Et la croix de Jésus fut plaquée sur Mithra
J’ai déjà consacré deux articles à ce Christ Mithra dont le règne durable en Orient fait oublier l’importance de son influence chez nous, à Rome mais aussi en terre celte. Il existe une certaine confusion — pour ne pas dire une confusion certaine — entre lui et le Christ Ésus… dont le nom évoque forcément un autre Christ, le seul actuellement admis. Le seul aussi dont l’existence historique semble douteuse.
Mithra ou Mitra, ou encore Mithras, est une divinité des anciens Perses et d’autres peuples de l’Inde. Elle serait apparue au 16e siècle AECavant l’ère commune chez les peuples d’Eurasie centrale. Son origine semble toutefois beaucoup plus ancienne. Mithra fut vénéré dans l’Empire romain jusqu’au 5e siècle de notre ère. Elle était représentée sous la forme d’un jeune homme avec presque toujours un bonnet phrygien, une tunique verte et un manteau flottant sur l’épaule gauche ; il était armé d’un glaive qu’il plongeait dans le cou d’un taureau.
Le bonnet phrygien
Le bonnet phrygien tire sa symbolique de liberté de sa ressemblance avec le pileuschapeau en latin que coiffaient les esclaves affranchis de l’Empire romain pour affirmer leur libération. Aux États-Unis, il est un symbole de liberté pendant la guerre d’indépendance et reste présent sur le drapeau de l’État de New York.
Ce bonnet est repris en France au début de l’été 1790 comme symbole de la liberté et du civisme, d’où son nom de « bonnet de la liberté ». Le bonnet phrygien devient symbole de la Révolution française et de l’automne 1793 à juillet 1794 (période de la Terreur) ; il est porté dans beaucoup de collectivités administratives du pays. Depuis la Révolution, le bonnet phrygien coiffe Marianne, la figure allégorique de la République française. Il est aussi porté par les Patriotes de la rébellion de 1837-1839 — héros du nationalisme québécois — et figure sur plusieurs drapeaux et armoiries des pays d’Amérique latine. (source)
Il est aussi la coiffure des Schtroumpfs, les lutins rigolos créés par Peyo. Si le Grand Schtroumpf arbore le bonnet rouge des révolutionnaires de 1789, les autres Schtroumpfs et la Schtroumpfette portent la coiffe romaine de couleur blanche, celle des esclaves affranchis.
Comme ses collègues Hergé et Edgar-Pierre Jacobs, Peyo a truffé ses récits d’allusions pertinentes à la mythologie, science de toutes les sciences, et grande oubliée des historiens qui sortent les légendes du champ de leur discipline. Ce que je déplore. Il y a plus de vérité dans les contes et légendes que dans la plupart des manuels d’histoire.
L’inconscient et le surmoi
Dans la langue d’or, Mithra peut s’écrire mit Ra, avec Ra. Dans la langue des oisons il se lit mythe de Ra, l’autre nom de Rama, avatar du dieu Mars. Le parallèle entre Mars, dieu guerrier, et l’épopée de Rama ne m’a pas échappé. D’ailleurs, Mars en verlan donne: sram ou s-ram. Est-ce Ram ? À vous de me le dire…
Si le christianisme eut été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eut été mithriaste.
Par contre, je n’ai trouvé ni lu nulle part que Mithra ne faisait qu’un avec Ésus. Il s’agit d’une intuition. Trompeuse ? Certaines le sont. Pourtant les intuitions des voyants ont plus de chance d’être révélatrices. Des révélations, j’en ai, ça ne manque pas. Pendant mon sommeil, je reçois l’enseignement prodigué par des êtres supérieurs. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait de mon inconscient. Comme l’âme, c’est un mot-valise qui recouvre de nombreuses réalités. L’omniprésence de l’inconscient vient de Freud et de la psychanalyse. Autrefois, on lui donnait d’autres noms.
L’éveillé a accompli cette prouesse : unifier la conscience claire et l’inconscient. Ce qui suppose l’élision du surmoi. Freud a inventé le mot et le concept. Pour lui, le surmoi est la prise en compte de ce qui a été intériorisé à travers l’éducation reçue. Il s’agit d’un ensemble de valeurs apprises, notamment dans le cercle familial, qui correspondent à la morale, au bien, et à ce qui permet d’être reconnu et aimé au niveau de la société.
Depuis Freud, la plupart de ses concepts ont été enrichis, sinon détournés, par d’autres auteurs : les psychanalystes Carl Gustav Jung ou Wilhelm Reich, ou des théoriciens de la conscience comme Carlos Castaneda, l’écrivain nagual, ou Lafayette Ronald Hubbard, fondateur de la scientologie. Pour Castaneda, le surmoi est une couche compacte de béton émotionnel qui recouvre l’inconscient et en interdit l’accès. La conscience claire ne peut pénétrer dans les profondeurs de l’esprit. C’est aussi mon point de vue comme ce fut celui de mon benefactor.
Mithra à Rome
Cette vision de la conscience des profondeurs, celle du corps, opposée et complémentaire de la claire conscience, est à mille lieues de la pensée gréco-latine. Mais elle est très proche des cultes du mystère.
Dans ces cultures voisines, la magie et le mystère occupent les premières places. Les sciences et techniques d’apparence moderne sont héritées de civilisations antérieures très développées. Tout ce que les Romains ne comprenaient plus, ils l’appelaient mystère, trouvaient un dieu adapté à cette magie et lui érigeaient des temples.
Ce fut le sort de Mithra à Rome. Emprunté à la Perse, Mithra fut inséré de force dans la trame mythologique gréco-romaine. Le mithraïsme ou mithriacisme, culte de Mithra, est un culte apparu au cours du 2e siècle av. J.-C. en Perse, dont le dieu et le rituel restent, encore aujourd’hui, très énigmatiques. Durant les siècles suivants, il se propage dans tout l’Empire romain jusqu’à atteindre son apogée au 3e siècle. Ce culte est particulièrement populaire chez les soldats romains et les riches hommes d’affaires, par le biais notamment des commerçants et des artisans.
À Rome, c’est à la fin du 1er siècle de notre ère que le mithriacisme devient populaire. En effet, la première mention romaine du culte de Mithra est issue de l’œuvre de Plutarque. Dans ses Vies parallèles, Plutarque explique que les Romains ont découvert Mithra en – 66, lors de la guerre de Pompée contre les pirates de Cilicie. (source)
Ajout mythologique
Comme d’habitude dans la tradition romaine, la mythologie était modifiée à chaque fois qu’un nouveau dieu, issu d’une conquête militaire plus ou moins lointaine, venait s’agréger au panthéon extensible de la Rome antique. La mythologie traditionnelle fut alors modifiée comme suit :
Après la création du Monde, Saturne prend le pouvoir, détrôné par son fils Jupiter. L’ordre est rétabli dans l’Univers jusqu’à ce que Phaéton emprunte le char solaire à son père Sol, le Soleil. Il en perd le contrôle, ce qui entraîne la dévastation du Monde. Apparaît Mithra, né d’une roche. Il fait jaillir une source qui permet à la nature de renaître. (source)
Phaéton et l’épisode du char solaire qui sort de sa trajectoire, je l’ai déjà raconté, et j’y reviendrai en fin d’article.
Le sacrifice du taureau
Cet ajout mythologique a sans doute parue insuffisant. Il était utile d’ancrer plus profondément le dieu nouveau dans la trame mythologique antérieure. Le rédacteur romain possédait d’autres éléments venus de Perse ou d’Inde qu’il ne savait comment rattacher à la légende admise, jusqu’à ce qu’il imagine ce qui suit.
Mithra doit accomplir une autre épreuve : la capture du Taureau. On notera l’étonnant parallèle avec le septième des travaux d’Héraclès — Hercule pour les Romains. Ce qui nous permet de dater ces événements : ils se sont déroulés à l’orée de l’ère astrologique du Taureau, de −4300 à −2150. (source)
« Le jeune Mithra rencontre le taureau primordial alors que celui-ci paît dans les montagnes. Il le saisit par les cornes et le monte, jusqu’à ce que l’animal n’en puisse plus. Le dieu l’attache alors par les pattes arrière et le charge sur ses épaules. Cette épreuve se nomme le transitus. Quand Mithra arrive dans la grotte, plus tard le Mithræum, un corbeau envoyé par le Soleil lui demande un sacrifice. Il enfonce alors son couteau dans le flanc du taureau, et sa colonne vertébrale jaillit du blé et son sang se transforme en vin ». (source)
La poursuite, la capture et la maîtrise du Taureau évoquent aussi ce conte zen, Les dix taureaux. Même récit dans le bouddhisme tibétain, où un éléphant prend la place du taureau. Idem dans le taoïsme chinois, où le taureau est remplacé par un cheval. Fidèle à cette tradition, j’ai composé un nouveau remake de ce précieux conte où le Taureau devient un Tigre Bleu.
Ces parallèles entre les mythes du monde plaide en faveur d’une lointaine culture planétaire unique. Elle a existé il y a des éons. Cultivée par le jeune druide Ramos, elle fut répandue par lui jusqu’à ce qu’il devienne le tout premier empereur du monde, Rama l’invincible.
Soleil Vainqueur
Mithra poursuit un Taureau fabuleux. Il le capture, le dompte et l’emporte dans une caverne où il le met à mort. Ce sacrifice permet de nourrir la nature, l’ordre cosmique est rétabli. Sol s’incline et lui fait allégeance. Mithra prend le titre de Soleil invicible, Sol invictus. Ce mythe fait de Mithra le responsable de l’ordre cosmique. (source)
Il n’est pas douteux que ces événements n’aient jamais eu lieu, car si Mitra l’Ancien émerge en Inde il y a quelques six millénaires, la légende précédente est tardive, ne datant que de l’époque romaine. À mon humble avis, si Mithra mérite ce titre de fils du soleil, c’est parce qu’il l’est réellement. Je m’explique. Il n’a pas été enfanté par notre étoile, dont la température est trop élevée pour servir de couveuse.
Il est né et il a grandi sur le très grand soleil qui illuminait l’hémisphère nord pendant des millénaires. En vol stationnaire au-dessus du pôle nord, Platon l’évoque comme une île dans le ciel ou un temple volant. Le grand philosophe grec l’appelle Hyperborée, ce qui veut dire littéralement au-dessus du Pôle Nord.
Selon moi, Mitra l’Ancien appartient à l’équipe des Terraformeurs, ces anciens dieux venus de la Grande Ourse sur une planète vagabonde, selon les Sumériens, un gigantesque engin sphérique que nous appellerions aujourd’hui un vaisseau-mère. Cet engin diffuse une puissante lumière qui éclipse celle de notre étoile. Mitra en vient, peut-être en partageait-il le commandement avec son alter-ego Varuna. Ces deux Fils du Soleil Invaincu méritent bien de porter ce titre eux-mêmes. La Perse a oublié Varuna, elle n’a retenu que son faux-jumeau Mitra, qui s’écrivait sans h.
Mitra et Varuna, premiers terraformeurs, sont à rapprocher des Cabires, qui peuvent eux aussi revendiquer cette place d’honneur.
Phaéton 2, le retour
Phaéton et l’épisode du char solaire qui sort de sa trajectoire, je l’ai déjà raconté et commenté dans Phaéton, fils du Soleil. Et j’ai aussi raconté, beaucoup plus récemment, que le char du Soleil est encore un autre nom pour l’Atlantide, l’île aussi brillante que le vaisseau-mère Hyperborée. Et la sortie de route de l’Atlantide, Phaéton n’y est pour rien. Elle ne vient pas non plus d’une erreur de pilotage d’Atlas. Il s’agit purement et simplement de la vengeance d’un dieu jaloux. Et pas n’importe lequel, le dieu des dieux, le grand Zeus lui-même…
Mais ça, c’est une autre histoire. Mitra l’Ancien est intervenu plusieurs millénaires avant la chute de l’Atlantide. Pour son premier amerrissage sur Terra, l’Atlantide s’est posée sur l’océan qui porte son nom. Atlas n’étant pas encore né, qui donc pilotait la grande île volante ? Mitra l’Ancien, en personne. Ou un autre Cabire…
La couronne est vissée sur la tête du Chariot plein d’ego, du singe de La Roue de Fortune idem, et la couronne qui tombe dans La Maison Dieu, l’éveil.
Le mystère dévoilé
Si le culte prend sa source dans le Mithræum, la grotte originelle, le culte de Mithra une fois démocratisé s’exerce dans des temples nommés eux-aussi mithræa. Ces endroits sont au départ des grottes naturelles, mais des constructions artificielles et exigües les imiteront plus tard, obscures et dépourvues de fenêtres. Ces lieux de rituels n’accueillent jamais plus de 40 personnes.
Les pratiquants de ce culte à mystères s’appelaient des Soldats, un peu comme ceux de mes lecteurs qui pratiquent le vol astral groupé, et que par plaisanterie ou par fidélité à une antique tradition, j’ai nommé les Loups Volants. Qui dit culte à mystère sous-entend qu’on n’y comprend rien aujourd’hui. Ce qui n’a rien d’étonnant. Notre époque se soucie de l’éveil comme d’une guigne. Peu d’initiés parviennent à faire entendre leur voix dans ce chaos discordant où il n’est question que d’argent, de profit, d’investissement, de dépenses et d’acquisitions matérielles. Les préoccupations majeures des humains sont aujourd’hui à l’opposé de la tradition initiatique des éveillés.
« Lorsque le Soldat est initié dans un antre, véritable “caserne” de ténèbres, une couronne lui est offerte par glaive interposé, puis ajustée sur sa tête. Il est invité à l’écarter de la main et à la faire tomber, sur son épaule par exemple, en disant que Mithra est sa couronne. » À partir de ce moment, il ne se couronne plus jamais, comme preuve de son engagement et devient alors soldat de Mithra. (source)
Les familiers du Tarot initiatique dit de Marseille savent bien ce que représente la couronne. C’est celle de l’ego. Elle figure dans l’arcane 10, sur la tête du petit singe de La Roue de Fortune. Mais surtout, elle est représentée dans l’arcane XVI Maison Dieu, où elle tombe, exactement comme dans le rituel mithriaque. Le chakra couronne vient de s’ouvrir, l’ego vacille enfin : c’est l’éveil. L’ego est la seule partie de toi qui ne connaîtra jamais l’éveil, disent les Lamas tibétains.