Être toi-même. Enfin. Connaître l’éveil, révéler tes dons et tes pouvoirs cachés, faire un pas décisif vers le surhomme. De nombreux blocages t’empêchent de faire germer la graine divine. Comment acquérir le détachement nécessaire et la clarté suffisante ? Il suffit d’ôter les écrans qui t’en empêchent.
S’empile en toi une montagne de données vitales ou fatales depuis ta vie fœtale. Elles sont de natures diverses : choc, accident, maladie, perte d’un être cher, viol, situation dangereuse, panique, etc. S’ajoute à ces traumas la somme de tes connaissances acquises ou innées. Certaines d’entre elles sont inconscientes, elles te seront révélées un jour — ou jamais. Tu as en toi une foule de secrets que tu ne connais pas. Et toi ? Te connais-tu ?
Quoi qu’il en soit, ces données diverses et multiples parasitent ta maison. Elles se nourrissent de ton énergie. Elles s’en servent pour boucher la porte, aveugler les fenêtres et empêcher la fumée de sortir. Kheuf ! Kheuf ! C’est intenable ! Qu’attends-tu pour changer de pièce ? Se trouvent en toi des centaines de demeures spacieuses et bien éclairées, des jardins, des promenades, des palais dorés, des paradors, des villas nichées, des cabanes perchées… Pourquoi t’obstiner à rester dans un sous-sol qui pue ?
Hein ? Que dis-tu ? Tu ne sais pas comment sortir ? Bravo ! Tu as fait le tour du problème. Tu es prisonnier de toi-même.
Deux hommes regardaient par les barreaux de leur prison. L’un vit la boue, l’autre les étoiles.
Ces données font partie de toi. Elles sont les barreaux de ta prison. Elles musèlent ta compréhension, codifient tes représentations. Maudites soient-elles qui obstruent les portes de la perception. La formule est de William Blake. C’est pour lui rendre hommage que Les Doors ont pris ce nom.
« Les êtres humains perçoivent, mais ce qu’ils perçoivent est une illusion. Une illusion créée par la représentation qui leur en est faite depuis la naissance. » (source)Castaneda, La Roue du Temps, p139
La représentation n’est pas la chose, mais un point de vue sur la chose. Une chose peut avoir des milliers de points de vue. Pourquoi s’en tenir au seul qui soit admis par l’époque et les mœurs du temps ? Gare à l’illusion. Beware of Maya. Si tu veux faire de ta vie le lieu de multiples découvertes, brise le miroir de l’auto-contemplation.
« Leur raison leur fait oublier que la représentation n’est qu’une représentation, et avant même qu’ils l’aient réalisé, les êtres humains se laissent totalement entraîner dans un cercle vicieux duquel ils ne sortent que rarement au cours de leur vie. » (source)Castaneda, La Roue du Temps, p138
« Un guerrier agit comme s’il savait ce qu’il fait, alors qu’en réalité il n’en sait rien. » (source)Castaneda, La Roue du temps, p102
Connaissances ou émotions conscientes ou inconscientes, souvenirs ou regrets idem, voilà le barda qui tu trimballes en bon petit soldat. Tous ces paramètres, tous ces filtres déformants sont désignés par le nagualisme sous le nom d’inventaire. L’inventaire est ta représentation du monde et de toi-même. Une représentation résolument fausse. La réalité toujours s’en échappe. À la fois très intime et très déformée, très personnelle quoique très universelle, l’image que tu te fais de la réalité n’est pas la réalité.
« Une fois que l’on est parvenu au silence intérieur, tout est possible. Pour faire cesser le bavardage intérieur, il faut employer exactement la même méthode que celle avec laquelle on nous appris à parler à nous-mêmes : sous la contrainte, inflexiblement. Et c’est ainsi que nous devons nous taire. Inflexiblement. Sous la contrainte. » (source)Castaneda, La Roue du temps, p117
Nous sommes aussi bruyants dedans que notre monde l’est dehors. Désire la tranquillité. Cultive le silence. Deviens le lac insondable dans son écrin de montagnes. En lui règne le calme. Fuis les gens bruyants, les endroits infestés d’humains. Dans la solitude des cimes, tu trouveras cette paix que tu cherches. À partir de là, tout devient possible. « Sois un guerrier, fais taire ton dialogue intérieur. Dresse ton inventaire, et jette-le. Les nouveaux voyants dressent des inventaires précis, puis s’en gaussent. Débarrassé de l’inventaire, le point d’assemblage se libère. » (source)
As-tu remarqué que je ne fais que ça ? Ce site bénéfiquepour moi en tout cas : j’en apprends des choses ! accumule toute sorte d’inventaires, et sitôt dressés, ils perdent leur réalité. Je les oublie, fais donc de même. La réalité, la vraie, ne se met pas en équations. Comme l’a dit l’illustre Søren, l’existence fait éclater tous les systèmes.
Søren Kierkegaard est le père d’un mouvement philosophique appelé précisément l’existentialisme. Ses représentants français sont Jean-Paul Sartre et Albert Camus. Sartre n’a pas assez lu Kierkegaard, apparemment. Il a passé sa vie à se dresser des inventaires qu’il ajoutait à sa collec individuelle et portative. Sa géniale femme, Simone de Beauvoir –qu’il appelait Castor (!!!)– marquera plus durablement l’histoire de la pensée.
Si mon ange ne m’abuse — il ferait beau voir que je me trompe ! — elle a écrit Le Deuxième Sexe, un essai féministe qui l’a rendue célèbre dans le monde entier. Un essai génial, même si je détecte quelque chose de faux dans le titre : les femmes semblent être le premier sexe, chère Simone. Lilith n’avait pas d’homme dans la fleur de l’âge. Adam est venu plus tard…
Les guerriers du Nagual ont découvert le moyen de libérer le point d’assemblage. Il faut d’abord stopper le monde. Pour y parvenir, il y a deux conditions nécessaires et suffisantes. Effacer son histoire personnelle. Se débarrasser de l’inventaire humain.
L’inventaire comprend des données intimes, issues de ton expérience unique. Il comprend aussi des données sociétales, qui viennent de ta culture et du lieu où tu vis. Il comporte enfin des données partagées par tous tes frères terriens, des données propres à ton espèce. Voilà pourquoi, si tu veux être libre, tu devras effacer ton histoire personnelle. Disparaître de ton vivant.
Chacun peut toucher du doigt l’action négative de l’inventaire et sa façon de brouiller un message brut. Il s’agit du rêve. Toutes les nuits, nous faisons de nombreux rêves dont le contenu précis nous serait précieux. Très peu de nos rêves parviennent à la conscience. Ceux qu’on reçoit ont un contenu brouillé, dans le désordre, truffé d’incohérences et d’invraisemblances.
Le rêve est clair au départ. C’est sa traduction qui déconne. Le mental brouille les pistes. Il fabrique le récit de ce rêve. Un habillage fabriqué par la conscience, issu de l’inventaire, et mis en place par le cerveau. Un habillage qui filtre et transforme tout ce qui te parvient. Exactement comme le ferait un programme informatique. Pour certains c’en est un fameux. Bien pervers.
C’est comme ça. La perception humaine est faussée. Obscurcie. Brouillée. Il importe donc de censurer cette censure. On peut se débarrasser de l’inventaire humain. On parvient à passer outre le mensonge pour trouver la lumière intérieure. « Lao-Tseu l’a dit, il faut trouver la voie. Je vais te couper la tête. », annonce Didi le fou au pauvre Tintin du Lotus Bleu.
Ce programme, ce filtre, cet inventaire, les anciens l’appelaient le voile d’Isis. Ouvrir les portes de la perception revient à ôter le voile d’Isis. Le nagualisme l’appelle le voir. La vision subtile. Tant que tu n’y parviens pas, ta perception reste faussée.
La seule chose pire que d’être aveugle, c’est avoir la vue et pas de vision.
Il y a d’autres façons de désigner l’inventaire. La scientologie appelle ça la base de données, le data base personnel. Je préfère parler de programme et de déprogrammation. Cette dernière se fait toute seule aujourd’hui. Il y a quarante ans, un rituel de purification était nécessaire pour effacer les engrammes et de purger l’inventaire. Il était pratiqué par des gitans, des sorciers, des voyants initiés, ainsi que par les guerriers du Clan du Loup. Nous l’appelions l’arcane XIII, en référence à cette carte du Tarot de Marseille, le tarot initiatique de J-Cl. Flornoy, Maître Cartier et tarologue aujourd’hui disparu.
Mais comment être sûr que cette déprogrammation est en marche ? Si tu constates que ta vision du monde a changé, tu es dans le vrai. Continue comme ça. Sinon viens me voir.
Si tu mets assez d’attention pour observer ce qui se passe en toi, chez les autres, dans le monde où tu vis, alors tu as quelques chances d’entrer en conscience accrue. Les guerriers du Nagual préfèrent parler d’attention seconde. On pourrait croire qu’il s’agit d’une conscience plus éveillée que la conscience normale — qui n’est pas consciente de grand chose. Mais pour le Nagual Juan Matus, cette attention étrange est bien davantage que ça.
La seconde attention est un état de conscience incompréhensible qui défie notre idée du monde et de nous-mêmes. C’est l’attention habituelle des sorciers mexicains, tout du moins ceux du clan de Juan Matus. Le pivot de cette sorte de sorcellerie est la position du point d’assemblage. Les sorciers entrent dans la seconde attention en retenant le point d’assemblage sur sa nouvelle position et en l’empêchant de glisser vers sa position premier. (source)Carlos Castaneda, L’art de rêver, p.32
Conscience accrue, attention seconde : deux notions semblables et différentes. Le Nagual a le pouvoir de faire basculer son apprenti en conscience accrue. Mais c’est à l’apprenti seul, aidé par sa conscience accrue, qui pénètre l’attention seconde.
Le besoin fait naître de nouveaux organes de perceptions. Homme, accrois donc ton besoin afin de pouvoir accroître ta perception.
Ces formes de supra-conscience sont familières aux autistes comme aux nourrissons. Elles furent le lieu de conscience favori de nombreuses civilisations pré-antiques. J’appelle pré-antique tout ce qui s’est déroulé avant l’antiquité gréco-latine. J’aurais dû dire la méta-antiquité, mais c’est méta-mégalo. Pré-antique est plus rigolo.
Comment y parvenir ? Facile ! Laisse ton corps d’énergie avoir l’intention d’atteindre telle ou telle position. C’est aussi simple que ça. « Avoir l’intention, là réside le secret. En ayant l’intention, les sorciers déplacent leur point d’assemblage. Et c’est aussi en ayant l’intention qu’ils le fixent. Et pour avoir l’intention, il n’existe aucune technique. On a l’intention en pratiquant. » (source)Carlos Castaneda, L’art de rêver, p.161
« Il y a beaucoup de choses qu’un guerrier est capable de faire alors qu’il en était incapable des années auparavant. Ce ne sont pas ces choses qui ont changé, mais l’idée qu’il se fait de lui-même. » (source)Castaneda, La Roue du temps, p117
On vous l’a dit, vous l’avez lu : nous sommes notre pire ennemi. Ou bien nous nous surévaluons : quand l’ego triomphe, l’éveil s’enfuit. Ou bien on se sous-évalue, l’intention se détourne, l’énergie de dissipe : on régresse. Les deux attitudes sont pure connerie, et pourtant tout le monde succombe à l’une ou l’autre.
« L’avantage secret des êtres de lumière tient dans quelque chose d’inaltérable : l’intention. Le sorcier et l’homme ordinaire ont chacun leur propre représentation du monde. Mais l’homme du commun l’entretient avec sa raison ; le sorcier avec son intention. L’avantage du sorcier tient à ce que l’intention est plus pénétrante que la raison. » (source)Castaneda, La Roue du temps, p140
Le guerrier accumule l’énergie grâce à l’intention. Il a quitté le monde raisonnable en entrant dans la folie contrôlée. Il l’a fait sans y penser, sans s’obséder, sans stress. Par la répétition des pratiques impeccables. Par la sincérité de son humilité. Et la folie contrôlée l’a fait entrer dans l’autre monde.
Ça te semble inimaginable ? C’est pourtant bien réel. On revient toujours aux mêmes notions, qui sont totalement incompréhensibles, et qui renvoient les unes aux autres. Admire la cohérence. Implacable. Impeccable.
Les noyaux abstraits de la sorcellerie du nagual sont abstraits parce qu’ils ne sont pas de ce monde. Il ne s’agit pas de les comprendre, mais de les vivre. C’est pourquoi j’ai été amené à organiser des stages individuels. Renseigne-toi, peu de candidatures sont retenues. Très peu même.
N’aie pas peur du monde, ami. C’est plutôt le monde qui devrait avoir peur de toi.
À part ça, il n’y a rien à en dire ici. Les paroles en l’air sont inutiles et induisent en erreur. Tu en parleras quand tu l’auras vécu toi-même. Sinon ça reste opaque. Et les mots qu’on y accole en augmentent l’opacité.
La notion d’impeccabilité revient sans cesse dans la description d’une vie de guerrier. Parce qu’elle est, en définitive, la seule clé du progrès. Une vie impeccable mène obligatoirement à un sens de la modération et celui-ci, à son tour, mène au déplacement du point d’assemblage. Les nouveaux voyants affirment que les hommes impeccables n’ont besoin de personne pour les guider : en économisant leur énergie, ils peuvent faire seuls tout ce que font les voyants. (source)Carlos Castaneda, Le Feu du Dedans, p.170
On peut tout faire sans aide aucune, même accomplir l’impossible. Dans les années 70, ce fait divers a défrayé la chronique. Une femme étend son linge près d’une voie ferrée. Son bambin joue près d’elle qui garde un œil sur lui. Le bruit d’un train rapide alerte la maman. Horrifiée, elle voit le petiot sur les rails et le train qui fonce sur lui. Elle n’écoute que son cœur. La maman n’a qu’une intention, sauver son enfant. Elle se rue sur la locomotive de vingt tonnes lancée à pleine vitesse. Et elle la renverse ! L’enfant est sain et sauf.
On ne lui a jamais offert de train électrique, et pourtant il est devenu cheminot. (Note)Désolé, je déconne. Mais à part ça, l’histoire est vraie.
Nous sommes conditionnés à attendre un enseignement, des guides, des maîtres. Et quand on nous dit que nous n’avons besoin de personne, nous ne le croyons pas. (source)Carlos Castaneda, La Force du Silence p.166 Pourquoi sommes-nous dépendants ? Pourquoi avons-nous besoin de quelqu’un pour nous guider alors que nous pouvons le faire nous-mêmes ? (source)Carlos Castaneda, La Force du Silence p.167
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