Deus ex machina

 

En relisant Bergson pour rédiger un article précédent, je suis tombé sur le texte qui suit, dans lequel le philosophe évoque une notion très présente dans l’antiquité, si présente même que je m’en suis toujours demandé la raison. Merci à Bergson de m’avoir fait comprendre de quoi il s’agissait vraiment ! De son temps, il n’aurait jamais pu deviner et serait le premier surpris par cette élégante solution. Paix à son âme.

 

Bergson en deux mots

Bergson refuse aussi bien les héros surannés du cerveau raisonnant que les savants crédules pour qui seule la science a réponse à tout. Ça dépend quelle science… Il se démarque de ses potes comme de ses profs, oh que j’aime ça. Si sa rébellion est moins totale que celle de Nietzsche, Bergson a une façon de renvoyer dos à dos Platon et Descartes tout à fait délectable pour le potache que j’étais. Et que je suis toujours, on ne se refait pas.

Mon bon maître Jean Millet aimait citer trois grands hommes du début du 20e siècle qui illustrent la même tendance intérieure, un philosophe, un romancier et un poète. Le philosophe est Henri Bergson, le romancier Marcel Proust et le poète Paul Valéry

« À la disparition d’Henri Bergson, Paul Valéry saluait « le plus grand philosophe de notre temps ». Après des siècles de primat de la raison, Bergson avait révolutionné la pensée en y introduisant l’intuition comme méthode pour connaître et comprendre la vie.

Explorateur de la conscience s’appuyant sur les récentes découvertes en psychologie, scientifique proche d’Albert Einstein, il développa une théorie de la durée comme expression de notre moi profond. Ainsi la philosophie retrouva-t-elle avec lui l’importance de la vie intérieure et de la spiritualité par opposition à une vision matérielle du monde. » (source)

 

 

Bergson m’éclate !

Certes, au début du siècle dernier, il était trop tôt pour avoir une juste vision des dieux d’avant. Quand Bergson commente l’expression deus ex machina, il n’en tire pas les mêmes conclusion que votre serviteur, vous allez comprendre pourquoi. S’il n’a pas trouvé le véritable sens de cette expression, il m’a donné toutes les clés pour y parvenir, et je lui en sais infiniment gré. Qu’en dit-il au juste ?

La sagesse antique «expliquait la succession régulière des causes et des effets par un véritable deus ex machina – c’était tantôt une nécessité extérieure aux choses et planant sur elles, tantôt une Raison interne, se guidant sur des règles assez semblables à celles qui dirigent notre conduite»  écrit Henri Bergson dans son Essai sur les données immédiates de la conscience.

J’ai déjà exposé sa conception du temps et de la durée dans l’article évoqué plus haut, je n’y reviens donc pas. Mon sujet ici est ce concept de deus ex machina, tel que le philosophe le décrypte. Bergson a mis les points sur les i pour que cette expression usuelle ne reste pas incomprise dans sa signification profonde. Opposer ainsi une nécessité extérieure à une raison interne, franchemement, c’est du génie !

Et j’en suis tout baba ! Pensez donc ! Épanoui, ébaubi, étourdi, estourbi, ébahi, je suis. Ravi, je rigole, je suis émerveillé. Je viens de saisir ce que ça veut dire, j’ai vu l’idée. Et j’ai compris du même coup que ce cher Bergson ne pouvait pas comprendre en son temps. Pourquoi ? Ce type est génial, ça n’a rien à voir. Mais il y a un temps pour tout. Quand les idées ne sont pas dans l’air, personne ne les trouve. 

Et là, c’était trop loin de la façon de penser qui prévalait à l’époque, il y a une bonne centaine d’années. 

 

Fondamental et fondateur

Deus ex machina, le dieu sort de la machine, concept fondamental et fondateur. Fondamental, il résume une montagne d’incompris entretenus depuis des lustres. Fondateur, il inaugure une nouvelle lecture de l’antiquité, et bien sûr de la période qui l’a précédée, la protohistoire. 

Cette période n’est pas muette. Elle se raconte à travers des textes injustement relégués au rayon des curiosités, sinon à celui des inepties et des billevesées. Ces textes, essentiels à mes yeux, s’appellent les mythes. Chaque vieille culture a sa mythologie. Toutes les mythologies planétaires racontent la même chose.

En fait, ce que Bergson ne pouvait pas comprendre, c’est tout ce que je vous raconte dans ces pages. Le changement de paradigme du 3e millénaire nous amène à tourner notre regard et à voir le monde d’un autre œil. C’est ce que j’ai entrepris de montrer dans les 700 articlesà la date où je publie celui-ci de ce site. Avant de donner mon point de vue, je voudrais rappeler le sens admis de deus ex machina.

 

 

Coup de théâtre

Voici la définition qu’en donne Google : Deus ex machina, nom masculin invariable – Au théâtre et au figuré dans la vie : Personnage, événement dont l’intervention peu vraisemblable apporte un dénouement inespéré à une situation sans issue ou tragique

Voici la définition du Larousse, plus pertinente par sa précision : 1-Dans une pièce de théâtre, intervention d’un dieu, d’un être surnaturel descendu sur la scène au moyen d’une machine. 2-Personnage ou événement inattendu venant opportunément dénouer une situation dramatique. 

Voici encore la définition de Wikipédia, aussi lacunaire que celle de Google : Deus ex machina est une locution latine signifiant Dieu descendu au moyen d’une machine. Au théâtre, une personne qui arrive, d’une façon impromptue, à la fin de la pièce et par qui le dénouement s’effectue.

Côté cour, c’est une machine comme celles qui étaient utilisées dans les temples pour faire croire à la toute-puissance divine chez un public naïf. Côté jardin, c’est tout artifice qui permet de dénouer in extremis une situation inextricable. C’est le recours préféré des scénaristes télé.

Bon, je pense qu’on a compris de quoi il s’agit. D’un côté comme de l’autre, le deus ex machina est une ruse. Une tromperie. On en conclut que la magie divine la plus efficace repose sur des trucages et des faux-semblants. C’est en tout cas l’impression que donne le dieu de la machine.

 

Puzzle caméléon

Permettez-moi de vous exposer l’idée qui m’est venue. Les histoires que je raconte ici ne sont pas des inventions gratuites. Elles sont le résultat de toute une vie d’observations, de lectures et de balades sur la ligne de temps. Et tous ces éléments rapportés, tout ce bric-à-brac hétéroclite a formé dans ma tête et dans mon cœur un puzzle certes encore incomplet — sera-t-il jamais complet ? Toujours est-il que je vis avec lui.

Mon puzzle vivant est sans cesse en quête d’une nouvelle pièce qui manque. Tout ce que je regarde, je l’observe à travers ce filtre. Tout ce que j’explore prend aussitôt la couleur du puzzle, et vient s’assortir automatiquement à lui. Le monde est un caméléon qui épouse les moindres teintes du puzzle en cours. Je suis moi-même un caméléon. Et mes découvertes sont autant de petits caméléons, toujours prêts à se marier avec d’autres caméléons qui grandissent dans mon puzzle depuis des années parfois.

 

En ce temps-là

Cette stratégie qui-n’en-est-pas-une est devenue ma façon d’être. Je réagis au quart de tour, une idée s’impose, se développe, ça y est, j’ai enfourché mon dada. Et toi qui me suis, avoue-le, tu n’attends que ça. Tu en redemandes. Alors écoute bien.

En ce temps-là, les humains étaient simples et frustes. Ils avaient de leur environnement une vision magique. Les dieux marchaient parmi eux, qui les considéraient comme les maîtres de la magie. Nos ancêtres avaient remarqué leur manège. Dès qu’une situation inextricable se profilait, un dieu arrivait illico presto aux commandes d’un terrible engin volant. Il réglait l’affaire en trois coups de cuillère à pot. Alors il descendait noblement de son turbo-jet. Voilà le dieu qui sort de la machine. Voilà le deus ex machina.

 
Le dieu dans la machine, c’est Moloch l’archonte…

 

Un centaure mécanique

Pour les gens simples de cette lointaine époque, tout se soldait par l’arrivée miraculeuse d’un tout-puissant dans sa machine. Ils le regardaient redresser un mur ou soulever un mégalithe, arracher un arbre, creuser un puits, construire un barrage, assécher un marais, et toujours ils voyaient le dieu comme un centaure mécanique, ne faisant qu’un avec la machine qu’il conduisait. Quand tout était réglé, le dieu sortait de la machine. Et les humains l’admiraient.

Il n’y avait rien de religieux dans leur adoration. Elle était faite de respect et de crainte, comme en face des forces de la nature. Quand la foudre enflammait un arbre ou bien quand le dieu brûlait une forêt, les gens ressentait la même chose. Que le dieu utilise son rayon laser, voilà qui leur échappait totalement. Pour eux, il commandait la foudre. Son pouvoir discrétionnaire de tuer ou d’enlever les gens le rendait dangereux, terriblement. D’où le verset coranique : « Craignez Dieu comme il mérite d’être craint. » 

 

Déesse d’amour

Il vient de la nuit des temps. Il vient de l’aube, quand les dieux géants marchaient parmi les humains. Il exprime en peu de mots ce souvenir des dieux terribles, des tout-puissants, des redoutables.

Longtemps après, un autre souvenir surnage dans l’inconscient collectif : le dieu d’amour. Il vaudrait mieux dire la déesse d’amour, puisque c’est une déesse qui commandait les dieux. Comme la reine des abeilles ou celle des fourmis. La Déesse Mère. Isis et l’enfant Horus. Pachamama tenant un humain debout sur ses genoux. Même la taille est identique. L’enfançon debout sur les genoux des Vierges Noires n’est pas un bébé ordinaire. Il représente, à l’échelle, un petit humain sur les genoux d’une déesse géante…

 

Bendis, l’Artémis de Thrace est une géante

 

Oui, mes amis. Sans les dieux et leurs machines qui travaillent, qui guérissent et qui tuent, nous ne serions pas ici. Sans la Grande Déesse et son instinct de ruche, nous n’en serions pas là…

Mais que nos savants continuent de croire que tout ici est l’œuvre des insectes que nous sommes. La vérité ne les concerne pas. Sinon, depuis le temps qu’ils cherchent, on s’en serait rendu compte.

 

Grèce antique

 

Rome et l’empire

 

 

La pensée européenne

 

René Descartes, le deux fois né

 

Tout est énergie, tout est subtil, le grossier n’est que dans celui qui regarde.
Charles Bukowski