Panique à bord ! Un immortel est mort ! Le destin est d’accord. Les Parques ont des remords. Comment se fait-il qu’un immortel puisse avaler son bulletin de naissance, casser sa pipe, tirer sa révérence, partir ad patres, faire sa malle, succomber, calancher, clamser, crever, claboter, canner, mourir, périr, se casser, passer, trépasser, lui qui est fait pour durer toujours ad vitam aeternam ? C’est quoi cette arnaque ? Ya pas d’éternité alors ??
Rendons-nous à l’évidence. Les immortels ne sont plus ce qu’ils étaient. Regarder l’Académie Française. Elle en est pleine, elle se vide vite. Et nous, pauvres de nous ! Qui croyons encore à la vie éternelle ! Si c’était chose possible, ne croyez-vous pas que les dieux d’avant, si anciens, si savants, auraient trouvé moyen d’y parvenir ?
Zeus est mort, vive le nouveau Dieu des Dieux ! s’écrie l’héritier désigné au nez d’Apollon résigné. Bacchus est bourré comme à son habitude. Ridicule, il titube, tandis que son double Dionysos tente de sauver un semblant de dignité. Mais on voit la bave qui suinte à la commissure de son ivresse et de sa cupidité.
Bacchus est toujours bourré. Apollon, plus jeune que son demi-frère — et plus réservé — se garde bien de manifester la moindre euphorie. Masque c de circonstance qui semble de marbre, il observe le strict silence que dicte la bienséance. Après un instant qui dure des lunes, Dionysos a jugulé Bacchus et le calme peut revenir dans les esprits divins.
Décalage du point d’assemblage. Chacun se compose un visage. De nouveau la consternation se peint sur tous les traits. On règlera plus tard le compte avec Bacchus. Maintenant ce qui compte, se faire bien voir du nouveau tyran. Vive Dionysos ! disent les yeux qui pétillent sous la tristesse feinte. Fusent les rires au lieu des plaintes. Sourires au bord des lèvres peintes. Doigts d’honneur au cœur des mains jointes. Empoignades sous les étreintes.
Les dieux sont des hommes comme les autres.
La seule qui paraisse sincèrement affectée par la mort de Zeus est sa fille préférée. Athéna a si souvent pris le parti des petits humains et leur défense face au courroux paternel. Les liens filiaux et l’admiration sans borne que lui voue sa fille rend la perte de son père irréparable, inadmissible, inconcevable. Outre notre protectrice, la noble Athéna est notre mère véritable. Éprise de notre espèce dès son origine, elle a prié Prométhée de nous donner un statut privilégié. Grâce à elle, nous avons une âme individuelle, tandis que les animaux et les autres hominidés ont une âme-groupe, l’égrégore de chaque espèce. On ne sait ce que son oncle lui a demandé en échange, mais comme Athéna a un faible pour lui, j’imagine qu’elle ne s’est pas fait prier pour sauter.sur l’occasion ?
Dionysos est un dieu double. Les Romains n’ont retenu que l’ivresse et la débauche incarnés par son nom latin Bacchus, tandis que les Grecs comprennent sa noblesse existentielle, l’ivresse sacrée et le coït d’éveil, car en eux vit encore l’âme de la Vieille Religion. En comparaison, Rome est un cochon.
Le 20e siècle a cultivé un curieux point de vue sur l’antiquité gréco-latine. Les Romains pensait-on sont d’abord des guerriers. Ils maîtrisent l’art de la guerre et celui de l’administration de leurs vastes conquêtes. Les Grecs ont tout inventé, on les a cru à l’origine de la logique, de la médecine, de la poésie, de la tragédie, de la sculpture, des fresques, mosaïques, poteries… Sans doute aussi de la musique et de la danse, mais on ne peut que le supposer, vu qu’il n’en reste aucune trace.
Les Romains et les Grecs de l’Antiquité ne valent pas ces clichés bidons. Non la Grèce n’est pas à l’origine de ce qu’elle nous a transmis. Elle l’a copié dans des textes oubliés, tous brûlés par les barbares. Ce que la Grèce a transmis contient des incompris et autres distorsions. Non les Romains ne sont pas que des conquérants. Ils avaient des ingénieurs qui ont construit des machines hydrauliques ahurissantes de modernité. Ils avaient des architectes qui ont élevés bien des temples et des théâtres, mais qui savaient aussi parer les habitations d’un confort comparable au nôtre : chauffage par le sol, eau courante, vitres aux fenêtres, tapis, mobilier précieux, élégance des tissages, raffinement des murs de marbre, des bas-reliefs et des fresques, subtilité des mosaïques — autant d’arts hérités de la Grèce mais poussés par Rome à leur plus haut degré de raffinement.
La mise en parallèle de ces deux civilisations antiques a dominé le 20e siècle. Aujourd’hui on met en rapport quatre ou cinq civilisations de plus. Aux côtés de Rome et la Grèce, on envisage leurs sources : l’Égypte, Sumer, les Pays Celtiques, l’Atlantide et Hyperborée. Le raffinement des Celtes et des Gaulois était imité dans toute l’Europe et restait inégalé… Toutefois je tiens Hyperborée pour la source première. De là sont issus les dieux d’avant, les Olympiens ou Elohim — ce sont les mêmes. Pour l’heure, perdus loin de chez eux dans l’immensité du Cœur Galacté, ils font semblant de pleurer leur ancien maître.
L’enterrement de Zeus, exceptionnellement, pourra avoir lieu sur place. Ce qui arrange bien notre délégation divine, qui ne se voyait pas trimballer le corps divin pour le retour. On l’a dit, depuis le Cœur jusqu’ici, ça fait une putain de trotte. – Bon, mais si on fait ça ici, pas possible de lancer des invitations, dit Athéna. L’enterrement du grand Zeus sera tout petit. Dans la plus stricte intimité. Comme si on avait honte !
Bacchus émerge pour en remettre une couche : – On chie la honte, voilà la vérité. Faites péter l’ambroisie galactée, on va pas mourir de soif en plus, bordel !!
– Je veux qu’on a honte, et comment ! Tu parles d’une fin à la con ! Quel manque de dignité ! dit Athéna
– Et quel manque d’ambroisie !!
– Connard de Babac, vas-tu dessouler ? Je t’en foutrai de l’ambroisie galactée ! Tu nous fais chier. Respecte au moins Papa, à défaut d’honorer ton mandat ! (texte lacunaire) Mort, tu vas réussir ce que tu n’as pas su faire de ton vivant : réconcilier entre eux les hommes et les dieux, tous d’accord pour te bouter hors.
– (texte lacunaire) refaire un enterrement plus faste au retour en Hyperborée, propose Dionysos. Pas besoin du corps pour fêter un mort. Suffit de leur saouler la gueule, tous rigolent, personne ne s’affole. (source)Apollon, Voyage au Centre Galactique
Ouais, pas con, on n’a qu’à faire comme ça. Tous les dieux lui sourient. Dionysos a la gaule.Veinard ! Là d’accord. Il assure.
La cérémonie est vite expédiée. Bacchus a même offert un vin d’honneur en son honneur. De qui l’honneur ? De Zeus ou du donneur ? On s’est posés sur un coin de gazon dans un parc où chaque brin d’herbe était plus fort et plus haut qu’un séquoia géant. On a picolé à la hâte et on s’est cassé vite fait. La taille des insectes ici nous incite au repli.
Dans les chiottes des Grands Dieux, un vivarium miniature présente des plantes grimpantes qui sont plus accueillantes. C’est là qu’échoue toute la bande, pantins affalés dans les choux, après une escalade rigolade sur les parois glissantes du vivarium. Bacchus s’est cassé la gueule, ce qui nous a fait marrer. Zeus est mort d’une glissade lui aussi. Bacchus a aussi cassé une bonne amphore de vin vieux, ce qui nous a fait chialer.
Dionysos nous a rendu le sourire en faisant apparaître tout un chariot d’alcools rares et précieux. À partir de là, les choses ont pris une tournure diablement dionysiaque. Boire, bander, baiser, bouffer, bourrer, bouyave, boire, reboire, déboire… C’est du Bacchus dans le texte. Foutu dieu des dieux, on n’a pas fini la décadence ! Babach dieu des babacools ! (source)Apollon, Voyage au Centre Galactique
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. (source)Charles Baudelaire, Les petits poèmes en prose
Telle est la sagesse, telle est la religion, telle est la philosophie de Dionysos Bacchus, le dieu double qui chaque fois double sa mise en pariant sa chemise. Bacchus ne fait pas de remise, ne veut pas de reprise, ne dit pas de sottise. Oh si, ça oui, des sottises il en dit plus souvent qu’à son tour. Quel déplorable exemple pour notre belle jeunesse, se lamente Apollon en limant son giton.
Les mœurs de ces gens-là sont éloignées des nôtres. La saveur de leur caste est d’être pédéraste. Chacun son truc et baste ! …Ses mœurs iconoclastes. Qu’importe le canal, en n’exceptant qu’anal. Les tristes bacchanales que le journal déballe sont des mœurs infernales, et sales, et qui font mal. Autres temps, autres mœurs. La lumière se meurt. Ignorant la rumeur. Compartiment fumeurs. Au mépris des tumeurs. Employer des chômeurs. Réveiller les dormeurs. Embarquer les rameurs. Débarquer les rimeurs. Désaper les frimeurs. Soit tu vis, soit tu meurs. Ça dépend de l’humeur.
Le règne de Dionysos est quelque chose que les anciens ont tenu caché. Prudente discrétion. Toute vérité n’est pas bonne à dire, divine devise. Aussi s’employaient-ils à peaufiner leur image et dissimuler leurs méfaits. Il faut bien que demeure le respect dû aux dieux. Le respect, dis-tu ? Dieu sait pourtant qu’ils n’en méritent guère…
Il existe en ce site une version différente de la mort de Zeus qui lui propose un autre successeur, Apollon — c’est bien ce qui a fini par se produire. Dionysos Bacchus a vite fait son temps. Rouler bourré c’est bien joli, qu’est-ce qu’on rigole juste avant l’accident. Et si on se fend la gueule, ils la recollent à l’hosto. Mais là non.
Dionysos est cassos. Adios boloss. T’es beau gosse quand t’as l’os.
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