L’aperception

 

Double est notre réalité: celle qu’on perçoit avec nos sens et celle qu’on connait sans eux. La première est immédiate. Banale ou excitante, c’est la vie de tous les jours, avec ses moments d’exaltations et ses longueurs sans intensité. La seconde réalité mobilise des capacités que tous les humains ne développent pas au cours d’une vie. Si ça vous donne envie, ça se passe ici. Ce site peut vous aider. Tuto.

 

Définition

Aperception : 1 Conscience immédiate — sentiment intérieur, intime, de sa propre conscience.  2 Action de percevoir clairement. 3 Incapacité de compréhension de la parole malgré une audition parfaite.

Un post délicat dès son titre. Il avance un mot peu connu, donc inquiétant. J’en suis conscient et je le déplore. Comme il n’a pas d’équivalent dans le vocabulaire courant, je dois pourtant m’en servir. L’aperception, c’est ce qu’on ne perçoit pas par nos sens ordinaires.

Dans la définition ci-dessus, tout est dit. Vous aurez compris que ce terme appartient au vocabulaire de la psychologie et de la médecine. Mais aussi à celui du nagual. Les trois significations s’articulent et se complètent.

1 Conscience immédiate : L’aperception est l’action de percevoir clairement. Instantanément. Sans passer par les sens ni par le mental. Notion centrale dans la compréhension du rêve, elle se révèle essentielle dans celle de l’astral. Les deux domaines sont proches et même connexes. Ne vous découragez pas, la suite est facile à piger. Et d’un intérêt capital. Je vous prends par la main, la pente paraîtra moins raide.

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– Sentiment intérieur, intime : Aucun de nos cinq sens n’est sollicité. Il en est ainsi du voir, cette faculté de savoir avec certitude que l’aura d’Untel est jaune vif, et que celle de son voisin a des traînées noires préoccupantes. On le sait sans l’avoir vu avec nos yeux. Le terme voir est ambigu. Je préfère dire savoir. Le voyant sait que cette personne est éveillée, que la foudre va tomber sur cette maison en face, etc. Il ne le voit pas, il ne le hume pas, il ne sert pas de ses sens pour savoir de science certaine.

2 Action de percevoir clairement : Ce sentiment n’est pas une pensée. C’est une conscience, comme la conscience de soi. Une conscience claire, limpide, indiscutable. Comme ce n’est pas une pensée, le mental est hors-jeu. L’ego aussi, par le fait. Le cerveau n’est pas sollicité non plus. En tout cas, le cerveau gauche. Ça vient de plus loin, de plus profond. Des tripes. Des neurones du colon. De ce qui nous meut et nous émeut.

3 Incapacité de compréhension de la parole malgré une audition parfaite : La science médicale vient confirmer le fait n°2. En l’absence du cerveau, les mots perdent leur signification.

 

 

Les deux cerveaux

Quand le cerveau gauche est au repos, il ne peut pas comprendre les paroles. Ce qui semble être le cas. C’est alors le cerveau droit qui bosse — ou, si l’on préfère, le côté gauche du corps — puisque les deux sont inversés.

Si les deux hémisphères du cerveau étaient actifs, le sujet ne serait pas atteint d’aperception : il comprendrait les paroles. En l’absence du mental, le langage perd son sens. La pensée devient aperception. On ne parle pas en astral. On pige au-delà des mots. On perçoit clairement l’impensable, l’indicible, l’incompréhensible. On se sert du pouvoir du ventre.

Mystérieux neurones du colon. La science médicale ne sait pas trop à quoi ils servent, tandis que le sens commun, le langage des images, le sait depuis longtemps. Une émotion peut vous prendre aux tripes. On peut avoir du cœursiège du courage pour les Romains. au ventre. Le magicien peut estomaquer l’assistance. Dans la vie faut avoir de l’estomac, disait Olivier de Kersauzon. Je n’en manque pas.

Expressions banales, usées même. Pourtant combien limpides. Et si instructives ! Un match ne se gagne certes pas avec le mental, la tête n’a rien à voir dans le dépassement de soi nécessaire pour gagner. Un match se gagne avec les tripes. Avec le cœur — siège du courage pour les Romains. Ils n’en ont pas manqué avec toutes leurs victoires.

On voit que l’aperception a deux caractéristiques majeures : elle est immédiate, elle est claire. Mais en astral ou dans nos rêves, elle est bien davantage. Elle embrasse toute une scène, elle perçoit toute une séquence, elle gobe le contenu de toute une bibliothèque en une fraction de seconde. On parle alors d’aperception globale. En fait ça se passe dans le non-temps de l’esprit. Piloté par l’attention seconde.

Dans le rêve comme en astral, il n’y a ni temps, ni espace. Tout est présent, immédiat, instantané. Seulement quand on se réveille, notre cerveau nous traduit le rêve à sa sauce. Il introduit du temps là où tout était simultané, et de l’espace où tout était présent. Le cerveau n’est pas l’outil approprié pour saisir le monde des rêves et/ou le plan astral. Deux étiquettes pour un seul flacon.

 

Les sens : l’essence

Pourquoi avons-nous l’illusion du temps et de l’espace ? Il n’y a ni l’un ni l’autre en astral et pourtant quand nous nous souvenons de nos rêves, le temps et l’espace sont bien présents. L’incohérence aussi…

Nos sens nous trompent, a écrit Messire René. Il ne faut pas leur faire une confiance aveugle.

Descartes a raison. Mais quand il appelle la raison pour pallier l’insuffisance des sens, il a tort. S’agissant de nos rêves, ce ne sont pas nos sens qui nous trompent, ils sont hors jeu. C’est notre cerveau qui croit bien faire en maquillant le vécu astral. Le rêve que nous venons de vivre n’est pas celui dont nous nous souvenons au réveil. Entre les deux, le cerveau intervient. Il brouille les cartes. Il mélange les différents aspects de notre rêve pour en faire un brouillamini déconcertant. Du coup, l’interprétation des rêves devient un business lucratif pour des allumés diplômés ou non. Le brouillard devient gâchis.

Questions : Nos sens nous permettent-ils de mieux cerner l’essentiel ? Notre cerveau nous masque-t-il la véritable essence des choses ?

Modèle de l’ordinateur, notre cerveau fonctionne avec des programmes temporaires et des programmes permanents, innés. Parmi ces derniers, il en est un qu’on peut résumer ainsi : cachons à ces pauvres humains la réalité astrale, ça pourrait les déstabiliser. Les véritables leçons de nos rêves sont ainsi réduites à néant. L’espoir d’y comprendre quelque chose d’utile et d’utilisable s’amenuise tant qu’il s’efface avec le souvenir truqué du rêve tronqué.

 

 

L’aperception globale

Comment fonctionne le rêve ? Quel rôle y joue notre cerveau endormi ? Je me souviens de ce cours de psycho en terminale philo. Cet exposé date de 1968, mais  il m’a marqué pour la vie. Il décrit l’expérience du rêve empêché et celle du rêve interrompu. Voici le protocole de la première. Des étudiants en psycho sont volontaires pour dormir sous contrôle psychique. Leur job consiste à dormir avec des électrodes autour du crâne. Dès que le volontaire entre en sommeil paradoxal, la seule phase du sommeil où se produisent les rêves, on réveille le volontaire. Il a été constaté que si l’on empêche quelqu’un de rêver, quelque soit la durée quotidienne de son sommeil, il ne se reposera pas. Au bout de quelques jours, l’expérience devait être interrompue, car le sujet se mettait à délirer. Son psychisme était en danger.

L’autre expérience s’opère sur un dormeur non appareillé. Elle consiste à projeter dans la pièce noire un puissant faisceau lumineux sur les paupières closes du dormeur qu’on réveille aussitôt. À peine éveillé, il raconte son rêve : une longue histoire pleine de péripéties qui se termine par un grand incendie de forêt. La vive lumière l’a suggéré au dormeur. Il a donc vécu tous les épisodes de son long rêve en une fraction de seconde, le temps très bref où son visage a été éclairé. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que la totalité du rêve est instantanée. Le rêveur regarde son rêve d’un seul coup d’œil, comme on regarde une image.Il ne perçoit pas son rêve, il l’aperçoit d’un coup. C’est l’aperception globale.

Dans l’espace astral du rêve, il n’y a pas de temps. Tout est donné dans l’instant. Au réveil, le cerveau reprend les commandes du psychisme et introduit une continuité entre les différents aspects du rêve. Il en fait des scènes successives et devient alors chronologique. Mais en astral, ni temps ni espace ne parasite l’aperception. Et l’aperception est le propre de l’éveillé, qui fonctionne ainsi même dans notre espace-temps. La technique enseignée par ses rêves conscients, voire dirigés, lui permet de dépouiller le monde dit réel de l’espace et du temps qui le rendent incompréhensible.

Le besoin fait naître de nouveaux organes de perceptions. Homme, accrois donc ton besoin afin de pouvoir accroître ta perception. (Rumi)

 

 

Bientôt la suite dans Le rêve réel.

 

J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable.  Je fixais des vertiges.
Arthur Rimbaud