Demain sera le jour du Surhomme, a prédit Nietzsche. Il a vu juste, quelques années avant 1900. En attendant demain qui vient, annonçant le Surhomme, la Surfemme est déjà là. Nietzsche n’avait pas prédit ça. Pour en arriver au Surhomme futur, Nietzsche a dû se débarrasser d’une autre hypothèse, selon lui fort embarrassante, l’hypothèse de Dieu.
Dans le climat positiviste de la fin du 19e siècle, Dieu semblait incongru. Autrefois nécessaire pour expliquer le monde, le recours à un Créateur était devenu contingent, voire dangereux. Le Dieu de la Bible et des autres religions se prétend l’auteur de tout ce qui est, l’homme inclus. Pour Nietzsche et ses contemporains, ces prémisses sont inacceptables. L’homme se suffit à lui-même.
Reconnaître qu’un Dieu nous a créé, qu’il a des plans sur nous, que nous sommes des rouages nécessaires dans un ensemble qui nous dépasse – voilà ce que Nietzsche ne peut admettre. Nous sommes libres : que Dieu nous aime ou pas, il ne peut nous assigner aucun but.
Tuer Dieu pour accoucher de l’Homme, haute est la marche. « Les catégories de l’être ne peuvent plus être ramenées à une cause première », écrit-il. Que tu sois grand, brun, noir ou jaune ne dépend pas du choix d’un autre que toi.
Toutes ces choses ne sont pas le fruit du hasard. Ni de personne, pas même du grand Osiris, le nom que les Égyptiens donnent au hasard. Pour Nietzsche, tu es le seul garant de ton destin, le seul décideur de ta vie, le seul conteur de ton passé. Et sur ce point, j’acquiesce.
Il n’y a personne là-haut qui tire les ficelles de la marionnette que tu es, nous dit Nietzsche. Là-haut, sans doute pas, mais en toi-même? Remettre ton destin entre tes seules mains fait de toi, déjà, le Surhomme futur. C’était prendre un risque énorme au regard de l’étroitesse de vues et la rigueur des principes en cette Allemagne du 19e siècle.
Grisante liberté du libre arbitre absolu! Le jeune Nietzsche la boit comme du champagne. Il la cultive jusqu’à l’excès, jusqu’à l’hubris, l’ivresse sacrée de Dionysos. Son siècle le juge et le condamne.
Cette liberté choquante qu’il brandit comme un étendard pourrait bien devenir contagieuse. Elle amènerait la société à tous les excès, toutes les outrances de l’hubris. Sans la carotte du Bon Dieu et le bâton du Diable, la sacro-sainte morale se fait la malle. Et ça fait mal.
Nietzsche a vu cette béance et s’y est engouffré. La loi morale, corollaire de l’invention de Dieu, est à foutre aux ordures. Dans La généalogie de la morale et surtout dans Par delà le Bien et le Mal, le philosophe laisse une première trace sur les pentes vierges de la métamorale.
Nulle nécessité d’accomplir le Bien plutôt que le Mal, répond Nietzsche au vieux Kant et à sa « loi morale au fond de nos cœurs ». Plus de garde-fou, ça devient du grand hors-piste avec Friedrich qui part en live dans la poudreuse.
« L’idée de « Dieu » fut jusqu’à présent la plus grande objection contre l’existence… » explique-t-il non sans raison. Il aurait pu tout aussi bien dire « la loi morale » à la place de « l’idée de Dieu ». Maintenant qu’il a fait table rase de tous les peine-à-jouir, humains ou divins, que va-t-il faire ? Pas grand-chose. Rien de plus que son œuvre, libératrice et vénéneuse. Adoptée par les Nazis, dénaturée par Goebbels, la philosophie de l’Übermensch a justifié l’aryanismesupériorité imaginaire de la « race » aryenne blanche. A ne pas confondre avec l’arianisme, hérésie médiévale… et la Shoah. L’œuvre échappe toujours à son auteur. Nietzsche est une victime collatérale de la Shoah. Il est temps de lui rendre justice. Son surhomme n’a rien de nazi.
Nietzsche a roulé sa bosse, il a roulé carrosse. Quand il se dresse sur fond de soleil couchant, on voit étendues à ses pieds toutes les idées qu’il a tuées. Tandis que meurt le 19e siècle, Nietzsche père du 20e, fils de ses œuvres et frère des hommes, se souvient de celles qu’il n’a pas eues. Je parle des idées, mais pas seulement. Des femmes aussi.
En avril 1882, Nietzsche a 38 ans quand il fait la connaissance de Lou Andreas Salomévoir l’image ci-dessus dont il tombe éperdument amoureux. S’il existe en ce siècle une Surfemme, c’est elle, la Lou. Un ménage à trois ne la rebute pas. c’est Rée, un ami de Friedrich qui tient le 3e rôle. Le délire qui s’installe dans ce triplé, ce couple élargi, prélude à la folie née de la démesure. Hubris encore, ivresse toujours. Dans le silence du ciel vide, Dieu n’est plus là pour punir, l’amour embellit tout, même la fin.
« On ne fait pas d’essai pour atteindre un « idéal d’humanité », un « idéal de bonheur », ou bien un « idéal de moralité », – il est absurde de vouloir faire dévier son être vers un but quelconque. » Pas de but, voilà bien la meilleure façon d’être libre. Pas de programme. Pas de calendrier. Pas de rendez-vous. Pas d’exigence. Pas de contrainte.
Holà, c’est un truc à finir SDF ! « Pas du tout, répond Nietzsche d’outre-tombe. Si les nazis l’avait compris, ils n’aurait pas pu m’utiliser ainsi. Mais j’étais mort, et bien décidé à le rester. Donc j’ai laissé faire. Mon heure n’est pas encore venue. »
On a compris à demi-mot que Friedrich apprécie la mort. Ce qui, en un sens, est rassurant. Puisqu’il semble en verve, poursuivons le papotage. Maintenant que vous êtes mort, vous avez vu Dieu ? Il est avec vous, non ?
« Mais non, Dieu n’est pas mort, imbécile, répond Nietzsche. Je n’ai tué que l’idée de Dieu, je n’ai pas tué le vivant. »
« Je me suis tué moi-même, non en personne, mais dans l’idée qu’on se fera de moi. On ne peut tuer personne, chacun poursuit sa vie par-delà sa mort et les commérages. Non, je n’ai pas tué Dieu. Qui le peut? Tout ce qui vit, l’ami Rée, Salomé, toi comme moi, tel est Dieu. Par définition, le vivant ne peut pas mourir. C’est l’idée de la mort qu’il faut tuer » Lors, il est reparti dans un grand bruit mouillé.
J’étais perplexe. Immortel, tel est Nietzsche. Maintes fois je l’ai senti près de moi, j’ai capté son rire perlé, ironie de celui qui a compris qu’il n’y a rien à comprendre et que tout est bon à prendre, le doux comme le mauvais. Je sais qu’il est vivant. Sa vie ne tient qu’à un fil, certainement. N’en est-il pas de même pour nous tous?
Une autre question me hante. Si Nietzsche est vivant, pourquoi est-il mort ? Le vivant, c’est ce qui meurt. Alors ? Mourir, est-ce vivre encore ?
Peut-être bien, ne répondit personne.
L’utopie est simplement ce qui n’a pas encore été essayé.
L’idée qu’on se fera de Nietzsche! L’idée qu’on se fait de Dieu! L’idée de la mort! L’idéal d’humanité! L’idéal du bonheur! L’idéal de moralité! Il y a trop d’idéal, il y a trop d’idées. Elles nous courent dessus, elles nous phagocytent et ça les excite. Tuer les idées devenues inutiles, c’est faire œuvre de salut public. Il fallait donc qu’un grand homme se leva pour accomplir cette tâche indispensable. Toute sa vie, Nietzsche a trimballé son flingue en bandoulière. Tueur d’idées!
Debout à l’orée du vingtième siècle, il n’y vécut que quelques mois. À l’aube du siècle suivant, conscient de n’avoir ni son génie ni son importance, je lui emboîte le pas. Pour honorer son long silence, j’avance. Qui parle m’use, qui se tait me tue, qui me tue mute, qui ment t’imite. Aux anti mythes, je parle en silence, mes doigts sur le clavier. Et comme le maître, je casse en deux les idées. Je revisite à loisir le plus lointain passé. Je mesure à son aune un présent plus lointain encore.
Toujours aussi nombreuses, les idées sont de plus en plus fausses. Beaucoup sont noires. La plupart, trop courtes, font long feu. Elles fusent pour n’ éblouir qu’un court instant avant la vallée du néant. L’avaleur n’attend pas le nombre des idées. Tueur, il flingue. Il ventile les idées mortes. Il les éparpille aux quatre coins façon puzzle.
C’est l’éveil d’une conscience planétaire, universelle. Certitude inébranlable que les certitudes sont bien ébranlées. Fin d’un cauchemar éveillé. On dormait tous, on ne savait pas. On s’est laissé embobiner. Le surhomme, c’est l’homme que vous êtes, la femme que je suis, sans son but en kit. Plus qu’à poil d’idéal. C’est la révolution du jasmin, le printemps de Bourges, la fête du slip sous la burka.
Je sais que j’ai raison. Et tous les autres ont tort.
Nietzsche n’est pas mort, il vit encore. Lui qui fut un surhomme, bien davantage que les supermen de papier marvel, lui qui fut presque dieu, comment pourrait-il disparaître à jamais? Nietzsche a effleuré du bout de l’aile la condition divine qui est l’apanage des grands initiés. Et le destin possible de tout un chacun.
La graine divine que Sophia a mise en nous, Nietzsche l’a fait germer. Une plantule a crû dans son cœur. Un arbre a grandi en lui, poussant ses branches au zénith, et ses racines vers le nadir. Par elles ont grimpé des créatures enténébrées, les archontes. L’odeur de la surhumanité les ayant alléchées, elles s’y sont installées.
Le philosophe du gai savoir ne s’en est pas méfié. Pouvait-il deviner que son seul salut consistait à les évacuer par ses branches? À les laisser sortir par le haut? Son génie visionnaire a flanché, Nietzsche na l’a pas su. Pas vu. Pas cru. Les créatures infectes ont nidifié dans ses fibres lumineuses. La noirceur qui est la leur l’a envahi. Lors la folie l’a pris qui ne l’a plus lâché.
Je ne connaîtrais pas son triste sort. Les chemins de l’énergie sont mon jardin. Je les connais à fond comme mes poches vides. Pourquoi craindrais-je la folie, moi qui suis déjà fou? N’ayant rien à perdre, je ne peux que gagner. La défaite n’est pas une option.
Que risque le guerrier, à part sa vie ou sa mort ?
Nous allons vaincre.
Ils ont voulu changer le monde, mais le monde ne veut pas changer. Il tourne…
Nous avons affaire à deux christianismes en Grande-Bretagne, celui des Britanniques et celui des Celtes.
Cette grosse pierre sculptée pose une foule de questions auxquelles je vais tenter de répondre.
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