Il y a vraiment beaucoup de points communs entre Dionysos et Jésus. À ceci près que le règne de Dionysos est bien antérieur, et que sa religion –ou celle de Bacchus pour les Romains– était loin devant celle de Jésus.
A lire la vie et les exploits de Dionysos, on a le sentiment que les rédacteurs des évangiles ont sciemment et amplement puisé dans le culte dionysiaque pour en faire la vie rêvée de Jésus. Lisez plutôt :
« Dionysos est né d’une vierge le 25 décembre, et en tant que saint enfant, il fut placé dans une mangeoire. Enseignant itinérant, il a accompli des miracles. Lors d’un cortège triomphal, il chevauchait un âne. Roi sacré, il fut tué et mangé lors d’un rituel eucharistique pour apporter fécondité et purification. Il ressuscita des morts le 25 mars. Dieu du vin, Dionysos changeait l’eau en vin. On l’appelait le Roi des Rois et le Dieu des Dieux. On le considérait comme le fils de Dieu, le sauveur, le porteur de péché, l’oint, l’alpha et l’oméga. On l’identifiait avec un mouton et un agneau. Son titre sacrificiel de « Dendrites » ou « jeune homme de l’arbre » indique qu’il a été pendu à un arbre ou crucifié (source). »
Ainsi résumée, la vie de Dionysos se confond avec celle de Jésus. Il fallait bien que ce nouveau dieu rassemble tous les dieux précédents et résume toutes les croyances. Jésus a pris sur lui tous les péchés du monde, ne nous étonnons pas qu’il prenne aussi sur lui tous les exploits de ses modèles. En Jésus on retrouve donc Mithra, Osiris, Constantin, Hénoch, Dionysos et bien d’autres…
Plusieurs anomalies se sont glissées dans cette image. Simple distraction du graveur ? Vu la durée et la méticulosité du travail à fournir pour graver les planches de chêne, tout artisan soigne son travail. Un maître cartier le soigne plus encore.
Dans les images du tarot initiatique, tout est signifiant. Et le tarot de Dodal, magnifiquement restauré par Jean-Claude Flornoy, accumule une belle collection de singularités. Nous remarquons le chiffre romain XII, qui est écrit à l’envers. Comme le personnage est pendu par les pieds, le chiffre romain inversé incite à retourner la carte pour le lire dans le bon sens. Et alors le pendu n’a plus la tête en bas.
Cette lecture « tête en haut » est renforcée par les deux buttes où sont plantés les troncs d’arbres : ces curieuses buttes deviennent le feuillage des arbres, et le pendu devient un homme en lévitation.
Ses poignets sont attachés derrière son dos, donc les traits qui dépassent de ses épaules ne sont pas ses mains. Faut-il y voir des épaulettes qui pendent, alors que les cheveux autour de sa tête font comme les rayons du soleil ?
Et le pendu louche, atteint de strabisme convergent. Ces détails n’ont rien de superflu : ils sauveront des âmes.
« Ancien Feu divin comme l’attestent de nombreux éléments de sa légende et de son culte, Dionysos est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé. Sous ses différentes formes, le nom de Dionysos signifie probablement « fils de Zeus », une étymologie qui rejoint une formule traditionnelle indo-européenne selon laquelle le Feu divin est le « fils du Ciel du jour » (source). Fils de Zeus, rien que ça ! Zeus se dit Theos en grec ancien, et ce mot Theos a donné, outre le nom de Zeus, le mot français Dieu. Son nom peut donc se traduire par Fils de Dieu. C’est ainsi que Jésus est désigné dans les évangiles. En tant que fils de Zeus, Dionysos est devenu le dieu des dieux après la mort de son père Zeus, ou plutôt après la mort de l’épouse de Zeus, Héra/Hathor, puisque c’est elle en fait qui régnait sur l’Olympe et les humains et non son petit mari, Zeus le coureur de jupons, qui n’était qu’un prince consort.
D’ailleurs Zeus le petit a été mis à toutes les sauces, à l’aide d’un qualificatif qui suivait son nom. Citons Zeus Agetor, Zeus Akraios, Zeus Ammon, Zeus Betylos, ou Jupiter Morius, Jupiter Fratrius, Jupiter Xenius, etc. Un internaute patient a dénombré pas moins de 280 noms de Zeus, et sa liste n’est pas exhaustive. Il y a une cause à cela. Les Gréco-Romains ont assimilé leur dieu suprême Zeus-Jupiter à tous les autres dieux suprêmes rencontrés au cours de leur expansion culturelle ou militaire. Ce syncrétisme religieux est un premier pas vers le dieu unique, quand la figure divine principale a fini par éclipser toutes les autres divinités. Ainsi le dieu de Moïse éradiqua Baal. Héra dit Cabbale ?
Sur l’image qui suit, on reconnaît Zeus Ammon à ses cornes de bélier. Zeus Ammon est une hellénisation du dieu suprême d’Egypte, Amon-Ra, qui se prononce rai. Oui, comme un rai de soleil. Parce que Ra, c’est le Soleil. Et Ra-Amon c’est Rama mes amis. Encore lui. L’oublié est partout dès qu’on lui rend justice.
« Ancien Feu divin comme l’attestent de nombreux éléments de sa légende et de son culte » suggère Wikipédia. Mais qu’est-ce qu’un Feu divin ? Je n’avais jamais lu ni entendu ces mots qualifiant un dieu ou demi-dieu. Wikipédia en parle sans définir le terme, on y cherchera en vain l’article ou la note sur le feu divin. Oh le beau sujet pour votre Saga préféréeje peux l’écrire un jour, ou pas ! Il y a plusieurs versions de la naissance de Dionysos. Celle-ci n’est pas piquée des vers.
Tout ce que j’ai déniché fait référence à la pensée asiatique, notamment la foi hindouiste et la philosophie bouddhiste. Elle développe l’idée que la Source se manifeste sous forme d’une flamme vive, lumière intense qui épargne les purs mais peut tuer les impurs :
Chacun ses croyances, et les vaches sacrées seront bien gardées. Nous ancêtres ont tout gobé. Ils ont avalé des couleuvres avec l’aisance d’un charmeur de serpents. C’était compter sans le web, sans la diffusion planétaire de tous les textes jadis enfermés dans des bibliothèques strictement protégées par le Saint Siège. N’oublions pas que jusqu’à l’invention de la typographie vers 1440, tous les écrits étaient recopiés par des copistes. Des moines, le plus souvent. Ils recopiaient dans leur couvent ce que le supérieur leur disait de recopier, omettant et ajoutant ce qu’il leur indiquait. Le contrôle de l’église catholique a été quasi total pendant tout ce temps.
Une foule d’anecdotes bidons, pleines d’erreurs et d’anachronismes, a été ajouté par les copistes. Que ceci n’empêchent pas les croyants de croire, ni les incrédules de ne pas croire. Je suis mythologue, je porte sur toutes les mythologies un regard critique : est-ce vrai ? Est-ce déformé ? Est-ce exagéré ? Pour quelles raisons ? Mon travail n’a d’autre but que de regarder en face la vérité — si une telle chose existe ! — avec un œil critique et l’esprit débarrassé de tout a-priori. C’est pour cette raison que vous êtes nombreux à me lire. Vous savez que vos convictions vous appartiennent. Elles vous aident à vivre, loin de moi l’idée de les dynamiter, du grec ancien dunamos, qui veut dire ange.
Toutes les croyances sont infiniment respectables, bien que je préfère m’aligner sur l’éternel principe d’incertitude, il est bon de croire sans y croire.
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