Les anciennes mythologies, unanimes, décrivent nos origines comme l’âge d’or des bons géants, créateurs et instructeurs des hommes. Si instruits, si puissants et si bons qu’on les a appelé des dieux.
Quand la Bible nous dit que les dieux géants nous ont créés à leur image, c’est la vérité. Mais ce qu’elle omet de dire, c’est que l’image n’est pas la taille. Les bons géants nous ont voulu plus petits qu’eux. Beaucoup plus petits. A cause de la pesanteur énorme qui allait arriver et les condamner.
Pendant l’âge d’argent, quelques géants sont toujours là, mais ce ne sont plus les dieux bons, instructeurs des hommes. Affaiblis par une pesanteur qui leur est insupportable, ils ne se préoccupent plus que de leur survie. La Bible a raison quand elle affirme qu’ils nous ont créés à leur image. Ils voulaient survivre à travers nous.
Pourtant, je considère que les géants ne sont pas les dieux. Les géants sont les anges. J’invoque les lumières de la langue des Oisons : ge-an, an-ge, c’est le même mot en verlan. Autrefois on les appelait les Jehans, ce qui a donné les gens. Plusieurs légendes accréditent cette thèse, comme le mythe d’Ahura Mazda et les géants volants.
Ces géants sont les serviteurs des dieux, comme les anges. De plus ils ont des ailes, comme les anges. Dans la Bible, anges et archanges sont bien plus grands que les humains. Bref, les anges / géants sont les serviteurs des dieux. Les dieux ont la taille humaine quand ils sont parmi les humains, mais ils peuvent prendre la taille des géants s’ils le désirent. Les dieux changent d’apparence à volonté. Normal, ce sont des dieux.
Ils nous ont créés à leur ressemblance exacte, mais en beaucoup plus petits : afin que nous soyons mieux adaptés à l’ère qui commençait… En effet, dans une hypothèse controversée mais passionnante, Hörbigger a montré comment les lunes successives, en se rapprochant de la terre, ont causé des phénomènes de gigantisme. Après l’écrasement, les géants survivants font peine à voir. Ils deviennent vindicatifs, maladroits. Leurs gestes sont ralentis. Leur coeur n’arrive plus à envoyer du sang jusqu’aux extrémités de leurs grands corps.
La girafe, pour pallier ce phénomène, a un deuxième coeur à mi-cou qui sert de relais pour une bonne oxygénation du cerveau. Mais la girafe a eu tout le temps d’évoluer, tandis que les derniers géants, frappés par la chute de leur lune et l’irruption soudaine d’une pesanteur inconcevable, n’ont eu que le temps de se terrer dans des cavernes.
Les dieux terraformeurs avaient vu venir le coup. Leurs savants avaient conçu une espèce nouvelle pour leur succéder, une espèce dont la petite taille serait mieux adaptée à la future pesanteur. Ces savants prévoyants sont devenus les archétypes de nos dieux, géants par la taille et par la science. Et puis les dieux sont partis.
Hélas, sans la lune pour équilibrer la gravité terrestre, les géants ont connu le sort des dinosaures. Avant de disparaître tout à fait, ils ont dégénérés au fond de leurs cavernes. Sans les dieux pour les contrôler, les géants ont commencé à mal se comporter avec les schtroumpfs humains. Ils ont fini somnolents, poussant ça et là des grognements pour entretenir la terreur. Les redoutables cyclopes des origines, qui forgeaient des armes terribles, sont devenus des bergers débiles et maladroits.
Sans les humains, les géants décatis seraient morts de faim. Il leur fallait de grandes quantités de protéines… Ils ont instauré une règle – cruelle pour les humains, mais vitale pour eux – la loi du sacrifice humain. C’était vital pour nourrir leur grande carcasse affamée, et c’était terrifiant pour les populations.
Cette terreur est restée présente dans l’imagination populaire. Nombreux sont les contes où les humains doivent nourrir ces ogres en leur offrant jeunes gens et jeunes filles vivantes. King-Kong est la résurgence moderne de ces vieux mythes qui ont puisé leur force dans l’atroce cruauté des faits. L’empreinte de l’émotion demeure alors que le souvenir, depuis longtemps, a disparu.
Les dieux ont toujours faim, n’en ont jamais assez Et c’est la mort, la mort toujours recommencée.
Ces géants qui deviennent méchants comme des teignes, tapis dans des cavernes profondes, sont devenu l’archétype des démons aux enfers, ces anges déchus de la Bible ou de Sumer. S’il y a des Anges et des Diables, c’est parce que les géants si bons du début ont pu devenir si mauvais à la fin. Le problème du Bien et du Mal s’origine-t-il ici ? Les géants n’ont pas supporté la gravité. Ils en sont morts, les pauvres diables.
Géants mauvais… Monstres laissés pour compte… La mythologie grecque nous en montre un fameux, le Minotaure, terré au bout de son labyrinthe. Notez que le mythe est généreux, il nous présente à la fois le géant déchu et la cause de sa déchéance : la spirale du labyrinthe est celle que fit la lune jusqu’à sa chute, cause du déclin du monstre. Le roi géant débonnaire est devenu un mangeur d’hommes. La fatigue de la pesanteur impose aux dieux d’avant un comportement gauche. Les mouvements sont ralentis comme ceux du cyclope Polyphème en face d’Ulysse.
On se souvient en effet avec quelle facilité le rusé Ulysse parvient à échapper, avec tout son équipage, à la poigne de Polyphème le cyclope maladroit. Ulysse est un petit malin, mais le cyclope passe pour un pataud nigaud… Polyphème appartient à la dernière génération des Cyclopes, des bergers décadents qui se nourrissaient de chair humaine à l’occasion. Les premiers Cyclopes appartenaient à la race d’or. Ils étaient les maîtres de la foudre et de la forge, des dieux bons, favorables aux hommes et alliés de Zeus.
Le déclin est clair. Là encore, la mythologie grecque s’accorde avec la thèse de Hörbiger. Cette thèse a été exposée par Denis Saurat dans L’Atlantide et le règne des géants, mais elle est plus complète dans le livre Moon Myths and Man de H.S. Bellamy qui m’a inspiré cet article et le précédent. Thèse féconde… Avec elle, tant d’énigmes reçoivent une réponse… Tant de mythes actuels trouvent une résonance : Superman, le Géant Vert, Goldorak, King Kong, le Surhomme de Nietzsche, Micromégas de Voltaire, Gargantua de Rabelais, Gulliver de Swift, nostalgie des super géants de l’âge d’or…
Les géants sont partis qui ne reviendront pas
Nous n’irons plus au bois les lauriers sont trop chers
Où nos enfants sont morts sacrifiés pour l’En Bas
Les ogres n’auront plus la chair de notre chair
Le plus féroce est mort dépité d’être né
La vie est un hasard contraire aux destinées.
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)
En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
Le symbole suggère, l'image montre. Que montre le caducée, arme d'Hermès ?
Ils viennent de la littérature, de la bd, de la pop, de ce qui court,…
Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.