Nos maîtres Noirs

 

Oui, les Noirs ont été nos maîtres pendant des milliers d’années. Je me suis longtemps demandé pourquoi les dieux de l’antiquité gréco-latine avaient tous des cheveux frisés. La réponse m’est apparue récemment : c’est ainsi que les sculpteurs interprétaient les cheveux crépus. Il faut se rendre à l’évidence, tous les dieux d’avant appartenaient au peuple noir.

 

 

Visages Brûlés

Rédigée dans la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère, l’Enquête d’Hérodote (5e siècle AECavant l’ère commune) est un témoignage exceptionnel de la curiosité des Grecs pour les autres peuples et pour comprendre les problèmes politiques, la puissance perse et ses menaces, mais surtout l’approche des diversités humaines et culturelles. Je vais y faire constamment référence dans les lignes qui suivent.

Que faut-il entendre par Noirs,  au sens des Grecs et des Latins ? On sait que certains Noirs ont les cheveux raides, au sud de l’Inde par exemple. Les Grecs, en général, employaient le mot Aethiops, visage brûlé, pour désigner le Noir — ou un mot voisin de la même racine. C’est ainsi que, dans sa description de l’armée de Xerxès , Hérodote emploie Aithiopes, pluriel, pour désigner les Négro-Africains oulotriches « cheveux crépus« , qui étaient dans le même corps de troupe que les Arabes, et les Négro-Asiatiques ithytriches, « aux cheveux raides« , qui étaient avec les Indiens.

 

Visage brûlé

Les Noirs ont été les premiers habitants de cette planète. Depuis l’origine, il y a plusieurs milliards d’années, les géants reptiliens avaient la peau noire — les reptiles actuels ne compte plus guère de Noirs, à part le Black Mamba… Pas spécialement cool d’ailleurs. Les peuples noirs de l’Antiquité portent le nom générique d’Éthiopiens. Le terme ÉthiopienAithiops en grec– signifie littéralement « visage brûlé« .

Dans la plus haute antiquité, ces peuples sont considérés avec respect, car tous reconnaissent en eux les ancêtres de cette humanité. Cette affirmation à contre courant de l’image actuelle des « visages brûlés » est suffisamment importante pour que je m’y arrête, car elle seule peut accréditer toute ma thèse, contenue dans la présente partie, Black Saga.Liste des articles, voir plus bas

 

 

Les Noirs à Rome

Certains auteurs nous ont présenté Esope, le fabuliste, non précisément comme un Africain — c’était un Phrygien —, mais comme un Noir. Et, je dois l’avouer, la thèse est d’autant plus séduisante que ses fables ont la saveur des fables noires et que, comme l’écrit Alain Bourgeois, son nom grec, Aisôpos, pourrait dériver de Aithiops-Aithiopos.– l’Éthiopien.

D’après les différents témoignages, il semble bien que le pourcentage des Noirs à Rome était bien plus important qu’il ne l’est aujourd’hui à Paris. Ce qui est tout de même important. Et ils y exerçaient des métiers d’une grande diversité : lutteurs, boxeurs, acteurs, étudiants, pédagogues, voire écrivains, chamanes, prêtres des religions orientales ou exotiques.

 

Roumi

Les guerres puniques avaient abouti à la conquête puis à la romanisation, toutes les deux longues et difficiles, de l’Afrique du Nord-Ouest, devenue le Maghreb. Ce qui explique pourquoi l’Européen occidental, le Roumi —c’est-à-dire le Romain— est resté, pendant des siècles, l’antagoniste. L’envahisseur. L’ennemi…

Les peuples de la Libye et de l’Égypte sont les plus prospères ; hommes et animaux (de même que les productions agricoles) s’y distinguent par leur taille et leur beauté, mais aussi par leur indolence, au contraire des régions plus nordiques. (Hippocrate, Airs, eaux, lieux)

« Le métissage, élément important du miracle grec, a dû se faire en priorité avec la femme noire, qui apporte toute la beauté, la grâce, la finesse intuitive de la féminité » soutient le prof Martiny au colloque de Dakar en 1976 sur le monde méditerranéen antique.

 

 

Noire et belle

D’où l’attirance réciproque des contraires chaque fois que deux races, deux ethnies, deux peuples, sont en contact. Qu’on se souvienne seulement de la femme kouchite, c’est-à-dire noire, de Moïse, de la reine de Saba, lançant aux filles de Jérusalem : « Je suis noire, et je suis belle« , ce qui est la traduction mot à mot du texte. Mais notre époque raciste a cru bon de transformer en paradoxe cette antique évidence. La phrase est devenue « Je suis noire, et pourtant belle« .

Aujourd’hui encore, en Egypte, la séductrice, c’est Yasmarouni, la Nubienne à la peau foncée. A l’inverse, en Afrique noire, la séductrice, c’est Mami Wata (de l’anglais Mamy Water), la déesse de l’eau, que l’art populaire du Sénégal nous présente comme une grande femme, claire de peau, avec une longue chevelure, comme une métisse.

 

Isis la Noire

Deux fresques du Musée national de Naples représentent des cérémonies isiaques. On y reconnaît les Noirs, écrit Snowden, à « l’éclat de leur longue tunique blanche, souligné par la peau noire des torses nus », mais aussi au rôle important qu’ils semblent y jouer. On voit, dans les deux fresques, parmi d’autres rôles, ici un joueur de flûte et là un danseur. Mais on sait, comme le note Leclant, que « le culte fut souvent établi par d’authentiques prêtres égyptiens« , c’est-à-dire noirs, ajouterai-je.

Pourquoi donc ces Noirs dans les cérémonies du culte d’Isis ? Ma première réponse est qu’Isis elle-même est souvent représentée en femme noire, comme sur la statuette ci-dessus. Noire comme toute l’Afrique et au-delà, la reine d’Egypte ne pouvait pas être blanche. Leclant, en nous signalant « plusieurs statues romaines d’Isis en pierre noire« , nous présente la statue d’Isis du Musée grégorien provenant de la villa Adriana. Allant plus loin, je dirai que, comme la civilisation elle-même, la religion égyptienne venait d’Ethiopie, c’est-à-dire de Nubie.

 

 

Diodore de Sicile

Dans sa Bibliothèque (III, 2), Diodore de Sicile n’épargne pas les louanges aux Éthiopiens et les présente comme le plus ancien peuple de la Terre, les premiers êtres humains à être nés du sol, du fait de la plus grande chaleur de leur région d’origine, et dès lors également les premiers à avoir honoré les dieux et ensuite à avoir transmis leur savoir religieux aux autres populations ; en cela, ils constituent le peuple le plus pieux, le plus aimé des dieux, et ont su de tous temps conservé leur indépendance. 

Les Éthiopiens sont une population appréciée par les dieux pour sa piété, et décrite de manière particulièrement valorisante dans bien des textes comme remarquable par ses qualités physiques, sa beauté, sa longévité ou bien encore le parfum naturel que dégage leur corps (cf. Iliade I, 423-4 ; XXIII, 205-207 ; Odyssée, I, 22-26 ; Eschyle, Prométhée enchaîné, 808-810, Diodore de Sicile, Bibliothèque, III, 2, 1 ; Pline l’ancien, Histoire naturelle, II, 80, 189 ; VI, 22, 70…). (source)

En effet, Diodore de Sicile, qui s’est renseigné auprès des prêtres et d’autres informateurs nubiens, avait une opinion précise de l’origine des anciens Egyptiens. Selon lui: « Les Égyptiens ne sont qu’une colonie éthiopienne conduite par Osiris. »  Et encore : « Les rois honorés comme des dieux, les soins pris aux funérailles des morts et beaucoup d’autres rites sont des institutions éthiopiennes. » Enfin : « le sens attaché aux images sculptées et le type des lettres égyptiennes seraient également empruntés aux Ethiopiens. »

 

Zeus le Noir

Les dieux eux-mêmes sont négroïdes. Dans un fragment d’une tragédie de Sophocle, Inachos, c’est un Zeus à la peau noire qui séduit Io, fille du roi argien Inachos, et donne naissance à Épaphos –que le Prométhée enchaîné, au v.851, qualifie de kelainos, « noir, sombre ». Cet Épaphos est l’ancêtre de populations vivant en Égypte et en Libye. Parmi ces dernières, on trouve les Danaïdes, héroïnes qui tout en revendiquant une origine grecque sont présentées comme ayant la peau noire dans les Suppliantes d’Eschyle (v. 154-155 ; 279-281). Remarquons encore que selon une source tardive, le Père des dieux pouvait d’ailleurs être honoré à Chios sous le nom de Zeus AithiopsÉthiopien, c’est à dire le noir. (Lycophron, Alexandra, 537). (source)  

Diodore est capable d’aller encore plus loin, et ses affirmations, pour étonnantes qu’elles puissent nous paraître, semblent reflèter exactement l’avis général de son époque. « Les prêtres disent que les Ethiopiens furent les premiers à apprendre à honorer les dieux et à organiser des sacrifices, des fêtes, des processions et autres rites par lesquels les hommes honorent la divinité ; et qu’en conséquence leur piété a été proclamée partout parmi les hommes, et il est généralement admis que les sacrifices préparés par les Ethiopiens sont les plus agréables aux dieux.

 

 

Homère y souscrit

« Comme preuve, ils en appellent au témoignage du poète Homère qui est peut-être le plus vénéré parmi les Grecs, car, dans l’Iliade, il représente Zeus et le reste des dieux absents, en visite en Ethiopie pour partager les sacrifices et le banquet qui étaient donnés, chaque année, par les Ethiopiens à tous les dieux réunis. » (source)https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/67f69255cf8d9aaa619f5d327eb0f4a0.pdf

Ainsi, d’après Diodore et d’autres écrivains grecs dont Homère, Hésiode, Hérodote et Héliodore, on reconnaissait les Ethiopiens, les Noirs, inventeurs de la religion, de l’art et de l’écriture. Dans la mythologie grecque, dont les Romains ont largement hérité, on rencontre des dieux et des héros noirs : Delphos, Andromède, Céphée, Persée, Memnon, Circé, Cybèle.

On retiendra Circé la circassienne, puissante magicienne ensorceleuse, et la si belle Cybèle, déesse de la fécondité, nommée depuis la préhistoire Grande Mère, Grande Déesse et Mère des Dieux. Et Zeus lui-même, à qui les habitants de Chios donnaient le surnom d’Aithiops, l’Ethiopien. (source)https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/67f69255cf8d9aaa619f5d327eb0f4a0.pdf

Je ne sais si Homère était le plus honoré parmi les Grecs. En tout cas, le grand Héraclite d’Éphèse n’était pas de cet avis. Héraclite l’Obscur, dont je suis une sorte de fils spirituel, ne mâchait pas ses mots ; il adorait mettre les pieds dans le plat en dénonçant les erreurs et les folies de ses contemporains. Les plus instruits, selon lui, étant les pires abrutis. Sur ce point, en 25 siècles, les choses n’ont guère changé.

Homère méritait d’être chassé des concours à coups de bâtons,  et Archiloque aussi. 

Héraclite

 

 

 

Le racisme inversé

Si le racisme dont Les Noirs dans leur ensemble et dans tous les pays sont encore victimes d’une dépréciation voire d’un mépris qui aurait choqué l’Antiquité Gréco-Latine. La diversité des couleurs de peau y est présentée d’une façon qui tranche avec la nôtre.

Si vous placez votre mensonge le premier et que vous le répétez assez souvent, ça deviendra la vérité.

William Shakespeare

 

« Dès les épopées homériques, ces différences de couleur peuvent notamment se lire de manière genrée : les peaux masculines et féminines sont perçues comme relativement plus sombres pour les premières, plus pâles pour les secondes, et nous ne devons pas nous étonner de voir des personnages emblématiques de la culture grecque, à l’instar d’Ulysse, décrits comme  « ayant la peau noire » (Odyssée, XVI, 175), signe parmi d’autres de leur pleine virilité. »  (source)

 

Les premiers Blancs sont Blanches

Dans une population négroïde à la peau sombre, l’irruption des peaux blanches a été un évènement tardif, aux environs du 2e millénaire avant notre ère — il y 4000 ans, guère plus. Figurez-vous que les premiers blancs sortis de la machine à cloner sumérienne furent des blanches. Plus petites que les Noirs, elles ne dépassaient guère le mètre cinquante, quand les Noirs atteignaient les quatre mètres. Grosse différence.

Elles étaient des essais, pas tout à fait au point si l’on en juge par l’opinion qu’exprime Lucien de Samosate : La pâleur est négativement connotée et, dans un passage fort représentatif des conceptions grecques, l’auteur du IIe siècle de notre ère Lucien de Samosate oppose ainsi aux corps masculins épanouis par les exercices en plein air, des femmes « molles, faibles, élevées à l’ombre, à la peau blanche », du fait d’une nature et de tempéraments plus maladifs, froids et humides (Le fils déshérité, 28). (source)

 

Était-il noir ? Était-il blanc ? Qui le sait maintenant ?

 

Black Saga

 

Lorsque tu crois avoir toutes les réponses, l’univers arrive et change toutes les questions.
Jorge F. Pinto