L’irrationnel ! Sujet difficile. Troublant mais capital. L’irrationnel est l’autre nom de la folie. Ça fait peur. Quand on a choisi de chercher la vérité, on connaît les chemins qui côtoient l’abîme. À chaque instant, on court un risque terrible, obsédant. Surtout ne pas franchir la barrière qui sépare le bon sens du délire. Si une telle barrière existe !
Tout d’un coup ça m’explose en pleine face. La folie fait irruption. Ou l’idée de la folie, ce qui revient au même. La parano s’en mêle aussitôt. Je ne reconnais rien. Un manège hirsute et délirant tient lieu de réalité. Grave. Là pas de doute je suis fou. À la masse. Complètement dingo. Bon pour l’asile de barges. J’en oublie de croire sans y croL’irruptionire. Averse d’avatars. Début des déboires.
J’y vois clair à présent. Pour autant qu’on puisse y voir clair au royaume de la confusion. Qu’est-ce que l’irrationnel ? L’absence de logique. C’est le mode de fonctionnement de l’inconscient. La logique de l’inconscient est illogique. Sa façon de penser ne procède pas de la cause à l’effet, comme le fait notre conscience, prisonnière de la logique discursive. L’inconscient a ses liens qui déroute le bon sens.
Le bon sens nous dit que les choses de la terre n’existent que bien peu, et que la vraie réalité n’est que dans les rêves.
L’inconscient est une conscience inaccessible. Source infinie de connaissances virtuelles, l’inconscient est porte des étoiles. Fenêtre ouverte sur le temps. Accès direct à la mémoire du monde. Hologramme du multivers. Tu saisis l’ampleur ? Accéder à l’inconscient, c’est un pas de géant vers ton but en tant qu’humain : devenir dieu.
Cette conscience inaccessible est absolue. Certainement la plus précieuse, elle est enfermée dans un coffre-fort dont on a perdu la combinaison. Elle est inutilisable donc inutile. Nulle et non avenue. Du vent.
Inutile ? Pas tout à fait. Même voilée sous les épais replis du tissu émotionnel, cette conscience absolue n’est jamais tout à fait inconsciente. C’est l’aube de la connaissance, selon le mot de Gibran.
Nul ne peut rien vous apprendre à part ce qui repose à demi endormi dans l’aube de votre connaissance.
L’inconscient est une source de connaissances. Voilà ce qui rend si précieuse la conscience absolue, celle qui englobe l’inconscient. Mais si fragile aussi, on peut y perdre le sens commun. Pas de bon sens pour l’inconscient : il va dans tous les sens. Il n’obéit pas à la gravité, n’a nulle pesanteur, s’élève comme tu respires et se rétracte quand tu souffles. Le temps ne compte pas pour lui, ni l’espace. Seuls des flashes intenses et très riches tiennent lieu de pensée organisée. L’absence de synapse entre certains neurones du ventre pourrait expliquer cette apparente confusion.
L’inconscient peut tellement te dérouter que tu te croirais fou. Qui ne l’est pas ? Le record est tenu par ceux qui se croient sages. L’inconscient est un miroir aux alouettes, un piège à gogos. La grammaire de l’inconscient est en 5D quand celle de la conscience est bêtement linéaire. Construire une œuvre picturale ou littéraire selon la grammaire inconsciente reste un idéal inexploré. Lautréamont peut-être. Dali un peu aussi. La musique est mieux placée pour ce délire. Wagner. Mahler. Kurt Weil. Pink Floyd. Ceux qui ont pris du LSD, de la mescaline ou de l’ayahuasca ont vu leur inconscient. Comme ceux qui ont fait des sessions de régression, des séances de déprivation sensorielle en caisson. Ils y ont vécu des instants éternels. Ils sont revenus différents d’avant.
Mécanisme central de l’inconscient, l’irrationnel ne s’explique pas. L’esprit logique s’y casse les dents. Un jeune enfant l’accepte quand il le rencontre. Un adulte le refuse et prend peur. Les miracles font partie de l’irrationnel. La téléportation. La double vue. La tierce oreille. La télépathie. La prière. La méditation. La création. L’art. Finalement l’irrationnel celtique est plus mon pays que la France rationaliste. Quand l’irrationnel survient, la folie n’est pas loin. Mais à trop fréquenter la folie, on risque de s’y installer à demeure. Et finir cinglé comme Nietzsche. Mais on peut aussi en sortir par le haut…
Comment sortir de là ? D’abord pourquoi y être entré ? Pourquoi choisir la déraison ? Comment c’est arrivé ? Doucement. À pas de loup… et pas ceux d’un loup volant ! J’ai longtemps erré aux confins de la folie. C’est là que le chercheur de vérité peut faire un max de découvertes. Mais ces parages sont dangereux. La folie sans crier gare te saute à la gueule et tu es bon pour l’asile.
Le mieux quand tu sens que ça se gâte : laisse tout tomber. Quitte sur le champ ce que tu es en train de faire. Oublie ça, danger. Retrouve les eaux calmes de Wikipédia. On n’a aucun risque de devenir fou tant qu’on ne fréquente que le banal et le déjà-vu. Oui, mais il faut se taper des tonnes de fausses infos, des bévues, l’ignorance, le mensonge. Et ça m’a toujours fait chier.
Alors j’ai pris le risque de trop. De toutes parts mon bateau faisait eau. Je n’ai pas voulu lâcher le morceau. Quand j’ai compris que ça se gâtait, au lieu de me carapater, j’ai continué l’explo et je suis tombé sur un bec. Ça pique.
Ennuis de santé, menace sur ma vie, fatigue inexplicable. J’ai coupé au covid, c’est déjà ça. Mais j’ai chopé bien pire, on dirait. La peur d’avoir peur. Le délire de me croire fou. Tous ceux qui s’aventurent hors de sentiers battus sans appât du gain, sans désir de gloriole, sans chercher la victoire, sans provoquer un rival — tous ces farfelus sont fous à lier selon les critères sociaux actuels. Les sacro-saints critères de la société anonyme à responsabilité très limitée qui nous mène dare-dare à l’abattoir.
Il faut dépasser ces divergences de vues. Parmi les décombres du monde, je ne cherche que moi-même. Dans les immondices de l’injustice, je ne veux que la vérité. Mon royaume n’est pas de ce monde, sachez-le — bien que je n’aie rien d’un christ ni d’un sauveur d’aucune sorte. Serais-je seulement capable de me sauver moi-même comme le désirent les bouddhistes ? Pourrais-je renoncer au monde, aux biens, aux plaisirs ? Arrêter de m’alimenter pour ne me nourrir que de prana ? Je ne crois pas. Ma quête ne le demande pas. Les obstacles sur ma route ne sont pas matériels, la matière est un écran fragile. Un problème facile.
L’héroïsme quotidien de la mère de famille qui élève seule ses filles, voilà ce qu’il faut admirer. Nous ne rencontrons sur notre chemin aucune épreuve au-delà de nos forces. Si l’obstacle est trop élevé, fais-en le tour. Si le précipice est trop profond, déploie tes ailes. Si quatre océans te séparent d’elle, apprends à nager. Tu connaîtras des joies sans nombre et des plaisirs sans ombre.
Nous sommes des hommes, les petits des Hommes. Ou bien des femmes, de petites flammes. Pourquoi nous a-t-on placés là ? Qu’avons-nous à y faire ? Si la réponse reste cachée, casse le rocher. Réduis la pierre en poussière et sous la poudre, l’eau qui va sourdre est fraîche et bonne. Emplis-en ta bombonne.
Seul un fou comme moi peut rester assis ainsi, sans souci de sa vie ni de ses envies, attaché au rocher comme était Prométhée, sans espoir d’échappatoire, sans un regard pour son retard, ses déboires, ses histoires. Tendu vers un seul but : raconter. Chanter. Hanter. Décanter. Conter. Décompter. Par l’image et les mots, susciter des ciels et des étés, faire revenir des soleils révolus, ressusciter des empires oubliés, au fil des vies enfuies –méta-réalités qui n’ont pas existé dans ce monde, mais ailleurs, mais si loin, et pourquoi ? –j’en sais rien.
L’ordre est émis en moi, voix du diable ou de l’ange, je l’entends quand je dors, je le sens quand je mange, il me noie quand je bois. L’ordre est impératif. Agis ! me dit la voix. Tout droit, l’avenir est par là, tu ne t’y perdras pas. Et l’ordre me dirige comme la barre un bateau. S’il faut se lever tôt, écourter son repos, je secoue mes vieux os et réponds aussitôt. Me voilà. Je suis là. Pourquoi répondre ça ?
Il faut être cinglé. Je dois l’être en ce cas. Je le suis c’est certain. Prudence en me lisant, masque bien ton écran, ce mal est contagieux.
L’irrationnel dort avec tes rêves. Cours-y vite, cours-y vite. Ton sommeil est le grand portail de l’Inconnu. Portail monumental. Le franchir est fatal. On y risque sa santé mentale, la belle affaire ! Le bonheur est caché derrière. Sacrifier le mental pour toucher la lumière. Mater l’ego dominant. Briser le miroir de l’auto-contemplation.
On consacre la première moitié de sa vie à se forger un ego solide, et la seconde moitié à s’en débarrasser.
L’ego est ta force, au début. Ta faiblesse ensuite. Jung rame à contre-courant. Son droit, sa joie. C’est la voie en kaliyuga. Fuir la foule qui se coule dans le moule. Il t’appartient d’être tien. T’accompagner toi-même dans tes rêves. Apprendre à les lire sans les interpréter. Vivre tes rêves. Te découvrir tel que tu es, loin du monde, loin des ondes, la victoire est profonde. Tu récolteras l’or du sommeil. Quel sûr moyen de s’enrichir !
Notre société cultive l’ego sous toutes ses formes, y compris les pires. Culte du petit moi qu’on croit grand. La bêtise et la vulgarité érigées en doctrines. Supermarché sans marcher : fais tes courses à l’écran. On trouve tout pour ceux qui ne sont rien.
L’ego est un réel frein quand on cherche l’éveil et qu’on rêve de lumière. L’ego, l’autre nom du mental. Je ne parle pas de ce mental qui fait gagner le champion — néologisme made in USA qui ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je parle du mental opposé au physique. Le mental qui flirte avec le savoir livresque, la logique discursive, l’érudition, l’intellectualisme, le fatras du bagage scolaire, universitaire, pseudo-élitaire, vas-tu-te-taire.
Aux chiottes l’illusion à la mode qui ne jure que par le savoir mental, seule issue vers la lumière. Je crois tout le contraire. L’ego mène aux ténèbres.
L’ego est la seule partie de l’être humain qui ne connaîtra jamais l’éveil.
Le mental est la couche la plus basse de l’esprit. Celle qu’on appelle l’ego. La seule partie de toi qui ne connaîtra jamais l’éveil. Et sans éveil, le sommeil est tombeau. On y tombe de haut.
Sur ton chemin d’éveil, coupe-toi la tête. Fais le vide. Écoute le temps qui goutte sur la glace de l’espace. Entends le temps, écoute le doute.
Pour aller plus loin : Folie ordinaire — Folie contrôlée — Jung et la folie divine — L’eau qui rend fou
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