Les fils de Ram

 

Ram le Grand a vécu deux mille ans, voire davantage. C’est la durée de vie des immortels qui nous ont faits, il y a quelques éons. Ram est connu sous d’innombrables noms, Ramos, Rama, Lama, Ra, Dionysos, Bel, Bélénos, Ulysse, Mars, Baal et des dizaines d’autres, au gré des siècles et des pays. Chaque région du globe l’a reçu, honoré, reconnu pour Seigneur, beaucoup l’adorent encore si longtemps après sa mort.

Le Prince Charmant est le surnom qu’il a reçu en Inde, où il a passé sa maturité. Séducteur né, attentif, attentionné, doux et viril, aimable et puissant, Rama le Grand avait tout pour plaire. Aujourd’hui encore, chaque jeune fille rêveuse qui attend son prince charmant invoque sans le savoir le grand Rama, l’empereur du monde d’avant. Pour les druides celtes il s’appelait Ramos. C’est le nom sacré que le barde lui a donné lors de son baptême druidique. Pour les dieux terraformeurs, ses pairs de l’espace, il était et reste encore le Bélier d’Hyperborée.

Ram a eu beaucoup d’enfants, des filles surtout. Vu sa durée de vie et le nombre de ses conquêtes féminines, il a eu des centaines, voire des milliers d’enfants. Bien des lignées dans toutes les contrées peuvent encore se revendiquer de cette glorieuse paternité. Mais le fil de leurs généalogies s’est perdu depuis des millénaires. Seules les annales akashiques en ont conservé la mémoire.

Hiram et les Phénix

On lui reconnaît trois fils. L’un d’eux est le leader charismatique de la Phénicie, Hiram. Non pas le Hiram de la Bible, roi de Tyr et ami de Salomon, qui vécut au 10e siècle avant notre ère, mais le père de tous les Hiram, le fondateur de la ville de Tyr qui en traça les plans sacrés vers 2700 avant notre ère. Dix-sept siècles séparent ces deux-là. Il ne peut donc s’agir du même. Soyons prudents toutefois, car ce premier Hiram était un patriarche, et comme on le sait la durée de vie des patriarches approchait le millénaire –dans le cas de Mathusalem– et le dépassait parfois –dans le cas d’Hénoch. Les dieux d’avant, nos créateurs, vivaient au bas mot deux mille ans. Ils nous ont créés il y a un millions d’années, ils sont tous morts depuis longtemps. Mais leurs héritiers sont bien vivants, croyez qu’ils veillent sur leur héritage.

Grand maître du temple de Melqart, fondateur et roi de Tyr-Saïda, ingénieur en chef, électronicien, mécanicien, généticien, urbatectemerci Peeters et Schuiten c’est à dire architecte urbaniste, Hiram le Grand fit connaître à la jeune Phénicie un âge d’or qui a permis le rayonnement du génie maritime, commercial et inventif des Phéniciens qui poussèrent leurs explorations très loin de la Méditerranée, jusqu’en Extrême-Orient et Extrême-Occident. Pour ces terres dévastées par un conflit nucléaire, cette renaissance était si inespérée qu’elle a valu ce nouveau nom, Phénicie, qui vient de Phénix, l’oiseau magique qui renaît de ses cendres.

On m’a dit cent fois ces choses, tout petit déjà je n’y croyais pas. Je n’y ai jamais cru. Pour moi le phénix était tout autre chose. Non pas un oiseau, mais un engin volant. Le feu du phénix est celui du réacteur. Et la Phénicie s’appelle ainsi parce qu’elle abritait le principal astroport des terraformeurs, Baalbek. Nuit et jour à Baalbek, c’était le ballet incessant des space-jets, le vacarme des réacteurs, le feu qui s’échappe des tuyères. Sans fin, les phénix reliaient la terre au ciel; c’est à dire Baalbek à Hyperborée.

Pour les populations primitives, c’était magie. Ils voyaient toujours le même oiseau de feu disparaître dans les flammes en plein ciel, et revenir chaque fois poursuivi par les mêmes flammes. Le Phénix est donc un oiseau qui doit se consumer dans les flammes pour renaître de ses cendres. Derrière la naïveté du témoignage, une toute autre réalité s’impose graduellement.

L’astroport, liaison stratégique avec Hyperborée, palais des dieux, temple de paix, où n’étaient conviés que des élus triomphants parmi les hommes, des splendeurs comblées parmi les femmes. Il fallait éviter à tout prix une intrusion massive d’humains grossiers et mal intentionnés. Il fallait à cet astroport un maître de toute confiance. Lourde responsabilité, gardien de la porte des dieux. Il fallait dans ce rôle un enfant chéri d’Hyperborée. Hiram était fils de Ram, le meilleur des dieux. Autant dire le super gratin. Son règne a duré huit cents ans, m’a dit l’Akasha. Croire sans y croire.

Sa vie et son œuvre sont belles légendes, tout à fait dignes d’être lues. Je vous les conterai quand j’y serais retourné voir. Patience et longueur de temps vaut mieux que force ni que rage, dit La Fontaine. Il le faut croire.

 

 

Ousir l’aîné

Le fils aîné est sans nul doute Ousir qu’on écrit aussi Ouizir chez les Arabes, Osiris chez les Grecs, Ramsès chez les Egyptiens, Azor chez les Perses. Il est noir comme la nuit sans lune, une étoile au fond du regard. Si noire est sa peau qu’elle en paraît bleue. Ouzir appartient à la plus noble des lignée humaine, celle qui vient des dragons noirs, les serpents vautours des Babyloniens. Sa grande noblesse et son intelligence a fait de lui l’empereur naturel du Peuple noir. Il a rapproché les innombrables tribus. Le premier, Osiris a pacifier les anciens conquérants pour les unir en un peuple fier aux mille têtes, où chacun est respectueux des coutumes de ses frères.

Osiris a régné pendant cinq cents ans selon les mémoires akashiques, mais tout a été effacé. Croire sans y croire, inlassable antienne, souverain précepte. Les événements de son règne ont été occultés par les scribes racistes et racialistes. Son effigie dans le corps du Sphinx de Guizeh a connu le même oubli. Le nez a été cassé à la masse. Oui, le visage mutilé du Sphinx est celui du véritable bâtisseur des pyramides qui ne doivent pas grand chose aux trois usurpateurs Khéops, Képhren et Mikérinos, auteurs de simples travaux de réfection des ouvrages existants. Le bâtisseur de ces trois ouvrages, vous l’avez compris, c’est Ousir, Osiris le Sphinx noir, dont on a sciemment détruit le nez, trop négroïde pour plaire aux nouveaux maîtres.

On entre de plain pied dans le principal conflit du règne d’Ousir : la rivalité croissante entre les nouveaux Celtes, blancs de peau, et les premiers Celtes, noirs de peau, que Fabre d’Olivet appelle les Sudéens. Ces anciens maîtres de la planète, en effet, sont alors violemment contestés par les Néo-Celtes.

L’Égypte, mère des civilisations, est née de la très antique suprématie des Sudéens, qui depuis le néolithique ont civilisé et pacifié la majeure partie de la planète. Mais différents courants s’opposaient alors dans l’énorme empire Sudéen. Guerre de clans, rivalité de chefs, il fallait un administrateur à poigne pour cimenter les liens souvent distendus entre les différentes peuplades. Pour continuer l’œuvre de Rama — Ra en Egypte — son fils Osiris était le meilleur choix.

Il est parvenu à maintenir la paix, sans pouvoir éviter toutefois une dislocation. A plusieurs endroits, l’empire eut a souffrir un certain effilochement quand des territoires rebelles échappèrent à sa juridiction. L’Orient prit un voie divergente, la sécession était inévitable. Elle finira mal pour les Sudéens, repoussés toujours plus au sud du continent. Acculés, humiliés, les Sudéens ont tenté de retrouver autonomie et dignité en occupant les îles et les atolls du Pacifique.

Pour les autres régions du monde, l’unité est demeurée longtemps après la mort d’Osiris, assassiné par son frère Seth ou Sathor. Osiris et son règne incroyable dont je n’ai fait qu’installer le décor. Il faudra donc que j’y revienne. Patience, etc.

 

Un dieu jaloux

Je veux vous parler de son seul fils avoué, reconnu, adoubé par le seigneur Rama lui-même. Il s’appelle Abram, ce qui veut dire Fils de Ram, littéralement : Qui vient de Ram. On ne peut pas être plus clair. Celui-là est le chouchou de son papa qui ne s’en cache pas et veut que la terre entière le sache. Mais justement, aux yeux du maître local, mortel rival de Ram, cette filiation est insupportable. Ce général de corps d’armée commande 666 légions d’anges, ce qui lui donne un certain poids. Il posséde un arsenal meurtrier dont il n’hésite jamais à faire usage. Et pour tout dire, il n’en peut plus d’entendre « fils de Ram » chaque fois qu’on parle du patriarche d’Ur.cette petite ville de Chaldée bien connue des cruciverbistes, porte le nom de la planète d’origine des dieux d’Hyperborée. Le général convoque ledit patriarche. Fini Abram, maintenant tu seras Abraham, lui dit-il. On devrait écrire Ab Ra Ahn, Vient de l’ancêtre solaire. Ce qui pourrait être n’importe qui. Question brouillage de piste, le général fait très fort.

Et Abram, il dit quoi ? Bon. Passer du statut de fils de Ram à celui de fils de Rahan, héros des âges farouches, ça file un  choc. Pourtant Abram l’a bien pris. Cet homme-là ne cherche pas d’ennui. Il veut la paix chez lui, la prospérité pour son clan, le respect des siens, la crainte des ennemis, le moins d’ennemis possible, pas d’ennemi du tout si possible. Le général veut changer son nom, très bien, la belle affaire ! Si la paix et la tranquillité sont à ce prix, Abraham paye comptant. Très très content.

Qui est ce général dont je viens de parler ? Le dieu de la Bible. Un des dieux uniques, je précise. Jéhovah ? Adonaï ? Elie du gang des Elohim ? Appelons-le Yahveh puisque c’est aussi son nom. Mais Yahveh n’est pas le patron. Tout comme Zeus est le prince consort de la Grande Déesse Héra, Yahveh est un rebelle qui trahit l’empereur Rama pour usurper le trône terrestre. Un arriviste, prêt à la rupture s’il n’obtient pas la couronne de ce monde. Il a les coudées franches : Rama est très loin, quelque part en Chine ou en Amérique. On l’appelle ici Baal le Bélier.

C’est l’ennemi juré de Yahveh qui s’efforce par tous les moyens de réduire l’influence spirituelle de Baal sur son peuple. Les Hébreux sont des pasteurs, des artisans. Pas de soldats parmi eux. Que des gens simples et généreux. Aucun sens de la discipline. 

Tout ce que Yahveh déteste. Il a strictement interdit à son peuple élu, une poignée de bédouins pouilleux, de n’adorer aucun autre dieu que lui. Et surtout pas ce Bélier à la con, ni ce veau d’or de Thor fils du Taureau. Parmi tous les dieux uniques qui se baladent sur la planète, il n’y a que lui, le Général 2 étoiles Yahveh d’Hyperborée, commandant en chef de 666 légions d’anges, qui mérite d’être adoré à plat ventre. Et hors de contrôle, sans recul sur ses actes mégalomaniaques et inutilement cruels, il impose à son peuple l’obéissance ou la souffrance, l’accord ou la mort.

« Si tu tiens à ta misérable vie, leur dit-il, tu n’adoreras aucun des dieux cornus. » Attends ? Mais les dieux cornus étaient les patrons ! Incitation à la rébellion, ça rigole pas. Il envoie son peuple élu tout droit en esclavage. Et ça n’a pas loupé, les Hébreux se sont retrouvés en camp de rééducation à Babylone. Yahveh ricane, fier de lui. Ce type est un sadique. Un loup pour l’homme. Un dieu jaloux.

La Bible ne manque pas une occasion de nous le rappeler, traçant le portrait d’un être égoïste, irascible, rancunier, inflexible, prétentieux, vantard, orgueilleux, bref affligé de toutes les tares qu’on retrouve chez ses copains les dieux de la mythologie grecque. Pas de doute, ils sont de la même bande. Zeus a des armes redoutables, Yahveh aussi. Ses anges de guerre et ses armes de destruction massive lui donnent le statut de Tout-Puissant. Les nazis aussi avaient des grades ronflants, Sturmbannführer, Obersturmführer. Des guides dans la tempête… Mais la tempête c’est le général Yahveh.

 

 

Le sacrifice d’Abraham

J’ai déjà conté l’histoire d’Abram, à partir d’une vision que j’ai eue au cours de mes voyages temporels. C’est la ligne de temps qui me donne la plus belle part de mes contes. Cette vision, je l’ai revisitée plusieurs fois depuis 7 ans. Je crois avoir compris son vrai sens. J’avais conclu à l’époque que Yahveh et Ram ne faisaient qu’un. Mais cette hasardeuse identité me dérangeait. Me démangeait. Dans la Bible, Yahveh n’arrête pas de vitupérer Baal son grand rival et de conchier ses adorateurs. Entre dieux uniques, on est plutôt jaloux.

Baal c’est Bel pour les Gaulois, le bon vieux Bélénos cornu, le Bélier d’Hyperborée. Et le Bélier c’est Ram. Le big boss, l’empereur du monde, le pacificateur protégé d’Hyperborée, c’est Rama, pas Yahveh. Tout ça a maturé et s’est lentement remis en ordre dans ma tête et dans mon corps. Et voici la deuxième version du sacrifice d’Abraham. Yahveh est un dieu prudent, il se sait en danger car il complote contre le dieu des dieux, Rama, le Zeus de l’époque. Abram est l’héritier direct mais il a juré à Rama son père qu’il ne suivrait jamais ses traces et resterait un simple patriarche, entouré de son clan et de ses troupeau, dans la première ville des hommes, Ur en Chaldée.

Yahveh veut bien le croire. Abram est un mou. Il manque d’ambition. Parfois ça saute une génération. D’accord, mais Isaac ? Abram a un fils unique, il a ramé pour l’avoir, ce fils-là pourrait bien demain détrôner Yahveh l’usurpateur et qui sait ? lui faire la peau. Yahveh flipote. On se souvient comment Chronos a bousillé ses fils, Zeus aurait pu y passer sans une intervention de Gé Gaïa qui le fit élever en secret par la chèvre Amalthée. Une chèvre nourrice ? Comment s’étonner que Zeus soit monté comme un bouc.

Zeus le Bouc est devenu la diable des chrétiens, tandis que son nomthéos = zeus= dieu signifie Dieu pour les mêmes  chrétiens. Oh l’embrouillamini de salade macédoine façon puzzle explosé ! Pour s’y retrouver, il en faut des voyages sur place ! Je fais chauffer ma ligne de temps. Bref Yahveh Dieu demande à Abram de sacrifier Isaac son fils unique à Lui, le Tout Puissant Yahveh général de corps d’armée.

Et le pire, c’est que le lâche accepte. Son propre fils ! Tranquillos, il emmène son gamin sous le bras, prend son glaive et son coutelas, direction le grand dolmen, la pierre noire des sacrifices. Il va zigouiller son rejeton quand un ange de guerre lui fait une clé de bras. Le glaive tombe à terre, manquant de peu le pied de l’ange qui bondit en arrière : Nom de dieu !! s’écrie l’ange. Voix off : -De QUEL dieu tu parles ???

En lieu et place du gamin, l’ange glisse un animal sur la roche noire. Pas n’importe quel animal. Un bélier noir. Comme Osiris. Le gamin s’en tire bien, merci pour lui. Rien de tout ce cérémonial n’est innocent. Chaque détail est une gifle dans la face d’Abraham. Souvenez-vous. Quand il n’était encore qu’un jeune homme, Ramos le druide celte avait tenu tête au Collège des Druidesses qui dirigeait la Celtie. Ce désaccord l’avait contraint à quitter les terres celtiques et à marcher vers l’orient, suivi par ses fidèles et ceux de son clan, celui du Bélier.

Les druidesses avaient continué de diriger la Celtie d’une main de fer, avec le rituel exécrable des sacrifices humains perpétrés en grand nombre. Ramos s’y est toujours opposé. Dans le nouvel ordre mondial qu’il a imposé sur terre, étaient proscrits tous les sacrifices de sang, qu’il s’agisse d’êtres humains ou d’animaux. Les dieux, disait-il, ne tolèrent pas le gaspillage. Ils ne se nourrissent pas de la fumée des sacrifices, ni votre peuple non plus. Ces sacrifices grossissent vos dettes et enrichissent vos indignes prêtresses.

Pour Abram, bon fils mais si lâche, la joie d’épargner son fils fut aussitôt ternie par la honte de désobéir à son père en accomplissant un sacrifice, et pire encore, de renier Rama en sacrifiant son animal sacré. Un magnifique bélier noblement encorné. Noir qui plus est. Noir comme la nuit, noir comme l’ébène. Yahveh t’a volé ton nom, il piétine ton honneur, il souille ta piété filiale.

C’est dieu inique qu’il fallait dire. On cherche en vain le dieu d’amour dans ce tsunami de haine issue du bas-astral et d’un ego frustré. On les dieux uniques qu’on mérite. 

Triste kali yuga qui tire à sa fin et qui n’en finit pas de finir et qui nous roule dans la farine et qui fait cortège aux menteurs et qui fête les voleurs et qui élit les criminels et qui condamne les marginaux. Toutes les valeurs sont inversées. Réveillez-vous. Vivement que cette société de la Force bascule dans le Pendu !

 

Les hommes sont mille fois plus acharnés à acquérir des richesses que la culture, bien qu’il soit parfaitement certain que le bonheur d’un individu dépend bien plus de ce qu’il est que de ce qu’il a.
Arthur Schopenhauer