Le voyage astral, mode d’emploi

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Cette internaute n’a pas besoin de rando en montagne, de sport extrême ni d’attraction foraine pour se donner le vertige. Elle se contente de considérer la vastitude de l’univers. 

« Parfois je me file le vertige toute seule de me dire que nous vivons, évoluons, existons dans un Univers dont nous ne connaissons rien. L’Univers que nous pensons infini… Ça m’effraie moi de penser que l’Univers est là depuis toujours…  Qu’il n’a ni mur ni sol ni plafond !  Qu’au final nous ne sommes rien… Juste un grain de poussière microscopique au milieu de millions de milliards d’autres. Une toute petite planète peuplée d’êtres sans grande importance comparé à tout ce que renferme l’Univers. L’humain n’est qu’une micro-particule. Il n’est nullement supérieur aux autres êtres vivants. Il n’est supérieur à aucune chose en cet Univers. Il Est…mais il n’est rien. »  (source)

Vertige cosmique

Dans l’absolu l’infini est unique, par sa nature même, puisqu’il est infini. Mais n’oublions pas que pour nous l’infini est double, et que nous sommes juste entre les deux. Double infini, double vertige. Si l’on considère l’univers qui est à l’intérieur de nous-mêmes, le vertige est tout aussi grand. Les myriades de micro-particules qui nous composent sont chacune une galaxie de protons et d’électrons. La physique contemporaine n’en finit pas de scruter l’infiniment petit, reculant sans fin ses limites jusqu’au tout récent boson de Higgs. Chacun de nous est le maître absolu de son univers interne et des infinies possibilités qu’il offre : chacun de nous, chaque être, chaque particule, même le boson, se trouve à mi-chemin de deux infinis vertigineux : l’infiniment grand et l’infiniment petit. Ce qui fit dire à Rainer Maria Rilke : « Le monde est vaste mais en nous il est profond comme la mer ».

Le premier vertige, celui qui révèle notre toute-petitesse face à l’univers sans bornes, est la première expérience du vertige métaphysique. C’est certainement, pour beaucoup, la plus évidente, la plus immédiate. Le voyage astral commence presque toujours de cette façon, par un vertige cosmique.

Vertige microcosmique

Le second vertige est son opposé, et aussi son complément : le vertige microcosmique. Il nous révèle notre toute-puissance face à l’univers qui nous habite jusqu’à l’infiniment petit. Cette expérience ineffable ne vient pas tout de suite sur le chemin de soi. Mais quand elle vient, ce n’est pas notre grandeur qui nous éblouit, ce n’est pas non plus notre petitesse qui nous accable, c’est un paisible mélange des deux. J’éprouve l’enivrante sensation d’être un carrefour, un point. De n’être qu’un point, certes, mais un point infini. Coexistence épanouissante des contraires.  

La grisante certitude d’être l’axe immobile autour duquel tourne la roue du monde sans en tirer l’orgueil des ânes et des gourous car en face du tyrannosaure, que pèse l’orgueil de la fourmi ?

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Vertige multicosmique

Il existe d’autres vertiges métaphysiques qu’on peut découvrir par la suite, ou pas du tout. Parmi eux, il y a le vertige multicosmique.

Ce vertige particulier s’empare du sujet qui fait l’expérience concrète du multivers. Attention, ce vertige est terriblement puissant. J’expose ici la démarche intérieure correcte, mais je ne recommande pas cette pratique sans assistance éclairée.

A partir du vertige face à l’immensité de l’univers, visualise une infinité d’univers parallèles, tous aussi vastes que le premier, tous très proches les uns des autres, vertigineusement. Il s’agit pour toi de te glisser dans l’un d’eux, n’importe lequel, et de revenir à ce point charnière où tu peux en pénétrer une infinité d’autres. J’ai nommé cet endroit particulier le Multipli.

Regagner son corps

N’aie pas peur de t’égarer dans le multivers, au point de ne jamais retrouver ton univers d’origine. Cette éventualité ne se présente pas devant l’explorateur, car son fil d’argent toujours le ramène à son corps. Notre corps est le point d’ancrage qui nous permet à coup sûr de regagner notre port d’attache : cet univers particulier. Vu du seuil du néant où tous les univers communiquent, le nôtre n’a rien de particulier qui permette son identification certaine. Question de feeling ? Même pas.

On regagne son corps automatiquement, sans effort, sans douleur aucune, quelle que soit la durée et l’extension de la sortie de corps. En tout cas, c’est ainsi que ça s’est toujours passé pour moi. En astral, il n’y a ni temps ni distance. Que vous soyez dix ans ou dix secondes hors de votre enveloppe corporelle n’entame en rien votre capacité à regagner cette dernière. Le fil d’argent fait son travail quoi qu’il advienne, sauf la mort.

Celles ou ceux qui éprouveraient de la douleur, de l’appréhension ou toute autre émotion négative au moment de réintégrer leur corps doivent arrêter ce yoga. Quand l’énergie est trop faible, on risque la dépression, voire l’autisme. Ou la mort. Dans cet état, les sorties de corps sont des expériences dangereuses dont il faut proscrire la pratique. 

Le point d’assemblage

Je mentionne le fil d’argent parce que je pense que vous êtes nombreux à connaître cette théorie, à vous servir de cette métaphore. J’aurais pu tout aussi bien rester dans l’univers mental de Castaneda, sauf qu’il peut vous être moins familier. Pour moi, il rend ces choses beaucoup plus claires. Les guerriers du Nagual pensent que l’univers tout entier, y compris le multivers, est contenu à l’intérieur de notre luminosité – c’est ainsi qu’il nomme notre aura. Dans cette luminosité visible pour les voyants, il y a un point particulier, saturé de brillance. Il se trouve dans notre dos, à une douzaine de centimètres derrière notre omoplate droite. Les Naguals l’appellent le point d’assemblage.

C’est par ce point que nous assemblons l’univers, disent les Naguals. D’où le nom « point d’assemblage ». Par lui nous percevons cet univers particulier, notre ici et maintenant. A l’heure actuelle, presque tous les humains ont le point d’assemblage à l’endroit que j’ai indiqué, qui est celui de la raison raisonnante. Cette uniformité se traduit par la pensée dominante et le credo envers la toute-puissance de la science. 

Il n’en a pas toujours été ainsi. A l’aube de cette humanité, il y 300.000 ans, le point d’assemblage était plus à gauche et plus près du corps, à l’endroit de la magie opérative. L’intuition et la voyance étaient le mode d’appréhension ordinaire de la réalité. Ou plutôt des réalités. Sortir de son corps, c’est tout simplement modifier la position du point d’assemblage. Vu l’extrême petitesse de ce point dans notre luminosité, on comprend qu’il y a la place pour une infinité de positions différentes pour le point d’assemblage.

Mais nous l’avons fixé dur comme fer, sa position est pour ainsi dire gravée dans le marbre. Juan Matus, le benefactor de Carlos Castaneda, explique qu’à force, le point d’assemblage a creusé une petite cuvette dans la luminosité de l’aura. Arriver à sortir le point d’assemblage de cette cuvette, voilà la difficulté.

Tandis que regagner la position habituelle au fond de la cuvette ne présente aucune difficulté particulière. C’est comme si on était tiré par un élastique qui nous ramène d’où nous sommes venus.  Cette impression de l’élastique qui nous ramène a donné, selon moi, naissance à l’image du fil d’argent. Ce n’est qu’une image. La réalité décrite par les voyants du Nagual est à la fois beaucoup plus simple et infiniment plus complexe. Elle rencontre de nombreuses similarités avec la théorie quantique.

N’empêche, si vous avez la trouille d’essayer, n’essayez pas. Si vous avez encore la trouille après avoir essayé, ne recommencez pas. Si vous trouvez ça aussi facile que je l’ai dit, alors là, allez-y, l’inconnu vous ouvre les bras. Ouah le bol !

 

Deux hommes regardent par les barreaux de leur prison. L’un voit la boue, l’autre les étoiles.
Idries Shah