La réalité non-ordinaire

 

Cette expression revient très souvent dans les récits de Castaneda. On devine ce qu’elle désigne. Pour le guerrier du nagual, il y a deux réalités, l’ordinaire et l’autre qui, quand on s’y trouve, paraît plus réelle que la première. De même qu’il y a l’essence ordinaire et le super, il y a la réalité ordinaire et la super-réalité. Sans plomb, je suppose, vue la légèreté qu’on y éprouve.

Méta-perception

Super réalité, hyper réalité, réalité transcendante, astral, au-delà, nirvana, aucun de ces mots ne fait partie du vocabulaire castanedien. Juan Matus, le benefactor de Carlos Castaneda définit cette autre réalité comme une non-quelque chose. On se situe clairement dans le domaine du non-faire, du non-agir. Notre vie quotidienne est saturée d’actes et de gestes, de paroles vides et de faits vains qui accaparent notre mental et qui à travers lui empoisonnent nos cœurs et nos vies. Le décor quotidien tient sur un fil que la méta-perception peut trancher net. Alors les pantins s’écroulent. La peinture s’écaille. Les masques tombent. Froutch ! On est passé de l’autre côté du miroir.

Le grand philosophe grec Aristote a définit la part la plus élevée de la philosophie : métaphysique, du grec ancien meta fusika, au-delà de la physique. De la même façon, on nomme méta-perception l’ensemble des acquisitions non-sensoriellesou méta sensorielles : perception subtile, transmission d’émotions, de visions, de pensées… Le visionnaire, le voyant, le prophète, la diseuse de bonne aventure, la tireuse de tarots, le cartomancien, le sorcier et bien d’autres spécialistes de l’inconnu pratiquent quotidiennement cette méta-perception. Certains la pratiquent continuellement. Castaneda parle du côté gauche.

Pour ma part, j’y passe le plus clair de mon temps. Jamais sur commande pourtant. Ce sont toujours des moments imprévus.

Sans le computer

Notre civilisation marche sur la tête. C’est la tête qui fait tout, qui comprend tout, qui décide de tout. Et cette dictature de la tête a largement relâché le contact avec le corps. Malgré ça, je vais parler d’abord de l’état mental qui permet la méta-perception. Le moyen âge parlait de science infuse, les cabalistes connaissent le savoir absolu, les alchimistes évoque la divine sapience, les ésotéristes mentionnent les annales akashiques où le chercheur de vérité trouve toutes les réponses à ses questions. Pour moi, c’est la pensée non-pensée. Pour Castaneda, la connaissance immédiate. Autant d’étiquettes sur le même flacon. Que se passe-t-il dans le processus de la connaissance immédiate ? Il n’y a pas de processus. C’est immédiat, ça se fait tout seul.

Pas besoin de se creuser ses méninges, d’assembler ses esprits, de mobiliser ses souvenirs, de se remémorer des faits ou des lectures, de raisonner, de réfléchir, de cogiter, rien de tout ça, c’est immédiat. En un flash, la réponse apparaît en lettres lumineuses sur l’écran intérieur, on n’a rien d’autre à faire que lire le prompteur géant. C’est du mental, oui, mais sans computer.  Le cerveau ne fait rien — à part lire le flash et comprendre le message. Il n’y a pas de pensée de la part du guerrier de lumière. Il reçoit un flash venu d’ailleurs. Il n’a pas pensé, il a été pensé. Il n’existe que dans la pensée d’un dieu tout puissant. Il n’a pas d’autre existence que celle d’un avatar de jeu vidéo. Il se peut que ce soit notre vérité, amis humains.

 

 

La non-pensée

Je viens de vous en décrire le processus. Quelle est sa source ? La non-pensée vient d’un être plus intelligent qui nous veut du bien. Certes on peut aussi la décrire comme une modification subtile de la position ou de l’orientation du point d’assemblage. Mais en ce cas, posons-nous la question : qui bouge mon point d’assemblage ? Juan Matus donne une réponse. C’est le guerrier qui y parvient tout seul, si toutefois il a emmagasiné assez de pouvoir personnel.

Okay,  tu entends bien. Même si tu n’es pas sûr de comprendre en quoi consiste exactement le pouvoir personnel, et comment fait le guerrier pour l’emmagasiner. Je te suggère une autre hypothèse pour expliquer la connaissance immédiate. À la vitesse de la pensée — c’est à dire instantanéité absolue — une information est reçue par la dure-mère et comprise par le cerveau. Aucun effort de construction n’est nécessaire. Pas de raisonnement, nul recours à la mémoire, juste un flash, un éblouissement de vérité à la vitesse de la lumière.

Voilà comment peut se décrire une expérience de non-pensée, de connaissance immédiate. On sait. On ignore comment on sait, on ne sait pas où on a pu apprendre ça, on ne comprend pas comment ça vient de surgir dans notre esprit, en tout cas une chose est sûre et certaine : on sait. Et on ne se trompe pas.

Pourquoi ? Parce que cette réponse, ce flash, cette vision vient de plus haut et de plus puissant que toi. Tu l’acceptes comme une évidence, car c’est une évidence. Tu ne te poses aucune question sur la provenance de la vision. Seule importe la certitude d’avoir vu juste, d’avoir conquis une nouvelle parcelle de vérité, une nouvelle pièce du puzzle que tu es ici pour compléter. Et il y a encore du taf…

 

Antenne parabolique

Le flash est une réaction épidermique en face de l’évidence de la vision que vient de m’envoyer mon cerveau. Peu de gens le ressentent. Tant mieux, il ne faut pas y attacher trop d’importance. Ce phénomène ne doit pas détourner l’attention du cœur de l’énigme : une connaissance est reçue par la dure-mère qui enveloppe le néo-cortex et comprise par le cerveau. Le néo-cortex est la partie la plus récente du cerveau. 

Dans la description de la conscience que donne Castaneda, notre aura –qu’il appelle luminosité– est une copie parfaite du multivers. En y déplaçant le point d’assemblage, le guerrier de lumière parvient à changer d’apparence, de lieu, de planète et d’univers s’il le faut. Il peut ainsi devenir un enfant, une femme, un animal, un monstre, un courant d’air, un brasier ardent et une foule de choses dont la Bible est pleine, comme les autres mythologies. Encore magique aujourd’hui, ce sera l’évidence de demain… même pour la science la plus rétrograde.

Maintenant la question est celle-ci : comment les infos de notre luminosité sont-elles captées par notre intelligence ? Supposition : et si la dure-mère servait justement à ça : assurer l’interface entre l’aura immatérielle et le corps de matière ? Cette jonction est indispensable. Elle passe par l’interface naturelle entre la matière et l’énergie, à savoir le corps subtil. Pour les idées, les pensées, ainsi que les données agissantes, dites magiques, telles la transformation physique, la téléportation, etc. il se pourrait bien que les ordres passent de l’aura dans le cerveau par la dure-mère.

Le néo-cortex est la partie la plus récente du cerveau en terme évolutif. Autour de lui, la dure-mère forme une sorte de calotte parabolique convexe qui couvre l’ensemble du néo-cortex. Si cette dure-mère était concave, elle formerait une antenne parabolique. La similitude m’a frappé. J’en ai conclu que son rôle était de recevoir les myriades d’informations qui circulent dans notre luminosité, afin de les transmettre au cerveau. Si bien que je le ressens subtilement avec une grande netteté. J’arrête le temps pour observer le détail du processus.

 

Spéculations

Ainsi donc, à la question « qui me parle ? », on peut déjà répondre : ma luminosité. Mon aura. Mon âme, puisqu’il faut l’appeler par son nom. Et qui parle à mon âme ? Des entités intelligentes d’une grande puissance. Me veulent-elles du bien ? Oui, c’est certain. Me font-elles du bien ? Pas toujours. Parfois elles rectifient un défaut ou un mauvais comportement, ça peut faire mal. On n’a pas toujours ce qu’on veut, chante Mick Jagger, mais on a toujours ce dont on a besoin.

Reste posée la question du pilote. Qui dirige vraiment la machine de mon corps ? Mon cerveau fait partie du corps, il est matière lui aussi — qui en assure le fonctionnement ? Qui y suscite des idées ? La réponse reste ouverte, je n’ai rien de plus à suggérer. Tout ce que je puis dire, en conclusion, nos pensées viennent de notre aura, et pas du cerveau, qui n’est qu’un récepteur – il interprète, comme un bon ordinateur. Sans son programme, le pc n’est rien. Le cerveau non plus. Qui a fait son programme ? Encore une énigme actuellement insoluble.

 

 

Qui a mes idées avant moi ? Qui me regarde agir et rectifie le tir à mesure ? Mon aura. Ma luminosité. La part spirituelle de mon être, qui ne contient pas de matière dense, et qui doit se servir du corps subtil ou corps astral pour communier avec le corps physique. Reste une dernière question. Qui envoie les données à l’aura ? En attendant qu’il se dénonce, j’ai bien peur qu’on doive s’en tenir aux spéculations. Aussi je te laisse faire les tiennes.

 

Tout le monde savait que c’était impossible, jusqu’à ce qu’un imbécile qui l’ignore se présente et le fasse.
Albert Einstein