Le pouvoir personnel

 

« Un guerrier est impeccable s’il a confiance en son pouvoir personnel, qu’il soit insignifiant ou considérable. » (source) Tout est dit. Ton impeccabilité s’appelle confiance en toi. Non pas confiance dans ton ego de merde, plus vite il te lâchera, mieux tu te porteras, et plus longtemps tu vivras. Confiance dans ton moi supérieur, ton double éthérique, ton âme, ton dieu intérieur, l’esprit saint, ton ange gardien ou quel que soit le nom que tu TE donnes.

 

Impeccable

Être impeccable, c’est faire confiance à son pouvoir personnel. Juan Matus, le benefactor et l’initiateur de Carlos Castaneda, nous donne cette définition succincte et terrible. Il n’a rien d’autre à ajouter. Cette porte ouverte donne sur d’autres portes, innombrables, qui s’ouvriront à leur tour. Et cesse de te tracasser sur ceci ou cela, sauras-tu, sauras-tu pas, vas-tu t’en tirer vivant ? Vas-tu sauver ta peau ? Et celle de ton ami, et de ta copine, et la mienne, la sienne aussi ? Qui s’en soucie ? Pas le guerrier en tout cas.

« Un guerrier agit comme s’il savait ce qu’il faut faire, alors qu’en réalité, il n’en sait rien, » dit Juan Matus. Il répète plusieurs fois la phrase pour que Carlos s’en souvienne. (source) Croire en ton pouvoir. C’est important. Mais à double tranchant. Ne va pas t’illusionner non plus sur ta puissance. Savoir que tu as un pouvoir personnel, sans exagérer, en le banalisant, mais le savoir toujours. Et te voilà prêt à comprendre les dix clés de la sorcellerie.

 

Indisponible

Ensuite, le vrai boulot commence. À toi de développer ce pouvoir à force d’impeccabilité. D’abord, ce pouvoir va œuvrer à te rendre inaccessible. C’est la première qualité du guerrier, c’est à ça qu’on le reconnait d’abord. « Le guerrier est inaccessible parce qu’il ne déforme pas le monde en le pressant. Il le capte un tout petit peu, y reste aussi longtemps qu’il en a besoin et alors s’en va rapidement en laissant à peine la trace de son passage, » dit Don Juan. (source)Carlos Castaneda, Le voyage à Ixtlan, p. 75

Être inaccessible permet au guerrier de se rendre indisponible. Ce qui tue le guerrier, c’est la perpétuelle disponibilité qu’exige la société moderne et son mode de vie exhibi.et même sioniste ! Devenir indisponible, effacer son histoire personnelle, gommer les aspérités gravées en toi par ton vécu, voilà la première tâche à laquelle tu t’attelles, guerrier mon frère. C’est un lâcher-prise indispensable, ce n’est pas un laisser-aller.

« Un guerrier ne se laisse aller à rien, même pas à sa mort. Un guerrier n’est jamais un partenaire bénévole. Un guerrier n’est pas disponible. » (source)Carlos Castaneda, Voir, p.176

Il laisse les autres courir après leur forme, après leur femme, après leur vie. Il écoute les bruits du monde comme l’enfant écoute la mer au creux d’un coquillage. Il se dit : Puisque je suis un apprenti / Qui n’a de maître que la Vie. Si des pensées l’importunent, il se répète ces deux vers, encore. Et doucement, à la façon des vers de terre, ils vont ronger ses pensées jusqu’à les faire disparaître. Ainsi font les vers de l’air.

 

 

Indifférent

Il laisse courir. Rien n’est plus son problème, tout est dans les mains du Vivant. L’Énergie est inépuisable, l’Intention peut tout. « La chose la plus dure au monde pour un guerrier, c’est de laisser les autres tranquilles. » Non seulement un guerrier s’occupe de ses propres affaires, mais si quelqu’un a besoin d’un traitement, le guerrier s’assure que le demandeur est sincère et veut vraiment guérir. Le libre arbitre est la loi ici-bas.

Encore un point commun entre nagualisme et bouddhisme. Occupe-toi de toi-même, c’est là qu’il y a urgence. Et laisse les autres vivre leur vie comme ils l’entendent. N’interviens pas dans le destin de quiconque, serait-ce celui d’un escargot. « Les guerriers de la liberté totale ont pour seul objectif la libération ultime qui survient lorsqu’on accède à la conscience totale, lorsqu’on entre dans la tierce attention, lorsqu’on allume le feu du dedans. » (source)Carlos Castaneda, Le Feu du dedans, p. 127

L’indifférence n’est pas la cruauté. Le guerrier peut très bien être une personne chaleureuse, amicale, sincèrement préoccupée de ce qui vous arrive. C’est sa folie ordinaire. L’art du traqueur est d’abord de se traquer soi-même. pendant un certain temps, il devient chaleureux, amical, sincère. Mais l’instant suivant il sera différent.

« Les guerriers sont incapables d’éprouver de la compassion, parce qu’ils ne s’apitoient plus sur eux-mêmes. Sans la force agissante de l’apitoiement sur soi-même, la compassion n’a plus de sens. » (source)Carlos Castaneda, La Force du Silence, p. 47

 

Petite Fumée

Est-ce à dire qu’on ne peut pas vivre avec un guerrier ou une guerrière ? Si vous ne l’êtes pas vous-même, ce sera difficile. Voire impossible. Vous vivrez séparés par une vitre étanche. Vos montres n’indiqueront jamais la même heure. La montre est le pire objet à se mettre au poignet. Elle plombe le ki. Souvent les guerriers n’en portent pas. Ils font confiance à leur horloge intérieure qui n’agresse par l’énergie ki et garantit un meilleur sens du timing.

Le corps sait tellement de choses que la raison ignore ! Mets-toi vite à son école, vide-toi la tête, et savoure l’instant. Comment peux-tu être ici et maintenant tant que tu n’as pas stoppé ton dialogue intérieur ? Fume. La petite fumée fait référence au premier ouvrage de Carlos Castaneda.

Selon le sorcier herboriste Juan Matus, c’est ainsi que les sorciers yaquis appellent un mélange sacré de plantes hallucinogènes comme la datura et le yopo. Ce que nous prenons ici pour une drogue est perçu là-bas comme un outil de connaissance de soi. En Amérique du Sud, la même fonction sacrée échoit à l’ayahuasca, dont la prise est ritualisée et encadrée par des sachants.

« Il n’y a que la fumée qui puisse te fournir la vitesse indispensable pour apercevoir ce monde flottant. » (source)Carlos Castaneda, Voir, p. 18 Aussi la fumée fin brouillard bouillant de la vapeur d’eau dans la sweatlodge de Tonton Flornoy. Sortir du corps. Sortir du décor. Silence encore. Dans le silence, on peut voir. Et que voit-on ?  « Une fois que l’homme apprend à voir, il se découvre seul dans le monde avec rien d’autre que de la folie. » (source)Carlos Castaneda, Voir, p. 83

Un guerrier traite le monde comme un mystère infini, et ce que les gens font comme une folie sans bornes. (Carlos Castaneda)

 

 

 

Je sais que j’ai raison. Et tous les autres ont tort.
Bernard Werber