Une pensée toute particulière à ceux qui sont confinés malgré eux, aux prisonniers, aux otages, aux esclaves, à ceux et celles qui craignent pour leur vie à chaque instant, et qui ne peuvent rien, strictement rien, pour échapper à cette horreur quotidienne. Sauf à vivre en guerrier…
Un individu développe des désordres psychiques et physiologiques s’il est confronté sur le long terme à une situation sur laquelle il ne peut avoir aucune influence : ni agression, ni fuite. Le Prof. Laborit nomme ça « inhibition de l’action« . (source)Nexus 122, p79
Tu veux agir, tu ne peux pas. Ton besoin d’action s’exprime dans ton corps, où se développent tout un tas de saloperies qui te minent et te rendent malade. Le guerrier agit tout en sachant que son action n’aura pas de résultat. Pas forcément. L’homme ordinaire agit lui aussi, mais il sera très déconcerté si son action n’a pas le résultat escompté. Il se dira qu’il a mal agit. Qu’il n’a pas fait ce qu’il fallait. Qu’il aurait dû s’appliquer davantage. Non. Ce n’est pas vrai.
La seule façon de se comporter pour un guerrier, c’est l’impeccabilité. Elle renforce le pouvoir personnel qui te permet d’avoir une influence sur les choses sans avoir besoin d’agir dans ce sens. Le pouvoir personnel fait plier les volontés hostiles, parce que devant le guerrier puissant ou le sorcier, même le dernier des connards change de ton. La puissance est sensible, même pour un bloc de granit.
Que fait le guerrier qui se trouve plongé dans une situation où il ne peut agir ? Où il n’a pas d’autre choix que de subir ? Si jamais Carlos Castaneda avait posé une telle question à son benefactor Don Juan Matus, celui-ci aurait éclaté de rire. Et Carlos aurait tiré la tronche.
– Pourquoi riez-vous, Don Juan ?
Et Don Juan se serait roulé par terre, emporté par une allégresse irrésistible. C’est tellement drôle de voir un apprenti-sorcier se débattre avec son putain d’ego !
– Tu veux vraiment savoir ce qu’un guerrier ferait dans une telle situation ?
– Oui, Don Juan. Je le veux vraiment.
Alors le vieux Nagual aurait retrouvé son sérieux. Trop de sérieux, même. Un ton doctoral, un air digne, comme s’il parlait dans un amphi. Carlos devient méfiant. Il prend son air buté, ce qui déride aussitôt le vieux Nagual.
– Rien. Dans une telle situation, le guerrier ne ferait rien du tout parce qu’il n’a aucune chance de s’y trouver. Aucun guerrier impeccable ne se laisserait enfermer dans un foutu piège. Le guerrier n’est pas disponible. On ne peut pas le prendre, le déplacer comme un meuble. Il suit la Règle, il n’a pas besoin de lois en plus. Et la justice des hommes ne s’occupe pas de lui non plus.
« Lorsqu’une gazelle isolée rencontre un prédateur comme le lion, elle n’est pas en mesure de l’agresser et se trouve dans l’impossibilité de fuir, car son prédateur est plus rapide qu’elle. Elle a pour seule solution de se cacher et d’attendre, en tension (inhibition de l’action), que le prédateur s’éloigne. Il s’agit d’une stratégie certes, mais de courte durée. Si elle devait se prolonger durablement, l’équilibre physiologique de l’animal pourrait se détériorer, allant jusqu’à la mort dans le pire des cas » écrit Philippe Bobola. (source)Nexus n°122
Seulement voilà. L’homme n’est pas une gazelle. Tout au plus cette comparaison pourrait avoir quelque sens s’agissant d’un homme diminué, un homme domestique. Cette description a-t-elle du sens s’agissant d’un guerrier Masaï ou Papou ? Je demande à voir. À l’opposé de l’homme domestiqué qui représente 90% de la population mondiale, l’homme sauvage est un chasseur et un traqueur de premier ordre. Sa survie en dépend. Jamais il ne se trouvera dans la situation de la pauvre gazelle, si d’aventure ça lui arrive, ce sera son choix. Il sait que son instinct et son expérience de chasseur lui permettront de se tirer de ce mauvais pas. Et si ça ne suffit pas, il n’aura qu’à décaler d’un poil son point d’assemblage pour changer de monde aussitôt.
Les éthologues, spécialistes de l’étude du comportement, ont tendance à ramener les comportements humains à la hauteur de ceux des animaux, en quoi ils se fourvoient. L’homme dépendant, domestiqué, civilisé comme on dit, aura peut-être une réaction de rat ou de gazelle craintive, tandis que le guerrier se rit des pièges car c’est lui qui les a mis. Au sommet de l’échelle alimentaire, super prédateur, que craint-il ? Un virus, une pandémie ? Le guerrier n’attrape pas ça. Son guérisseur intérieur fonctionne parfaitement, et chaque jour le guerrier affûte son pouvoir personnel.
« Si je suis atteint d’une pneumonie, c’est que ma défense immunitaire a été abaissée à un point que je ne peux me défendre vis-à-vis de l’agent responsable de cette pathologie, le pneumocoque. » On pourra me prescrire des médocs, mais « la question essentielle est pourquoi suis-je en immuno-dépression ? » (source)Philippe Bobola, Nexus n°122
Le professeur Laborit montre comment l’environnement professionnel, familial, etc. peut jouer un rôle majeur dans le déficit immunitaire, cause première de toutes les maladies. Il explique qu’un chef tyrannique peut abaisser la résistance de tout son personnel. Je renvoie mon lecteur à l’étude du petit tyran, allié déterminant pour le guerrier. Le petit tyran est tellement important que le guerrier qui n’en a pas, doit s’efforcer d’en dénicher un pour progresser.
L’homme ordinaire cherche des amis, le guerrier cherche des petits tyrans. La mondialisation, cause première d’inhibition du système de défense, va s’accentuer jusqu’à représenter une agression fragilisante pour la plus grande partie de la population. J’estime que la quasi-totalité de la population des pays développés va se trouver prochainement dans la situation décrite par Laborit : l’inhibition de l’action.
Tu n’es pas forcé d’en faire partie. Personne n’a vocation à baisser les bras. Inutile de fuir, pourquoi te cacher ? Tu sais te rendre invisible. Tu peux mieux faire que te plaindre ou te taire. Pas d’inhibition. Agis. Développe tes stratégies. Sur la voie du guerrier de lumière, rien ne peut arrêter la marche triomphale de la connaissance. Tu ne te bats pas contre un être, ni pour un maître, mais pour connaître. Et pour renaître.
Le maître aussi fait partie des petits tyrans. Son aide est a contrario. Plus il est exigeant, plus il t’apprend l’humilité qui est si nécessaire. Du coup, il n’y a pas de mauvais maître. Les brimades ignorées et les contrariétés effacées sont les marches du progrès. Et le petit tyran t’en donne chaque jour mille occasions.
Pourquoi petit ? Parce que le grand, le seul grand tyran, c’est le Vivant. Notre dieu, notre maître. Peut-être ?
L'histoire humaine commence en Afrique avec les australopithèques, des Noirs.
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