Dieu est mort, a dit Nietzsche. La mythologie l’avait dit avant lui. Zeus est mort. Un autre Zeus est appelé à régner.Quel drôle de nom ! Pourquoi pas libellule ou papillon ? Le successeur que Zeus a choisi est Apollon, son fils chéri. Pour honorer la mémoire de son père, Apollon prend le titre de Zeus. Ainsi Zeus Dieu le Père régnera par delà la mort à travers ses héritiers.

 

Theos est son nom grec, que nous traduisons tantôt par Zeus, tantôt par Dieu. Résidant en Olympe, Theos a fondé la dynastie des Olympiens. Mais avant lui, d’autres dieux ont régné sur la Terre des hommes et des dieux. D’abord Ouranos ou Uranus, le Ciel. Comme son nom peut l’indiquer, il est venu de l’espace. Mais Zeus aussi. Et Apollon également. Tous les dieux d’avant sont venus d’Alcor dans la Grande Ourse. Cette étoile comporte plusieurs planètes, la troisième s’appelle Ur,Our, Eur c’est l’origine de la civilisation évoluée qui a développé la vie sur Terra.

Ouranos se lira OUR AHN NOS, c’est à dire notre ancêtre d’Our. Ce tout premier maître de Terra fut renversé par son fils Chronos / Cronos, le Temps. Ces dieux premiers n’avaient qu’une seule crainte : qu’un de leur fils ne les détrône pour régner à leur place. Aussi avait-ils coutume d’exterminer tous leurs enfants mâles …et même les femelles. Car les femmes régnaient aussi, évidemment. N’oublions pas que le matriarcat fut la règle première imposée aux humains par les dieux d’avant. L’humanité actuelle a vécu beaucoup plus longtemps sous le matriarcat que sous le pouvoir mâle.

J’ai montré comme Héra, femme de Zeus, était de fait la déesse régnante, la Grande Déesse héritière d’Ana d’Alcor, qui s’est faite tout amour et toute puissance sur les humains. Zeus avait le titre, Héra le pouvoir. Zeus passait son temps à draguer les nymphes et les humaines, quitte à prendre des corps d’animaux. Héra pestait contre son époux infidèle, mais elle avait d’autres chats à fouetter dans l’immense chantier de terraformation planétaire qu’elle dirigeait d’une poigne de fer. Croyez-moi, du temps de Zeus, le matriarcat n’avait pas jeté ses derniers feux.

Quand Zeus a fondé cette nouvelle dynastie, il avait lui aussi cette crainte. Mais sans doute était-il plus sensible que ses ancêtres : non seulement il n’extermina pas ses enfants à la naissance, mais il en mit un sur son trône. Ainsi Zeus Apollon prit la suite de son divin père.

Le plus extraordinaire, à mon sens, est la mise en place d’une dynastie régnante. Ce qui montre, une fois de plus, que les dieux d’avant étaient mortels. Donc ils ne sont pas des dieux au sens moderne du terme. Tous les dieux d’avant sont mortels. Comme nous. Un jour, serons-nous des dieux à notre tour ?

 

 

Son arbre généalogique montre qu’Apollon n’est pas un titan. Sa mère est une dryade, divinité secondaire des arbres et des forêts. Il n’est pas le fils d’Héra, mais un bâtard de Zeus. Ce que la redoutable Héra ne lui pardonne pas.

Comment un petit dieu, un bâtard, peut-il régner sur l’Olympe ? Il ne peut pas. Apollon n’est pas le dieu des dieux. Il n’est que l’empereur des hommes. Et près de lui son fils Orphée jouera le rôle de chef spirituel. Orphée est un krystos, un christ, un initié oint avec l’huile sainte. Il aide l’humanité comme tous les christs dont c’est le premier rôle.

Grâce à la lyre magique qu’il tient de son père, Orphée peut apaiser le courroux des puissants, hypnotiser les méchants, persuader les récalcitrants et rouler dans la farine n’importe quel être vivant, humain ou non. Tel est son pouvoir de krystos.

Chaque époque a son krystos, parfois même plusieurs ensemble. Il était jadis admis que le pouvoir politique doit se partager avec le pouvoir spirituel. C’est pourquoi à côté de l’empereur de Constantinople trôna le pape de Rome, au-dessus des rois et des empereurs. De même jadis, à côté du Dalaï Lama chef temporel, agissait le Karmapa père spirituel et pape du lamaïsme.

Le règne de Zeus Apollon ne sera ni long ni triomphant. Il n’a ni la naissance, ni la carrure pour succéder à son géant de père. Son rôle est confiné à la terre des hommes. Ses responsabilités le tiennent éloigné de l’Olympe, où toutes les décisions se prennent.

Le titre de Zeus qu’il porte devant son nom lui pèse chaque jour davantage. Pour lui, le seul successeur possible du grand Zeus, ce n’est pas lui. Apollon est poète, musicien, guérisseur, voyant et prophète. Un artiste illuminé. Pour Apollon, le trône de l’Olympe doit revenir à un autre titan, neveu de Zeus et son rival depuis toujours : Prométhée. Oui, Prométhée le créateur de cette humanité. Prométhée que les humains peuvent appeler Notre Père.

Pour le moment, Notre Père n’est pas aux cieux. Il serait plutôt en enfer. Prométhée est enchaîné au sommet d’une montagne où chaque nuit, un aigle vient lui dévorer le foie.

 

 

Tel est le châtiment que Zeus le tout-puissant a infligé à son neveu qui a refusé ses ordres et s’est rangé contre lui du côté des humains, ses créatures. Mais Zeus est mort. Et ce châtiment pourrait très bien être levé. Par la force, au besoin.

Héra, veuve de Zeus, est toujours active au sommet du pouvoir. Farouche opposante d’Apollon, c’est elle qui assure l’intérim divin et règne sur l’Olympe. Qu’on se souvienne de quel mont Olympe il s’agit. Non pas celui de Grèce, mais celui d’Hyperborée. le mont central d’où s’écoulent les quatre grands fleuves qui séparent les quatre îles du nord, ainsi que les Celtes appelaient Hyperborée.

Héra rumine sa vengeance depuis tant d’années humaines que ça m’en donne le vertige. Elle attend son heure. Dans l’ombre du fantoche, elle a préparé son come-back. Le retour du matriarcat et le rétablissement de son règne à elle, qui fut la Grande Déesse, et que ce fantoche de Zeus a détrôné par la force.

Zeus est venu, il m’a vu, il m’a vaincue. Tant que ce queutard de Zeus était aux commandes, je ne pouvais rien contre lui, avec son foutu foudre et ses sales armes de dissuasion.

Il est mort. J’ai le champ libre. D’abord je dois me débarrasser de ce bâtard d’Apollon. Ensuite je rétablirai un seul dieu des dieux qui règnera à la fois sur l’Olympe divine et sur la terre des hommes, comme Zeus, comme moi avant lui. Et ce sera mon chéri, mon grand amour secret, mon cœur et mon âme, j’ai nommé Prométhée.

Oui, je l’aime en secret, je suis folle de lui, je le veux depuis si longtemps. Zeus l’a su, d’où la violence de son châtiment. Prométhée endure mille morts depuis dix mille ans. Chaque jour, son foie repousse qui sera dévoré la nuit suivante.

Au sommet d’une montagne inhumaine, Prométhée est cloué au roc dans un décor d’épouvante. Les nuits sans lune, tombe des cimes un horrible hurlement qui roule son écho dans toutes les vallées. Le supplice a recommencé.

 

 

Sur l’Olympe, Héra sanglote dans son palais. Elle ne peut endurer davantage les terribles souffrances de son amant. Une lueur d’espoir illumine son visage quand elle pense à son héros Héraklès. Avec l’aide de Jason et des Argonautes, parviendra-t-il à mettre fin à cette ignominie ? Prométhée sera-t-il enfin délivré ?

 

Xavier Séguin

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