rien vous apprendre à part ce qui repose à demi endormi dans l’aube de votre connaissance. (Khalil Gibran)

 

Témoignage 2

Comment font-ils ? Pour eux c’est simplissime. Il leur suffit d’exercer une infime poussée sur un point lumineux à l’arrière de l’aura, le PA ou Point d’Assemblage bouge un peu, tout petit peu, le monde change. Le plus difficile est d’apprendre à doser cette poussée très légère. Trop de force envoie l’apprenti à l’autre bout du multivers, sans possibilité de revenir par ses propres moyens. Si le Nagual n’a pas eu le réflexe de s’accrocher à son apprenti, il ne pourra pas le retrouver dans cette immensité là-dehors. L’apprenti est perdu. La responsabilité du Nagual sera entière dans cette disparition.

En Europe, aucun Nagual ne joue à ça. Je n’ai connu qu’un novice assez irresponsable pour envoyer balader hors de son corps une grand-mère qui n’avait rien demandé. Il avait appris à faire ça ailleurs, et depuis il jouait à propulser les naïfs dans des mondes improbables. J’ai jeté ce triste con à coups de pompes dans le train pour rentrer chez lui.

 

 

Avant de vider cette tête de con, j’ai ramé un bon quart d’heure pour ramener avec nous cette pauvre femme toute tremblante, pendant que le responsable ricanait avec un autre stagiaire. J’ai arrêté les Rencontres à la suite de cet incident qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Et ce con, s’il me lit, comprendra pourquoi sa chance a tourné.

Méfie-toi très fort Ducon. Je suis protégé. Qui s’en prend à mes invités s’en prend à moi, et qui s’en prend à moi s’en prend plein la gueule.

« Méfiage, méfiage. Faisez gaffe à vos culs les balourds. » (Bérurier)Alexandre-Benoît Bérurier, parfois surnommé Béru, est un personnage de la série de romans policiers San-Antonio.

 

Ces gens-là

Ces gens-là sont venus de loin. Ils ont pris leurs quartiers dans le système solaire, ils occupent la lune intérieure, et quelques lunes de Saturne et de Jupiter. Ils avaient aussi terraformé la planète Mars, mais un accident –explosion, comète, collision…- a arraché le manteau martien. Cette planète n’est plus terraformable selon les critères des dieux d’avant, qui sont super pros. Ils terraforment des planètes depuis plusieurs milliards d’années !

Quand ils ont fini une terraformation, ils rentrent chez eux à bord d’un vaisseau-mère qui fait la taille de la planète Vénus. Mais ils laissent une arrière-garde chargée de veiller sur leurs aménagements, au nombre desquels figurent les espèces animales et nous-mêmes. Ils ne se préoccupent pas vraiment des individus, ils protègent seulement les groupes, les races, les lignées, tout ce qui porte haut le sceau de leur antique intervention génétique.

Tout ce qu’ils ont fait est sacrée. Comme Terra, notre planète, est un exemple particulièrement réussi de terraformation et d’aménagement paysager, elle attire un grand nombre de visiteurs extraterrestres. Il leur suffit de prendre l’apparence humaine pour passer inaperçus. La plupart des aliens ayant le même corps que nous, les changements sont minimes.

Ces gens-là nous enseignent sans cesse. Ils sont télépathes. Rien de plus facile pour eux que de déposer des idées, des images, des émotions dans nos pauvres corps/esprits perméables. Ils sont nos maîtres, et ne se privent pas d’abuser de leur statut. Le respect du libre-arbitre de leurs créatures ne figure pas dans leur règlement interne. Les Grands Dieux du Centre Galactique leur ont interdit de nous aider directement. L’humanité doit faire ses preuves sans tutelle. Nos maîtres ont fait semblant de partir, mais je t’en fous, ils veillent sur nous. Ils nous surveillent. Ils attendent qu’on se réveille.

Ils nous chouchoutent en cachette. Ils nous forment. Ils nous réforment. Ils nous déforment.

 

 

Et nos formateurs nous formatent.

 

Qui donc a besoin de Dieu ? Pas moi, en tout cas.
Stef Kervor