Il y a vingt ans, les personnes qui venaient me voir avaient de grandes difficultés à se souvenir de leur petite enfance. Jean-Claude Flornoy m’a aidé à cette étape : il pratiquait une transe profonde qu’il nommait l’arcane XIII, car elle correspond à la phase de la vie décrite par l’arcane XIII du tarot de Marseille, qui reste un merveilleux outil d’initiation.
Le pèlerinage du Bateleur
Mon benefactor Flornoy a beaucoup travaillé sur le chemin de vie décrit dans le tarot initiatique. Il a résumé ses recherches dans un livre, Le pèlerinage des Bateleurs, qu’on peut encore se procurer — du moins je le crois. Notre vie intérieure commence à l’arcane I, le Bateleur. Qu’est-ce qu’un bateleur ? Un amuseur public, qui épate et fait sourire avec ses tours de passe-passe, ses bêtises et ses grimaces. L’enfançon qui vient de naître, le têtard accroché au sein, jusqu’au minot qui ne marche pas encore, voilà l’amuseur public, celui qui attendrit, qui émerveille et qui séduit à force de tout ignorer de la vie.
Le jeune enfant que nous fûmes va progresser d’arcane en arcane, d’épreuve en épreuve, jusqu’à l’éveil en Maison Dieu (arcane XVI) et si un vent favorable le pousse au bout, il ira jusqu’au Mat, qui représente l’état de Bouddha.
Mais avant, la remémoration des engrammes du Bateleur est nécessaire au pèlerin. Par des techniques chamaniques, Flornoy faisait descendre la personne dans les profondeurs de son être. Il m’a enseigné ces techniques que je pratique encore.
Ecoute ton corps. Il sait.
Le double fond
Parvenue au fin fond de la zone émotionnelle, la personne doit encore en percer le plancher. Un puissant rituel l’aidait à descendre dans ce double fond, qui est la zone énergétique.
C’est sans doute cette zone de la psyché* profonde que Freud aurait dû atteindre, mais trop bloqué dans un conformisme castrateur, trop superficiel, trop étroit d’esprit, il s’est limité à l’exploration de l’émotionnel. Grave perte de temps qui fait souffrir l’analysé et remplit les poches de l’analyste…
*Psyché peut désigner une grande glace mobile ou l’ensemble des phénomènes psychiques.
Il faut avoir pour agir et non agir pour avoir.
Un sale moment
La zone émotionnelle est un sale moment à passer. Moins on y reste, plus on s’épargne les souffrances improductives. Quand on croit toucher le fond de la piscine, on croit qu’il faut remonter vers la surface. Et tout est à recommencer.
Au contraire, il faut creuser le fond. On doit descendre sous le faux plancher pour atteindre la zone énergétique. On ne guérit qu’à cet endroit. Et le processus de guérison ne dure que quelques jours…
Gwenwed lumière blanche
Parvenu tout au fond de soi-même dans cette zone magique, on découvre un paradis de pure lumière blanche, Gwenwed pour les anciens celtes. Là, tout s’éclaire. Le moindre détail de notre passé devient aussi visible que la journée d’hier.
Freud était trop coincé pour recourir aux seules techniques efficaces, les transes chamaniques et les sorties de corps.
Mais assez parlé de cet égotique replié sur lui-même. Comparé à Flornoy qui a connu tant de réussites éclatantes, c’est pitié d’évoquer ici les âneries du freudisme. Cette fausse bonne idée aurait dû disparaître avec lui, mais c’était sans compter Lacan la tache.
Mon cher benefactor
Flornoy était un ami d’enfance. Nous nous sommes retrouvés à l’âge d’homme et son évolution m’a tout de suite scotché. Il est un des rares à n’avoir développé que ses côtés positifs. J’ai tout de suite compris le rôle majeur qu’il allait jouer dans ma vie.
J’ai passé à ses côtés des années inoubliables, où le chamane qui était en moi depuis l’enfance a pu ouvrir ses ailes et m’emporter où je suis à présent, à ma vraie place. Et ceux qui ont recours à mon aide ne sont pas mécontents du voyage.
La Maison Dieu
Pourtant je ne pratique plus la remémoration de l’arcane XIII depuis des années. Elle n’a plus d’objet à présent, car cette étape est aisément franchie par tout un chacun. J’ai centré mes efforts sur l’éveil, l’arcane XVI Maison Dieu. Elle est devenue quasi infranchissable pour les aventuriers de l’inconscient. Chose curieuse, il y a trente ans c’était juste le contraire.
Tu n’y verras clair qu’en regardant en toi. Qui regarde l’extérieur, rêve. Qui regarde en lui-même, s’éveille.
Preuve que l’évolution des conscience va vers le haut : on calait sur la XIII, on bute sur la XVI… Demain calera-t-on sur la XX – Le Jugement?
Yesaëlle
L’histoire que je veux vous conter date d’il y a plus de vingt ans, quand je ne faisais que les arcanes XIII. Yesaëlle est venue me voir pour ça. Cette jeune femme a quitté son île tropicale pour me rencontrer : première fois qu’on venait me voir de si loin. Ça a bien changé : depuis que ce site est lu dans 170 pays, je reçois des visiteurs de partout.
Pendant des mois, des années même, nous avions échangé de nombreux mails. J’en ai publié un que j’aime beaucoup. Ce dialogue m’ont fait entrevoir la personnalité complexe de ma correspondante. Sa façon de parler d’Elle à la troisième personne, par exemple. Quand elle m’a demandé un stage d’arcane XIII, j’ai accepté tout de suite. Je brûlais de la rencontrer.
Chère Yesaëlle! Tu occupes une place spéciale dans mon cœur. Si tu me lis encore, sache que j’aimerais te lire aussi, petite chérie.
En Brocéliande
Yesaëlle m’a donné rendez-vous en Brocéliande, la forêt magique où Merlin rencontra Viviane la fée. Je l’ai trouvée avec une autre femme de son âge, qui était sa patronne. Elle manageait une entreprise de BTP — travaux publics dans laquelle la petite Yesaëlle était contremaître, dirigeant une équipe de gros bras qui faisaient deux fois sa taille et trois fois son poids.
Pendant que Yesaëlle sympathisait avec l’ami Devic qui m’accompagnait, la patronne BTP m’a glissé deux trois mots. Elle voulait me dire des trucs sur Yesaëlle avant que je la fasses travailler.
-Tu la regardes, elle a l’air fragile avec ses trente-cinq kilos toute mouillée. Faut pas s’y fier! Elle a une sacrée énergie. Pis des pouvoirs! Tu la verrais prendre une gros costaud par les bretelles et le soulever de terre, c’est à pas croire!
Effectivement, j’ai du mal à imaginer. La patronne se marre en voyant ma tronche ébahie.
-Pis tu sais, quand il y a du gros temps, si mes gars peuvent pas bosser, moi je perds du fric. J’appelle Yesaëlle. Elle va sur la falaise face aux grosses lames, elle étend les bras contre les rafales et l’orage s’arrête net.
Bon. Yesaëlle ne m’avait pas dit ça dans ses mails. Je dois m’attendre à du lourd on dirait. Ça va faire un drôle d’arcane XIII.
Oui. Ce fut drôle et plus que ça…
Début débile
Et ce fut d’abord un terrible moment. Cinq jours où Yesaëlle et moi avons étiré le temps dans des proportions inimaginables. Cinq jours de folie, d’abnégation, de violence et d’amour. Cinq jours qui ont ressemblé à tout ce qui est possible, et même à tout l’impossible, sans jamais s’approcher si peu que ce soit de l’arcane XIII telle que je la pratiquais alors.
J’ai essayé. Nous y avons consacré une première journée, avec application, persévérance. Mais Yesaëlle était une force de la nature, un athlète forain, elle déjouait tous mes plans, se riant de mes pauvres embûches. En dépit d’efforts surhumains, je n’ai pu tiré d’elle la moindre souvenance, la plonger dans la moindre transe, ni éveiller son corps immobile en instance.
Vu du dessus
Les quelques bribes de souvenirs qu’elle consentit à me lâcher n’avaient rien d’inédit. Elle connaissait tout ça. Un seul détail m’a titillé : dès qu’elle évoquait son passé, les scènes qu’elles me montraient avaient un curieux point commun: elle les voyait de haut. Du dessus. Comme si elle planait hors de son corps pour pouvoir décrire l’action d’un point de vue d’aviateur ou d’archange…
Mais je n’ai pas approfondi, n’ayant que faire de souvenirs trop présents, déjà ressassés vingt fois, éculés, du savoir par cœur.
Je me suis fâché. Pourquoi es-tu venue si tu ne veux rien faire? Pourquoi réduire à néant mes essais ? Les rendre inopérants ? Tu as fait des milliers de kilomètres, tu as dépensé ton argent, tu t’es astreinte des mois durant à me conter tes maux du bout des océans, et puis rien !
Colère noire
Mon mouvement d’humeur n’a eu pour résultat que d’éveiller ses foudres. Son corps nu qui deux minutes avant semblait frais et dispos s’est mis à frissonner, s’est couvert de rosée, et le monstre endormi d’un coup s’est réveillé.
– Pauvre con ! cria-t-elle. Je n’en ai rien à foutre de ton arcane XIII à la mords-moi le cul ! Tu m’as fait mettre à poil en pensant me secouer, ça ne me fait ni chaud ni froid !
Bien sûr! Elle ne vient pas de si loin pour des broutilles auxquelles elle ne croit guère. Elle vient pour tout autre chose. Pour la Bête que je vois en elle, la vilaine Bête qui la possède, cette sale Bête qui fait de Yesaëlle tout ce qu’elle veut dans sa caboche bestiale. Je commençais à comprendre, il fallait que je m’y mette dare-dare et même plus vite que ça.
Je vois rouge
Voilà que la fille des îles se met à parler en langues, comme les apôtres à la Pentecôte ! Et voilà que je comprends tout !! Et je lui réponds dans ces idiomes improbables !!! Maintenant elle m’insulte en elfique, la langue du Seigneur des Anneaux. Bordel ! Je lui réponds dans la même langue inventée pour le cinéma !!
On déraille tous les deux, elle la Bête gigantesque, invincible, qui me domine d’une bonne tête et qui crache le feu, moi tel un asticot qui ne se laisse pas faire. Le ton monte. Monte encore.
Je n’ai jamais frappé une femme. Jamais de la vie. La Bête n’a rien d’une femme. Elle m’a mis hors de moi. Sans me contrôler davantage, je lui balance une torgnole à décorner un bœuf. En pleine gueule et si fort que je m’attends à voir sa pauvre bouille en sang.
À l’instant sort de son petit corps une sorte de giga monstre, indistinct dans sa vitesse, qui se jette à travers la fenêtre. Fermée. Toujours intacte après que le monstre soit passé à travers. Monstre aussitôt évaporé en direction du sud. Je suppose qu’il est retourné chez lui, sur l’antique île Bourbon.
Il va revenir ?
La petite chérie est KO sur le canapé. Je regarde sa joue : elle n’a rien. Pas une trace. Après la vieille mandale que je lui ai mise, elle devrait ressembler à du steak haché. Mais non, que dalle ! Rien à la joue, rien à l’œil. Comme si j’avais tapé à côté !
Pourtant je l’ai pas loupée la salope. Un monstre, une monstrueuse salope qui s’est tirée par la fenêtre fermée. Affalée sur le canapé, la petite est vidée. Elle coule de partout, mais pas du sang. Sans la Bête à l’intérieur, elle ne ressemble à rien. Une loque qui tremblote et grelotte. « Il va revenir ? elle demande.
–Non, que je dis calmement. Comme un con j’ajoute: Sauf si tu lui demandes.«
Là j’ai loupé une grosse occasion de fermer ma gueule. Mais sur le coup on peut pas penser à tout.
Cocotiers
On mange un morceau, puis je propose une ballade à pinces. Le tour des plages sauvages par le chemin des douaniers, ça nous changera les idées. Yesaëlle marche doucement, trop doucement, j’ai peur qu’elle trébuche. Puis l’assurance lui revient. On arrive à la plage du Portuais et on longe le sommet de la falaise vers le Cap d’Erquy. Après la barrière de rochers et de mares où j’ai si souvent pêché les crevettes et cranquetscrabes verts, je frôle la syncope.
Au lieu de la plage de l’Ourtué que je connais par cœur et qui ressemble comme une grande sœur au Portuais, voici une plage qui sort tout droit de l’imaginaire de Yesaëlle. Une plage tropicale avec une dune de grands cocotiers. À Erquy ?? Faut pas déconner. Je cours ces plages depuis l’âge de 4 ans, faut pas me la raconter, je connais. Il n’y a jamais eu de dune de palmiers dans le secteur.
Trou noir
On regarde la mer trente mètres plus bas. Je tends la main, j’ai l’impression qu’elle entre dans l’eau. Yesaëlle fait de même. « T’as vu, dit-elle, elle est bonne ! » Comment on peut le savoir à trente mètres de distance ? Comment nos mains ont pu s’y tremper ? Des bras de 30 mètres ? Et puis quoi ???
En rentrant du Cap, la meilleure m’attend. Yesaëlle marche devant sur la route goudronnée. Je la suis à 2 ou 3m. Soudain je sens du froid derrière moi. Je me retourne : rien. Je veux dire plus rien à voir, le néant. Là où aurait dû se trouver la colline du Cap, il n’y a qu’un trou noir. Le vide sidéral. Et sidérant.
Je presse le pas pour rejoindre Yesaëlle et je ne me retournerai plus avant la maison.
Cinq jours, vingt ans
Les journées qui suivent sont hallucinantes, au sens sale. Yesaëlle guérie de son monstre m’en fait voir de toute les couleurs. La Bête n’est plus en elle, mais la magie continue. Et mieux que jamais. On s’est allongé côte à côte et on a dormi. Sept minutes, sept heures, sept ans, difficile à trancher.
Premier réveillé, je vais au lavabo, j’ouvre l’armoire à pharmacie : vide! Il n’y a rien dedans! Qu’est-ce que ça veut dire ? Je descends aux chiottes, et là, deuxième surprise : le carrelage n’est plus le même. J’ai un flash : je dors encore allongé à côté d’elle. La scène que je crois vivre, je suis en train de la rêver. Ou plutôt Yesaëlle est en train de rêver cette scène et je me suis réveillé dans son rêve !!!
Elle a tout reconstitué comme dans la réalité, à part certains détails qu’elle a oubliés, comme le carrelage de la salle de bain. Ou qu’elle n’a pas pu voir, comme l’intérieur de l’armoire de toilette. Le délire ne s’arrête pas là. Plusieurs fois de suite nous nous sommes réveillés dans un rêve, et chaque fois le temps du rêve éveillé s’est trouvé multiplié par dix. Si bien qu’au bout d’une tapée de réveils, nous avons passé vingt ans ensemble alors que seulement cinq jours se sont écoulés sur terre pour les gens normaux…
Inception
Qui est normal, qui ne l’est pas ? Où est la réalité, la vraie ? Dans ce monde bidon ou dans nos rêves ? Quelques temps plus tard, j’ai vu ce film américain qui raconte presque la même histoire : Inception. Bien sûr, il y a une tapée d’effets spéciaux, les protagonistes sont obligés de s’injecter des drogues, c’est bourré d’exagérations, mais un fait précis est conforme à notre vécu : s’éveiller dans son rêve multiplie le temps dans des proportions importantes.
Et ça s’explique facilement : les rêves sont instantanés. En temps d’horloge, ils n’ont aucune durée. En astral il n’y a ni temps ni espace, je l’ai répété vingt fois déjà. La relativité du temps et de l’espace y rencontre sa confirmation éclatante, et ce n’est pas de la science fiction, c’est seulement un exorcisme…
Dommage que Einstein n’ait pas eu l’opportunité de vivre ça comme Yesaëlle et moi. Je suppose que cette expérience qui remonte à une vingtaine d’année m’a inspiré bien des visions, et grâce à elles j’ai pu écrire nombre de pages pour ma Saga d’Eden.
Son corps étranger
Après ces vingt ans de vie commune, j’ai eu peur que notre séparation soit déchirante. Mais non, tout s’est passé comme dans un rêve. Nous nous sommes quittés à l’aéroport, enchantés de nos aventures, et résolus à s’écrire encore comme nous l’avions fait pendant des années avant que Yesaëlle vienne me voir.
Toute sa vie, depuis sa naissance, une entité démoniaque avait pris sa place dans son corps. Jamais elle n’avait pris ses enfants dans les bras, ils se blottissaient dans les bras de l’entité. Jamais elle n’avait connu l’étreinte physique avec son mari, c’est l’entité qui faisait l’amour avec lui. Ses premiers mails étaient éperdus de reconnaissance. La joie d’être humaine, uniquement et complètement humaine! Le bonheur de ne plus flotter au-dessus de son corps, comme une intruse, une voyeuse, une spectatrice de sa vie!
Silence
Pendant plusieurs semaines, ses messages m’ont donné une grande joie, sans doute moindre que la sienne, mais mémorable, je vous le dis. Et puis le silence. Je l’ai relancée, une fois, deux fois… Avant de comprendre. Sa patronne m’avait vanté les exploits de son contremaître Yesaëlle. L’énergie qu’elle déployait, les pouvoirs inouïs qu’elle avait, sa force herculéenne… Dans son boulot, ces atouts étaient indispensables. Elle n’a pas pu s’en passer…
« Il ne reviendra pas? » m’avait demandé Yesaëlle qui s’est souvenue de ma réponse imbécile : -Non. Sauf si tu lui demandes…
Pour qu’une chose mérite d’être dite, il faut qu’elle soit bonne, utile et vraie. Les trois, et dans cet ordre.
Secrets de guérison
- Pouvoirs psi
- Attaques psychiques
- Les défenses subtiles
- La fracture originelle
- Le cœur sur la main
- Je ne guéris pas
- La forteresse intérieure
- Teste ta vitalité
- Guérison interdite
- Passager clandestin
- La Quête intérieure
- L’ouverture du cœur
- Pour l’émotion
- Le chat guérisseur
- Le sens de la douleur
- Vieillir ou pas?
- Le pouvoir du ventre
- Vouloir et pouvoirs
- L’esprit qui agit
- Exorcisme
- Le pouvoir de s’envoler
- L’escalier qui descend
- La Source en toi
- Le guérisseur intérieur
La vie spirituelle vise l’éveil de notre nature essentielle. Elle nous donne des qualités d’être qui manquent cruellement à l’homme actuel : le silence, la simplicité, la sérénité, la confiance.