Il venait d’Europe du nord, il a conquis la moitié de la planète, mais on l’a oublié. Par quel tour de passe-passe le grand Ram a-t-il complètement disparu des mémoires occidentales ? Cette disparition est d’autant plus inexplicable que de nombreux pays ont conservé sa mémoire, sous différents noms, tel Ramos d’Hyperborée, Rama d’Inde ou Ra l’Egyptien.
Selon plusieurs initiés comme Rudolf Steiner, George Ivanovitch Gurdjieff ou Helena Blavatsky, le tour de passe-passe a été savamment orchestré : le nom de Ram fut effacé par la magie égyptienne. Il est vrai que les prêtres d’Isis s’y entendaient en philtres et maîtrisaient l’art de l’illusion. Mais tout de même ? Comment faire disparaître de toutes les mémoires d’Europe un héros dont la stature, l’influence et la sagesse allaient marquer d’autres pays jusqu’à nos jours ? Et surtout, pourquoi ?
J’avais la tête pleine de cette agaçante énigme quand mes yeux sont tombés sur Le mystère de la grande pyramide, l’ouvrage majeur du Belge Edgar-Pierre Jacobs. Ses livres ont éveillé en moi un feu qui ne s’est pas éteint : le feu sacré de la connaissance. Après avoir adoré l’auteur, et à force de le relire, j’en suis venu à saisir de ses ouvrages la substantificque moëlle, et à considérer Jacobs comme un grand initié, au même titre que la Blavatsky qu’il a beaucoup lue et sans doute rencontrée plus d’une fois.
Il faut savoir que Jacobs fut l’initiateur de son ami Hergé, le poussant à développer la quête et la résolution d’un mystère dans chaque aventure de Tintin, comme Jacobs faisait lui-même dans ses propres ouvrages. En relisant son chef d’oeuvre, le Mystère de la grande pyramide, j’ai serré la focale sur le cheikh Abdel Razek, le personnage énigmatique qui ponctue la narration du Mystère. Il fait partie des personnages littéraires qui m’ont tout de suite ému et toujours fasciné.
Surtout ses deux imprécations, deux phrases lourdes de sens magique et de secrets enfouis. L’une intervient au milieu du récit, l’autre à la toute fin, et elles forment un dyptique rayonnant. La première sentence, ou plutôt le premier mantra que le cheikh enseigne à Mortimer doit le protéger de tout malheur, si le professeur la prononce en brandissant le talisman que le cheikh Abdel Razek lui a fourni à cet effet. Voici ce mantra : « par Horus, demeure ! » Il sauve la vie de Mortimer quand un cobra royal le menance dans sa chambre, au Caire.
Le second mantra est prononcé par le cheikh quand il efface la mémoire du félon Olrik, prostré sur un sarcophage vide : « Que ton nom ne soit plus ! » lui assène le cheik. Celui-ci en perd tout souvenir de sa vie passée, et part en titubant à travers le grand Sahara. Il sera recueilli dans un autre album par le professeur Septimus qui en fera Guinea Pig, l’homme-robot de la Marque Jaune.
Ces deux mantras magiques m’ont toujours intrigué, je soupçonnais qu’ils étaient bien davantage qu’un simple élément d’intrigue dans une BD. À présent je suis certain que l’initié Jacobs voulait faire passer ce message : « Que ton nom ne soit plus ! » pour nous dire qu’un grand nom du passé fut gommé.
Le nom d’un empereur a été éradiqué de nos mémoires par l’action subtile de la magie égyptienne : le souvenir de ce personnage a été purement et simplement effacé. « Que ton nom ne soit plus ! » Magie égyptienne ou action beaucoup moins subtile, un oubli obtenu par la terreur ? Patience, la réponse est imminente…
Telle est la malédiction qui fit disparaître l’illustre Rama des mémoires occidentales. Et son nom en effet n’est demeuré que sous la forme de Ra Horus. D’où la seconde sentence initiatique délivrée par Edgar Pierre Jacobs dans son Mystère de la grande pyramide : « Par Horus, demeure !! »
Ce mantra nous renseigne sur l’identité de ce personnage : Horus était Ra lui-même, ainsi que le fils d’Osiris aka Amon-Ra, nom égyptien du grand Rama.
Sa mémoire nous est ainsi parvenue grâce à Horus, et grâce au Rama indien aussi, à vrai dire – quoique partiellement. Rama demeure par Horus, mais par la malédiction égyptienne, son nom n’est plus. E.P. Jacobs ne nous en dit pas plus, mais il laisse traîner de nombreux indices au fil des 112 pages du Mystère de la grande pyramide, chef d’œuvre initiatique que je vous invite à (re)lire d’urgence.
Cette quête-ci ne fait que commencer puisque je n’ai pas résolu les deux énigmes du début : comment faire disparaître de toutes les mémoires d’Europe un héros dont la stature, l’influence et la sagesse ont marqué d’autres pays jusqu’à nos jours ? Et surtout, pourquoi ? Le seul point que je peux souligner ici est le fait que le nom et les exploits de Rama ont été effacées du grand livre de la mémoire occidentale, et c’est triste. Et ça me titille… La vérité sur ce complot à venir dans Le Putsch de Yahveh.
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