Le bal des lunes

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Au début du siècle dernier, l’ingénieur Hörbiger émit une hypothèse hardie : notre planète aurait connu plusieurs lunes qui se sont écrasées l’une après l’autre sur terre. La théorie de cet ingénieur élucide bien des énigmes du passé de notre planète et pourtant on la néglige car on n’a pas trouvé d’évidence géologique à son appui… Les a-t-on cherchées ? Dans d’autres domaines, la biologie par exemple, les évidences ne manquent pas.

Ingénieur de formation, Hans Hörbiger est curieux de tout. Inventeur, essayiste, théoricien, ce solide Autrichien émet des hypothèses trop originales pour son époque. Comme il ne fait pas partie du sérail, la science le néglige alors, et l’ignore encore. Cet esprit fort a pointé une évidence astronomique : les satellites sont capturés par les planètes, comme les planètes ont été capturées par le soleil. Ainsi un corps errant fut un jour piégée par l’attraction terrestre et se satellisa autour de la terre. Mais son orbite ne décrivait pas une ellipse régulière car l’attraction terrestre s’exerçait toujours sur lui.

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Il continua à se rapprocher de la terre, son orbite alla en se réduisant, décrivant une spirale jusqu’au jour où le satellite s’écrasa sur le globe. Voilà ce qui est arrivé, selon Horbiger, à trois anciennes lunes. Les lunes de l’ère primaire, secondaire et tertiaire auraient ainsi disparu.

Et la lune actuelle, la quatrième, va-t-elle suivre le même chemin ? Qu’on se rassure, son orbite moyenne n’est encore qu’à 370.000 km, il y a de la marge. En fait la lune aurait plutôt tendance à s’éloigner… suite à l’intervention des Atlantes ? Si jamais ça arrivait, ça ne serait peut-être pas la fin de l’humanité, en tout cas ça sera celle de notre ère géologique. Hörbiger a montré qu’à chaque ère géologique correspondait un satellite différent, dont la chute signait la fin de l’ère en question.

Dans la phase finale, la lune se trouve très près de la terre, son attraction se fait sentir sur les marées, qui deviennent des tsunamis, et sur les organismes vivants qui augmentent leur taille. Plus la lune s’approche, plus la pesanteur se réduit, plus ils grandissent. 

Et s’ils ne sont pas détruits par l’explosion finale, la pesanteur retrouvée les exterminera. C’est tout à fait ce qu’on observe en géologie : l’ère précambrienne a connu des végétaux géants, fougères arboricoles, arbres gigantesques, qui ont disparu brutalement.

L’ère mézosoïque a connu les dinosaures – et les Cyclopes, ajouterais-je – qui ont disparu tout aussi brutalement. Enfin l’ère tertiaire a connu les mammifères géants – et les Titans, ajouterais-je – qui eux aussi ont eu une extinction rapide. Vint la lune quaternaire, qui brille encore au-dessus de nos têtes. Et pour longtemps, souhaitons-le. Elle n’a pas encore fait de nous des géants, mais ça finira par arriver. En deux générations, on a déjà pris 13 cm en moyenne, et ça ne vient pas seulement des régimes alimentaires.

Bien sûr, une hypothèse aussi originale soulève des critiques et des objections.

 

Vous pouvez me prendre pour un rêveur, mais je ne suis pas le seul.

John Lennon

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D’abord, comment se fait-il que notre planète ait résisté aux impacts de corps énormes comme ces lunes ? Qu’on se rassure, explique Hörbiger, les planètes ne sont pas des autos-tampons. Diverses couches magnétiques et atmosphériques de plus en plus denses protègent la nôtre des chocs frontaux. Avant qu’un astéroïde ne heurte la terre, il explose sur la ceinture de Van Allen. Ses débris se satellisent à leur tour en formant un anneau comme celui de Saturne.

Oui, la plupart du temps sans doute. Mais notre soi-disant protection est loin d’être aussi solide qu’on pouvait le croire à son époque. Malgré la ceinture de Van Allen.


La ceinture de radiations de Van Allen, ou plus simplement ceinture de Van Allen, est une zone toroïdale de la magnétosphère de la Terre entourant l’équateur magnétique et contenant une grande densité de particules énergétique. Leur rencontre avec les molécules de la haute atmosphère est à l’origine des aurores polaires. On peut se demander si la ceinture de Van Allen n’est pas le dernier stade d’évolution d’un anneau de particules solides.


L’anneau se rapproche ensuite inexorablement et pendant très longtemps des débris plus ou moins gros tombent sur les gens. 

Les Gaulois ou leurs ancêtres ont connu ça, d’où leur seule peur, celle que le ciel leur tombe sur la tête. C’est arrivé aux dinosaures, ils ont pris très cher : un bon croissant de lune s’est écrasé sur le Yucatan, adieu dinos. Fin du secondaire. Quelques-uns ont survécus tant bien que mal. Mais chaque fois c’est pareil, les survivants de l’ère précédente sont décimés par la pesanteur.

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Car bien sûr, quand une lune disparaît, son attraction disparaît aussi, et notre planète restaure une pesanteur que rien ne tempère… jusqu’à ce qu’un nouvel astre errant soit capturé par l’attraction terrestre, et devienne la lune de la nouvelle ère. Et puis ça recommence à n’en plus finir. Jusqu’à ce que la terre elle-même finisse par se jeter dans le soleil, et le soleil dans un trou noir, ce qui ne manquera pas d’arriver aussi. Mais comme dit Hubert Reeves, ce n’est pas demain la veille.

Cette spirale universelle, les anciens l’ont toujours connue. Les antiques Veilleurs guettaient dans le ciel les signes de l’approche lunaire. Avaient-ils calculé la périodicité des chutes lunaires selon des cycles extrêmement longs, comme ceux du calendrier maya ? 

La spirale inexorable de l’agonie fut gravé sur les mégalithes. Les labyrinthes sont une leçon d’astrophysique pour nous montrer ce qui nous attend. Tandis que le monde sombre dans les affres d’une récession programmée et les soubresauts imprévisibles des tyrannies moribondes, il est salutaire de garder en mémoire ce que cache le joli visage de la lune.

Un beau jour, on le verra de si près que les débris de l’alunissage étasunien s’étaleront sans fin sous nos yeux et dans nos cieux, cruel rappel de la déesse pollution qui nous tue. La pleine lune en sera moins romantique. Relax : avant qu’elle nous tombe sur la tête, tout peut très bien péter sous nos pieds

Parfois les humains se passent très bien des dieux pour faire tout péter… Et d’ailleurs, le ciel ne nous tombera pas sur la tête, au contraire. Selon les astronomes, l’ellipse lunaire s’éloigne de la terre de 8 cm par an. 

Ce n’est pas grand chose, mais à terme, la lune atteindra le point critique où elle échappera à l’attraction terrestre pour être capturée par l’attraction solaire: exit la lune. Et ce jour-là, bonjour la pesanteur !!  sans lune, fini de rire !!! très grave, la gravité !!!!  

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Il faudra bien la supporter en attendant l’hypothétique capture d’un nouvel astre errant, qui fera une nouvelle lune… Ou plusieurs à la fois, c’est plus joli… Le passé, le vrai, nous explique ce qui nous attend. Pour mieux le comprendre, gardons en mémoire cet étrange processus, la captation des lunes et leur spirale descendante.

La tradition nous enseigne que l’homme était présent dès l’ère secondaire. Les découvertes que l’archéologie refuse en attestent aussi. Si l’homme a déjà connu trois ères géologiques, il a vécu au moins deux phases de gigantisme bien distinctes, qui pourraient bien être à l’origine de tous ces contes sur les Géants de l’âge d’or.

Parfois on se trompe dans l’analyse d’un événement parce qu’on reste figé dans le seul point de vue qui nous semble évident.

Bernard Werber

 

L’homme descend du songe.
Antoine Blondin